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Loup du Labrador (Canis lupus labradorius)


Le loup du Labrador (Canis lupus labradorius) Le loup du Labrador, Canis lupus labradorius, est une sous-espèce de loup gris dont l'existence est intrinsèquement liée aux vastes et rigoureux paysages du Labrador, de Terre-Neuve et du nord du Québec. Il est reconnu pour sa capacité à s'adapter aux conditions climatiques extrêmes de ces régions boréales. Cette sous-espèce, bien que moins étudiée que d'autres, joue un rôle écologique crucial en tant que prédateur supérieur dans son écosystème, influençant les populations de ses proies. Sa présence historique et son évolution dans ces territoires isolés en font un sujet d'intérêt pour la compréhension de la diversité des loups en Amérique du Nord. Il est important de noter que son statut de conservation actuel est source de débat, avec des fluctuations de population et des pressions anthropiques persistantes.


Loup du Labrador (Canis lupus labradorius)
Loup du Labrador (Canis lupus labradorius)
Auteur: Peupleloup - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le loup du Labrador est une sous-espèce de taille moyenne, présentant des caractéristiques physiques adaptées à son environnement nordique. Son pelage varie considérablement en couleur, allant d'un gris foncé à une teinte presque entièrement blanche, ce qui lui permet de se camoufler efficacement dans les paysages enneigés ou les forêts boréales. Cette variabilité chromatique est un trait distinctif, le différenciant d'autres sous-espèces qui peuvent avoir des teintes plus uniformes.

Sa taille se situe généralement entre 134 et 188 centimètres de longueur corporelle, incluant la queue, ce qui le rend comparable, voire légèrement plus grand, que le loup de l'Est (Canis lycaon). Il possède une musculature robuste, des pattes longues et des pieds bien adaptés à la marche dans la neige profonde, des caractéristiques essentielles pour la chasse dans son habitat.

La dentition du loup du Labrador est puissante, avec des canines et des carnassières bien développées, nécessaires pour maîtriser de grandes proies. Ses sens aiguisés, notamment l'ouïe et l'odorat, sont également des atouts morphologiques cruciaux pour sa survie et sa capacité à chasser et naviguer dans son territoire.


Canis lupus labradorius
Canis lupus labradorius
Source: Wolves wolves wolves
Di-no license (Licence inconnue)

HABITAT

Le loup du Labrador est endémique de la péninsule du Labrador, englobant spécifiquement les régions du Labrador à Terre-Neuve et le nord du Québec au Canada. Son aire de répartition historique couvrait une grande partie de ces vastes territoires subarctiques. Ces zones sont caractérisées par un mélange de forêts boréales denses, de taïgas étendues, de zones humides côtières, de terres arbustives et de toundras.

L'habitat spécifique utilisé par cette sous-espèce dépend fortement de la disponibilité des proies, des conditions d'enneigement, de la densité du bétail dans les régions limitrophes, de la présence humaine et de la topographie du terrain. Les loups du Labrador occupent des écosystèmes variés, des intérieurs forestiers aux zones plus ouvertes de la toundra, démontrant une grande adaptabilité. Récemment, des observations confirmées ont également eu lieu à Terre-Neuve, soulignant la complexité et les dynamiques de leur distribution actuelle. La préservation de ces habitats naturels intacts est cruciale pour la survie et la viabilité des populations de loups du Labrador, face à la fragmentation croissante du paysage.


Canis lupus labradorius distribution
     Répartition du loup du Labrador
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ÉCOLOGIE

L'écologie du loup du Labrador est typique des grands prédateurs canidés, bien que des spécificités liées à son environnement arctique soient notables. En tant que carnivore, son régime alimentaire est principalement constitué de grands ongulés, avec le caribou et l'orignal comme proies principales dans son aire de répartition. Il se nourrit également de phoques du Groenland, de renards, de lièvres, de castors, de poissons et de divers rongeurs lorsque les proies majeures sont moins accessibles. La chasse se fait en meute, une stratégie essentielle pour abattre des animaux de grande taille.

Le comportement de reproduction suit un cycle annuel, avec une période de gestation d'environ deux mois. Les louveteaux, typiquement au nombre de quatre à six par portée, naissent aveugles et sourds au début du printemps. Ils restent dans la tanière pendant les premières semaines de leur vie, dépendant entièrement des adultes pour leur nourriture et leur protection, avant de devenir plus indépendants vers l'âge de 8 à 10 semaines. Les femelles atteignent la maturité sexuelle vers deux ans, et les mâles vers trois ans.

Le comportement social du loup du Labrador est organisé autour d'une meute hiérarchisée, généralement composée d'un couple alpha et de leurs descendants. Ces meutes établissent et défendent des territoires étendus, dont la taille varie en fonction de la disponibilité des proies. Les loups alternent entre des phases sédentaires, principalement au printemps et en été lors de l'élevage des jeunes, et des phases nomades de l'automne à l'hiver, suivant les migrations de leurs proies.


Loup du Labrador Canada
Loup du Labrador le long de la route translabradorienne, Labrador
Source: The Wolf Intelligencer

STATUT

Le statut de conservation du loup du Labrador est un sujet complexe et en évolution, ne figurant pas actuellement sur la Liste rouge de l'IUCN en tant que sous-espèce distincte avec une évaluation spécifique. Cependant, le loup gris, l'espèce à laquelle il appartient, est classé comme "Préoccupation mineure" à l'échelle mondiale, ce qui masque les vulnérabilités de nombreuses sous-espèces régionales. Néanmoins, des organismes comme NatureServe le considèrent comme "Vulnérable" (S3S4) au Labrador.

