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Loup d'Hokkaido (Canis lupus hattai)


Le loup d'Hokkaido (Canis lupus hattai) est une sous-espèce éteinte de loup gris qui habitait l'île d'Hokkaido au Japon. Reconnu pour sa taille imposante, il était un prédateur clé de l'écosystème insulaire, jouant un rôle essentiel dans la régulation des populations de grands herbivores. Son extinction, survenue au tournant du XXe siècle, est directement liée aux activités humaines, notamment la déforestation, l'introduction d'espèces invasives, et surtout, les campagnes d'éradication menées par le gouvernement japonais. La disparition de cette sous-espèce représente une perte significative pour la biodiversité et constitue un rappel poignant de l'impact anthropique sur les écosystèmes fragiles. Son étude continue de fasciner les chercheurs, offrant des perspectives précieuses sur la dynamique des populations de loups insulaires et les conséquences irréversibles de leur disparition.


Loup d'Hokkaido (Canis lupus hattai)
Loup d'Hokkaido (Canis lupus hattai)
© William Harris - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le loup d'Hokkaido était une sous-espèce de grande taille, se distinguant par des caractéristiques physiques adaptées à son environnement insulaire. Les spécimens adultes présentaient une stature robuste, avec une hauteur au garrot estimée entre 60 et 70 centimètres et une longueur corporelle, queue comprise, pouvant atteindre 120 à 140 centimètres. Leur poids se situait probablement dans la fourchette supérieure des loups gris continentaux, avec des estimations suggérant des individus pesant entre 35 et 50 kilogrammes, voire plus pour les mâles dominants.

Leur pelage était généralement de couleur grise ou brunâtre, avec des nuances plus claires sur le ventre et les pattes. La texture du pelage était dense, fournissant une isolation efficace contre les hivers rigoureux d'Hokkaido. La tête était large, avec un museau relativement long et des oreilles dressées et arrondies. La mâchoire était puissante, munie de grandes canines et de molaires robustes, adaptées à la mastication de la viande et à la rupture des os de leurs proies. Leurs membres étaient forts et musclés, se terminant par des pattes larges avec des coussinets épais, idéales pour se déplacer sur des terrains variés, y compris la neige. La queue était touffue et de longueur moyenne, portée généralement basse.

Bien que des spécimens complets soient rares, les squelettes et les peaux conservés dans les musées, ainsi que les descriptions historiques, fournissent des informations précieuses sur la morphologie générale de cet animal imposant. L'analyse des restes fossiles et des comparaisons avec d'autres sous-espèces de loups gris permettent de mieux comprendre l'évolution de ses traits physiques distinctifs.


Canis lupus hattai
Canis lupus hattai
Source: Le hurlement des loups

HABITAT

Le loup d'Hokkaido était endémique à l'île d'Hokkaido, la deuxième plus grande île du Japon, située à l'extrême nord de l'archipel. Sa répartition était strictement limitée à cette île, n'ayant jamais été observé sur les autres îles principales du Japon. L'habitat de cette sous-espèce était diversifié, englobant une variété de paysages naturels caractéristiques d'Hokkaido. Il fréquentait principalement les vastes forêts de conifères et de feuillus qui recouvraient une grande partie de l'île, offrant un abri dense et une abondance de proies. On le trouvait également dans les zones montagneuses, les vallées fluviales et les prairies alpines, démontrant une grande adaptabilité à différents environnements.

Les territoires des loups couvraient de grandes étendues, reflétant la nécessité de chasser sur des surfaces suffisantes pour subvenir aux besoins de la meute. Les hivers longs et enneigés d'Hokkaido jouaient un rôle crucial dans la vie de ces loups, nécessitant des adaptations comportementales et physiques pour survivre dans des conditions rigoureuses. Avant l'arrivée des colons humains et le développement agricole intensif, l'île était un vaste écosystème relativement intact, fournissant un habitat idéal pour le loup d'Hokkaido et ses proies. La pression humaine croissante, notamment la déforestation et la conversion des terres pour l'agriculture et l'élevage, a progressivement réduit et fragmenté son habitat naturel, contribuant de manière significative à son déclin.


