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Damaliscus


Le genre Damaliscus regroupe plusieurs espèces d’antilopes africaines, toutes appartenant à la sous-famille des Alcelaphinae au sein de la famille des Bovidae. Réputés pour leur silhouette athlétique, leur comportement grégaire et leurs migrations saisonnières, les Damaliscuss occupent principalement les savanes et prairies ouvertes d’Afrique subsaharienne. Ces bovidés se caractérisent par des cornes en forme de lyre présentes chez les deux sexes, un pelage souvent contrasté, et une posture légèrement inclinée due à la différence de taille entre les membres antérieurs et postérieurs. Le genre revêt une importance écologique et culturelle majeure dans plusieurs régions, où certaines espèces ont été massivement chassées ou revalorisées à travers des projets de conservation. L’étude du genre Damaliscus fournit un éclairage précieux sur l’évolution des antilopes africaines, la dynamique des écosystèmes de savane et les effets de la fragmentation des habitats.


Damaliscus
Les espèces formant le genre Damaliscus
Source photos


LES ESPÈCES

Le genre Damaliscus comprend actuellement deux espèces valides, avec plusieurs sous-espèces reconnues, certaines d’entre elles ayant parfois été traitées comme des espèces à part entière selon les classifications historiques ou régionales :

* Blesbok (Damaliscus pygargus)

Cette espèce inclut deux sous-espèces principales :

- Damaliscus pygargus phillipsi - le blesbok, caractérisé par un pelage brun clair et une large bande blanche sur le front;

- Damaliscus pygargus pygargus - le bontebok, plus restreint géographiquement, avec un pelage plus sombre et des marques faciales prononcées.

* Topi (Damaliscus lunatus)

Connu également sous le nom de damalisque à front blanc. Cette espèce est largement répandue en Afrique orientale et australe. Elle présente plusieurs sous-espèces, dont :

- Damaliscus lunatus korrigum (Korrigum)

- Damaliscus lunatus lunatus (Sassibi)

- Damaliscus lunatus tiang (Tiang)

- Damaliscus lunatus topi (Topi côtier)

- Damaliscus lunatus jimela (Topi de l'Est)

- Damaliscus lunatus superstes (Tsessebe de Bangweulu)

Le bontebok et le blesbok, longtemps traités comme espèces distinctes, sont désormais généralement considérés comme des sous-espèces du même taxon. Ces deux formes sont endémiques d’Afrique du Sud et ont fait l’objet de programmes de conservation rigoureux en raison de leurs populations historiquement réduites.


TAXONOMIE

L’histoire taxonomique du genre Damaliscus illustre bien les difficultés inhérentes à la classification des grands herbivores africains, en particulier au sein des Alcelaphinae, un groupe connu pour ses convergences morphologiques et ses variations clinales. Le genre Damaliscus a été érigé en 1894 par Philip Lutley Sclater et Oldfield Thomas, sur la base de caractéristiques morphologiques distinctes de celles des autres genres apparentés comme Alcelaphus (bubales) et Beatragus (hirola). Les auteurs ont fondé ce genre sur des critères précis : forme particulière du crâne, profil du front plus incliné, cornes en forme de lyre à section annulaire, et proportions corporelles spécifiques (en particulier une ligne dorsale inclinée vers l’avant due à des membres antérieurs plus courts).

Cependant, les premières descriptions des espèces rattachées à ce genre sont bien antérieures. Damaliscus pygargus fut décrit pour la première fois par Peter Simon Pallas en 1767 sous le nom Antilope pygargus, tandis que Damaliscus lunatus le fut par William John Burchell en 1823, également initialement inclus dans le genre Antilope. Ce n’est qu’avec la progression des connaissances en anatomie comparée au XIXe siècle que la nécessité de séparer ces formes dans un genre distinct s’est imposée.

Au fil du XXe siècle, la taxonomie du genre a été sujette à plusieurs révisions, notamment autour du statut des sous-espèces de Damaliscus lunatus. Certains taxonomistes ont proposé d’élever certaines formes régionales (comme le tiang ou le korrigum) au rang d’espèce, en se fondant sur des différences de coloration, de taille, ou de répartition géographique. Cependant, les études génétiques menées à partir des années 1990, notamment par analyses d’ADN mitochondrial, ont montré que ces différences étaient faibles et reflétaient davantage des adaptations locales que des séparations évolutives anciennes, justifiant leur classement comme sous-espèces.

Enfin, la distinction entre Damaliscus pygargus pygargus (bontebok) et Damaliscus pygargus phillipsi (blesbok), longtemps considérées comme deux espèces distinctes en raison de leur isolement géographique et de leurs différences phénotypiques, est aujourd’hui interprétée comme un cas de spéciation incomplète. Des hybridations artificielles observées en captivité entre ces deux formes ont appuyé la décision de les regrouper sous une seule espèce, divisée en sous-espèces.

Ainsi, l’histoire taxonomique du genre Damaliscus reflète l’évolution des méthodes scientifiques, passant de la morphologie descriptive à la génétique moléculaire, et montre comment la compréhension de la diversité des antilopes africaines continue d’évoluer avec les outils modernes de la biologie.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
FamilleBovidae
Sous-familleAlcelaphinae
GenreDamaliscus
Décrit parPhilip Lutley Sclater
Michael Rogers Oldfield Thomas
Date1894

SOURCES

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

* Liens externes

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

* Bibliographie

Groves, C. P., & Grubb, P. (2011). Ungulate Taxonomy. Johns Hopkins University Press.

Kingdon, J. (2015). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Bloomsbury Publishing.

Macdonald, D. (Ed.). (2006). The Encyclopedia of Mammals. Oxford University Press.

Moodley, Y., Bruford, M. W. et al. (2007). Population structure of African ungulates: Comparative phylogeography and conservation implications. Molecular Ecology, 16(3), 541–556.

Skinner, J. D., & Chimimba, C. T. (2005). The Mammals of the Southern African Subregion. Cambridge University Press.

Wilson, D. E., & Mittermeier, R. A. (Eds.). (2011). Handbook of the Mammals of the World. Volume 2: Hoofed Mammals. Lynx Edicions.

Groves, C. P. (1978). The taxonomy of the hartebeest (Alcelaphus buselaphus) (Mammalia, Bovidae). Journal of Zoology, 185(1), 1-39.

Cronin, M. A., & Cockcroft, V. G. (1991). Mitochondrial DNA variation suggests high gene flow in the blesbok and bontebok ( Damaliscus dorcas). Heredity, 67(2), 223-230.

Bennett, D., & Hoffmann, R. S. (1999). Damaliscus lunatus. Mammalian Species, 613, 1-10.

Bennett, D., & Hoffmann, R. S. (1999). Damaliscus pygargus. Mammalian Species, 614, 1-7.

* Sources photos

Blesbok: Micha L. Rieser - Wikimedia Commons / CC-BY

Topi: Sakke - iNaturalist / CC-BY-NC