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Loup des indes (Canis lupus pallipes)


Le loup des indes (Canis lupus pallipes) est une sous-espèce de loup gris présente dans les régions semi-arides et désertiques du sous-continent indien et du Moyen-Orient. Il est particulièrement bien adapté aux environnements chauds et secs et se distingue par sa taille plus réduite et son pelage plus clair que celui de ses homologues eurasiens. Espèce discrète et menacée, ce loup joue un rôle clé dans les écosystèmes locaux, bien qu’il soit souvent persécuté à cause de conflits avec l’homme. Malgré une large aire de répartition, ses populations sont fragmentées et en déclin, ce qui soulève des inquiétudes sur sa conservation. Son comportement social, sa morphologie singulière et son histoire évolutive font de lui un sujet d’étude fascinant au sein de la biologie des canidés.


Loup des indes (Canis lupus pallipes)
Loup des indes (Canis lupus pallipes)
© Dipika n Bhupesh Kurade - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le loup des indes se distingue morphologiquement de ses cousins plus septentrionaux par plusieurs caractéristiques qui reflètent son adaptation à des habitats arides. Il présente une stature plus petite et plus fine que les autres sous-espèces de loups gris, avec une longueur corporelle moyenne de 100 à 120 cm et une hauteur au garrot d’environ 55 à 75 cm. Le poids varie généralement entre 17 et 25 kg, les mâles étant légèrement plus massifs que les femelles.

Son pelage est court et clairsemé, souvent de couleur sable ou gris jaunâtre, ce qui lui permet de mieux supporter les températures élevées des régions désertiques et semi-désertiques d’Asie du Sud et du Moyen-Orient. La fourrure devient un peu plus dense durant l’hiver, mais ne forme jamais un pelage aussi épais que celui du loup gris commun.

Son museau est étroit, les oreilles sont relativement grandes et pointues, améliorant la dissipation thermique. La queue, souvent touffue à l’extrémité, est de longueur modérée. Ses pattes longues et fines lui confèrent une grande agilité, essentielle pour couvrir de vastes distances en quête de nourriture. Les griffes, non rétractiles, sont robustes et bien adaptées à la course sur des terrains rocailleux ou sablonneux. Les dents, typiques des carnivores, présentent de longs crocs et des carnassières puissantes capables de trancher la chair.

Cette morphologie permet au loup des indes de chasser efficacement dans des environnements pauvres en ressources, en se reposant sur l’endurance et la discrétion plutôt que sur la force brute.


Canis lupus pallipes
Canis lupus pallipes
© Dhaval Vargiya - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

HABITAT

Le loup des indes a une répartition qui s'étend de l'Asie du Sud-Ouest au sous-continent indien. Son aire géographique comprend des pays tels que l'Inde, la Turquie, l'Iran, l'Irak, la Syrie, Israël, le Pakistan et la péninsule arabique. Cependant, la répartition actuelle est fragmentée, le loup des Indes se trouvant souvent dans de petites poches de territoire, parfois proches des zones habitées.

Concernant son habitat, le loup des indes privilégie les zones herbeuses arides et semi-arides, les brousses et les prairies, et pénètre rarement en forêt. Les populations du nord de son aire de répartition, dans les steppes, tendent à être plus grandes et à vivre en meutes plus nombreuses sur des territoires plus étendus, tandis que celles des régions méridionales arides sont souvent plus petites. En Inde, on le retrouve notamment dans les États du Gujarat, du Rajasthan, de l'Haryana, de l'Uttar Pradesh, du Madhya Pradesh, du Maharashtra, du Karnataka et de l'Andhra Pradesh. Israël est considéré comme un havre de paix pour cette sous-espèce, car elle y bénéficie d'une protection juridique.


