Le genre Gazella, appartenant à la famille des Bovidae et à la sous-famille des Antilopinae, regroupe plusieurs espèces emblématiques des milieux arides et semi-arides d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie centrale. Ces gazelles graciles et véloces sont connues pour leur capacité d’adaptation à des environnements hostiles et pour leurs comportements sociaux variés. Leur morphologie élégante, caractérisée par de longues pattes fines et des cornes annelées, en a fait un sujet d’intérêt pour les zoologues, les écologistes et les naturalistes depuis le XIXe siècle. Cependant, la taxonomie de ce groupe a longtemps été sujette à révisions en raison de la complexité des relations phylogénétiques entre les espèces et des limites floues entre certains taxons proches.
Traditionnellement, le genre Gazella comprenait un grand nombre d’espèces aujourd’hui réparties entre plusieurs genres distincts, notamment Eudorcas et Nanger, sur la base de données morphologiques et génétiques. Actuellement, selon les bases taxonomiques reconnues, le genre Gazella comprend les espèces suivantes :
Certaines espèces comme Gazella bilkis, autrefois décrite au Yémen, sont considérées éteintes ou invalides taxonomiquement.
TAXONOMIE
L'histoire taxonomique du genre Gazella est complexe et a été marquée par des révisions importantes au fil du temps, notamment avec l'avènement des analyses génétiques. Historiquement, le genre Gazella était beaucoup plus vaste, regroupant un grand nombre d'espèces de gazelles d'Afrique et d'Asie.
Le genre Gazella a été formellement établi par Henri-Marie Ducrotay de Blainville en 1816. Auparavant, Carl von Linné avait décrit certaines gazelles, les plaçant souvent dans le genre Capra ou Antilope. Au fur et à mesure des explorations et des découvertes en Afrique et en Asie, de nouvelles espèces de gazelles ont été identifiées et nommées, basées principalement sur des critères morphologiques comme la taille, la couleur du pelage, la forme et la taille des cornes. À cette époque, de nombreuses formes étaient considérées comme des espèces distinctes, même si elles étaient étroitement liées.
Au XXe siècle, des taxonomistes comme George Gaylord Simpson et Valerius Geist ont tenté de rationaliser la classification des bovidés, y compris les gazelles. Des sous-genres ont été proposés au sein de Gazella pour regrouper les espèces plus proches. Cependant, la délimitation précise des espèces et des sous-espèces restait un défi en raison de la variabilité morphologique intraspécifique et de la difficulté à établir des critères distinctifs clairs pour toutes les formes. Il y a eu des périodes où le genre Gazella était considéré comme un "fourre-tout" pour de nombreuses petites antilopes.
L'avènement des techniques de génétique moléculaire (analyse de l'ADN mitochondrial et nucléaire) a profondément modifié notre compréhension de la phylogénie des gazelles. Ces études ont révélé que le genre Gazella, dans son acception traditionnelle large, était polyphylétique ou paraphylétique. Cela signifie qu'il ne regroupait pas toutes les espèces descendant d'un ancêtre commun unique, ou qu'il laissait de côté des descendants de cet ancêtre commun. C'est sur la base de ces preuves génétiques que le genre Gazella a été restreint à un groupe plus monophylétique d'espèces, principalement asiatiques et nord-africaines. Parallèlement, plusieurs espèces qui étaient auparavant incluses dans Gazella ont été élevées au rang de genres distincts (Eudorcas et Nanger).
Il est important de noter que même au sein de ce genre restreint, des débats persistent sur le statut de certaines sous-espèces ou populations, notamment en raison de leur morphologie très similaire (cryptic species) ou de leur hybridation potentielle. Les recherches continuent de fournir de nouvelles perspectives sur les relations évolutives des gazelles.
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