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Loup des rocheuses méridionales (Canis lupus youngi)


Le loup des rocheuses méridionales (Canis lupus youngi) est une sous-espèce de loup gris qui a autrefois erré dans les paysages variés du sud des montagnes Rocheuses. Cette sous-espèce, désormais éteinte, occupait un rôle écologique crucial au sein de ses écosystèmes, agissant comme un prédateur apical régulant les populations d'herbivores et contribuant ainsi à la santé et à la biodiversité de son habitat. Sa disparition, survenue au cours du XXe siècle, est largement attribuée aux persécutions humaines intensives, notamment les programmes d'éradication mis en place pour protéger le bétail. L'étude de Canis lupus youngi offre une perspective précieuse sur l'impact des activités humaines sur la faune sauvage et souligne l'importance de la conservation des espèces et de leurs habitats. Bien que son existence physique ne soit plus, son histoire taxonomique et écologique continue de susciter l'intérêt des chercheurs et des naturalistes, qui cherchent à comprendre les dynamiques passées et à en tirer des leçons pour la protection des espèces de loups encore présentes aujourd'hui.


Loup des rocheuses meridionales (Canis lupus youngi)
Loup des rocheuses méridionales (Canis lupus youngi)
Auteur: Edward Alphonso Goldman
CC0 (Domaine public)



DESCRIPTION

Le loup des Rocheuses méridionales présentait des caractéristiques morphologiques distinctes qui le différenciaient d'autres sous-espèces de loups gris, bien que les variations individuelles étaient probables. Généralement, ces loup étaient de taille moyenne à grande, avec une corpulence robuste et bien proportionnée, adaptée à la chasse dans les terrains accidentés des Rocheuses. Il mesurait environ 150 à 180 cm de longueur totale, avec un poids estimé entre 30 et 45 kg.

Leur pelage était typiquement une nuance de gris, pouvant varier du gris clair presque blanc au gris plus foncé, souvent parsemé de teintes chamois ou rousses, particulièrement sur le dos et les flancs. La densité et la longueur de la fourrure auraient varié saisonnièrement, étant plus épaisses en hiver pour offrir une isolation contre le froid rigoureux des montagnes et plus fines en été. Les pattes étaient fortes et musclées, avec des pieds larges équipés de coussinets épais et de griffes puissantes, optimisés pour la traction sur des surfaces variées comme la neige, la glace, le rocher et la terre.

La tête était large avec un museau relativement long et des mâchoires puissantes, abritant une dentition complète et robuste, typique des prédateurs canins capable de déchirer la chair et de broyer les os. Les yeux étaient généralement de couleur ambre ou jaune, et les oreilles étaient de taille moyenne, dressées et légèrement arrondies au sommet, permettant une excellente audition. La queue était touffue et de longueur modérée, souvent portée en sabre ou tombante selon l'état émotionnel de l'animal.

La combinaison de ces traits morphologiques conférait à Canis lupus youngi une apparence imposante et une physiologie adaptée à son rôle de prédateur dans un environnement montagnard exigeant, lui permettant de survivre et de prospérer avant son extinction.


Canis lupus youngi
Canis lupus youngi
Source: The Journal
Di-no license (Licence inconnue)

HABITAT

Le loup des Rocheuses méridionales (était historiquement réparti dans une vaste région des montagnes Rocheuses du sud, s'étendant principalement sur des territoires qui correspondent aujourd'hui au sud du Wyoming, à la majeure partie du Colorado, au nord du Nouveau-Mexique et, dans une moindre mesure, à des portions de l'Utah et de l'Arizona. Cette sous-espèce occupait des habitats diversifiés, allant des forêts alpines denses aux prairies subalpines, en passant par les vallées fluviales et les plateaux boisés. Ce loup utilisait les reliefs complexes des montagnes, y compris les crêtes rocheuses, les canyons profonds et les zones boisées denses, pour la chasse, le repos et l'élevage de leurs jeunes. Ces environnements lui fournissaient des abris contre les intempéries et des cachettes pour ses tanières. La présence de sources d'eau fiables, telles que les rivières, les ruisseaux et les lacs de montagne, était également essentielle pour sa survie.


