Le sassabi (Damaliscus lunatus lunatus) est une sous-espèce du topi (Damaliscus lunatus) dont il est la forme nominale, décrite pour la première fois par William John Burchell en 1823. Cette antilope africaine appartient à la famille des Bovidae et se distingue par sa grande adaptabilité aux savanes herbeuses et inondables. On la trouve principalement dans le sud-est de l’Afrique, notamment en Zambie, au Malawi, au Mozambique, au nord-est du Botswana, au Zimbabwe, et dans certaines parties du nord-est de l’Afrique du Sud. Ce taxon est représenté par des populations relativement stables dans certaines zones protégées, mais il est localement menacé par la fragmentation de l’habitat et les conflits d’usage des terres. Le sassabi est également appelé Tsessebe ou Topi du Sud.
Le sassabi est une antilope mesurant entre 1,50 et 2,05 m de long, de 1 à 1,30 m de hauteur à l'épaule pour un poids allant de 75 à 160 kg. La taille de la queue varie de 40 à 60 cm. Les cornes, présentes chez les deux sexes, sont fortement annelées et en forme de S. Celles-ci mesurent environ 37 cm pour les femelles et 40 cm pour les mâles.
Morphologiquement, le sassabi se distingue par un pelage brun rougeâtre intense, parfois presque cuivré, avec des taches sombres sur les épaules, le haut des pattes et les hanches. Cette coloration irisée est typique des topis, mais celle du sassabi est particulièrement brillante. Le corps est élancé, avec de longues pattes fines adaptées à la course, une encolure musclée, et une tête étroite au museau allongé.
Au début des années 1900, le sassabi était l'un des ongulés les plus communs dans de nombreuses prairies africaines. Aujourd'hui, il a été éliminé dans de nombreuses régions de son ancienne aire de répartition et les populations restantes continuent de diminuer. On rencontre encore en Afrique du Sud, en Zambie, au Zimbabwe, dans l'Est de l'Angola et le Nord du Botswana. Ils ont été réintroduits au Swaziland, après que la population autochtone ait été exterminée.
Le sassabi occupe principalement des plaines herbeuses ouvertes, souvent en bordure de zones humides ou dans des savanes à herbes hautes. Elle privilégie les régions à végétation dense où l’herbe verte est disponible toute l’année, notamment dans les zones sujettes à des inondations saisonnières. Ce bovidé est particulièrement bien adapté à des écosystèmes dynamiques, où les cycles d’inondation créent une mosaïque d’habitats propices à une alimentation variée. Les populations peuvent se déplacer de manière saisonnière à la recherche de pâturages frais, ce qui les rend vulnérables à la fragmentation des corridors écologiques.
Le régime alimentaire du sassabi est strictement herbivore. L’espèce se nourrit principalement d’herbes tendres, notamment les jeunes pousses riches en protéines qui apparaissent après les premières pluies. Elle sélectionne activement des graminées à haute valeur nutritive, comme celles du genre Hyparrhenia, Themeda ou Panicum. Contrairement à d’autres bovidés, les topis ne broutent pas des feuilles ou des rameaux ligneux, se spécialisant dans un pastoralisme de qualité qui les rend sensibles aux variations climatiques.
La reproduction est saisonnière, synchronisée avec les cycles de végétation. Les naissances ont généralement lieu à la fin de la saison des pluies, lorsque la nourriture est abondante. Après une gestation d’environ huit mois, les femelles mettent bas un unique petit, qui peut se lever et suivre sa mère quelques heures seulement après sa naissance. La maturité sexuelle est atteinte vers dix-huit mois chez la femelle et vers trois ans chez le mâle, mais il ne pourra pas prétendre à la reproduction avant l'âge de quatre ans. Le taux de reproduction est relativement élevé, mais la survie des jeunes dépend fortement de la prédation et des conditions de pâturage.
Socialement, le sassabi présente un comportement grégaire prononcé. Les groupes sont généralement composés de femelles adultes accompagnées de leurs jeunes, bien que les mâles adultes forment parfois des hardes de célibataires. Durant la saison de reproduction, les mâles deviennent territoriaux et défendent activement des parcelles de savane riches en herbes attractives pour les femelles. Ce comportement territorial saisonnier, typique des topis, donne lieu à des arènes de parade où les mâles se tiennent immobiles, défiant les autres prétendants et attirant les femelles.
