Manimalworld
Manimalworld Encyclopédie des animaux sauvages

Loup des plaines (Canis lupus nubilus)


Le loup des plaines (Canis lupus nubilus) est une sous-espèce emblématique du loup gris, autrefois répandue sur une vaste étendue de l'Amérique du Nord. Reconnu pour sa résilience et son rôle écologique crucial au sein des écosystèmes des prairies et des forêts, cet animal majestueux a fait face à des défis considérables au fil des siècles, notamment la destruction de son habitat et la persécution humaine. Sa présence historique a profondément marqué les cultures autochtones et européennes, qui le considéraient tour à tour comme un esprit tutélaire, une menace ou un symbole de la nature sauvage. L'étude de cette sous-espèce offre un aperçu fascinant de l'adaptation des grands carnivores à des environnements variés et des dynamiques complexes qui régissent les interactions entre prédateurs, proies et humains, soulignant l'importance de sa conservation pour maintenir l'équilibre biologique des écosystèmes nord-américains. Le loup des plaines est également appelé Loup des Grandes Plaines.


Loup des plaines (Canis lupus nubilus)
Loup des plaines (Canis lupus nubilus)
© Peuple loup - Flickr
CC-BY-SA (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le loup des plaines présente une morphologie robuste et bien adaptée à son environnement, caractérisée par une taille moyenne à grande parmi les sous-espèces de loups gris. Les mâles adultes pèsent généralement entre 35 et 50 kilogrammes, tandis que les femelles sont légèrement plus petites, pesant entre 27 et 40 kilogrammes. Leur longueur corporelle, de la pointe du museau à la base de la queue, varie de 150 à 200 centimètres, la queue ajoutant 40 à 50 centimètres.

Leur pelage est épais et dense, offrant une isolation efficace contre les variations climatiques des plaines nord-américaines, qui peuvent être extrêmes. La couleur de la fourrure est très variable, allant du gris-brun clair au noir, en passant par le fauve et le blanc crème. Cette diversité de coloration permet aux individus de se fondre plus facilement dans différents types de paysages, que ce soit les prairies ouvertes, les forêts clairsemées ou les zones enneigées en hiver.

Leurs pattes sont longues et puissantes, dotées de coussinets plantaires larges et résistants, idéaux pour parcourir de longues distances sur des terrains variés et pour maintenir une bonne adhérence sur la neige ou la glace. Leurs mâchoires sont fortes, équipées de canines longues et acérées, ainsi que de molaires robustes, leur permettant de déchirer la chair et de broyer les os de leurs proies. Leurs oreilles sont de taille moyenne et dressées, offrant une excellente ouïe, tandis que leurs yeux, généralement de couleur ambre ou jaune, leur confèrent une vision nocturne aiguë, essentielle pour la chasse.


Canis lupus nubilus
Canis lupus nubilus
© Terry Sohl - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

HABITAT

Autrefois, le loup des plaines bénéficiait d'une répartition géographique extrêmement vaste, couvrant une grande partie du centre et de l'ouest des États-Unis, s'étendant du sud du Canada jusqu'au Mexique. Cette sous-espèce occupait historiquement les vastes prairies, les plaines ouvertes, les savanes arbustives et les lisières de forêts qui caractérisent ces régions. Son habitat idéal était constitué de paysages variés offrant à la fois des zones ouvertes pour la chasse aux grands ongulés et des couverts forestiers ou des terrains accidentés pour le repos, l'élevage des jeunes et la protection.

Cependant, au cours des derniers siècles, sa population a été considérablement réduite et fragmentée en raison de la destruction massive de son habitat naturel par l'expansion agricole et urbaine, ainsi que par des programmes d'éradication intensifs. Aujourd'hui, les populations restantes de Canis lupus nubilus sont principalement confinées à des régions plus isolées et protégées, notamment dans les Grands Lacs supérieurs (Minnesota, Wisconsin, Michigan) et certaines parties des Rocheuses et du Nord-Ouest pacifique, où des efforts de conservation ont permis une certaine réintroduction et un repeuplement.

Ces zones offrent encore des écosystèmes relativement intacts avec des populations suffisantes de proies et un niveau de perturbation humaine réduit, ce qui est crucial pour la survence et l'établissement de meutes de loups. La capacité d'adaptation du loup des plaines à différents environnements est remarquable, mais la fragmentation de son habitat reste une menace majeure pour sa survie à long terme, nécessitant des corridors écologiques et une gestion attentive des paysages pour assurer la connectivité des populations.