Canis lupus pallipes repartition
     Répartition du loup des indes
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ÉCOLOGIE

Le loup des indes adapte son régime alimentaire à son environnement aride, faisant preuve d'un opportunisme remarquable. Il chasse principalement de petites et moyennes proies, telles que la gazelle de Bennett et les jeunes antilopes nilgauts. Son régime inclut aussi des lièvres, rongeurs, mangoustes et reptiles, surtout quand les grands herbivores sont rares. Occasionnellement, il se nourrit d'oiseaux, d'insectes et de charognes. Près des zones habitées, il peut s'attaquer au bétail, générant des conflits avec les éleveurs. Pour trouver sa nourriture, il parcourt de grandes distances, souvent la nuit, chassant seul ou en petits groupes. Bien que carnivore, il peut consommer fruits et végétaux en cas de pénurie. Sa diète varie grandement selon la saison, la disponibilité locale des proies et la proximité des humains.

La reproduction du loup des indes est cyclique, influencée par les conditions climatiques. Le rut a lieu entre novembre et février, et les couples sont généralement monogames. Après une gestation de 60 à 63 jours, la mise bas de 3 à 5 louveteaux se déroule de janvier à avril dans une tanière. Les petits, aveugles à la naissance, sont allaités pendant 6 à 8 semaines et commencent ensuite à consommer des aliments régurgités. Les deux parents, et parfois d'autres membres du groupe, participent activement à leur élevage et à leur éducation. Les jeunes gagnent en indépendance vers 10 à 12 mois, atteignant la maturité sexuelle vers 2 ans.

Le loup des indes manifeste une grande flexibilité sociale, vivant en petits groupes familiaux de deux à cinq individus, contrairement aux grandes meutes d'autres sous-espèces. Cette structure s'explique par la rareté des ressources dans ses habitats désertiques et semi-désertiques. Principalement nocturne ou actif à l'aube et au crépuscule pour éviter la chaleur, il se déplace furtivement sur de vastes territoires. Les hurlements sont moins fréquents, mais servent à la communication. Très opportuniste et intelligent, il adapte son comportement aux pressions humaines, préférant la discrétion et l'évitement dans les zones anthropisées. Il coopère à la chasse à une échelle réduite et éduque ses jeunes par l'imitation. Sa prudence et sa tendance à fuir plutôt qu'à agresser contribuent à sa survie.

Le loup des indes adulte a peu de prédateurs naturels, mais les louveteaux sont vulnérables. Les hyènes rayées peuvent attaquer les tanières, tandis que les léopards peuvent s'en prendre aux individus isolés ou affaiblis. Les rapaces menacent également les jeunes. Cependant, la principale menace est d'origine humaine : empoisonnements, tirs, captures illégales et représailles des éleveurs sont des causes majeures de mortalité. Ainsi, bien que quelques prédateurs naturels existent, l'impact de l'homme reste le danger le plus dévastateur pour le loup des indes.


Loup des indes portrait.jpg
Portrait du loup des indes
© Dipika n Bhupesh Kurade - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

STATUT

Le statut de conservation du loup des Indes est complexe, car il est souvent évalué à différentes échelles et la taxonomie elle-même fait parfois l'objet de discussions.

Bien que le loup gris dans son ensemble soit classé comme "Préoccupation Mineure" (LC) par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN), le statut de la sous-espèce Canis lupus pallipes est plus préoccupant. Certaines sources indiquent spécifiquement que le loup des indes est classé comme En danger (Endangered) par l'IUCN. Cette désignation reflète les menaces significatives auxquelles cette sous-espèce est confrontée dans son aire de répartition. De plus, les populations de loup gris d'Inde, du Népal, du Pakistan et du Bhoutan sont inscrites à l'Annexe I de la CITES, ce qui signifie qu'elles sont parmi les espèces les plus menacées et que leur commerce international est strictement réglementé.

Les principales menaces pesant sur le loup des indes sont la perte et la fragmentation de son habitat dues à l'urbanisation, à l'expansion agricole et au développement des infrastructures. Ces activités humaines empiètent sur les territoires des loups, réduisant les ressources et les isolant génétiquement. La raréfaction de ses proies naturelles le pousse à s'attaquer plus fréquemment au bétail, entraînant des conflits homme-loup. Cela se traduit souvent par des persécutions directes, le braconnage, l'empoisonnement, ou la chasse illégale, les loups étant parfois considérés comme des "nuisibles". La compétition et l'hybridation avec les chiens errants constituent également une menace, pouvant entraîner une pollution génétique et la transmission de maladies.

