Manimalworld
Manimalworld Encyclopédie des animaux sauvages

Bubale d'Afrique du Nord (Alcelaphus buselaphus buselaphus)


Le bubale d'Afrique du Nord (Alcelaphus buselaphus buselaphus) est une sous-espèce de bubale roux ayant occupé les régions arides et semi-arides du nord de l’Afrique. Bien qu’il soit aujourd’hui éteint, cette sous-espèce offre une fascinante opportunité d’examiner son évolution, son mode de vie et les facteurs ayant conduit à sa disparition. Le dernier spécimen est mort au Jardin des Plantes à Paris, le 9 Novembre 1923, mais l'espèce ne fut officiellement reconnue éteinte qu'en 2008.


Bubale d'Afrique du Nord (Alcelaphus buselaphus buselaphus)
Bubale d'Afrique du Nord (A. buselaphus buselaphus)
Auteur: Lewis Medland (1815)
CC0 (Domaine public)



DESCRIPTION

Le bubale d'Afrique du Nord était une grande antilope au physique distinctif. Il mesurait environ 1,2 à 1,4 mètre de hauteur au garrot, entre 2 et 2,4 mètres de long pour un poids moyen variant entre 120 et 200 kg.

Le pelage du bubale d'Afrique du Nord était de couleur fauve, avec des teintes plus claires sur le ventre et les flancs. Des marques sombres sur la tête et autour des yeux accentuaient leur apparence.

Les cornes en forme de lyre, incurvées vers l’arrière et légèrement spiralées, étaient une caractéristique notable. Ces cornes étaient présentes chez les deux sexes, bien que celles des mâles fussent généralement plus épaisses et plus longues. La tête allongée se terminait par un museau étroit, adapté pour brouter. Une musculature puissante autour des épaules leur donnait une apparence légèrement inclinée, typique des bubales.


HABITAT

Le bubale d'Afrique du Nord était une sous-espèce d'antilope qui habitait les régions arides et semi-arides de l'Afrique du Nord. Son aire de répartition historique couvrait principalement des zones aujourd'hui situées au Maroc, en Algérie, en Tunisie, et, dans une moindre mesure, en Libye. L'aire de répartition historique du bubale d'Afrique du Nord s'étendait dans les régions suivantes :

Maroc : Présent dans les plaines du nord et les zones semi-arides du sud, ainsi que dans l'Atlas Saharien.

Algérie : Occupait les steppes de l'est et du sud, notamment autour des monts Sahariens.

Tunisie : Trouvé dans les plaines arides et les zones proches des déserts.

Libye : De manière moins abondante, il pouvait habiter les steppes herbeuses du nord-est.

À mesure que les activités humaines se sont intensifiées, notamment la chasse et l’agriculture, l’aire de répartition du bubale d'Afrique du Nord s'est considérablement réduite. Au début du XXe siècle, il n’était plus présent que dans quelques poches isolées de son habitat initial, principalement au Maroc.


ÉCOLOGIE

Le bubale d'Afrique du Nord était un herbivore strict. Son alimentation dépendait principalement des graminées et, dans une moindre mesure, des feuilles et des plantes disponibles dans son habitat aride. Les graminées étaient la base de son régime alimentaire, particulièrement pendant la saison des pluies, où ces plantes étaient abondantes et riches en nutriments. Pendant les périodes de sécheresse, lorsque les graminées devenaient rares, il se nourrissait de feuillages, de buissons et d'autres végétaux résistants à la sécheresse. Doté de dents hypsodontes (à couronnes hautes), le bubale d'Afrique du Nord était capable de broyer des plantes dures et fibreuses. Son système digestif était bien adapté à la fermentation et à l’extraction maximale de nutriments à partir de végétaux pauvres.

Le bubale d'Afrique du Nord avait un cycle de reproduction typique des antilopes, bien qu’il fût influencé par les conditions environnementales. La reproduction était généralement saisonnière, coïncidant avec les périodes de disponibilité alimentaire maximale, souvent après la saison des pluies. Les mâles dominaient des territoires qu’ils défendaient vigoureusement contre d’autres mâles. Les femelles et leurs jeunes formaient des groupes qui se déplaçaient librement entre les territoires. La durée de gestation était d’environ 8 mois. Une seule progéniture naissait par portée, généralement dans un endroit isolé, pour éviter les prédateurs. Les petits étaient capables de marcher peu de temps après leur naissance. Le sevrage se produisait à environ 6 mois, bien que les jeunes restassent souvent avec leur mère jusqu’à la naissance suivante.

Le bubale d'Afrique du Nord possédait des comportements sociaux et écologiques complexes qui témoignent de son adaptation aux environnements difficiles. Ces antilopes vivaient en troupes, généralement composées de femelles, de jeunes et d’un mâle dominant. Les jeunes mâles formaient des groupes séparés avant de tenter de s’établir sur leur propre territoire. Ils utilisaient des signaux visuels, vocaux et chimiques pour communiquer. Les cornes étaient souvent utilisées dans des démonstrations de dominance. Leur vitesse (capable d’atteindre 60 km/h) et leur endurance étaient leurs principales armes contre les prédateurs.

Le bubale d'Afrique du Nord occupait un rôle important dans les écosystèmes nord-africains, servant de proie clé pour plusieurs grands prédateurs comme le lion, le léopard, la hyène rayée et dans une moindre mesure le guépard, le lycaon et le chacal doré. Malgré sa taille imposante et sa vitesse, il faisait face à des menaces de prédation, particulièrement envers les jeunes individus et les animaux affaiblis.