Historiquement, la population du loup du Labrador a subi un déclin significatif au début du XXe siècle, principalement en raison de la surchasse et du piégeage, rendant les observations rares jusqu'aux années 1950. Ce déclin a été exacerbé par la perception des loups comme des menaces pour le bétail et les espèces chassées par l'homme. La protection juridique varie considérablement selon les régions de son aire de répartition, et dans certaines zones, la chasse et le piégeage sont encore autorisés. La récupération des populations de caribous, une de ses principales proies, a parfois conduit à une augmentation de la population de loups, mais les pressions continues, telles que la perte et la fragmentation de l'habitat dues au développement humain, ainsi que les conflits homme-faune, demeurent des défis majeurs. L'incertitude quant à la taille exacte de sa population rend difficile une évaluation précise de son risque d'extinction. Par conséquent, il est essentiel de mener davantage de recherches et de mettre en oeuvre des stratégies de conservation ciblées pour assurer la survie à long terme de cette sous-espèce emblématique.


Labrador wolf
En anglais, le loup du Labrador est appelé Labrador wolf
Auteur: Peupleloup
CC0 (Domaine public)

TAXONOMIE

L'histoire taxonomique du loup du Labrador est intrinsèquement liée à la classification complexe du loup gris nord-américain et a été marquée par des révisions et des débats continus parmi les scientifiques. Cette sous-espèce a été officiellement décrite pour la première fois par Edward Alphonso Goldman en 1937, sur la base d'individus provenant du Labrador et du nord du Québec. Goldman, en collaboration avec Stanley Paul Young, a joué un rôle prépondérant dans la taxonomie des loups nord-américains au milieu du XXe siècle, identifiant de nombreuses sous-espèces en se basant sur des critères morphologiques tels que la taille, la couleur du pelage et des différences crâniennes subtiles. En 1944, Goldman reconnaissait jusqu'à 23 sous-espèces de Canis lupus en Amérique du Nord, une vision qui fut ensuite soutenue par E. Raymond Hall qui en proposa 24 en 1959.

Cependant, cette profusion de sous-espèces a été l'objet de critiques, certains chercheurs arguant que de nombreuses classifications étaient basées sur des échantillons limités et ne prenaient pas suffisamment en compte la variabilité naturelle au sein de l'espèce. Au fil du temps, des études génétiques plus récentes ont remis en question la validité de certaines de ces sous-espèces, suggérant que la diversité génétique réelle pourrait être moins fragmentée que ne le laissaient penser les classifications morphologiques.

Le loup du Labrador a été décrit comme étant étroitement lié au loup de Terre-Neuve (Canis lupus beothucus), une sous-espèce désormais éteinte, partageant des similitudes morphologiques et une proximité géographique. Il a également été comparé au loup de l'Est (Canis lycaon), bien que Goldman ait noté que le loup du Labrador était généralement plus grand. La question de savoir si certaines de ces sous-espèces nord-américaines représentent des lignées évolutives distinctes ou de simples variations phénotypiques au sein d'une espèce plus vaste reste un sujet de recherche actif. Les progrès en génétique moléculaire continuent d'affiner notre compréhension des relations phylogénétiques entre les différentes populations de loups gris, et il est possible que la classification de Canis lupus labradorius puisse encore évoluer à la lumière de nouvelles découvertes. Malgré les débats taxonomiques, la reconnaissance de Canis lupus labradorius souligne son importance historique et écologique en tant qu'entité distincte au sein de l'espèce Canis lupus.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communLoup du Labrador
English nameLabrador wolf
Español nombrePerro Salvaje Asiático
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreCarnivora
Sous-ordreCaniformia
FamilleCanidae
GenreCanis
EspèceCanis lupus
Nom binominalCanis lupus labradorius
Décrit parEdward Alphonso Goldman
Date1937

SOURCES

* Liens internes

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Wikipédia

* Liens externes

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

International Wolf Center

Le hurlement des loups

NatureServe Explorer

The Wolf Intelligencer

Wikimedia Commons

Wolves wolves wolves Wiki

* Bibliographie

Goldman, E. A. (1937). The wolves of North America. Journal of Mammalogy, 18(1), 37-45.

Goldman, E. A. (1944). The Wolves of North America. Part II. Classification of Wolves. In Young, S. P., & Goldman, E. A., The Wolves of North America (pp. 389–636). American Wildlife Institute.

Hall, E. R. (1959). The mammals of North America. John Wiley & Sons.

Hall, E. R. (1981). The Mammals of North America (Vol. II). John Wiley & Sons.

Nowak, R. M. (1995). Another look at wolf taxonomy. In L. N. Carbyn, S. H. Fritts, & D. R. Seip (Eds.), Ecology and Conservation of Wolves in a Changing World (pp. 375–397). Canadian Circumpolar Institute.

Mech, L. D. & Boitani, L. (Eds.) (2003). Wolves: Behavior, Ecology, and Conservation. University of Chicago Press.

Chambers, S. M., Fain, S. R., Fazio, B., & Amaral, M. (2012). An account of the taxonomy of North American wolves from morphological and genetic analyses. North American Fauna, 77, 1–67.

Banfield, A. W. F. (1974). The Mammals of Canada. University of Toronto Press.

Musial, M., & Theberge, J. B. (2007). Current status of wolves (Canis lupus) in Labrador. Northeastern Naturalist, 14(2), 273-286.