Le genre Cuon regroupe des canidés de taille moyenne à grande, connus principalement par l’espèce actuelle, le dhole (Cuon alpinus), ainsi que par plusieurs espèces fossiles. Ces carnivores sociaux occupent historiquement une vaste aire de répartition allant de l’Europe et l’Asie jusqu’à l’Indonésie. Adaptés à la chasse en meute, ils se distinguent par une dentition spécialisée et une morphologie favorisant l’endurance. Le genre joue un rôle écologique majeur dans la régulation des populations d’ongulés dans les écosystèmes qu’il occupe. L’histoire taxonomique du genre genre Cuon illustre l’évolution des classifications des canidés et les débats sur son origine et ses affinités avec les autres genres de la tribu Canini.
Dhole (Cuon alpinus) Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
TAXONOMIE
Le genre Cuon fut établi par Brian Houghton Hodgson en 1838 dans The Journal of the Asiatic Society of Bengal, sur la base d’observations effectuées au Népal. Hodgson, naturaliste et administrateur britannique, reconnaissait dans le dhole un canidé suffisamment distinct des loups et des chacals pour justifier la création d’un genre propre. Il s’appuyait principalement sur des caractères crâniens et dentaires, notamment la réduction à deux molaires inférieures par côté — un trait rare parmi les canidés actuels — ainsi que sur des particularités comportementales observées sur le terrain.
L’espèce type, le dhole, avait été décrite auparavant par Peter Simon Pallas en 1811 sous le nom Canis alpinus, à partir de spécimens de Sibérie. Sa désignation officielle comme espèce type de Cuon intervint ultérieurement, consolidant la position nomenclaturale du genre.
Au XIXe siècle, plusieurs zoologistes, dont William Boyd Dawkins et Rudolf Schlosser, contribuèrent à documenter les formes fossiles attribuées à Cuon, révélant que le genre possédait une large répartition au Pléistocène, de l’Europe à l’Asie orientale, et jusque dans certaines régions d’Afrique du Nord. Les discussions taxonomiques portèrent sur ses relations avec le lycaon (Lycaon pictus), en raison de convergences dentaires, et avec Canis, en raison de similitudes morphologiques générales.
Les données paléontologiques et phylogénétiques récentes confirment que Cuon constitue une lignée distincte au sein de la sous-famille Caninae, spécialisée dans la chasse coopérative et l’exploitation rapide de proies de taille moyenne à grande, avec une diversité passée bien plus importante qu’à l’époque actuelle.
Sur le plan évolutif, les recherches suggèrent que le genre Cuon s'est détaché des autres canidés il y a plusieurs millions d'années. Les plus anciens fossiles attribués à Cuon datent du Pliocène et du Pléistocène. Ces ancêtres présumés étaient plus répandus que l'espèce moderne, avec une aire de répartition qui s'étendait de l'Europe à l'Asie. L'histoire évolutive du dhole a été marquée par des changements climatiques et environnementaux, notamment les périodes glaciaires, qui ont probablement conduit à la fragmentation de sa population et à la diversification morphologique observée dans le registre fossile. Les études phylogénétiques moléculaires situent le Cuon comme un proche parent du lycaon et des espèces du genre Canis. Cette relation suggère une ascendance commune qui s'est séparée en lignées distinctes à mesure que ces groupes évoluaient pour occuper différentes niches écologiques. Des analyses génétiques récentes ont permis de mieux comprendre la structure de la population actuelle, révélant une diversité génétique qui supporte l'idée d'une longue histoire évolutive, mais qui est également menacée par la fragmentation des habitats contemporains. Ces informations aident à élaborer des stratégies de conservation ciblées pour préserver les lignées génétiques uniques au sein de l'espèce.
ESPÈCES
Le genre Cuon est monotypique et ne contient qu'une seule espèce actuelle, le dhole (Cuon alpinus). Cependant, plusieurs sous-espèces ont été historiquement proposées, basées sur des variations morphologiques et géographiques. Des études génétiques récentes ont remis en question la validité de nombreuses de ces sous-espèces, suggérant une plus grande homogénéité au sein de l'espèce. Le dhole est parfois classé en trois sous-espèces principales :
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Wang, X., & Tedford, R.H. (2008). Dogs: Their Fossil Relatives and Evolutionary History. New York: Columbia University Press.
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Schlosser, M. (1924). Fossile Säugetiere aus Nord-China. Palaeontologia Sinica, C, 1(2): 1–73.