Les suidés sont originaires d'Eurasie et d'Afrique, et leur évolution est intimement liée à celle des écosystèmes terrestres de l'Ancien Monde. Les premières formes de suidés sont apparues à l'Éocène, il y a environ 37 millions d'années, et se sont diversifiées au Miocène, il y a environ 20 millions d'années. Au cours de leur évolution, les suidés ont développé des adaptations morphologiques et comportementales pour survivre dans une variété d'habitats, allant des forêts denses aux savanes ouvertes.
Les suidés modernes présentent deux lignées principales : les suidés "classiques" (dont les porcs et les sangliers) et les Phacochoerinae (qui incluent les phacochères). Le genre Sus, auquel appartient le sanglier, est l’un des plus connus et a une grande importance évolutive et écologique. Cette lignée s’est répandue dans le monde entier, en grande partie grâce à l’introduction des porcs domestiques par l’homme. Le genre Phacochoerus, représenté par les phacochères, a évolué principalement en Afrique et montre des adaptations uniques, comme des crocs redoutables utilisés pour la défense contre les prédateurs et un comportement fouisseur pour l'alimentation.
Les adaptations évolutives des suidés sont également liées à leur capacité à tolérer une large gamme de climats et d'habitats, y compris des zones forestières, semi-désertiques et même marécageuses. Cette capacité d’adaptation a permis à certaines espèces, comme le sangliers, de coloniser des régions où d'autres grands mammifères ne survivent pas, contribuant à leur succès évolutif.
Les premiers suidés ancestraux sont apparus dans les régions tropicales de l'Asie du Sud-Est. Ces premiers suidés, connus sous le nom de suoidea, présentaient déjà certains traits caractéristiques de la famille, notamment des dents adaptées à un régime omnivore. L'évolution des suidés s'est rapidement accélérée pendant le Miocène, lorsque des conditions climatiques favorables et de vastes prairies ont permis une diversification rapide des espèces. Les fossiles des suidés miocènes révèlent une grande variété d’espèces qui occupaient différents habitats allant des forêts tropicales aux savanes ouvertes. Parmi ces premières espèces, certaines ressemblaient davantage aux actuels potamochères et babiroussas, tandis que d'autres étaient plus proches des sangliers modernes et des porcs domestiques.
Le Miocène a été une période cruciale pour les suidés, marquée par une diversification et une expansion géographique importantes. Cette période a vu l’émergence de plusieurs genres fossiles tels que :
Listriodon : Ce genre fossile présente des molaires larges et plates, adaptées à un régime principalement herbivore. Listriodon a vécu en Europe, en Afrique et en Asie durant le Miocène et semble être l'un des premiers suidés adaptés aux prairies ouvertes, se nourrissant principalement de végétation.
Propotamochoerus et Conohyus : Ces genres sont des ancêtres des potamochères modernes. Ils possédaient des caractéristiques dentaires qui montrent des adaptations à un régime omnivore et vivaient dans des forêts et des environnements marécageux.
Kubanochoerus : Un suidé éteint d'Asie et d'Europe qui a existé durant le Miocène. Il possédait de grandes défenses et un crâne massif, ressemblant quelque peu aux actuels phacochères. Kubanochoerus est un bon exemple de l'adaptation des suidés à des environnements variés et de leur capacité à développer des caractéristiques uniques en fonction de leur niche écologique.
Après le Miocène, les conditions climatiques ont continué à changer, entraînant l'adaptation et l'évolution des suidés restants. Durant le Pliocène (il y a 5,3 à 2,6 millions d'années) et le Pléistocène (il y a 2,6 millions d'années à environ 11 700 ans), les suidés ont continué à évoluer et à s'adapter à de nouveaux environnements. De nombreuses espèces des genres actuels, comme Sus et Phacochoerus, se sont diversifiées pendant ces périodes.
Sus strozzi : Une espèce fossile proche du sanglier moderne, retrouvée en Europe et datant du Pléistocène. Elle montre des adaptations au climat plus frais de l'époque glaciaire, avec une taille corporelle imposante et des os robustes, probablement pour mieux gérer des conditions climatiques difficiles.
Metridiochoerus et Kolpochoerus : Ces genres africains sont apparentés aux phacochères modernes et ont existé au Pléistocène. Ils avaient des défenses similaires aux phacochères actuels et vivaient dans des environnements semi-arides. Leurs restes fossiles montrent qu'ils étaient bien adaptés aux savanes africaines, un milieu écologique qui est encore le domaine des phacochères modernes.
DESCRIPTION
Les suidés présentent des caractéristiques morphologiques distinctes. Ce sont des animaux au corps trapu, aux membres relativement courts, et pourvus d'une tête massive. Leurs membres, souvent courts et robustes, se terminent par des sabots, caractéristique commune chez les artiodactyles. La forme de leur museau est l'un des traits les plus frappants et distinctifs : leur nez est prolongé en un groin flexible et sensible, qui leur permet de fouiller le sol pour dénicher des racines, des tubercules et d'autres aliments. Les suidés possèdent une dentition adaptée à leur régime omnivore, avec des canines qui se développent en défenses, particulièrement chez les mâles.
La taille des Suidés varie considérablement selon les espèces. Par exemple, le babiroussa, un petit suidé d'Indonésie, mesure environ 85 cm de long et pèse environ 100 kg, tandis que les plus grands représentants, comme le porc domestique et le sanglier, peuvent atteindre jusqu'à 200 kg. Leur corps est souvent couvert d’une fourrure relativement éparse, qui peut être plus ou moins dense selon le climat de leur habitat naturel. La couleur de leur pelage varie également, allant du brun foncé au gris et au noir.