Canis lupus hattai distribution
     Répartition historique du loup d'Hokkaido
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ÉCOLOGIE

Le loup d'Hokkaido, Canis lupus hattai, était un super-prédateur au sommet de la chaîne alimentaire de son écosystème insulaire. Son régime alimentaire était principalement carnivore, et ses proies principales étaient les grands herbivores indigènes d'Hokkaido. Le cerf sika (Cervus nippon) constituait la base de son alimentation, les loups régulant efficacement leurs populations et ciblant souvent les individus faibles, malades ou jeunes, contribuant ainsi à la santé générale des troupeaux. Ils chassaient également d'autres mammifères disponibles, bien que leur présence en grand nombre soit moins documentée, comme des sangliers, ou des plus petits mammifères lorsque les proies principales étaient moins abondantes.

Le comportement de chasse du loup d'Hokkaido était probablement similaire à celui des autres sous-espèces de loups gris, impliquant la coopération au sein de meutes bien organisées. Celles-ci étaient composées de plusieurs individus, souvent une paire reproductrice dominante et leurs descendants de plusieurs générations. Cette structure sociale permettait une chasse plus efficace des grandes proies et une meilleure défense du territoire. Les loups d'Hokkaido étaient des animaux territoriaux, marquant leur domaine par l'urine, les fèces et les hurlements pour communiquer avec les meutes voisines. Leurs hurlements, distinctifs et puissants, servaient à la fois à la cohésion du groupe, à l'annonce de leur présence et à la dissuasion des intrus. Ces loups étaient des opportunistes, s'adaptant aux ressources disponibles dans leur environnement. Leur présence avait un impact écologique profond sur l'île, régulant les populations d'herbivores et influençant la structure de la végétation. La disparition du loup d'Hokkaido a entraîné un déséquilibre écologique, notamment une augmentation des populations de cerfs sika, ayant des conséquences sur la régénération forestière et la biodiversité de l'île.


Loup d'Hokkaido naturalise
Loup d'Hokkaido naturalisé
Source: Biodiversity Conservation

EXTINCTION

L'extinction du loup d'Hokkaido est un événement tragique survenu à la fin du XIXe siècle, vers 1889, et est un exemple emblématique des conséquences de la colonisation humaine et de l'exploitation intensive des ressources naturelles. La cause principale de leur disparition est directement liée à l'expansion rapide de l'agriculture et de l'élevage sur l'île d'Hokkaido. À partir de la période Meiji (1868-1912), le gouvernement japonais a encouragé la colonisation de l'île pour développer l'agriculture et l'élevage, notamment l'élevage de chevaux et de bovins. Les loups, considérés comme des menaces pour le bétail, sont rapidement devenus la cible de campagnes d'éradication systématiques et brutales. Le gouvernement a mis en place un système de primes incitant les chasseurs et les agriculteurs à tuer les loups. Des méthodes de chasse variées ont été utilisées, y compris l'empoisonnement avec de la strychnine, la pose de pièges, les tirs et des battues organisées. L'empoisonnement s'est avéré particulièrement efficace et dévastateur, décimant rapidement les populations de loups à grande échelle.

En plus de la chasse directe, d'autres facteurs ont contribué à leur déclin. La déforestation massive pour créer des terres agricoles a fragmenté et réduit considérablement l'habitat naturel des loups, limitant l'accès à leurs proies naturelles, comme le cerf sika, dont les populations ont également souffert de la chasse intensive et de la destruction de leur habitat. La diminution des proies a poussé les loups à se rabattre davantage sur le bétail, intensifiant le conflit avec les humains et justifiant encore plus les campagnes d'extermination. L'introduction de maladies par les animaux domestiques importés a pu également affaiblir les dernières populations de loups. Le dernier loup d'Hokkaido aurait été tué en 1889, marquant la fin d'une sous-espèce unique et la perte irréversible d'un maillon essentiel de l'écosystème d'Hokkaido.