Canis lupus nubilus repartition
     Répartition du loup des plaines
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

Le loup des plaines est un carnivore opportuniste et un prédateur au sommet de la chaîne alimentaire, dont le régime alimentaire est principalement composé de grands ongulés. Ses proies principales varient en fonction de la disponibilité locale, mais incluent généralement le cerf de Virginie, le wapiti, l'orignal, et parfois le bison d'Amérique (surtout es jeunes, les vieux ou les malades qui sont plus vulnérables). En plus de ces grandes proies, le loup des plaines peut également chasser des animaux plus petits tels que les castors, les lièvres, les marmottes, et divers rongeurs, particulièrement lorsque les populations de grands ongulés sont faibles ou pendant les périodes de disette.

Les stratégies de chasse du loup des plaines sont hautement coopératives et sophistiquées. Les meutes travaillent ensemble pour localiser, poursuivre et abattre leurs proies. Cette approche coordonnée permet aux loups de s'attaquer à des animaux beaucoup plus grands et plus puissants qu'eux individuellement. Une fois la proie abattue, la meute partage le repas, les individus dominants mangeant souvent en premier. La diversité de son régime alimentaire et sa capacité à s'adapter aux ressources disponibles sont des facteurs clés de sa résilience dans des environnements variés, mais la santé de ses populations est intrinsèquement liée à celle des populations de ses proies.


Loup des plaines gros plan.jpg
Gros plan du loup des plaines
Source: Wolwes of the World

REPRODUCTION

Dans la meute, seul le couple dominant se reproduit ceci afin de réguler les naissances. Il arrive cependant que quand les proies sont abondantes, qu'il y ait des portées multiples.

La saison des amours se passe en général entre le mois de décembre et le mois de janvier. Après une gestation de 63 jours, la femelle met au monde une portée de 4 à 6 louveteaux dans une tanière. Celle-ci est normalement située dans une crevasse rocheuse ou encore dans un trou confectionné par les parents. Il a déjà été observé des naissances dans un tronçon d'arbre mort.

Les louveteaux naissent sourds et aveugles et ne commencent à entendre que dans les 12 à 14 jours suivant leur naissance. Entre 3 et 6 semaines, ils commencent à sortir de la tanière pour explorer leur environnement dans lequel ils évolueront plus tard. Ils atteindront l'âge adulte vers l'âge de 7 mois et seront sexuellement mûr vers 22 mois.


Loup des plaines femelle.jpg
Loup des plaines femelle et ses petits
© Julio García-Robles - iNaturalist
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

COMPORTEMENT

Le comportement du loup des grandes plaines est complexe et hautement social, centré autour de la structure de la meute, qui est l'unité fondamentale de leur organisation sociale. Une meute est généralement composée d'un couple reproducteur (le couple alpha), de leurs descendants de différentes années et parfois d'autres individus apparentés. La taille de la meute varie en fonction de la disponibilité des proies et de l'environnement, allant de quelques individus à plus d'une douzaine. La hiérarchie est bien établie et est maintenue par des signaux posturaux, des vocalises et, occasionnellement, des démonstrations de dominance.

La communication chez le loup est très développée et inclut une gamme variée de vocalises, comme les hurlements, les gémissements, les grognements et les jappements, chacun ayant une signification spécifique pour coordonner la chasse, maintenir le contact avec les membres du groupe ou défendre le territoire. Les hurlements, en particulier, servent à localiser les autres membres de la meute sur de longues distances et à marquer les limites territoriales, avertissant les meutes voisines de leur présence. Le marquage olfactif, par l'urine et les fèces, est également un moyen crucial de communication territoriale.

Les loups sont des animaux territoriaux et défendent activement leur domaine contre les intrusions. Le jeu est une activité importante chez les loups de tous âges, contribuant au renforcement des liens sociaux et au développement des compétences physiques et de chasse chez les jeunes. Le comportement coopératif est la clé de leur succès en tant que prédateur, leur permettant de s'attaquer à des proies plus grandes et d'assurer une meilleure survie collective.