HABITAT
Les suidés sont originaires des régions de l’Ancien Monde, principalement d’Eurasie et d’Afrique, et leur distribution naturelle et introduite couvre aujourd’hui une grande partie de la planète. La répartition géographique des suidés dépend en grande partie de leur tolérance à divers climats, de leur capacité à s'adapter à des habitats variés et, pour certaines espèces comme le porc domestique et le sanglier, de l'influence humaine qui a favorisé leur diffusion dans le monde entier.
Distribution naturelle des principales espèces
Afrique
Potamochère roux : Originaire des forêts tropicales et des savanes humides de l'Afrique centrale et de l'Afrique de l'Ouest, il est particulièrement présent dans les forêts denses où il se nourrit de racines, de fruits et d'insectes.
Phacochère commun : Répandu dans les savanes d’Afrique subsaharienne, des zones boisées et semi-arides jusqu’aux prairies. Les phacochères sont bien adaptés aux environnements ouverts et secs et vivent dans des terriers pour se protéger des prédateurs et des températures élevées.
Hylochère : Se trouve dans les forêts tropicales humides d'Afrique centrale et de l'Ouest, des zones comme le bassin du Congo jusqu’en Ouganda. C'est un animal rarement observé en raison de son habitat dense et difficile d’accès.
Eurasie
Sanglier : Originaire d’Europe, d'Asie et d'Afrique du Nord, il possède aujourd'hui la répartition naturelle la plus vaste parmi les suidés. Les populations de sangliers sont présentes dans des forêts tempérées, des marécages, des zones agricoles, et même dans des régions semi-arides. En Eurasie, le sanglier a une forte capacité d’adaptation qui lui permet de vivre aussi bien dans les climats tempérés que subtropicaux.
Sanglier de Java : Endémique de Java, en Indonésie. Cette espèce est limitée aux forêts tropicales et aux zones montagneuses de cette île et est menacée en raison de la perte de son habitat naturel.
Babiroussa : Originaire d'Indonésie, notamment des îles de Sulawesi, Buru et Sula, où il vit dans les forêts tropicales et les marécages. Son habitat est en recul en raison de la déforestation pour les plantations agricoles et la chasse.
Asie du Sud-Est
Potamochère du Cap : Cette espèce est présente en Afrique orientale et australe, notamment dans les savanes sèches et les zones plus boisées des montagnes. Elle s’adapte aux zones arides en trouvant des points d’eau où elle peut fouiller pour se nourrir.
Le sanglier a également été introduit par l’homme dans plusieurs régions hors de son aire de répartition naturelle. En Amérique du Nord, il a été introduit pour la chasse au XIXe et XXe siècles. Il s'est adapté et a proliféré dans les États-Unis, notamment dans le Sud et dans l’Ouest. Les populations sauvages de sangliers ou de porcs féraux causent aujourd'hui des dommages aux cultures et sont considérées comme des espèces envahissantes. En Océanie, notamment en Nouvelle-Zélande et en Australie, les sangliers et les porcs sauvages causent des dégâts significatifs aux écosystèmes locaux. En Australie, ils sont responsables de la destruction de la végétation et de la dégradation des sols, perturbant les habitats naturels et représentant une menace pour la faune indigène.
BIOLOGIE
Les suidés sont des animauxomnivores opportunistes. Leur régime alimentaire comprend des végétaux, des fruits, des racines, des insectes, des petits vertébrés et des charognes. Ils jouent un rôle important dans leur écosystème en tant que "fouisseurs", car ils aèrent le sol en le creusant avec leur groin à la recherche de nourriture. Ce comportement contribue à la dispersion des graines et aide à maintenir la diversité des plantes dans leur habitat.
Les suidés possèdent un estomac simple, contrairement aux ruminants qui ont un estomac en plusieurs compartiments. Cependant, leur intestin est adapté à la digestion de divers types d’aliments végétaux et animaux. Ils sont aussi capables de digérer une quantité significative de matière fibreuse grâce à des adaptations spécifiques de leur système digestif.
En termes de reproduction, les suidés se caractérisent par une gestation relativement courte, entre 4 et 5 mois selon les espèces, et un taux de reproduction élevé. Les portées varient, mais les femelles peuvent donner naissance à plusieurs petits à la fois, et cela plusieurs fois par an dans des conditions optimales. Les jeunes naissent bien développés et sont capables de se déplacer rapidement après la naissance, ce qui les aide à échapper aux prédateurs. La durée de vie des suidés en milieu naturel varie, mais elle se situe en moyenne autour de 10 à 15 ans, bien que certains individus puissent vivre plus longtemps en captivité.
LES ESPÈCES
La famille des suidés est divisée en plusieurs genres et espèces, chacun présentant des caractéristiques spécifiques :
Le choeropotame, originaire d'Afrique orientale et méridionale, avait été auparavant proposé comme espèce distincte. Il est considéré comme appartenant à la sous-espècePotamochoerus larvatus koiropotamus du potamochère du Cap (Potamochoerus larvatus).
Grubb, P. (2001). "Mammals of Africa: Pigs, Hippos, Chevrotain, Giraffes, Deer, and Bovids." In Handbook of the Mammals of the World, vol. 2.
White, R. W., & Harris, J. M. (2004). "Evolutionary history and biogeography of the suids (Family Suidae)." In Paleontological Society Papers, 10, 55-69.
Les archives fossiles et l’évolution des Suidés - Smithsonian National Museum of Natural History et Museum National d'Histoire Naturelle, Paris.