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Loup du Manitoba (Canis lupus griseoalbus)


Le loup du Manitoba (Canis lupus griseoalbus) est une sous-espèce de loup gris originaire des régions centrales du Canada, notamment le Manitoba, la Saskatchewan et l’ouest de l’Ontario. Bien que rarement mentionné dans la littérature populaire, ce loup joue un rôle écologique crucial dans les écosystèmes boréaux et des Prairies. Reconnu pour sa robe pâle et ses adaptations à des environnements variés allant des forêts boréales aux prairies ouvertes, il se distingue aussi par son comportement social élaboré. Cette sous-espèce, aujourd’hui considérée éteinte dans sa forme originelle ou fortement hybridée avec d’autres populations de loups, représente un fragment important de la biodiversité nord-américaine passée. L’étude de son histoire naturelle, de sa morphologie et de sa classification est essentielle pour mieux comprendre l’évolution des loups dans les zones de transition écologiques.


Loup du Manitoba (Canis lupus griseoalbus)
Loup du Manitoba (Canis lupus griseoalbus)
Auteur: Robert Ramsay - Internet Archive



DESCRIPTION

Le loup du Manitoba est considéré comme un grand loup, parmi les plus grandes sous-espèces d'Amérique du Nord. Il mesure généralement entre 160 et 180 cm de long, queue comprise, et atteignait une hauteur au garrot d’environ 70 à 80 cm. Son poids variait selon l’individu, mais la moyenne tournait autour de 35 à 50 kg.

Son pelage est généralement décrit comme gris et blanc, d'où son nom scientifique "griseoalbus" (gris-blanc). Comme pour la plupart des loups gris, il est probable que la couleur de son pelage peut varier légèrement, incluant des teintes plus claires ou plus foncées de gris, et même parfois du blanc pur. Sa fourrure était dense et adaptée aux climats froids.


Canis lupus griseoalbus
Canis lupus griseoalbus
Source: Le hurlement des loups

HABITAT

Historiquement, l'aire de répartition du loup du Manitoba s'étendait sur un vaste territoire canadien. On le rencontrait précisément dans le sud des territoires du Nord-Ouest, le nord de l'Alberta, ainsi que dans la Saskatchewan, où sa présence était notée jusqu'aux lisières de la région des prairies près de Carlton. Le centre-sud et le centre-est du Manitoba constituaient également une partie significative de son domaine, avec des observations occasionnelles rapportées dans des lieux comme le parc national du Mont Riding. Bien que ces provinces canadiennes aient formé le coeur de sa distribution, il est présumé que son territoire s'étendait également plus à l'ouest, dans le nord-est de l'Alberta, et incluait même certaines portions de ce qui est aujourd'hui le Nunavut.

L'habitat privilégié du loup du Manitoba comprenait principalement deux biomes distincts mais interdépendants : les prairies ouvertes et les denses forêts boréales. Ces environnements offraient une richesse de ressources essentielles à sa survie. Les vastes plaines des prairies lui fournissaient des terrains de chasse propices, tandis que les forêts boréales offraient la couverture nécessaire, des abris pour l'élevage des jeunes et des territoires de chasse diversifiés. Cet écosystème mixte lui assurait un accès constant à ses principales proies, telles que le caribou, l'orignal et d'autres grands herbivores. À l'image de toutes les sous-espèces de loups gris, le loup du Manitoba faisait preuve d'une grande adaptabilité, mais ses populations étaient intrinsèquement liées et spécifiquement associées à ces écosystèmes uniques du centre du Canada

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ÉCOLOGIE

En tant que prédateur de grande taille, le loup du Manitoba était un carnivore dont le régime alimentaire était principalement basé sur les grands herbivores présents dans son habitat. Le caribou constituait sans doute une proie majeure, compte tenu de sa présence abondante dans les forêts boréales et les régions subarctiques de son aire de répartition. Cependant, il s'attaquait également à d'autres espèces importantes comme l'orignal et le cerf, particulièrement dans les zones forestières et les lisières des prairies. Pour compléter ce régime, il chassait aussi des proies plus petites et opportunistes, incluant des animaux comme le castor, le lapin et divers rongeurs. Les loups gris sont connus pour leur opportunisme et leur capacité à adapter leur alimentation en fonction de la disponibilité des proies, une stratégie que le loup du Manitoba appliquait probablement pour survivre dans des environnements aux ressources parfois fluctuantes.

Le loup du Manitoba, à l'instar de tous les loups gris, était un animal hautement social, caractérisé par une structure de meute complexe et organisée. Une meute typique était généralement composée d'un couple reproducteur (le mâle et la femelle alpha) et de leurs descendants de différentes générations. Cette organisation sociale favorisait une coopération efficace pour la chasse, permettant aux loups de poursuivre et d'abattre des animaux beaucoup plus grands qu'eux. Le maintien du territoire était également un aspect crucial de leur comportement, délimité et défendu contre les autres meutes par le marquage olfactif et les vocalisations.


EXTINCTION

L'extinction du loup du Manitoba est un chapitre regrettable de l'histoire de la faune nord-américaine, survenue au début du XXe siècle. Sa disparition est principalement attribuée à une combinaison de facteurs liés à l'activité humaine.