EXTINCTION

L’extinction du bubale d'Afrique du Nord s’est produite sur plusieurs décennies, marquée par une intensification progressive des pressions anthropiques et environnementales.

Durant l'Antiquité (env. 2000 av. J.-C. - 500 ap. J.-C.), les bubales d'Afrique du Nord étaient abondants dans les steppes et savanes d’Afrique du Nord, coexistant avec les populations humaines. Des représentations rupestres, notamment au Sahara, montrent des antilopes, y compris des bubales, chassées pour leur viande et leur peau. La chasse était alors limitée et durable, grâce à des densités humaines faibles. L’expansion agricole liée à la croissance des civilisations en Afrique du Nord (env. Ve - IXe siècle), notamment sous les empires romain et berbère, a commencé à réduire les habitats naturels des bubales. Cependant, la sous-espèce restait répandue dans les zones semi-arides éloignées des centres humains.

Au début du XIXe siècle, les populations de bubales d'Afrique du Nord étaient encore présentes dans une grande partie de l’Afrique du Nord, notamment au Maroc, en Algérie, en Tunisie, et dans une moindre mesure en Libye. Elles étaient considérées comme abondantes dans les zones éloignées des plaines et collines. La chasse traditionnelle, bien que présente, ne menaçait pas encore la survie de l’espèce. Au milieu du XIXe siècle, l’introduction des armes à feu dans la région a transformé la chasse. Les bubales, faciles à localiser dans les plaines ouvertes et vivant en troupeaux, sont devenus des cibles privilégiées. La chasse sportive par les colons européens s’intensifie, provoquant une diminution visible des populations. À la fin du siècle (années 1880-1890), les populations de bubales d'Afrique du Nord commencent à montrer des signes de fragmentation. Les troupeaux deviennent plus petits et plus localisés. La construction d’infrastructures coloniales (routes, villages, agriculture) dans les zones semi-arides réduit davantage les habitats disponibles. Les populations restantes sont repoussées vers des zones de refuge, principalement dans les régions montagneuses et les steppes plus isolées.

Dans les années 1900-1910, les observations de bubales d'Afrique du Nord deviennent de plus en plus rares. La sous-espèce est presque complètement éradiquée en Algérie et en Tunisie. Au Maroc, de petites populations subsistent dans les régions montagneuses de l’Atlas, mais elles sont en déclin rapide. La chasse reste intense, malgré la diminution visible des effectifs. Dans les années 1910-1920, la dernière grande population viable est signalée dans le sud du Maroc. Des groupes isolés survivent dans des zones reculées, mais leur faible nombre et l’absence de protection les rendent vulnérables. La Première Guerre mondiale détourne temporairement l’attention des activités de chasse, mais la perte d’habitat se poursuit. Entre 1923-1925, les derniers individus confirmés sont observés dans la région de l’Atlas au Maroc. Des chasseurs locaux signalent l’abattage des derniers bubales dans la région, marquant la fin de la sous-espèce.

Aucun signalement fiable de bubale d'Afrique du Nord n’est enregistré après les années 1920. Les naturalistes commencent à considérer la sous-espèce comme éteinte. Les causes de l’extinction, bien que reconnues, ne suscitent que peu de préoccupations à l’époque, en raison d’un manque global de politiques de conservation. Dans les années 1940, les efforts pour confirmer la survie de la sous-espèce échouent. Les scientifiques et naturalistes concluent officiellement à son naturalistes.

De 1883 à 1897, une femelle en captivité résidait encore au zoo de Londres et un autre animal a vécu de 1906 à 1907 au même endroit. La femelle vivant en captivité et décédée au Jardin des Plantes à Paris, le 9 novembre 1923, est généralement considérée comme étant le dernier spécimen de cette sous-espèce de bubale roux.

Une des ironies dans la disparition du bubale d'Afrique du Nord, c'est que, en dépit de son habitat désertique, il était très présent en captivité depuis plus de 18 ans avant son extinction. Pour un écologiste moderne, cet animal aurait pu être un sujet idéal pour un programme de sauvetage et d'élevage en captivité.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communBubale d'Afrique du Nord
English nameBubal hartebeest
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleAlcelaphinae
GenreAlcelaphus
EspèceAlcelaphus buselaphus
Nom binominalAlcelaphus buselaphus buselaphus
Décrit parPeter Simon Pallas
Date1766



Satut IUCN

Eteint (EX)

SOURCES

Arkive

Liste rouge IUCN des espèces menacées

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

The Sixth Extinction

Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Princeton University Press.

Estes, R. D. (1991). The Behavior Guide to African Mammals: Including Hoofed Mammals, Carnivores, and Primates. University of California Press.

Cowling, R. M., & Pierce, S. M. (1999). Evolution of African Ecosystems. African Journal of Ecology

Beudels, R. C., et al. (2005). Antelope Conservation: North Africa and the Middle East. UNEP & CMS.

Hirst, S. M. (1975). "Ungulate ecology in arid ecosystems." African Journal of Ecology.

Haltenorth, T., & Diller, H. (1980) A Field Guide to the Mammals of Africa Including Madagascar. Collins.

Beudels, R. C., et al. (2005). Antelope Conservation: North Africa and the Middle East. UNEP/CMS Secretariat.

Newby, J. (1981). "The decline of the Bubal Hartebeest (Alcelaphus buselaphus buselaphus) in North Africa.". Oryx, 16(3), 201-204.

Gilbert, A. (1966). "The Bubal Hartebeest in History and its Extinction.". Journal of African Zoology.