Le tigre du Bengale (Panthera tigris tigris) est un mammifèrecarnivore appartenant à la famille des félins. Cette espèce de tigre est gravement menacée d'extinction. Cet animal, puissant et discret, arbore un magnifique pelage dans les mangroves et les forêts d'Inde patrouillant sur son territoire tel un roi dans son royaume.
Ce félin au corps massif et musclé a toujours suscité de l'admiration chez l'homme, mais également de la terreur. En effet, le tigre du Bengale peut tuer un animal 2 fois plus gros que lui et c'est ce qui en fait l'un des plus grands prédateurs du règne animal actuel.
Le pelage du tigre lui assure un camouflage adéquat pour son environnement. Ainsi ses rayures lui permettent de se fondre au sein de la végétation sans être vu.
Le tigre du Bengale est armé de dents très impressionnantes. Il emploie ses canines pour déchiqueter la chaire de ses proies. Ce tigre est beaucoup plus petit et possède un pelage plus foncé que son cousin le tigre de Sibérie. Mâles et femelles sont semblables et difficiles à différencier.
Un mâle occupe un territoire de 60 km² alors que la femelle se contente de seulement 30 km².
Ce tigre mesure entre 1,80 et 2,80 m de longueur totale et son poids varie entre 150 et 250 kg, poids maximum pour un mâle. Il peut vivre jusqu'à 16 ans en liberté.
Panthera tigris tigris
HABITAT
La population la plus forte de tigre du Bengale se trouve dans la région des Sundarbans en Inde et au Bangladesh. On peut aussi en trouver en Inde centrale et du nord ainsi qu'en Birmanie et au Népal.
Ils ont besoin d'un espace vital étendu sur lequel ils peuvent chasser à leur guise. Le territoire du mâle peut parfois dépasser 100 km². Un tigre a plusieurs tanières dans son domaine vital et utilise celle qui lui convient le mieux sur le moment.
Il dévore rarement sa proie à l'endroit où il l'a tué. Il préfère traîner l'animal dans un endroit sûr.
Bien qu'un repas normal ne compte que 5 à 7 kg de viande, le tigre du Bengale peut en avaler jusqu'à 30 kg en un seul repas. Si la proie est trop importante, il la recouvre de feuilles ou la plonge dans l'eau.
Malgré toutes ces précautions, les charognards rôdent. Le tigre peut facilement se débarrasser des plus petits, par contre face à un crocodile ses efforts seraient vains.
Le tigre du Bengale est également appelé Tigre royal du Bengale
TECHNIQUE DE CHASSE
Le tigre du Bengale chasse à l'affût et reste au milieu des hautes herbes avant de se lancer à l'attaque. C'est un chasseur opportuniste qui s'attaque en priorité aux animaux malades ou affaiblis. Il ne poursuit jamais sa proie au-delà de 500 m. Il préfère économiser ses forces pour des proies moins rapides.
Son taux de réussite est assez faible, environ 1 % de ses tentatives réussissent. Pourtant les armes ne lui manquent pas. Avec des canines longues de sept centimètres et demi et des bonds lui permettant de franchir un fossé de 10 m de large il aurait de quoi être un chasseur hors pair mais ce qui le ralentit le plus est son énorme masse.
Dès que le tigre a repéré une proie, il s'approche discrètement en rampant, la tête rentrée dans ses épaules. D'un bond formidable, il fond sur sa proie. 250 kg s'abattent sur le dos de la victime, les griffes et les canines lacèrent la nuque de la victime.
Tigre du Bengale juvénile
Plaquée sur le sol, l'animal n'a guère de chance de s'en sortir et elle est rapidement égorgée. La pression est maintenue jusqu'au dernier souffle de la victime mise à mort.
Si la proie n'est pas trop grosse, le tigre ramène violemment la tête de sa victime vers l'arrière et lui brise d'un coup sec les vertèbres cervicales.
En principe, le tigre chasse en solitaire. Cependant on a pu observer des alliances pour chasser de grosses proies comme les éléphants.
Le tigre du Bengale est un prédateur carnivore
REPRODUCTION
Habituellement, le tigre du Bengale se reproduit au printemps. Pendant la période du rut, la femelle n'est fertile que 3 à 7 jours. Après l'accouplement, le mâle retourne aussitôt sur son propre domaine et ne participe pas à l'élevage des petits.
Après une période de gestation d'environ 15 semaines, la tigresse met au monde une portée de 2 à 4 petits qui seront aveugles pendant les 10 premiers jours. La mère les allaite durant 8 semaines puis leur apporte aussi des petites proie à manger.
À 6 mois, elle les laisse seul dans la tanière, pendant des jours tandis qu'elle chasse. Quand ils seront plus grands elle les emmènera avec elle.
À 11 mois, ils peuvent chasser seuls. Ils resteront avec leur mère pendant 2 ou 3 ans avant de s'en aller conquérir leur propre territoire.
Tigresse du Bengale et son petit
MOEURS
Le tigre du Bengale, comme ses cousins, est un solitaire qui n'aime pas partager son territoire avec d'autres tigres. Pour décourager les intrus, tous les tigres marquent leur territoire en urinant des sécrétions très fortes qui signalent leur présence. Ils lacèrent également l'écorce des arbres. Quand ils attrapent une proie, il mange jusqu'à plus faim puis tire les restes de la carcasse pour la cacher sous des feuilles ou dans un fourré pour pouvoir la retrouver quand ils auront à nouveau faim.