Loup des grandes plaines
Loup des grandes plaines
© Seney Natural History Association - iNaturalist
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

PRÉDATION

Le loup des grandes plaines, étant un prédateur au sommet de la chaîne alimentaire dans la plupart de ses habitats, a relativement peu de prédateurs naturels une fois qu'il atteint l'âge adulte. Cependant, les jeunes louveteaux sont vulnérables à une gamme plus large de menaces. Les principaux ennemis des louveteaux peuvent inclure les ours (ours noirs et grizzlys), les pumas et d'autres grandes espèces de loups si les territoires se chevauchent et que des conflits surviennent entre meutes. Les aigles et les grands hiboux peuvent également représenter une menace pour les très jeunes louveteaux exposés.

Une fois adultes, la principale menace pour les loups des grandes plaines ne vient pas d'autres animaux, mais de la compétition interspécifique et, historiquement, de l'être humain. La compétition pour les ressources avec d'autres grands carnivores comme les pumas et les ours peut entraîner des affrontements, mais ceux-ci sont rarement mortels pour les loups adultes. Les maladies, les famines et les accidents sont également des causes de mortalité naturelles importantes. Historiquement, l'être humain a été de loin le prédateur le plus dévastateur pour le loup des grandes plaines. Les activités humaines ont conduit à une réduction drastique de leurs populations et de leur aire de répartition, faisant de l'homme le principal facteur limitant leur survie et leur rétablissement.


Loup des plaines au Minnesota
Loup des plaines photographié dans le Minnesota
© Born Hiker - Wikimedia Commons
CC-BY (Certains droits réservés)

loupSTATUT

Le statut de conservation du loup des grandes plaines est un sujet complexe et en constante évolution, principalement en raison de sa classification en tant que sous-espèce du loup gris (Canis lupus), dont le statut global est généralement moins préoccupant que celui de certaines de ses populations régionales. À l'échelle mondiale et européenne, l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) classe l'espèce dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC). Cela signifie que, bien que certaines populations locales ou sous-espèces soient menacées, l'espèce dans son ensemble n'est pas considérée comme étant en danger critique d'extinction. Cette évaluation prend en compte la large distribution de l'espèce à travers l'hémisphère Nord et la stabilité de nombreuses populations.

Cependant, il est crucial de noter que le statut de Canis lupus nubilus est bien plus précaire si l'on se penche sur son aire de répartition historique et la fragmentation de ses populations. Autrefois largement répandue dans les Grandes Plaines des États-Unis et du Canada, cette sous-espèce a subi un déclin drastique au cours des XIXe et XXe siècles, principalement à cause de la chasse intensive, des programmes d'éradication et de la destruction de son habitat.

Aux États-Unis, le loup gris (y compris Canis lupus nubilus) a été l'une des premières espèces à être inscrite sur la liste des espèces en danger de la Endangered Species Act. Bien qu'il y ait eu des efforts de rétablissement et des déclassements de protection dans certaines régions, notamment dans les Grands Lacs (Minnesota, Wisconsin, Michigan) et les Rocheuses, où des populations viables ont été établies ou ont réussi à se maintenir, le loup des grandes plaines n'a pas un statut de conservation évalué spécifiquement et de manière distincte sur la Liste rouge de l'IUCN. C'est la classification de l'espèce Canis lupus dans son ensemble qui est généralement retenue.

Des données de 2004 estimaient la population de loups des plaines à environ 3 700 individus aux États-Unis, principalement concentrés dans les États du Minnesota, du Wisconsin et du Michigan. Au Canada, des populations stables subsistent également. La survie à long terme de Canis lupus nubilus dépend des efforts continus de conservation, de la gestion des conflits avec l'élevage et de la protection de son habitat résiduel.


Great Plains wolf
En anglais, le loup des plaines est appelé Great Plains wolf
© Andy Witchger - Flickr
CC-BY (Certains droits réservés)

TAXONOMIE

L'histoire taxonomique du loup des grandes plaines est complexe et a subi plusieurs révisions au fil du temps, reflétant les avancées dans les méthodes d'étude génétiques et morphologiques des populations de loups. Initialement, la description officielle de cette sous-espèce a été réalisée par Thomas Say en 1823. Say a basé sa description sur des spécimens collectés lors de l'expédition de Stephen H. Long dans les Rocheuses, et a désigné le loup rencontré dans cette région comme Canis nubilus, soulignant sa nature nébuleuse ou sombre. Historiquement, de nombreuses sous-espèces de loups gris ont été décrites en Amérique du Nord, souvent basées sur des différences géographiques subtiles de taille, de couleur de pelage ou de forme du crâne. Cependant, la recherche moderne, en particulier les analyses génétiques basées sur l'ADN mitochondrial et nucléaire, a remis en question la validité de nombreuses de ces distinctions, suggérant que certaines étaient en réalité des variations morphologiques au sein de populations génétiquement homogènes.

