Le jaguar (Panthera onca) est le seul Pantherinae d’Amérique. Troisième plus grand félidé actuel, après le lion (Panthera leo) et le tigre (Panthera tigris), il est l’un des grands prédateurs les moins connus des scientifiques, ce qui en fait un félin fascinant. Il est arrivé par le détroit de Béring à la fin de l’ère tertiaire et est allé vers le sud lors de l’émergence de l’isthme de Panama.
Le jaguar est un puissant félin et le plus grand chat vivant en Amérique. Il est le seul représentant du genre Panthera en Amérique.
Haut de 68 à 76 cm au garrot, il mesure entre 1,12 et 1,85 m de long (sans la queue, comprise entre 45 et 75 cm), et pèse entre 36 et 158 kg. À noter que les femelles sont 20 % moins lourdes et légèrement moins grandes que les mâles.
Son pelage est jaune, parsemé de rosettes noires tachetées en leur centre (uniques pour chaque individu). Tout comme le tigre, sa fourrure s’éclaircit au niveau la face interne des membres, du ventre, de la gorge et des joues.
On trouve les plus grands jaguars dans le Pantanal brésilien. Leur poids moyen est d’environ 100 kg pour les mâles et de 76 kg pour les femelles. Les plus petits vivent au Honduras avec un poids moyen de 57 kg pour les mâles et de 42 kg pour les femelles. En général, les jaguars que l’on trouve dans les forêts denses sont plus petits que ceux trouvés dans des habitats plus ouverts, sans doute parce que la densité des proies (grands ongulés) est plus grande dans les habitats ouverts.
L’aire de répartition géographique du jaguar a beaucoup diminué au fil des siècles. Si l’on trouve encore des jaguars à partir du sud de l’Arizona et au Nouveau-Mexique, ainsi qu’au nord de l’Argentine jusqu’au nord-est du Brésil, les populations ont beaucoup diminué dans certains pays comme au Salvador, aux États-Unis et sur une grande partie du Mexique.
Le jaguar préfère les forêts denses, les forêts tropicales humides, mais on le trouve également dans les fourrés de roseaux, les forêts côtières et les marais. C’est un excellent nageur et son habitat se trouve généralement près de points d’eau tels que les cours d’eau lents, les lagunes, les rivières et les marécages.
On a déjà signalé des jaguars à des altitudes allant jusqu’à 3 800 m au Costa Rica. Par contre, ils sont moins communs dans les forêts de montagnes et on ne les trouve pas au dessus de 2 700 m dans les Andes.
Dans le nord du Mexique et le sud-ouest des États-Unis, on peut observer le jaguar dans les forêts de chênes et dans les terres boisées riveraines. Il traque principalement ses proies sur la terre ferme, préférant alors une épaisse végétation qui lui sert de camouflage. Il faut savoir que le jaguar a besoin de trois caractéristiques principales pour un habitat idéal : un approvisionnement suffisant en eau, un couverture dense pour la chasse et, bien sûr, une quantité suffisante de proies pour se nourrir.
Répartition actuelle du jaguar
ALIMENTATION
Le jaguar est un félin principalement carnivore. Chasseur solitaire et principalement nocturne, le jaguar se nourrit d’ongulés divers, tels que les tapirs, les pécaris et les cerfs. Il lui arrive aussi de chasser de gros rongeurs (agoutis ou cabiais) et des tatous.
Chasseur, mais aussi pêcheur, le jaguar n’hésite pas à attraper du poisson à l’aide de sa patte avant, ou de s’attaquer à plus gros, comme la tortue, voire le caïman.
Le jaguar attaque ses proies par surprise à partir d’un endroit caché. Il étouffe sa victime par une morsure à la gorge ou encore la tue instantanément en perçant l’arrière du crâne avec ses canines. Ses mâchoires puissantes lui permettent de percer la peau des reptiles et des carapaces de tortues. Une fois la victime vaincue, elle est trainée dans un endroit isolé pour être mangée.
Portrait du jaguar
REPRODUCTION
Le jaguar atteint sa maturité sexuelle vers l’âge de 3 ou 4 ans. Habitant des zones tropicales, le jaguar n’a donc pas de saison des amours précise. La naissance, cependant, a le plus souvent lieu lors de la saison des pluies.
Les mâles reconnaissent immédiatement l’odeur de l’urine de la femelle, lorsque celle-ci est en chaleur. Toutefois, on n’a encore jamais observé d’affronts de mâles pour une femelle. L’accouplement est lui, par contre, très brutal.
La gestation dure entre 91 et 111 jours. Les jeunes jaguars naissent aveugles et dépendent totalement de leur mère. Au bout de 2 semaines, les petits ouvrent les yeux. La dépendance des jeunes à leur mère dure jusqu’à ce qu’ils atteignent 5 ou 6 mois, moment où ils commencent à chasser avec elle. Mais le rôle de la maman ne s’arrête pas là, car elle continuera à les protéger contre les prédateurs, à les nourrir et à leur enseigner les rudiments de la vie jusque vers l’âge de 2 ans. À ce moment là, ils quittent enfin le nid maternel pour rechercher leur propre territoire.
Le jaguar peut vivre jusqu’à l’âge de 11-12 ans à l’état sauvage. Malheureusement, près de 50 % d’entre eux meurent avant l’âge de 2 ans. La maladie, les accidents, les interactions avec les autres animaux ou encore la chasse sont les principales causes de mortalité. En captivité, le jaguar peut vivre jusqu’à l’âge honorable de 20 ans (voir plus pour certains cas).
