Le genre Nanger regroupe un petit nombre d’antilopes africaines élancées et rapides, autrefois classées parmi les Gazella. Ces bovidés, typiques des savanes ouvertes et semi-arides, se distinguent par leur taille plus grande que celle des vraies gazelles, ainsi que par des cornes en forme de lyre présentes chez les deux sexes. Leur comportement grégaire, leur grande agilité et leur adaptation aux milieux chauds en font des représentantes emblématiques des paysages africains. Ce genre, bien que parfois encore confondu avec Gazella dans certaines classifications anciennes, a été rétabli en tant que groupe distinct à partir de critères morphologiques et moléculaires solides. Aujourd’hui, Nanger est considéré comme un genre valide par les autorités taxonomiques.
Les espèces formant le genre Nanger
LES ESPÈCES
Le genre Nanger comprend actuellement trois espèces reconnues, toutes endémiques du continent africain :
Ces espèces se différencient par leurs caractéristiques morphologiques (notamment la forme des cornes et la coloration du pelage), leur répartition géographique et certains comportements sociaux. Il est important de noter que même au sein de ces espèces, il y a eu des débats sur le statut de certaines sous-espèces, certaines populations pouvant être élevées au rang d'espèces à part entière (par exemple, des travaux récents ont pu suggérer l'élévation de sous-espèces de la gazelle de Grant, comme Nanger notatus ou Nanger petersii).
TAXONOMIE
L'histoire taxonomique du genre Nanger, qui regroupe certaines des plus grandes gazelles africaines, est un exemple classique de la manière dont les classifications évoluent avec l'accumulation de connaissances, passant d'un regroupement large à une différenciation plus fine.
Historiquement, toutes les espèces de gazelles, y compris celles qui sont aujourd'hui dans le genre Nanger, étaient classées dans le genre très vaste Gazella. Carl Linnaeus, en 1758, dans son Systema Naturae, a initialement placé de nombreuses antilopes, y compris les gazelles, sous le genre Antilope. Au début du XIXe siècle, le genre Gazella a été établi pour regrouper spécifiquement les gazelles, distinguant ces animaux gracieux des antilopes plus robustes.
Le genre Nanger a été formellement établi par Fernand Lataste en 1885. Cependant, pendant une longue période, Nanger n'a pas été universellement reconnu comme un genre distinct, mais plutôt comme un sous-genre au sein de Gazella. Les gazelles de ce groupe étaient souvent désignées comme Gazella (Nanger). Cette approche reflétait l'idée qu'elles formaient un groupe distinct, mais pas encore suffisamment différencié pour justifier un statut générique complet.
La reconnaissance de Nanger comme un genre à part entière est le résultat de travaux taxonomiques plus récents, en particulier ceux menés par des mammalogistes tels que Colin Groves. Des études morphologiques détaillées, comparant la structure crânienne, la dentition, la forme des cornes et d'autres caractéristiques anatomiques, ont mis en évidence des différences significatives entre les gazelles du groupe Nanger et celles du genre Gazella sensu stricto ou du genre Eudorcas (comme la gazelle de Thomson). Ces études ont montré que les espèces de Nanger formaient un clade monophylétique (un groupe d'organismes qui partagent un ancêtre commun unique non partagé par d'autres groupes) distinct des autres gazelles.
Plus récemment, les analyses génétiques, notamment basées sur l'ADN mitochondrial et nucléaire, ont fortement corroboré ces distinctions morphologiques. Les preuves moléculaires ont confirmé que les espèces du genre Nanger constituent un lignage évolutif distinct, justifiant leur élévation au rang de genre.
Linnaeus, C. (1758). Systema Naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Editio decima, reformata. Holmiae. (Laurentii Salvii).
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