Gazelle à front roux (Eudorcas rufifrons)
La gazelle à front roux (Eudorcas rufifrons) est un bovidé emblématique des zones sahéliennes et soudaniennes d’Afrique. Bien qu’elle soit moins connue que d’autres espèces de gazelles comme la gazelle de Thomson ou la gazelle dorcas, elle joue un rôle clé dans les écosystèmes semi-arides. Toutefois, ses populations sont en déclin à cause de la chasse excessive et de la perte d’habitat.

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La gazelle à front roux est une antilope de taille moyenne, mesurant entre 60 et 75 cm au garrot pour un poids variant de 20 à 35 kg. Son corps est élancé, adapté à la course rapide, une caractéristique essentielle pour échapper aux prédateurs dans les vastes plaines semi-arides où elle évolue. Elle possède de longues et fines jambes, typiques des gazelles, qui lui permettent de se déplacer avec agilité et rapidité.
Son pelage est caractéristique, arborant une teinte fauve rougeâtre sur le dos et les flancs, tandis que le ventre et la partie interne des membres sont d’un blanc pur, créant un fort contraste. Une bande plus sombre sépare ces deux zones, un motif qui peut jouer un rôle dans le camouflage en brisant les contours du corps et en le rendant plus difficile à distinguer pour les prédateurs son environnement.
La gazelle de Thomson (Eudorcas thomsonii) est physiquement proche de la gazelle à front roux, mais reste facilement identifiable par ses très larges rayures noires secondaires. La gazelle dorcas (Gazella dorcas), partage certaines parties de son aire de répartition avec la gazelle à front roux, mais n'a pas la bande noire sur le côté (elle est rouge), et ses cornes sont bien plus incurvées.
Le front de cette gazelle est d’une teinte rousse plus prononcée, ce qui lui vaut son nom commun. Ses cornes annelées et recourbées vers l’arrière sont présentes chez les deux sexes, bien que celles des mâles soient généralement plus longues et plus épaisses que celles des femelles. Ces cornes servent principalement lors des combats entre mâles pour la domination et l’accès aux femelles en période de reproduction.
L’adaptation à la vie en milieu aride se manifeste également par des caractéristiques physiologiques spécifiques, comme la capacité à supporter des températures élevées et à réduire ses besoins en eau en extrayant l’humidité de son alimentation.

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La gazelle à front roux était autrefois présente dans les prairies sèches et les savanes sahéliennes, du sud de la Mauritanie et du nord du Sénégal jusqu'à la rive ouest du Nil au Soudan. Elle est probablement éteinte au Ghana. Elle est désormais réduite à des zones dispersées et localisées.
Autrefois, cette espèce était largement répandue dans la zone sahélienne, dans les prairies sahéliennes, les savanes et les savanes boisées, ainsi que dans les zones arbustives. La gazelle à front roux est capable de s'adapter dans une certaine mesure à l'occupation humaine de son habitat; par exemple, on sait qu'elle réoccupe les terres en jachère si une couverture suffisante est disponible. On la trouve localement en nombres petits à modérés dans des zones de pâturages largement inexploités. On sait qu'elle effectue des déplacements saisonniers dans certaines parties de son aire de répartition, bien que ceux-ci soient de plus en plus limités par l'occupation humaine.

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La gazelle à front roux est un herbivore dont le régime alimentaire est principalement composé d’herbes, de feuilles, de jeunes pousses et de fruits. Son alimentation varie en fonction des saisons et de la disponibilité des ressources, un comportement essentiel pour sa survie dans un environnement où l’eau et la nourriture peuvent être rares pendant de longues périodes.
En saison des pluies, elle consomme une grande quantité d’herbes tendres et riches en nutriments. Toutefois, lorsque la saison sèche s’installe et que les pâturages deviennent rares, elle se tourne vers des aliments plus ligneux, tels que les feuilles d’acacias et d’autres arbustes. Elle est également capable de se nourrir de plantes riches en eau, ce qui lui permet de réduire sa dépendance aux points d’eau.
Contrairement aux grands herbivores qui doivent se désaltérer fréquemment, la gazelle à front roux peut survivre sans boire pendant de longues périodes en minimisant ses pertes hydriques grâce à une concentration élevée de son urine et une réduction de l’évaporation par la respiration. Ce type d’adaptation lui permet de survivre dans des environnements où peu d’ animaux seraient capables de subsister.

