Le genre Canis est un groupe de mammifèrescarnivores de la famille des canidés. Il comprend des espèces emblématiques comme le loup gris, le dingo, le coyote et le chacal doré. Ces animaux se distinguent par leur morphologie élancée, leur museau allongé et leur comportement social complexe. Ils jouent un rôle crucial dans les écosystèmes en tant que prédateurs, et leur relation avec l'homme est longue et complexe, en particulier à travers la domestication du chien. L'étude de ce genre est essentielle pour comprendre l'évolution des canidés et la dynamique des écosystèmes à travers le monde.
Les espèces appartenant au genre Canis
TAXONOMIE
Le genre Canis fut établi par Carl Linnaeus en 1758 dans la dixième édition de son Systema Naturae. Dans cette première conception, il regroupait la majorité des canidés connus à l’époque, y compris des espèces aujourd’hui placées dans d’autres genres, comme les renards (Vulpes), le lycaon (Lycaon pictus) ou le dhole (Cuon alpinus). La description initiale incluait notamment le loup gris (Canis lupus), le chacal doré (Canis aureus) et le renard roux (Canis vulpes) (devenu Vulpes vulpes). L’espèce type du genre Canis est Canis lupus (Linnaeus, 1758), fixée par usage et confirmée par la Commission internationale de nomenclature zoologique conformément aux règles de priorité.
Durant le XIXe siècle, la taxonomie du genre subit d’importantes modifications. Les naturalistes affinèrent la classification en se basant sur la morphologie crânienne, la dentition et des observations comportementales, ce qui conduisit au transfert de plusieurs espèces vers d’autres genres. De nouvelles espèces furent également décrites, comme le chacal à chabraque (Lupulella mesomelas) (classé initialement dans le genre Canis) par Johann Christian Daniel von Schreber en 1775, le loup d'Éthiopie (Canis simensis) par Eduard Rüppell en 1840, ou encore le chacal à flancs rayés (Lupulella adustus) (également classé initialement dans le genre Canis) par Wilhelm Sundevall en 1847. C’est aussi à cette époque que le genre Vulpes fut rétabli pour les renards et Lycaon pour le lycaon africain.
Au cours du XXe siècle, la classification du genre Canis resta fondée principalement sur la morphologie externe et crânienne. Les travaux de Reginald Innes Pocock dans les années 1930 contribuèrent à délimiter plus strictement le genre, en excluant les espèces dont la structure crânienne ou la dentition s’éloignaient des critères typiques. Les espèces retenues partageaient un corps élancé, un museau long et des moeurs de prédateurs sociaux ou opportunistes.
La fin du XXe siècle marqua un tournant majeur grâce à l’intégration des données moléculaires. Les analyses d’ADN mitochondrial et nucléaire révélèrent des proximités inattendues, notamment le fait que le chacal doré africain, longtemps inclus dans Canis aureus, est en réalité plus proche des loups que du chacal doré eurasiatique. Ces découvertes conduisirent à réévaluer plusieurs taxons et à reconsidérer certaines sous-espèces, comme Canis lupus familiaris pour le chien domestique ou Canis lupus dingo pour le dingo australien, toutes issues du loup gris mais ayant connu des histoires évolutives distinctes.
Au XXIe siècle, des révisions majeures ont affiné la taxonomie. Wozencraft (2005), dans Mammal Species of the World, reconnaissait sept espèces valides dans le genre Canis. Des études ultérieures, comme celles de Koepfli et al. (2015) et Gopalakrishnan et al. (2018), ont conduit à la reconnaissance de Canis lupaster (loup africain) comme espèce distincte et à la clarification des relations entre chacals africains et eurasiatiques. Cette évolution taxonomique illustre la transition, en deux siècles et demi, d’une classification purement morphologique vers une systématique intégrant pleinement la phylogénétique moléculaire.
L'histoire évolutive du genre Canis est un sujet de recherche dynamique, souvent révisé grâce aux avancées de la génétique et de la paléontologie. L'origine du genre remonte à l'ère du Pliocène, il y a environ 6 millions d'années, en Amérique du Nord. L'espèce fossile Canis lepophagus est souvent considérée comme un ancêtre potentiel, car elle présentait des caractéristiques intermédiaires entre les canidés anciens et les espèces modernes.
La dispersion du genre à travers le monde a commencé il y a environ 3 à 4 millions d'années. Une première vague de migration vers l'Eurasie a conduit à l'émergence des premiers Canis primitifs. Les espèces modernes comme le loup et le coyote sont apparues plus tard. Le loup gris (Canis lupus) a émergé au Pléistocène et a connu une vaste répartition, colonisant une grande partie de l'hémisphère nord. La Commission internationale de nomenclature zoologique (ICZN) a joué un rôle crucial dans la standardisation de la nomenclature des espèces.
L'évolution a été marquée par des phénomènes de divergence. Le coyote a évolué indépendamment en Amérique du Nord, tandis que le chacal doré a divergé en Eurasie et en Afrique. L'histoire évolutive du chien domestique est particulièrement notable, étant le résultat de la domestication du loup gris il y a plus de 15 000 ans. Récemment, des analyses génétiques ont remis en question la position de certaines espèces, comme les chacals, qui ont été reclassés ou dont les liens de parenté ont été précisés. Par exemple, le loup d'Éthiopie a été génétiquement confirmé comme un membre du genre, mais son lien de parenté avec les autres espèces reste complexe.
Le genre Canis regroupe les espèces de canidés les plus emblématiques et les plus connues. La classification de ces espèces peut être complexe en raison des croisements et des variations génétiques. Voici les principales espèces du genre Canis reconnues aujourd'hui :
Les études génétiques réalisées au XXIe siècle confirment que le loup de l'Est (Canis lycaon) serait bien une espèce du Nouveau Monde à part entière, ainsi qu'il était classé autrefois, et non pas une sous-espèce (Canis lupus lycaon) du loup gris comme on l'a suggéré par la suite.
Deux espèces de chacals (le chacal à chabraque et le chacal à flancs rayés) ont été récemment déplacés dans un genre distinct, Lupulella, bien que certaines sources taxonomiques (GBIF) continuent de le placer dans le genre Canis. Le statut taxonomique de ces deux espèces est encore discuté et pourrait encore évoluer à l'avenir.
Linnaeus, C. (1758). Systema Naturae, 10ᵉ éd., vol. 1. Laurentii Salvii, Holmiae.
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Xiaoming Wang et Richard H. Tedford (2008). Dogs: Their Fossil Relatives and Evolutionary History
Greger Larson et al. (2012). "Rethinking dog domestication by integrating genetics, archeology, and biogeography"
Adam H. Freedman et al. (2014). "Genome sequencing highlights the dynamic early history of dogs"
Gopalakrishnan, S. et al. (2018). "Interspecific Gene Flow Shaped the Evolution of the Genus Canis." Current Biology 28(21): 3441-3449.e5.
Tedford, R.H., Wang, X., & Taylor, B.E. (2009). "Phylogenetic Systematics of the North American Fossil Caninae (Carnivora: Canidae)." Bulletin of the American Museum of Natural History 325: 1-218.