Le genre Alcelaphus regroupe des antilopes africaines de taille moyenne à grande, appartenant à la famille des Bovidae et à la sous-famille des Alcelaphinae. Ces animaux sont bien adaptés aux savanes et aux plaines herbeuses du continent africain, où ils vivent en troupeaux. Leur morphologie singulière — avec une silhouette anguleuse, un front tombant et des cornes en forme de lyre — les rend facilement reconnaissables. Le genre est surtout représenté par le bubale roux (Alcelaphus buselaphus), une espèce complexe qui présente plusieurs sous-espèces, parfois considérées comme espèces distinctes. Les Alcelaphus jouent un rôle clé dans les écosystèmes africains en tant qu’herbivores et proies pour de nombreux prédateurs. Leur statut de conservation varie selon les populations, certaines étant relativement stables, d'autres en déclin à cause de la chasse et de la fragmentation de leur habitat.
Le genre Alcelaphus est historiquement centré autour d’une seule espèce, le bubale roux (Alcelaphus buselaphus), divisée en plusieurs sous-espèces ou populations géographiques. Toutefois, des débats taxonomiques ont émergé au fil du temps, certains auteurs proposant d’élever certaines sous-espèces au rang d’espèces à part entière, notamment en raison de différences morphologiques, génétiques et comportementales. Les principales sous-espèces (ou espèces selon certaines classifications) incluent :
- Alcelaphus buselaphus caama (Bubale caama) : Afrique du Sud et Namibie. Non menacé (LC). Autrefois considéré comme une espèce distincte, l'IUCN le classe aujourd'hui comme une sous-espèce.
- Alcelaphus buselaphus cokii (Bubale de Coke) : Kenya et Tanzanie. Non menacé (LC).
- Alcelaphus buselaphus lelwel (Bubale Lelwel) : Afrique de l’Est, notamment au Kenya et en Ouganda. Vulnérable (VU).
- Alcelaphus buselaphus lichtensteinii (Bubale de Lichtenstein) : Afrique centrale et orientale. Non menacé (LC). Autrefois considéré comme une espèce distincte, l'IUCN le classe aujourd'hui comme une sous-espèce.
- Alcelaphus buselaphus major (Bubale de l’Ouest) : Afrique de l’Ouest. Quasi menacé (NT).
- Alcelaphus buselaphus swaynei (Bubale de Swayne) : Éthiopie. En danger critique d’extinction (CR).
- Alcelaphus buselaphus tora (Bubale Tora) : Soudan et Érythrée. En danger (EN).
TAXONOMIE
Le genre Alcelaphus a été officiellement décrit en 1816 par le zoologiste français Henri-Marie Ducrotay de Blainville dans le cadre de ses travaux de classification des mammifères. Il a établi ce genre pour regrouper certaines antilopes africaines alors mal différenciées des gnous et des Damaliscus. Le nom Alcelaphus vient du grec alkē (élan) et laphos (bête à cornes), soulignant leur aspect puissant et leurs cornes distinctives.
À l’origine, les distinctions entre les différentes formes du bubale étaient floues, et les naturalistes du XIXe siècle ont successivement proposé des subdivisions à mesure que de nouvelles populations étaient décrites à travers l’Afrique. Alcelaphus buselaphus, l’espèce type, inclut plusieurs sous-espèces différenciées par leur morphologie, leur répartition géographique et certains traits comportementaux. Le bubale du Nord, ou bubale d'Afrique du Nord (Alcelaphus buselaphus bucelaphus), aujourd’hui éteint, en est un exemple emblématique.
Au XXe siècle, la systématique du genre a été révisée à plusieurs reprises, notamment grâce aux travaux de phylotaxonomie utilisant des caractères crâniens, dentaires et moléculaires. Ces analyses ont révélé des divergences génétiques notables entre les différentes sous-espèces, suggérant une spéciation plus avancée que ce que laissait supposer la morphologie seule. En particulier, le bubale caama (Alcelaphus buselaphus caama) est parfois considéré comme une espèce à part entière (Alcelaphus caama) en raison de son isolement géographique et de ses caractères génétiques distincts.
Des débats taxonomiques subsistent également sur la structure même de la sous-famille Alcelaphinae, certains auteurs proposant d’unifier les genres Alcelaphus et Damaliscus sur la base de leurs similitudes anatomiques. Toutefois, cette révision n’a pas été largement adoptée, et Alcelaphus demeure aujourd’hui reconnu comme un genre valide dans les principales classifications, telles que Mammal Species of the World (MSW) (Wilson & Reeder, 2005) et la base de données de la Liste rouge de l'IUCN.
En somme, l’histoire taxonomique de Alcelaphus illustre bien les défis posés par la diversité intra-spécifique chez les grandes antilopes africaines, où les frontières entre espèces et sous-espèces sont parfois ténues et sujettes à révision selon les approches méthodologiques employées.