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La reproduction de la gazelle à front roux est saisonnière et dépend fortement des conditions climatiques et de la disponibilité des ressources alimentaires. La période de rut survient généralement à la fin de la saison des pluies, lorsque la nourriture est abondante et que les conditions sont favorables à l’élevage des jeunes. Les mâles deviennent plus territoriaux pendant cette période et défendent activement leurs zones contre les rivaux. Les combats entre mâles peuvent être intenses, bien qu’ils se limitent souvent à des démonstrations de force plutôt qu’à de véritables blessures. Le mâle dominant forme un harem de plusieurs femelles avec lesquelles il s’accouple.
La gestation dure environ six mois, après quoi la femelle met au monde un seul petit, bien que des cas de jumeaux soient parfois observés. Le nouveau-né est capable de se tenir debout et de marcher peu de temps après la naissance, mais il reste caché dans la végétation pendant les premiers jours afin d’échapper aux prédateurs. L’allaitement dure plusieurs mois, mais le jeune commence rapidement à consommer des aliments solides. À l’âge de six mois, il est généralement sevré et commence à acquérir son indépendance. La maturité sexuelle est atteinte vers un an et demi à deux ans, bien que les jeunes mâles ne puissent souvent se reproduire qu’après avoir défié et battu des mâles dominants.
La gazelle à front roux a une espérance de vie d'environ 10 à 12 ans à l'état sauvage. En captivité, où elle est protégée des prédations et reçoit des soins vétérinaires, elle peut vivre un peu plus longtemps, jusqu'à 15 ans.

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La gazelle à front roux est une espèce principalement diurne, active en début de matinée et en fin d’après-midi pour éviter les températures extrêmes de la journée. Elle adopte un comportement à la fois grégaire et opportuniste, vivant en petits groupes familiaux composés de femelles et de jeunes, tandis que les mâles adultes sont souvent solitaires ou regroupés en petites coalitions.
En dehors de la saison de reproduction, les mâles peuvent errer seuls ou former des groupes de célibataires. Les femelles, quant à elles, restent avec leurs petits et forment des troupeaux qui peuvent parfois se regrouper en plus grandes unités en fonction de la disponibilité des ressources.
Cette gazelle est extrêmement vigilante face aux prédateurs. Son principal moyen de défense repose sur la fuite rapide et les bonds impressionnants (stotting), qui lui permettent de déstabiliser ses poursuivants. Lorsqu’elle perçoit un danger, elle émet un signal d’alarme, souvent sous forme de mouvements brusques ou de vocalisations discrètes.

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Comme beaucoup d’antilopes de taille moyenne, la gazelle à front roux est une proie de choix pour de nombreux prédateurs, notamment les félins et les carnivores sociaux. Ses stratégies de défense reposent principalement sur sa rapidité et son agilité, mais elle demeure vulnérable à plusieurs espèces.
Les félins constituent les principaux prédateurs de la gazelle à front roux. Ces carnivores sont particulièrement bien adaptés à la chasse dans les vastes espaces ouverts où vit la gazelle. Parmi les plus notables :
* Guépard : Le guépard est sans doute le prédateur le plus redoutable pour la gazelle à front roux. Capable d'atteindre des vitesses impressionnantes de 100 km/h sur de courtes distances, il chasse principalement par course rapide, utilisant sa vitesse pour rattraper ses proies. La gazelle est particulièrement vulnérable lors de ces courses effrénées, bien que ses capacités à faire des bonds soudains et sa rapidité lui offrent parfois une chance d'échapper à son poursuivant.
* Lion : Bien que les lions soient moins rapides que les guépards, ils sont plus puissants et plus organisés en tant que groupe. Les lions chassent en groupes et sont capables de capturer des proies de grande taille, y compris les gazelles. Les mâles dominants jouent souvent un rôle clé dans la capture, tandis que les lionnes, qui sont les principales chasseuses, se répartissent les tâches au sein de la troupe. Lorsqu’une gazelle est capturée, elle est rapidement submergée par le nombre et la force de ses assaillants.
* Léopard : Le léopard, un chasseur plus discret, utilise sa force et son agilité pour saisir des proies plus petites comme la gazelle à front roux. Bien que moins rapide que le guépard, le léopard compense par sa capacité à se cacher et à se faufiler silencieusement pour surprendre ses proies.
Les carnivores sociaux, comme les hyènes et les lycaons, représentent également une menace pour la gazelle à front roux. Ces animaux chassent souvent en groupes.
* Hyène tachetée : La hyène tachetée est un prédateur opportuniste, souvent en groupe, capable de chasser en meute pour prendre en embuscade la gazelle à front roux. Les hyènes sont également de grands charognards, ce qui signifie qu'elles ne se contentent pas de chasser activement, mais profitent aussi des carcasses laissées par d'autres carnivores.
* Lycaon : Bien qu'il soit moins répandu que les autres prédateurs, le lycaon est également un chasseur extrêmement efficace lorsqu'il se déplace en meute. En raison de leur travail d'équipe, ces canidés peuvent traquer des gazelles, les encercler et les capturer. Leur endurance leur permet de courir sur de longues distances, fatiguant leurs cibles et les rendant plus vulnérables à l'attaque.
Les jeunes sont les plus vulnérables à la prédation. D'autres carnivores potentiels se rajoutent aux autres ennemis de la gazelle à front roux :
* Chacal doré et Caracal : Le chacal doré ainsi que le caracal représentent également une menace pour les jeunes gazelles, en particulier celles qui n'ont pas encore acquis la capacité de se défendre efficacement.
* Rapace : Les jeunes gazelles, en particulier les nouveau-nés, peuvent aussi être victimes de grands rapaces tels que l'aigle royal ou le bateleur des savanes, qui attaquent en volant et capturent les proies plus petites. Ces rapaces sont particulièrement dangereux pour les jeunes gazelles qui sont moins agiles et vulnérables lorsqu'elles sont encore jeunes et immatures.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
Les populations de gazelles à front roux ont été réduites à des vestiges dispersés sur la majeure partie de leur aire de répartition par la chasse illégale, la concurrence avec le bétail domestique et la dégradation de l'habitat résultant de la sécheresse, du surpâturage du bétail et du défrichement des terres pour l'agriculture.
La gazelle à front roux est considérée comme une espèce menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "Vulnérable" (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN.
Environ 15 % de l'aire de répartition de cette espèce se trouvait dans des parcs nationaux, en particulier ceux de W (Niger, Burkina Faso, Bénin), de Waza (Cameroun) et de Zakouma (Tchad). L'extension d'une protection et d'une gestion efficaces à d'autres populations que celles des zones telles que les parcs nationaux de Zakouma et de Waza est nécessaire. L'élaboration et la mise en oeuvre de plans d'utilisation des terres qui tiennent compte des besoins de la faune sauvage en dehors des aires protégées dans des pays comme le Tchad et le Soudan seraient également d'un grand bénéfice pour de nombreuses populations restantes de cette espèce.
Un nombre limité de gazelles à front roux (inférieur à 25) sont maintenues en captivité, mais sans programmes de reproduction officiels.