Étant donné sa taille et son habitat, le sassabi est vulnérable à plusieurs prédateurs dont voici les principaux :
* Lions : Les lions (Panthera leo) sont les prédateurs les plus importants du sassabi, étant capables de tuer des adultes en bonne santé. Ces félins chassent en groupe, ce qui leur donne un avantage pour abattre de grandes proies.
* Léopards : Les léopards (Panthera pardus), bien que plus petits que les lions, sont des chasseurs opportunistes et peuvent s'attaquer aux sassabis, en particulier aux jeunes ou aux individus isolés. Ils sont particulièrement efficaces pour tendre des embuscades.
* Hyènes tachetées : Les hyènes tachetées (Crocuta crocuta) sont des charognards et des prédateurs efficaces. Elles chassent souvent en groupe et peuvent s'attaquer aux sassabis, surtout les jeunes, les malades ou les blessés.
* Lycaons : Les lycaons (Lycaon pictus) sont des chasseurs persistants et rapides, capables de poursuivre leurs proies sur de longues distances. Ces canidés ciblent souvent les sassabis, en particulier lors de chasses coordonnées.
* Guépards : Les guépards (Acinonyx jubatus) sont les animaux terrestres les plus rapides et peuvent s'attaquer aux sassabis, en particulier les jeunes. Cependant, leur faible force physique les rend moins efficaces pour abattre des adultes en bonne santé.
* Crocodiles : Dans les zones où leur habitat chevauche les cours d'eau, les crocodiles du Nil (Crocodylus niloticus) peuvent s'attaquer aux sassabis qui viennent boire ou traverser les rivières.
Il est important de noter que l'impact de chaque prédateur peut varier en fonction de la région géographique, de la disponibilité d'autres proies et de la densité de la population de prédateur.
Bien que le sassabi soit encore une espèces répandue et commune, il a été éliminé de nombreuses régions de son ancienne aire de répartition. La chasse ainsi que la dégradation de son habitat associée à l’empiétement et l'expansion des bovins domestiques.
CONSERVATION
Le sassabi n'est actuellement pas considéré comme menacé. Il est inscrit dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.
Les sassabis sont bien représentés dans les aires protégées (40 %) et sur les terres privées (20 %), avec des bastions dans les parcs nationaux de l'Okavango et de Chobe (Botswana) et du Kruger (Afrique du Sud). Cependant, la population du parc national Kruger, l'une des aires les mieux protégées du continent, a diminué à environ 220 individus en 1996, contre un pic de 1 000 en 1986. Les sassabis ont été (ré)introduits avec succès dans de nombreuses régions d'Afrique australe, telles que les parcs nationaux de Marakele et de Pilanesberg et la réserve de faune d'Itala dans le nord du KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud; au Swaziland (réserve de faune de Mkhaya, Monadjem 1998); et en Namibie (parc national d'Etosha); et sur des terres privées en Afrique du Sud et dans les districts agricoles du nord de la Namibie.
Le sassabi a été décrit pour la première fois par William John Burchell en 1824 sous le nom d'Antilope lunata. Au fil du temps, les zoologistes ont reconnu que le sassabi partageait des caractéristiques avec d'autres antilopes apparentées, et il a été placé dans le genre Damaliscus. Ce genre comprend également d'autres espèces comme le blesbok (Damaliscus pygargus) et le topi (Damaliscus lunatus).
Le topi (Damaliscus lunatus) est l'espèce, et le sassabi est considéré comme une sous-espèce, Damaliscus lunatus lunatus. Cette classification indique qu'il partage des ancêtres communs avec d'autres sous-espèces du topi, mais qu'il présente des différences distinctes en termes de morphologie, de répartition géographique ou de génétique. Il existe plusieurs autres sous-espèces reconnues de topi, notamment :
*Tsessebe de Bangweulu - Damaliscus lunatus superstes
La taxonomie des Damaliscus (et des antilopes en général) a fait l'objet de débats et de révisions. Des études génétiques et morphologiques continues ont conduit à des ajustements des relations entre les espèces et les sous-espèces. Par exemple, l'hirola, ou damalisque de Hunter, a longtemps été considéré comme une sous-espèce de topi, mais des preuves génétiques solides ont conduit de nombreux experts à le considérer comme une espèce distincte.
Comprendre l'histoire taxonomique du sassabi est crucial pour la conservation. Une classification précise permet d'identifier les populations distinctes qui peuvent nécessiter des stratégies de gestion différentes. Elle permet également de reconstituer l'histoire évolutive du groupe et d'éclairer les priorités de conservation.