Quant aux populations, les estimations varient et sont souvent fragmentées. On estime qu'il resterait un peu moins de 1 500 loups des indes, répartis dans des zones désertiques et des parcs naturels. En Inde, par exemple, le Parc National de Velavadar est l'un des rares endroits où les populations semblent augmenter. En Israël, qui est considéré comme un havre de paix pour cette sous-espèce grâce à une protection juridique, on dénombre entre 150 et 250 individus dans le nord. Les populations iraniennes sont moins bien connues.

En résumé, malgré le statut global de "Préoccupation Mineure" pour le loup gris, le loup des indes est en danger en raison des pressions anthropiques intenses et de la fragmentation de son habitat, ce qui nécessite des efforts de conservation ciblés.


Loup des indes au zoo d'Istanbul
Loup des indes au zoo d'Istanbul
© Jonas Livet - Les zoos dans le monde
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DÉBAT AUOUR DE CANIS INDICA

Le débat autour de Canis indica et sa relation avec Canis lupus pallipes est un exemple classique des défis de la taxonomie des canidés, où les classifications traditionnelles basées sur la morphologie sont remises en question par les avancées de la génétique.

Historiquement, le loup des Indes a été classé comme une sous-espèce du loup gris par William Henry Sykes en 1831. Cette classification regroupait les populations de loups présentes de l'Asie du Sud-Ouest au sous-continent indien sous une même entité. C'est la classification que l'IUCN reconnait majoritairement aujourd'hui, considérant Canis indica comme un synonyme de Canis lupus pallipes. Ce point de vue se base sur l'idée que toutes ces populations partagent un ancêtre commun récent et des similarités suffisantes pour être regroupées sous l'espèce Canis lupus.

Cependant, des études génétiques, notamment celles menées par R. K. Aggarwal et al. en 2007, ont apporté des preuves solides que certaines populations de loups indiens, spécifiquement celles des plaines, sont génétiquement très distinctes. Ces recherches suggèrent que ces loups n'ont pas connu de croisements significatifs avec d'autres sous-espèces de Canis lupus depuis plusieurs centaines de milliers d'années (on parle de plus de 400 000 ans). Cette divergence génétique ancienne est un argument fort pour les élever au rang d'espèce à part entière, sous le nom de Canis indica. Si ce statut d'espèce était pleinement reconnu, le nom Canis lupus pallipes pourrait alors être réservé aux populations de la péninsule arabique, d'Afghanistan et du Pakistan, tandis que les loups des plaines indiennes seraient désignés comme Canis indica.

Ce débat n'est pas purement académique ; il a des implications importantes pour la conservation. La reconnaissance de Canis indica comme une espèce distincte mettrait en lumière son ancienneté évolutive et son caractère unique, ce qui pourrait renforcer les efforts de conservation spécifiques à ces populations. En effet, si ces loups représentent une lignée distincte, leur perte serait une perte irréversible d'une biodiversité génétique unique. Les unités évolutives significatives (ESU - Evolutionary Significant Units) sont un concept souvent utilisé pour désigner de telles populations, même si leur statut d'espèce n'est pas formellement accepté par toutes les autorités taxonomiques.

En résumé, bien que les organismes de référence comme l'IUCN et le GBIF maintiennent la classification de Canis lupus pallipes, le débat sur Canis indica souligne l'existence de lignées génétiques anciennes et distinctes au sein des loups indiens, ce qui pourrait modifier leur classification future et influencer les stratégies de conservation.


Canis indica
Canis indica, espèce à part entière ?
© Rudraksha Chodankar - Wikimedia Commons
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TAXONOMIE

L'histoire taxonomique du loup des Indes débute avec sa description initiale et son intégration progressive dans la classification des canidés.