Canis lupus youngi distribution
     Répartition historique du loup des Rocheuses méridionales
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ÉCOLOGIE

L'écologie du loup des Rocheuses méridionales, bien que documentée à travers des observations historiques et des analyses de restes, révèle un superprédateur adapté aux défis de son environnement montagnard. Son régime alimentaire se composait principalement de grands ongulés présents dans son aire de répartition, incluant le wapiti (Cervus canadensis), le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) et le mouflon d'Amérique (Ovis canadensis). Occasionnellement, ils pouvaient également chasser des proies plus petites comme le lièvre ou divers rongeurs, et peut-être même du bétail domestique lorsque leurs proies naturelles devenaient rares ou lorsque les opportunités se présentaient, ce qui a contribué aux conflits avec les éleveurs.

En tant que chasseurs sociaux, les loups des Rocheuses méridionales vivaient en meutes, une structure sociale qui leur permettait de s'attaquer à des proies beaucoup plus grandes qu'eux et d'assurer une meilleure défense du territoire et des ressources. La taille des meutes variait probablement en fonction de la disponibilité de la nourriture et des conditions environnementales, mais elles étaient généralement composées d'un couple reproducteur (le mâle et la femelle alpha), de leurs descendants et parfois d'autres individus apparentés. Le comportement de chasse était coordonné, avec des stratégies complexes pour encercler et épuiser les proies. Au-delà de la chasse, leur comportement social incluait des interactions complexes comme la communication par vocalisations (hurlements, aboiements, gémissements), des marquages territoriaux par l'urine et les fèces, et des démonstrations de dominance ou de soumission.


Loup des rocheuses meridionales crane
Crâne de loup des rocheuses méridionales
Auteur: Edward Alphonso Goldman
CC0 (Domaine public)

EXTINCTION

L'extinction du loup des Rocheuses méridionales est un exemple tragique des conséquences de la persécution humaine et de la destruction des habitats, survenue principalement au début du XXe siècle. Les principales causes de leur disparition sont multiples et interconnectées. La raison prédominante de l'éradication de cette sous-espèce fut la perception des loups comme une menace directe pour l'élevage de bétail, qui connaissait une expansion rapide dans les Rocheuses du sud à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Les éleveurs et les agences gouvernementales ont mis en oeuvre des campagnes d'extermination massives, utilisant des méthodes impitoyables telles que l'empoisonnement à grande échelle, le piégeage intensif et la chasse systématique, y compris la chasse aux louveteaux dans les tanières.

Le poison, souvent de la strychnine, était particulièrement efficace et non sélectif, entraînant la mort non seulement des loups, mais aussi d'autres espèces non ciblées. La prime offerte pour chaque loup tué a également incité à une chasse sans relâche. La destruction de leur habitat naturel par l'expansion de l'agriculture, l'urbanisation et la construction de routes a également contribué à leur déclin en fragmentant leurs territoires de chasse et en réduisant les populations de leurs proies naturelles. La combinaison de la perte d'habitat et de la diminution des proies a rendu les loups plus dépendants du bétail, aggravant ainsi le conflit avec les humains.

Le dernier loup des Rocheuses méridionales aurait été tué vers 1940, bien que des rapports non confirmés aient suggéré des observations sporadiques après cette date. L'extinction de Canis lupus youngi représente une perte irréversible de biodiversité et un rappel poignant de l'impact dévastateur que les activités humaines peuvent avoir sur les populations de grands prédateurs si des mesures de conservation ne sont pas mises en place.


Loup des rocheuses meridionales chasse
Loup des rocheuses méridionales victime de la chasse
Auteur: inconnu

TAXONOMIE

L'histoire taxonomique du loup des Rocheuses méridionales est intrinsèquement liée à l'évolution de la compréhension scientifique des sous-espèces de loups en Amérique du Nord, ainsi qu'aux efforts de classification de la faune au début du XXe siècle. Cette sous-espèce a été officiellement décrite et nommée par Edward Alphonso Goldman en 1937. Goldman, un mammalogiste américain notable pour ses vastes travaux sur la faune d'Amérique du Nord, a basé sa description sur des spécimens collectés dans les régions montagneuses du sud des Rocheuses, principalement au Colorado et au Nouveau-Mexique. Le nom spécifique "youngi" a été donné en l'honneur de Stanley P. Young, un naturaliste et chasseur de primes renommé pour son rôle dans l'éradication des grands prédateurs, et qui a collaboré avec Goldman sur de nombreuses études faunistiques, fournissant des spécimens et des observations précieuses.

