Manimalworld
Manimalworld Encyclopédie des animaux sauvages

Renard du Bengale (Vulpes bengalensis)


Le renard du Bengale (Vulpes bengalensis) est un canidé de taille moyenne principalement présent sur le sous-continent indien. Ce renard occupe une grande variété d’habitats au Népal, en Inde, au Bangladesh et au Pakistan. Doté d’une grande adaptabilité, il coexiste souvent à proximité des zones agricoles et des villages sans pour autant se domestiquer. Malgré sa résilience face aux changements environnementaux, il demeure menacé par la fragmentation de son habitat et la pression humaine croissante. Espèce discrète, il incarne parfaitement l’ingéniosité et la souplesse comportementale des canidés asiatiques. Le renard du Bengale est également appelé Renard indien.


Renard du Bengale (Vulpes bengalensis)
Renard du Bengale (Vulpes bengalensis)
© Uday Agashe - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le renard du Bengale est caractérisé par un corps svelte et des membres relativement longs, lui conférant une silhouette élancée. Sa taille varie généralement de 45 à 60 centimètres pour la longueur tête-corps, avec une queue touffue qui peut atteindre 25 à 35 centimètres. Le poids moyen se situe entre 2,5 et 4 kilogrammes, les mâles étant légèrement plus grands et plus lourds que les femelles.

Le pelage est court et doux, avec une coloration qui varie du gris-roux au fauve sable sur le dos, devenant plus pâle, voire blanchâtre, sur le ventre et les pattes. Une caractéristique distinctive est la présence d'une bande sombre le long du dos et d'une tache noire sur le museau, qui s'étend des yeux jusqu'au nez. Le bout de la queue est souvent noir, ce qui le distingue d'autres espèces de renards de la région.

Ses grandes oreilles triangulaires, bien développées, sont adaptées pour capter les sons, même les plus faibles. Les pattes sont fines et terminées par des coussinets plantaires qui lui permettent de se déplacer silencieusement sur divers terrains. Ses sens aiguisés, en particulier l'ouïe et l'odorat, sont cruciaux pour la chasse et la détection des prédateurs. La dentition est typique des canidés, avec des canines longues et pointues pour la capture des proies et des molaires adaptées pour broyer la nourriture.


Vulpes bengalensis
Vulpes bengalensis
© Sahana M - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

HABITAT

Le renard du Bengale est endémique du sous-continent indien. Son aire de répartition s'étend des contreforts de l'Himalaya, au Népal, jusqu'à l'extrémité sud de la péninsule indienne (mais il est absent des Ghâts occidentaux et orientaux). Son aire de répartition s'étend de la province du Sindh, au Pakistan, au nord du Bengale, dans l'est de l'Inde. On le trouve jusqu'à 1 500 m d'altitude au Népal et dans le nord-est de l'Inde.

Le renard du Bengale préfère les terrains semi-arides, plats à vallonnés, les broussailles et les prairies, où il est facile de chasser et de creuser des terriers. Il évite les forêts denses, les terrains escarpés, les hautes prairies et les véritables déserts. L'espèce est relativement commune dans les zones à faible pluviométrie, où la végétation est généralement composée de broussailles, de forêts épineuses ou de forêts sèches décidues, ou de prairies rases. Dans la péninsule indienne, l'espèce est confinée aux plaines et aux forêts arbustives ouvertes.


Renard du bengale repartition
     Répartition du renard du Bengale
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

Le renard du Bengale est un carnivore opportuniste, dont le régime alimentaire est remarquablement diversifié et dépend fortement des ressources disponibles dans son habitat. Il se nourrit principalement de petits mammifères tels que les rongeurs (souris, rats, campagnols) et les lièvres, qui constituent une source d'énergie essentielle. Les oiseaux terrestres et leurs oeufs sont également des proies fréquentes, particulièrement pendant les saisons de nidification. En complément, il consomme une grande variété d'insectes, notamment des criquets, des termites, des coléoptères et d'autres invertébrés, qui représentent une part significative de son alimentation, surtout pendant les périodes de faible abondance de vertébrés. Il n'hésite pas à se nourrir de reptiles de petite taille, comme des lézards. Les amphibiens sont également consommés occasionnellement.