La cause prédominante de son déclin fut la persécution intensive et généralisée menée par les colons et les éleveurs. Considéré comme une menace pour le bétail et le gibier, le loup a été impitoyablement chassé, piégé et empoisonné à travers son aire de répartition. Des programmes d'extermination à grande échelle ont été mis en place dans les provinces canadiennes au fur et à mesure de l'expansion de l'agriculture et de l'élevage, réduisant drastiquement et rapidement les populations de loups.

En outre, la diminution drastique de ses principales proies, notamment le bison d'Amérique (dont les populations ont été décimées au XIXe siècle) et, dans une moindre mesure, le caribou et l'orignal dans certaines régions, a également contribué à affaiblir les populations de loups du Manitoba. Moins de nourriture signifiait une reproduction plus difficile et une survie compromise.

Enfin, la perte et la fragmentation de l'habitat dues à l'urbanisation, à l'agriculture et au développement des infrastructures ont réduit les espaces sauvages dont les loups avaient besoin pour vivre et chasser sans interférence humaine. Les territoires de chasse se sont rétrécis, les rendant plus vulnérables aux contacts humains et aux persécutions.

Les dernières observations confirmées du loup du Manitoba remontent aux premières décennies du XXe siècle. L'extinction d'une sous-espèce n'est pas toujours marquée par un événement unique et formel (comme la proclamation de l'extinction d'une espèce entière par un gouvernement ou une organisation majeure). Elle est plutôt le résultat d'un consensus scientifique basé sur l'absence prolongée de preuves d'existence et l'analyse des pressions passées (chasse intensive, perte d'habitat, disparition des proies).

En résumé, la preuve de l'extinction du loup du Manitoba ne repose pas sur un document unique mais sur un faisceau de preuves historiques, taxonomiques et d'absence d'observations qui a conduit à son statut largement reconnu d'éteint au sein de la communauté scientifique.


TAXONOMIE

L'histoire taxinomique du loup du Manitoba est ancrée dans les explorations et les descriptions fauniques du XIXe siècle. Son statut taxonomique en tant que sous-espèce distincte du loup gris a été formellement établi par l'éminent zoologiste américain Spencer Fullerton Baird en 1858. C'est lui qui est l'auteur de la description originale, se basant sur les caractéristiques morphologiques de spécimens collectés dans sa région historique, notamment autour de la rivière Rouge au Manitoba. Baird a mis en évidence des traits distinctifs qui le séparaient des autres populations de loups gris connues à l'époque, en particulier sa grande taille et les teintes spécifiques de son pelage, majoritairement gris et blanc, qui ont inspiré l'épithète "griseoalbus".

Cependant, la taxonomie des loups est intrinsèquement complexe en raison de la grande variabilité individuelle au sein de l'espèce Canis lupus et de la tendance à l'intergradation entre les populations sous-spécifiques, rendant parfois floues les limites entre elles. Au fil du temps, des révisions taxonomiques ont conduit à la synonymie de nombreuses sous-espèces, mais Canis lupus griseoalbus a conservé son statut dans les systèmes de classification majeurs. Son extinction précoce, au début du XXe siècle, signifie qu'elle n'a pas pu bénéficier des analyses génétiques modernes qui ont révolutionné la phylogénie et la taxonomie des loups vivants. Par conséquent, sa reconnaissance repose principalement sur les registres historiques et le consensus académique maintenu par des références telles que "Mammal Species of the World" et d'autres bases de données taxonomiques. Son acceptation continue témoigne de la validité de sa description originale dans le contexte scientifique de l'époque et de sa reconnaissance comme une entité distincte qui a bel et bien existé avant sa disparition.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communLoup du Manitoba
Autres nomsLoup des prairies
Loup de Saskatchewan
English nameManitoba wolf
Español nombreLobo de Manitoba
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreCarnivora
Sous-ordreCaniformia
FamilleCanidae
GenreCanis
EspèceCanis lupus
Nom binominalCanis lupus griseoalbus
Décrit parSpencer Baird
Date1858

SOURCES

* Liens internes

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

* Liens externes

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

* Bibliographie

Internet Archive

Le hurlement des loups

* Bibliographie

Baird, S.F. (1858). Mammals of North America; the descriptions of species based chiefly on the collections in the Museum of the Smithsonian Institution. J. B. Lippincott & Co., Philadelphia.

Young, S.P., & Goldman, E.A. (1944). The Wolves of North America. Part I: Their History, Life Habits, Economic Status, and Control. American Wildlife Institute.

Nowak, Ronald M. (1995). “Another Look at Wolf Taxonomy.” In Ecology and Conservation of Wolves in a Changing World. Canadian Circumpolar Institute.

Mech, L. David, & Boitani, Luigi (Eds.). (2003). Wolves: Behavior, Ecology, and Conservation. University of Chicago Press.

Musiani, M., Boitani, L., & Paquet, P.C. (2010). The World of Wolves: New Perspectives on Ecology, Behaviour and Management. University of Calgary Press.

Leonard, J.A., Vila, C., & Wayne, R.K. (2005). “Legacy Lost: Genetic Variability and Population Size of Extirpated U.S. Gray Wolves (Canis lupus).” Molecular Ecology, 14(1), 9–17.

Rutledge, L.Y., et al. (2010). “Protection from Wolves: Adaptive Behavior in Eastern Coyotes.” Behavioral Ecology, 21(5), 989–995.