Hokkaido wolf
En anglais, le loup d'Hokkaido est appelé Hokkaido wolf
© Katsuya - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

TAXONOMIE

L'histoire taxonomique du loup d'Hokkaido est un cheminement scientifique qui a progressivement affiné notre compréhension de cette sous-espèce éteinte. La reconnaissance formelle de ce loup est attribuée au zoologiste japonais Kyukichi Kishida, qui, en 1931, lui a donné son nom scientifique actuel, Canis lupus hattai. Le nom spécifique "hattai" a été choisi en l'honneur du professeur Kenjirō Hatta, un scientifique qui a contribué à l'étude de la faune locale. La description de Kishida s'est basée sur des observations morphologiques détaillées de spécimens, notamment des restes squelettiques et des peaux. Ces analyses ont permis d'identifier des caractéristiques distinctives propres aux loups d'Hokkaido, les différenciant des autres populations de loups, y compris celles du continent asiatique.

Il est important de noter que d'autres loups japonais ont été décrits auparavant, ce qui a parfois prêté à confusion. Par exemple, le loup de Honshu, ou loup du Japon (Canis lupus hodophilax), une autre sous-espèce éteinte, a été décrit bien plus tôt par Coenraad Jacob Temminck en 1839. Ces distinctions précoces ont jeté les bases d'une classification plus granulaire des loups présents sur l'archipel japonais, soulignant l'importance de chaque population insulaire comme une entité taxonomique distincte.

Avec l'avènement des méthodes de biologie moléculaire à la fin du XXe et au début du XXIe siècle, la position taxonomique de Canis lupus hattai a été solidement confirmée. Des chercheurs ont mené des analyses génétiques sur l'ADN mitochondrial extrait de restes de loups d'Hokkaido conservés dans des collections muséales. Ces études ont révélé que le loup d'Hokkaido était génétiquement très proche des populations continentales de loups gris, validant ainsi son statut de sous-espèce. Cependant, ces mêmes analyses ont également mis en évidence des marqueurs génétiques uniques, témoignant de son isolement géographique prolongé sur l'île et des adaptations évolutives spécifiques à son environnement. Ces preuves génétiques ont renforcé l'idée que, bien qu'appartenant à l'espèce Canis lupus, le loup d'Hokkaido représentait une lignée évolutive particulière.

La reconnaissance officielle de Canis lupus hattai comme sous-espèce éteinte par des organisations de référence mondiale en matière de biodiversité est basée sur ces études génétiques et morphologiques, qui ont permis de clarifier sa position dans l'arbre phylogénétique des canidés. Ces bases de données taxonomiques jouent un rôle crucial dans la standardisation de la nomenclature et la compilation des informations sur la biodiversité mondiale, assurant une reconnaissance cohérente des espèces et sous-espèces, même celles qui ont disparu. L'histoire taxonomique du loup d'Hokkaido est donc un exemple parfait de la manière dont la science évolue, passant des observations morphologiques aux analyses génétiques approfondies pour affiner notre compréhension des relations évolutives entre les espèces.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communLoup d'Hokkaido
English nameHokkaido wolf
Español nombreLobo de Hokkaido
Lobo de Ezo
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreCarnivora
Sous-ordreCaniformia
FamilleCanidae
GenreCanis
EspèceCanis lupus
Nom binominalCanis lupus hattai
Décrit parKyukichi Kishida
Date1931



Satut IUCN

Espèce éteinte (EX)

SOURCES

* Liens internes

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Wikipédia

* Liens externes

Biodiversity Conservation

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

International Wolf Center

Le hurlement des loups

Wikimedia commons

* Bibliographie

Kishida, K. (1931). Notes on the Yesso Wolf. Lansania, III(25).

Ishiguro, N., Inoshima, Y., & Shigehara, N. (2010). "Osteological and genetic analysis of the extinct Ezo wolf (Canis lupus hattai) from Hokkaido Island, Japan." Zoological Science, 27(4), 320-324.

Matsumura, S., Terai, Y., Hongo, H., Ishiguro, N., et al. (2014). "Complete mitochondrial genome sequences from ancient specimens and reconstruction of the colonization history of two extinct subspecies of gray wolves in Japan." Ecology and Evolution, 4(17), 3328-3336.

Walker, B. L. (2004). "Meiji Modernization, Scientific Agriculture, and the Destruction of Japan's Hokkaido Wolf." Environmental History, 9(2), 248-274.

Walker, B. L. (2008). The Lost Wolves of Japan. University of Washington Press, Seattle. (ISBN 9780295988146).

Knight, J. (2006). Waiting for Wolves in Japan: An Anthropological Study of People-Wildlife Relations. University of Hawaii Press. (ISBN 978-0824830960).