Son régime est également complété par des fruits sauvages, des baies et des cultures agricoles comme le maïs, le sorgho et le melon d'eau, en fonction de la saisonnalité et de la disponibilité. Cette flexibilité alimentaire lui permet de s'adapter à des environnements variés, des prairies aux zones agricoles. Il chasse généralement seul, utilisant son ouïe fine pour localiser ses proies et sa rapidité pour les capturer. Ses habitudes alimentaires nocturnes lui permettent d'éviter la chaleur du jour et de profiter de l'activité de ses proies.


Renard du Bengale mâle
Renard du Bengale mâle dans une prairie
© Dhaval Vargiya - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

REPRODUCTION

La reproduction du renard du Bengale est un processus bien défini, influencé par les saisons et les conditions environnementales. La période de reproduction a généralement lieu entre décembre et janvier, coïncidant avec les mois plus frais de l'hiver indien. Après une période de gestation d'environ 50 à 60 jours, les femelles donnent naissance à une portée de 2 à 6 renardeaux, généralement entre février et mars. Les naissances ont lieu dans des tanières souterraines, souvent creusées par les renards eux-mêmes ou réutilisées à partir d'anciens terriers d'autres animaux.

À la naissance, les renardeaux sont aveugles et dépendent entièrement de leur mère pour leur subsistance et leur protection. Le sevrage commence généralement vers l'âge de 4 à 6 semaines, période durant laquelle la mère commence à introduire des aliments solides dans leur régime. Les deux parents participent activement à l'élevage des jeunes, le mâle apportant de la nourriture à la femelle et aux petits, et aidant à la défense de la tanière. Les jeunes renards restent avec leurs parents pendant plusieurs mois, apprenant les techniques de chasse et les comportements sociaux essentiels à leur survie. Ils atteignent leur maturité sexuelle vers l'âge de 1 an, mais ne se reproduisent souvent pas avant leur deuxième année.

La longévité du renard du Bengale est relativement modeste. À l’état sauvage, il vit généralement entre 6 et 8 ans, bien que certains individus puissent atteindre 10 ans dans des conditions favorables, notamment lorsque les ressources alimentaires sont abondantes et les menaces limitées. En captivité, où il est protégé des prédateurs et reçoit des soins réguliers, il peut parfois vivre jusqu’à 12 ans. Sa durée de vie dépend largement de facteurs environnementaux, tels que la disponibilité de nourriture, la pression humaine, les maladies et la prédation. Les jeunes renards sont particulièrement vulnérables au cours de leurs premiers mois de vie, ce qui influence la survie globale de l’espèce. Toutefois, grâce à sa capacité d’adaptation et à son comportement prudent, le renard du Bengale parvient souvent à vivre suffisamment longtemps pour assurer sa reproduction et maintenir des populations viables dans son aire de répartition.


Renard du Bengale juvenile
Renard du Bengale juvénile au Rann de Kutch en Inde
© Sumeet Moghe - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

COMPORTEMENT

Le renard du Bengale est principalement nocturne ou crépusculaire, bien qu'il puisse être observé pendant la journée, surtout pendant les mois plus frais. Il passe les heures chaudes de la journée à l'abri dans des tanières, qu'il creuse généralement lui-même. Ces tanières peuvent être des systèmes complexes avec plusieurs entrées et chambres, offrant une protection contre les prédateurs et les conditions météorologiques extrêmes.

Bien qu'il soit généralement solitaire lorsqu'il chasse, il peut former des paires monogames pendant la saison de reproduction et partager sa tanière avec sa progéniture. Les renards du Bengale communiquent entre eux par une variété de vocalisations, y compris des aboiements, des gémissements et des hurlements, qui sont utilisés pour des avertissements territoriaux, des appels d'accouplement ou des signaux d'alarme. Le marquage territorial est également important, utilisant l'urine, les fèces et les glandes odoriférantes pour délimiter leur territoire.