Portrait du tigre du Bengale
MENACES ET PROTECTION
Du pelage aux dents, en passant par les testicules, les organes des tigres sont très prisés en Chine, le pays voisin de l'Inde, notamment pour fabriquer des potions aphrodisiaques, ou même de la poudre d'os, un remède utilisé en cas de fracture. Une carcasse ou une peau de tigre est vendue en général 4 500 $ (3 100 €) aux intermédiaires. Une petite fortune pour un villageois, une bouchée de pain pour un intermédiaire qui peut en obtenir 50 000 $ (35 000 €) au marché noir en Chine. La pharmacopée chinoise a toujours accordé une grande valeur aux organes du tigre. La chasse intensive liée au commerce s'est rajoutée à la déforestation
Depuis le XVIe siècle et jusqu'au milieu du XXe siècle, les nababs et notables indiens chassaient le tigre. Avec l'introduction des armes à feu, ces chasses traditionnelles à dos d'éléphants se transformèrent en véritables massacres. En 1938, le maharana d'Udaïpur Bhopal Singh tua des milliers de tigres !
Les paysans indiens, pour protéger leur bétail, tuèrent à l'aide d'appâts empoisonnés deux fois plus de tigres que les chasseurs. Ce carnage dura jusqu'en 1969, date à laquelle le tigre fut inscrit sur la Liste rouge des espèces menacées. Quand le gouvernement indien prit conscience de la catastrophe, il ne restait plus que 1800 tigres à l'état sauvage.
Le braconnage reste encore le grand fléau pour le tigre du Bengale. Chaque année, des tigres sont victimes de ces chasses illégales qui affaiblissent chaque jour un peu plus les populations de ces félins. La technique du braconnage est simple. Un piège dissimulé sous des branchages immobilise le tigre en le blessant à la patte. Les braconniers n'ont plus qu'à le tuer par la gueule pour ne pas abîmer son pelage.
En Inde, 50 félins trouveraient ainsi la mort chaque année. C'est à New Delhi, un endroit idéal pour passer inaperçu grâce à ses 15 millions d'habitants, que les trafiquants opèrent. Les clients, venus de Chine ou du Népal, visitent les petits ateliers pour choisir les peaux qu'ils signent au dos, une fois la vente conclue. Ce sont ensuite des femmes, appartenant à des tribus du nord de l'Inde réputées pour leur savoir-faire en matière de chasse au tigre, qui transportent les peaux et les carcasses. Grâce aux signatures, et aux renseignements récoltés par des informateurs, des réseaux ont pu être démantelés. Le 4 décembre 2007, la police a annoncé l'arrestation de 15 trafiquants, dont Shabbir Hasan Qureshi, connu pour être à l'origine du quart du trafic de tigres en Inde.
Le tigre du Bengale, le prédateur de la jungle
La lutte contre le braconnage passe également par la mobilisation des communautés villageoises. Et la tâche est difficile, car les félins font de nombreuses victimes en raison de l'urbanisation rampante et de la construction illégale d'habitations dans les parcs naturels. Avec seulement deux pour cent de la superficie du globe, l'Inde concentre 20 % des hommes et 40 % des tigres de la planète, ce qui pose un problème de cohabitation. En 2007, quatorze villageois ont été tués par des léopards ou des tigres dans l'État de l'Uttarranchal. Il est difficile, dans ces conditions, de défendre le tigre.
En 1972, le WWF organisa, une grande collecte de fonds internationale baptisée Project Tiger. Grâce à cet apport colossal, 6 000 villages furent déplacés malgré le mécontentement général des populations. Il aura fallut développer une vaste campagne d'informations sensibilisant ces populations sur la contribution apportée à cette action de sauvetage des tigres à l'intérêt écologique global des régions concernées. Aujourd'hui, l'Inde dispose de 28 parcs nationaux couvrant une surface de 24 700 km² dont un tiers est interdit à toute présence humaine.
Mais le braconnage est à son comble, y compris dans les réserves qui voient leur population de tigres, mais aussi d'éléphants d'Asie, de rhinocéros et de léopards tomber aux mains des trafiquants. En 10 ans, entre 35 et 121 cas de tigres tués sont révélés chaque année, chiffres que les autorités douanières estiment devoir multiplier par 10 pour rendre compte de la réalité.
Depuis la mort d'Indira Gandhi et la libéralisation de l'économie en Inde, le Project Tiger a perdu de sa vigueur et la protection du félin s'est relâchée de façon alarmante. Le tigre, acculé à survivre dans des zones de plus en plus restreintes, à la recherche de proies de plus en plus rares, dérangé de tous côtés, est devenu l'enjeu de conflits incessants entre des villageois excédés et des gardes forestiers dépassés.
Tigre blanc du Bengale
LES SUNDARBANS
En 1972, le gouvernement indien a créé des parcs nationaux pour tenter de sauvegarder sa population de tigres.
Le parc national des Sundarbans est une région du delta du Gange, constituée de petites îles et de marécages. Sa superficie est de 2 585 km². Cette région est protégée, car elle abrite, outre le tigre du Bengale, d'autres espèces menacées comme le crocodile marin ou la tortue bâtarde. C'est principalement dans ce sanctuaire que le tigre a pu conserver sa liberté.