Le genre Lycaon regroupe des canidés africains adaptés aux grandes plaines, dont l'unique membre vivant est le lycaon (Lycaon pictus), également appelé chien sauvage africain. Reconnaissable à sa robe bigarrée de noir, de blanc et d’ocre, il se distingue des autres canidés par sa dentition spécialisée et le nombre réduit de ses doigts. Ce carnivore social vit en meute organisée et pratique une chasse coopérative très efficace, ciblant surtout les antilopes. Autrefois largement répandu sur le continent africain, le genre a subi un important déclin à cause de la fragmentation de l’habitat, des maladies et des conflits avec l’homme. Bien que seule une espèce actuelle soit reconnue, la diversité passée du genre se reflète dans le registre fossile et les discussions taxonomiques depuis le XIXᵉ siècle.
L'histoire taxonomique du genre Lycaon a été marquée par une classification qui a évolué au fil du temps. L'espèce a été décrite pour la première fois en 1820 par Coenraad Jacob Temminck, qui l'a nommée Hyaena picta en raison de ses similitudes avec les hyènes, notamment sa forte mâchoire et son rôle de charognard supposé. Toutefois, les recherches ultérieures ont rapidement révélé que le lycaon n'appartenait pas au genre des hyènes. Il a finalement été reclassé dans son propre genre, Lycaon, par Joshua Brookes en 1827.
Au XIXᵉ siècle, plusieurs auteurs ont proposé des noms alternatifs ou synonymes, notamment Hyaenognathus et Aeluropus, mais ces appellations ont été rejetées ou mises en synonymie. George Robert Waterhouse (1838) et John Edward Gray (1868) ont contribué à stabiliser la description morphologique du genre, insistant sur ses caractères uniques au sein des Canidae : carnassières hypertrophiées, absence de la dernière molaire inférieure, et membres adaptés à la course de fond.
Le XXᵉ siècle a vu émerger des discussions autour des affinités évolutives de Lycaon. Certains auteurs l’ont rapproché du genre Cuon (dhole asiatique) en raison d’analogies dentaires, mais les études craniométriques et, plus récemment, les analyses moléculaires, confirment sa position comme l’un des canidés les plus spécialisés, issu d’une lignée africaine distincte.
Sur le plan évolutif, les études génétiques et morphologiques indiquent que le genre Lycaon a divergé relativement tôt de la lignée évolutive des canidés. L'ancêtre commun du genre Lycaon et des autres canidés tels que les loups et les renards remonte à plusieurs millions d'années. Le lycaon est souvent considéré comme le plus basal des canidés d'Afrique, ce qui signifie qu'il a conservé des traits morphologiques et génétiques qui étaient présents chez les premiers canidés. Ses adaptations évolutives incluent des mâchoires robustes, des molaires spécialisées pour le déchiquetage de la chair, et un système de chasse en coopération sophistiqué qui lui permet d'abattre des proies beaucoup plus grandes que lui. La forte cohésion sociale de ses meutes est également une stratégie évolutive pour maximiser le succès de la chasse et la protection des jeunes. L'histoire évolutive du lycaon est un exemple de spécialisation et d'adaptation réussie à un environnement spécifique, le plaçant dans une position unique au sein de la famille des canidés.
Les données fossiles, notamment avec la découverte de Lycaon sekowei, suggèrent une origine du genre au Plio-Pléistocène en Afrique, suivie d’une diversification rapide. Le genre a connu une extension paléogéographique vers l’Eurasie avec Lycaon lycaonoides, avant de se restreindre au continent africain à l’Holocène.
ESPÈCES
Le genre Lycaon ne comprend qu'une seule espèce reconnue actuellement : le lycaon (Lycaon pictus). Son nom d'espèce, "pictus", signifie "peint" en latin, en référence aux motifs uniques et irréguliers de son pelage, qui le rendent facilement identifiable. Bien qu'il n'y ait qu'une seule espèce vivante, plusieurs sous-espèces ont été proposées par le passé en se basant sur des variations géographiques de la coloration et de la taille. Cependant, les études génétiques modernes ont largement remis en question la validité de ces sous-espèces, et la classification actuelle tend à les considérer comme des variations au sein d'une espèce unique.
Les fossiles et formes éteintes attribuées au genre (souvent basées sur des restes fragmentaires) incluent :
* †Lycaon sekowei (Hartstone-Rose et al., 2010) — daté du Plio-Pléistocène, Afrique australe.
* †Lycaon lycaonoides (Kretzoi, 1938) — parfois considéré comme proche mais distinct, distribution eurasiatique et africaine au Pléistocène.
Certaines formes fossiles antérieurement placées dans Lycaon ont été réattribuées à d’autres genres de Canidae après révisions morphologiques et phylogénétiques, ce qui illustre les débats constants autour de la paléontologie du groupe.
Brookes, J. (1827). A catalogue of the Anatomical and Zoological Museum of Joshua Brookes.
Temminck, C.J. (1820). Monographies de Mammalogie.
Temminck, C.J. (1820). "Monographies de mammalogie, ou Description de quelques genres de mammifères, dont les espèces ont été observées dans les différens musées de l'Europe". Édité en 1827
Castello, J.R. (2020). Les canidés du Monde : Loups, chiens sauvages, renards, chacals, coyotes, et apparentés. Delachaux et Niestlé.
Creel, S. & Creel, M. (2002). The African Wild Dog: Behavior, Ecology, and Conservation. Princeton University Press.
Fanshawe, J.H., Ginsberg, J.R., Sillero-Zubiri, C. & Woodroffe, R. (1997). The status and distribution of the African Wild Dog Lycaon pictus. Rapport de la IUCN/SSC Canid Specialist Group.