Le renard du Bengale est très agile et rapide, ce qui est crucial pour la chasse et pour échapper à ses ennemis. Son comportement d'évitement face à l'homme est prononcé, bien qu'il puisse s'adapter à des environnements semi-urbanisés si la nourriture est disponible. Il est également connu pour sa curiosité, explorant son environnement et les objets inhabituels. Sa structure sociale est relativement simple, centrée sur le noyau familial pendant la période d'élevage des jeunes, et se dispersant ensuite.


Renard du Bengale parc national Velavadar
Renard du Bengale au parc national de Velavadar en Inde
© Avinash Bhagat - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

PRÉDATION

Malgré son agilité et sa vigilance, le renard du Bengale est la proie de plusieurs prédateurs naturels dans son écosystème. Les grands carnivores sont les principaux menaçants, notamment les loups indiens (Canis lupus pallipes), les léopards (Panthera pardus) et, dans une moindre mesure, les tigres (Panthera tigris) dans les zones où leurs aires de répartition se chevauchent. Ces grands félins et canidés représentent une menace sérieuse, particulièrement pour les jeunes renards et les adultes affaiblis.

Les chiens domestiques errants/féraux constituent également une menace importante, non seulement par la prédation directe, mais aussi par la compétition pour les ressources et la transmission de maladies. Les rapaces de grande taille, tels que les aigles et les hiboux, peuvent s'attaquer aux jeunes renards ou aux adultes de petite taille, surtout dans les zones ouvertes où le couvert végétal est insuffisant. Les chacals dorés (Canis aureus) sont également des compétiteurs et peuvent parfois attaquer les renards du Bengale, en particulier les jeunes. Les serpents venimeux, bien qu'ils ne soient pas des prédateurs directs, peuvent présenter un danger dans les tanières. Pour faire face à ces menaces, le renard du Bengale utilise son excellente ouïe et son odorat pour détecter les dangers, et sa rapidité pour s'échapper. Il se réfugie souvent dans ses tanières complexes pour éviter les confrontations.


Renard indien
Le renard du Bengale est également appelé Renard indien
© Royle Safaris - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

MENACES

Bien que le renard du Bengale soit répandu, sa densité est généralement faible dans toute son aire de répartition, et ses populations peuvent connaître d'importantes fluctuations en raison de la disponibilité des proies et des maladies (la rage et le virus de la maladie de Carré ont été signalés comme étant à l'origine de déclins locaux dans l'ouest de l'Inde). Il peut tolérer certaines perturbations humaines, mais avec l'expansion des populations humaines et le développement continu des prairies à des fins agricoles et industrielles, son habitat se raréfie continuellement. La combinaison de ces facteurs, associée aux maladies et/ou à la mortalité naturelle, pourrait potentiellement entraîner des disparitions localisées. Dans certains États comme le Gujarat, le Maharashtra et le Rajasthan, l'habitat du renard du Bengale est répandu et les menaces sont minimes, tandis que dans d'autres États comme le Karnataka et le Tamil Nadu, il est menacé.


Renard du bengale gros plan
Gros plan du renard du Bengale
© Dhaval Vargiya - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

CONSERVATION

Le renard du Bengale n'est actuellement pas considéré comme une espèce menacée. La Liste rouge de l'IUCN répertorie cette espèce dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC). Les populations d'Inde sont inscrites à l'Annexe III de la CITES. La loi sur la protection Indian Wildlife (1972 tel que modifié jusqu'en 1991) interdit la chasse de toutes les espèces sauvages et classe le renard du Bengale à l'annexe II. Ce n'est pas à une catégorie particulière de protection dans la législation de la faune du Népal.

Le renard du Bengale est présent dans les zones protégées en Inde et au Népal, notamment le parc national de Bardia, le parc national de Chitwan et la réserve faunique de Shukla Phanta. La présence du renard du Bengale dans le parc national de Langtan et la réserve faunique de Shey au Népal a été signalée par Shrestha (1997); cependant, cela n'a pas été confirmé et est considéré comme peu probable. En Inde, l'espèce est également présente dans le parc national du désert au Rajasthan; le parc national de Velavadar ainsi que plusieurs autres zones protégées. L'espèce est détenue en captivité dans plusieurs zoos en Inde, où elle se reproduit bien.