Ce loup a été décrit pour la première fois par William Henry Sykes en 1831, qui lui a donné le nom scientifique de Canis pallipes. À cette époque, il était considéré soit comme une espèce distincte, soit comme une sous-espèce de loup présente sur le territoire indien. La taxonomie était alors principalement basée sur des observations morphologiques, telles que la taille, la couleur du pelage et les caractéristiques crâniennes, distinguant ainsi les populations locales.

Au fur et à mesure que les connaissances sur les canidés et leurs répartitions géographiques s'élargissaient, les taxonomistes ont commencé à regrouper les différentes formes de loups sous l'espèce unique du loup gris, Canis lupus. C'est dans ce contexte que Canis pallipes a été reclassé comme une sous-espèce de Canis lupus, devenant ainsi Canis lupus pallipes. Cette intégration le plaçait aux côtés d'autres sous-espèces de loups gris reconnues à travers l'Europe, l'Asie et l'Amérique du Nord, soulignant leur étroite parenté évolutive au sein de la même espèce.

Cette classification reflétait l'idée que, malgré des variations régionales, toutes ces populations partageaient un ancêtre commun relativement récent et étaient capables de se reproduire entre elles. Aujourd'hui encore, cette désignation de Canis lupus pallipes est la classification principalement reconnue par les grandes bases de données taxonomiques mondiales, comme l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN) et le Global Biodiversity Information Facility (GBIF).


Indian gray wolf
En anglais le loup des indes est appelé Indian gray wolf
© Uday Agashe - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communLoup des indes
English nameIndian wolf
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreCarnivora
Sous-ordreCaniformia
FamilleCanidae
GenreCanis
EspèceCanis lupus
Nom binominalCanis lupus pallipes
Décrit parWilliam Henry Sykes
Date1831

FICHE POUR ENFANTS

Retrouvez ci-dessous une fiche simplifiée du Loup des indes pour les enfants afin qu'eux aussi puissent apprendre à connaître les différentes espèces animales qui peuplent notre planète.


Loup des Indes fiche pour enfants
Fiche pour enfants du loup des Indes
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

SOURCES

* Liens internes

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Wikipédia

* Liens externes

Central Zoo Authority of India. NATIONAL STUDBOOK - Indian Wolf (Canis lupus pallipes)

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

International Wolf Center

Les zoos dans le monde

ResearchGate

The Wolf Intelligencer

Wikimedia Commons

* Bibliographie

Sykes W. H. (1831). Proceedings of the Committee of Science and Correspondence of the Zoological Society of London.

Jhala, Y. V., Qureshi, Q., & Gopal, R. (2003). Distribution, status and conservation of Indian gray wolf (Canis lupus pallipes) in Karnataka, India. ResearchGate.

Sadhukhan, S., Hennelly, L., & Habib, B. (2019). Characterising the harmonic vocal repertoire of the Indian wolf (Canis lupus pallipes). PLoS ONE, 14(10), e0216186.

Mahajan, P., & Khandal, D. (2021). Assessing the ecological status of Indian Grey Wolf (Canis lupus pallipes) with the focus on anthropological interactions in Kailadevi Wildlife Sanctuary. Canid Biology & Conservation, 23, 8–14.

Mech, L. D., & Boitani, L. (Eds.). (2003). Wolves: Behavior, Ecology, and Conservation. University of Chicago Press.

Fox, M. W. (1971). Behavior of Wolves, Dogs and Related Canids. Harper & Row.

Boitani, L., & Ciucci, P. (1995). Comparative social ecology of feral dogs and wolves. Ethology Ecology & Evolution, 7(1), 49–72.

Habib, B., & Jhala, Y. V. (2013). Ecology of Indian wolves in semi-arid habitats of Rajasthan, India. Journal of Zoology, 290(3), 194–203.

Aggarwal, R. K., Kivisild, T., Ramadevi, J., & Singh, L. (2007). Mitochondrial DNA coding region sequences support the phylogenetic distinction of two Indian wolf species. Journal of Zoological Systematics and Evolutionary Research, 45(2), 163–172.