La taxonomie des loups est un domaine en constante évolution, avec des études continues qui affinent notre compréhension des relations phylogénétiques et des dynamiques de population. Alors que des débats persistent sur le nombre exact de sous-espèces de loups en Amérique du Nord, Canis lupus nubilus reste une désignation largement acceptée pour les populations de loups de la région des Grandes Plaines, bien que son aire de répartition historique soit désormais grandement réduite. Des travaux récents, notamment ceux menés par Chambers et al. (2012) et Nowak (1995, 2002), ont tenté de consolider la taxonomie des loups nord-américains, souvent en regroupant plusieurs anciennes sous-espèces sous des noms plus englobants ou en reconnaissant des lignées génétiques distinctes. Ces études sont cruciales pour les efforts de conservation, car une classification taxonomique précise est essentielle pour identifier les unités de conservation et pour la gestion des populations.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communLoup des plaines
Autre nomLoup des Grandes Plaines
English nameGreat Plains wolf
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreCarnivora
Sous-ordreCaniformia
FamilleCanidae
GenreCanis
EspèceCanis lupus
Nom binominalCanis lupus nubilus
Décrit parThomas Say
Date1823

FICHE POUR ENFANTS

Retrouvez ci-dessous une petite fiche simplifiée pour les enfants en image du loup des plaines.


Loup des plaines fiche pour enfants
Fiche pour enfants du loup des plaines
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

loupSOURCES

* Liens internes

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

* Liens externes

Andy Witchger - Flickr

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

International Wolf Center

Peuple loup - Flickr

The Wolf Intelligencer

Wikimedia Commons

Wolf Quest

* Bibliographie

Say, T. (1823). Description of a new species of Canis from the Missouri River. In: Major Stephen H. Long's Expedition to the Rocky Mountains. Philadelphia: H.C. Carey and I. Lea.

Hall, E. R. (1981). The Mammals of North America, Vol. II (2nd ed.). John Wiley & Sons.

Mech, L. D., & Boitani, L. (Eds.). (2003). Wolves: Behavior, Ecology, and Conservation. University of Chicago Press.

Young, S. P., & Goldman, E. A. (1944). The Wolves of North America. American Wildlife Institute, Washington D.C.

Banfield, A. W. F. (1974). The Mammals of Canada. University of Toronto Press.

Peterson, R. O., & Ciucci, P. (2003). The wolf as a carnivore. In: Mech & Boitani (Eds.), Wolves: Behavior, Ecology, and Conservation.

Nowak, R. M. (1995). Another look at wolf taxonomy. In: Carbyn, L.N., Fritts, S.H., & Seip, D.R. (Eds.), Ecology and Conservation of Wolves in a Changing World. Canadian Circumpolar Institute, Occasional Publication No. 35.

Wayne, R. K., & Vilà, C. (2003). Molecular genetics and the behavior of wolves and related canids. In: Mech & Boitani (Eds.), Wolves: Behavior, Ecology, and Conservation, University of Chicago Press.

Leonard, J. A., Vilà, C., & Wayne, R. K. (2005). Legacy lost: genetic variability and population size of extirpated US gray wolves (Canis lupus). Molecular Ecology, 14(1), 9–17.

Chambers, S. M., Fain, S. R., Fazio, B., & Amaral, M. (2012). An Account of the Taxonomy of North American Wolves From Morphological and Genetic Analyses. North American Fauna, 77:1–67.

Wydeven, A. P., van Deelen, T. R., & Heske, E. J. (Eds.). (2009). Recovery of Gray Wolves in the Great Lakes Region of the United States: An Endangered Species Success Story. Springer.

Nowak, R. M. (2002). The original status of the New England wolf. Northeast Naturalist, 9(3), 273–282.

Chambers, S. M., Fain, S. R., Fazio, B., & Amaral, M. (2012). An account of the taxonomy of North American wolves from morphological and genetic analyses. Journal of Mammalogy, 93(3), 820-839.