Jaguar femelle et son petit
COMPORTEMENT
Le jaguar est un animal principalement nocturne actif au crépuscule et à l’aube. Malgré ce comportement général, il lui arrive également d’être actif à n’importe quel moment de la journée. Sinon il passe le plus clair de son temps à l’ombre sous une épaisse végétation, dans des grottes, près des berges voire dans les arbres pendant la saison des inondations. Le jaguar est tributaire de l’eau, surtout pendant la saison sèche quand il cherche à se protéger de la chaleur. De nature plutôt solitaire, sauf pendant la saison des amours, les populations de jaguars peuvent s’élever à un individu pour 15 km² dans le meilleur des cas.
Le territoire du jaguar s’étend sur une superficie de 25 à 38 km² pour une femelle et jusqu’au double pour un mâle qui recouvre généralement deux à trois territoires de femelles.
Les mâles ont plus tendance à voyager que les femelles, et ils parcourent des distances plus longues pendant la saison sèche que durant la saison humide.
Le jaguar ne supporte pas les intrus sur son territoire et le défend corps et âme contre les autres mâles adultes. Il marque son territoire grâce aux vocalisations, en grattant les arbres, en déféquant et en urinant sur la végétation.
Si le jaguar n’a pas de prédateur naturel, l’homme reste sont principal ennemi. Il est victime du braconnage incessant dont il fait l’objet pour sa magnifique fourrure, ses pattes et ses dents.
De nombreuses populations restent stables, mais le jaguar est un animal menacé dans la majeure partie de son aire de répartition à cause de la persécution et de la destruction progressive de son habitat. Le jaguar est particulièrement persécuté dans les zones d’élevage de bovins, car il est souvent abattu à vue, et ceci malgré une législation protectrice.
Vers la fin des années 1970, le docteur Georges Schaller et le docteur Howard Quigley, tous deux membres de l’association Panthera, ont entrepris la première étude sur les jaguars dans le Pantanal brésilien. Dix ans plus tard, le président de Panthera, le docteur Alan Rabinowitz, a fait capturer et munir de colliers émetteurs quelques individus dans la forêt du Belize. Depuis lors, le travail n’a pas cessé. Couvrant près de quatre décennies, le personnel de Panthera s’est efforcé d’étudier, comprendre et protéger le jaguar.
En 2000, de nouvelles informations sur le jaguar font apparaître que, selon des analyses génétiques effectuées, l’espèce ne comprend aucune sous-espèce. Du sud-ouest des États-Unis jusqu’en Argentine, tous les jaguars sont les mêmes. Cette révélation a conduit à la création d’un modèle de conservation à grande échelle pour protéger ce félin et qui est devenu alors le cheval de bataille de Panthera.
Les études qui suivirent démontrèrent que la déforestation intensive et l'empiétement humain diminuaient considérablement les possibilités aux félins à se déplacer d’une aire à une autre. En fait, l’isolement génétique est l’une des principales causes d’extinction des espèces et il est devenu impératif de rechercher et de protéger ces voies d’accès afin d’assurer la survie du jaguar en Amérique. C’est ainsi qu’est né le Jaguar Corridor Initiative dont le but est de préserver la connectivité des habitats par l’identification et la protection des voies de passages entre les populations existantes de jaguar.
La plupart des corridors étant à l’extérieur des aires protégées, la conservation à long terme d’un couloir dépend de la compréhension et de la coopération des populations locales vivant dans ces zones. Les déprédations sur le bétail jouent un rôle important dans la méfiance du public envers les jaguars, et il est donc essentiel de travailler avec les agriculteurs et les résidents locaux afin d’atténuer les problèmes de conflits entre les hommes et l’animal. Panthera est une association qui aide les éleveurs à améliorer et à protéger efficacement leur bétail et conseille les villageois sur les soins de leurs animaux.
Maintenant que le Jaguar Corridor Initiative est pleinement intégré dans toute l’Amérique Centrale, Panthera s’est déplacé en Amérique du Sud afin de créer de nouveaux couloirs de connections en Colombie, en Guyane et au Brésil.
Plan du jaguar corridor par Panthera
SAVIEZ-VOUS QUE ?
* Le jaguar n’est pas une panthère d’Amérique. Généralement plus imposant que celle-ci, c’est une espèce distincte.
* Le mélanisme, surtout associé à la panthère (Panthera pardus), existe également chez certains jaguars, qui sont alors "noirs" (en réalité, tout comme pour leur cousine africaine, on distingue les rosettes du pelage sous certaines lumières).
* D’un coup unique et fatal, le jaguar peut fracasser le crâne de petites proies. Il n’hésite pas non plus à s’attaquer à des animaux de 300 kg.
* Le jaguar est l’un des seuls animaux craints par le puma (Puma concolor).
* Pour des raisons inconnues, les mâles parcourent parfois jusqu’à 800 km. Il y a ainsi un échange entre toutes les populations de jaguars, et aucune sous-espèce distincte.
* Le jaguar est un bon nageur et n’hésite pas à traverser des rivières à la nage.
* Selon les Indiens d’Amazonie, les jaguars attireraient les poissons en trempant leur queue dans l’eau.
* Des hybrides de jaguars avec d’autres espèces de panthérinés ont été observés en captivité. C’est le cas, par exemple, du jaglion (jaguar - lion) ou du jagulep (jaguar - panthère).