Une étude de statut est nécessaire pour identifier les zones dans l'aire de répartition de l'espèce qui ont des populations de renards importantes et relativement sûres. Dans certaines de ces zones, une étude approfondie et à long terme est nécessaire sur la dynamique de population du renard du Bengale. Cela aiderait à élucider la relation du renard avec les cycles de population de proies et les épidémies. Des recherches sont également nécessaires sur les schémas d'aire de répartition, la territorialité et le comportement de cette espèce peu étudiée.


Renard du bengale parc national de Desert
Renard du Bengale au parc national de Desert au Rajasthan
© Uday Agashe - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

TAXONOMIE

L'histoire taxonomique du renard du Bengale commence en 1800 lorsque le zoologiste George Shaw a décrit l'espèce pour la première fois sous le nom de Canis bengalensis. Initialement, il a été classé dans le genre Canis avec les chiens et des loups. Parallèlement, le genre des renards, Vulpes, avait été établi en 1775 par Just Leopold Frisch. Avec le temps et l'avancement des connaissances en zoologie, il est devenu évident que le renard du Bengale partageait les caractéristiques spécifiques aux espèces du genre Vulpes. Par conséquent, l'espèce a été reclassifiée dans ce genre.

Des naturalistes du XIXe siècle ont aussi décrit de nouveaux renards dans la région indienne, leur donnant d'autres noms comme Canis kokree (Sykes, 1831) ou Vulpes xanthura (Gray, 1838). Ces noms sont aujourd'hui considérés comme des synonymes du renard du Bengale, désignant en fait la même espèce. Ces descriptions multiples illustrent la difficulté à bien identifier les espèces avec les méthodes de l'époque. C'est grâce à des études plus complètes, notamment celles menées par Reginald Innes Pocock au XXe siècle, que ces descriptions ont été consolidées pour ne former qu'une seule espèce. Aujourd'hui, le nom scientifique reconnu est Vulpes bengalensis, combinant le genre établi par Frisch et l'espèce décrite par Shaw.


Bengal fox
En anglais, le renard du Bengale est appelé Bengal fox
© Mv Shreeram - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communRenard du Bengale
Autre nomRenard indien
English nameBengal fox
Español nombreZorro de Bengala
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreCarnivora
Sous-ordreCaniformia
FamilleCanidae
GenreVulpes
Nom binominalVulpes bengalensis
Décrit parGeorge Kearsley Shaw
Date1800



Satut IUCN

Préoccupation mineure (LC)

SOURCES

* Liens internes

Animal Diversity Web

Arkive

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

* Liens externes

Wikimedia Commons

* Bibliographie

Macdonald, D. W., & Sillero-Zubiri, C. (Eds.). (2004). The Biology and Conservation of Wild Canids. Oxford University Press.

Nowak, R. M. (1999). Walker's Mammals of the World (6th ed.). Johns Hopkins University Press.

Menon, V. (2003). A Field Guide to Indian Mammals. Dorling Kindersley.

Johnsingh, A. J. T. (1978). "Some Aspects of the Ecology and Behavior of the Indian Fox Vulpes bengalensis." The Journal of the Bombay Natural History Society, 75.

Vanak, A. T. (2005). "Distribution of the Indian Fox Vulpes bengalensis in southern India." Canid Specialist Group Newsletter, 8.

Pocock, R. I. (1936). "The Canidae of the Indian Subcontinent." Proceedings of the Zoological Society of London.

Roberts, T.J. (1997). The Mammals of Pakistan. Oxford University Press.

Ramesh, K., Srivathsa, A. & Madhusudan, M.D. (2013). "Patterns of distribution and conservation status of the Indian fox (Vulpes bengalensis) in Karnataka, India." Mammalia, 77(2): 123-132.

Kumar, S. & Rahmani, A.R. (1997). "Breeding biology of the Indian fox (Vulpes bengalensis) in the grasslands of Rollapadu Wildlife Sanctuary, Andhra Pradesh, India." Journal of the Bombay Natural History Society, 94: 12–24.