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La gazelle à front roux appartient à la famille des Bovidae, un groupe qui comprend la majorité des ongulés et des antilopes. Le genre Eudorcas est spécifique aux gazelles et regroupe plusieurs espèces, dont la gazelle à front roux et la gazelle de Thomson. Ce groupe appartient à la sous-famille des Antilopinae, qui comprend également des genres comme Gazella et Antilope. La famille des Bovidae est une famille large qui inclut également des animaux comme les boeufs, les chèvres, les moutons, les gazelles et les antilopes.
Le nom scientifique de la gazelle à front roux, Eudorcas rufifrons, est dérivé de deux parties :
* Eudorcas : Ce genre tire son nom du grec ancien "eu", signifiant "bon" ou "beau", et "dorkas", qui signifie "gazelle" en grec. Le nom Eudorcas est donc traduit par "belle gazelle", en référence à l'apparence élégante et gracieuse de ces animaux.
* rufifrons : Ce terme provient du latin "rufus", signifiant "roux" ou "rouge", et "frons", signifiant "front". Ce nom fait directement référence à la caractéristique la plus distinctive de l'espèce, à savoir la tache rougeâtre présente sur le front de la gazelle, d'où le nom commun "Gazelle à front roux".
La gazelle à front roux est une espèce qui, jusqu’à aujourd’hui, est généralement considérée comme n’ayant pas de sous-espèces officiellement reconnues. Toutefois, certaines variations de couleur et de taille peuvent être observées entre les populations, en fonction des régions géographiques où elles se trouvent, mais ces différences n’ont pas été suffisamment marquées pour justifier une division formelle en sous-espèces. La distribution de Eudorcas rufifrons se concentre dans les zones semi-arides de l'Afrique de l'Est, principalement au Soudan, en Éthiopie, au Kenya et en Tanzanie. Les populations vivant dans des zones plus sèches ou plus montagneuses peuvent présenter des différences physiologiques mineures, comme des variations de taille ou de couleur du pelage, mais cela ne constitue pas une sous-espèce distincte.
Toutefois, certains organismes tels que l'ITIS reconnaissent au moins cinq sous-espèces distinctes de gazelle à front roux :
- Eudorcas rufifrons albonotata (gazelle de Mongalla). Aujourd'hui reconnue temporairement comme une espèce distincte
- Eudorcas rufifrons kanuri
- Eudorcas rufifrons laevipes
- Eudorcas rufifrons rufifrons
- Eudorcas rufifrons tilonura (gazelle de Heuglin). Aujourd'hui reconnue comme une espèce distincte

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Nom commun | Gazelle à front roux |
English name | Red-fronted Gazelle |
Español nombre | Gacela de frente roja |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Antilopinae |
Genre | Eudorcas |
Nom binominal | Eudorcas rufifrons |
Décrit par | John Edward Gray |
Date | 1846 |
Satut IUCN | ![]() |
Liste rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Princeton University Press.
Estes, R. D. (1991). The Behavior Guide to African Mammals. University of California Press.
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