Avant la description de Goldman, les loups de cette région étaient généralement classés de manière plus générique comme des Canis lupus sans distinction sous-spécifique précise, ou parfois confondus avec d'autres sous-espèces régionales. La description de Goldman a cherché à différencier Canis lupus youngi sur la base de caractéristiques morphologiques spécifiques, telles que la taille du crâne, la dentition et la coloration du pelage, qui le distinguaient des loups des plaines adjacentes ou des loups des Rocheuses plus septentrionales. À l'époque, la taxonomie des sous-espèces de Canis lupus était une discipline active, et de nombreuses sous-espèces étaient nommées sur la base de variations régionales souvent subtiles. Cependant, avec l'avènement de nouvelles techniques d'analyse génétique dans les dernières décennies, la validité de nombreuses d'entre-elles, y compris Canis lupus youngi, a été remise en question. Les études génétiques modernes ont tendance à montrer une connectivité génétique plus grande entre les populations de loups à travers des aires de répartition plus larges que ce que la classification morphologique seule suggérait. Certains chercheurs proposent une révision des classifications sous-spécifiques, suggérant que de nombreuses "sous-espèces" ne représentent que des variations clinales ou des populations géographiquement distinctes sans différenciation génétique suffisante pour justifier un statut sous-spécifique distinct.

Bien que Canis lupus youngi soit éteint, son statut taxonomique demeure important pour l'histoire naturelle et la compréhension de la biodiversité passée des loups en Amérique du Nord. Les musées d'histoire naturelle conservent des spécimens types et d'autres restes qui sont cruciaux pour toute future réévaluation taxonomique utilisant des méthodes moléculaires. La reconnaissance de cette sous-espèce, même éteinte, permet de contextualiser les efforts de conservation actuels et les programmes de réintroduction de loups dans le sud des Rocheuses, en soulignant la complexité historique de la biodiversité régionale et la perte irrémédiable de lignées génétiques uniques.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communLoup des Rocheuses méridionales
Autres nomsLoup des Rocheuses sud
English nameSouthern Rocky Mountains wolf
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreCarnivora
Sous-ordreCaniformia
FamilleCanidae
GenreCanis
EspèceCanis lupus
Nom binominalCanis lupus youngi
Décrit parEdward Alphonso Goldman
Date1937



Satut IUCN

Espèce éteinte (EX)

SOURCES

* Liens internes

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

* Liens externes

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

International Wolf Center

NatureServe Explorer

The Journal

Wikimedia Commons

* Bibliographie

Goldman, E. A. (1937). The wolves of North America. Part II: Classification of wolves. In: Fauna of the National Parks of the United States, Fauna Series No. 4. U.S. Government Printing Office.

Wozencraft, W. C. (2005). Order Carnivora. In Wilson, D. E. & Reeder, D. M. (Eds.), Mammal Species of the World (3rd ed., pp. 532–628). Johns Hopkins University Press.

Young, Stanley P., et Edward A. Goldman. (1944). The Wolves of North America. American Wildlife Institute. (Réédité par Dover Publications en 1964 et par The University of Nebraska Press en 1994).

Mech, L. D., & Boitani, L. (Eds.) (2003). Wolves: Behavior, Ecology, and Conservation. University of Chicago Press.

Nowak, R. M. (1995). Another look at wolf taxonomy. In Carbyn, L. N., Fritts, S. H., & Seip, D. R. (Eds.), Ecology and Conservation of Wolves in a Changing World (pp. 375–398). Canadian Circumpolar Institute.

Boitani, L. (2003). Wolf conservation and recovery. In Mech, L. D. & Boitani, L. (Eds.), Wolves: Behavior, Ecology, and Conservation (pp. 317–340). University of Chicago Press.

Hall, E. R. (1981). The Mammals of North America (Vol. 2). John Wiley & Sons.