Sanglier nain (Porcula salvanius)
Le sanglier nain (Porcula salvanius) est l’un des suidésLes suidés (Suidae) les plus rares et les plus petits au monde. Ce mammifèreLes mammifères (Mammalia) discret et menacé est endémique des prairies herbeuses de l’Assam et des régions avoisinantes en Inde. Autrefois classé dans le genre SusGenre Sus avec les autres sangliersSanglier (Sus scrofa), il est aujourd'hui classé dans le genre Porcula dont il est l'unique représentant. Le sanglier nain est également appelé Porc nain ou sanglier pygmée.
Le sanglier nain est un animal remarquablement petit, ce qui le distingue des autres membres de la famille des en fait une anomalie parmi les suidés généralement de taille moyenne à grande. Les adultes mesurent entre 55 et 71 cm de long, ce qui correspond à la taille d’un lapin de grande race ou d’un petit chien domestique. La hauteur au garrot varie de 20 à 30 cm, leur conférant une stature compacte, bien adaptée pour évoluer dans les herbes denses. Les mâles et les femelles pèsent respectivement entre 8 et 11 kg et 6 à 9 kg. Le dimorphisme sexuel est peu prononcé chez cette espèce. Les mâles sont légèrement plus grands et plus lourds que les femelles, mais leurs différences sont subtiles. Leur queue est courte et discrète, mesurant à peine 2 à 3 cm. Elle est généralement cachée dans son pelage.
Le pelage du sanglier nain est fonctionnel et discret. Il est généralement brun foncé, parfois noirâtre, avec des nuances légèrement plus claires sur le dos et les flancs. Le poil est dense, rugueux et grossier. Cette texture les protège des intempéries et des blessures causées par les plantes ou les herbes épaisses. Sa coloration sombre l'aide à se fondre dans les ombres des hautes herbes de son habitat naturel, lui offrant un excellent camouflage contre les prédateurs. Contrairement à d’autres sangliers, l'espèce ne présente pas de crinière dorsale, ce qui contribue à son aspect compact et discret.
La tête du sanglier nain est fine et adaptée à ses besoins alimentaires et comportementaux. Son crâne est allongé, avec un museau fin et mobile. Ce museau est particulièrement adapté pour fouiller le sol à la recherche de sa nourriture. Les yeux sont relativement petits et placés de manière latérale, lui offrant un large champ de vision pour détecter les mouvements autour de lui, une adaptation importante pour détecter les prédateurs. Les oreilles sont petites, arrondies et poilues, lui offrant une sensibilité suffisante pour détecter les sons dans son environnement. Les pattes courtes et robustes sont conçues pour la vitesse et la stabilité dans les environnements herbeux. Les membres sont proportionnellement courts, mais puissants, lui permettant de courir rapidement sur de courtes distances en cas de danger. Comme tous les suidés, ses sabots sont fendus, ce qui lui donne une bonne adhérence sur des terrains variés, notamment les sols boueux ou herbeux.
Le museau est doté d’un sens olfactif très développé, utilisé pour détecter la nourriture sous le sol. Contrairement aux autres suidés, les mâles n’ont pas de défenses proéminentes, une caractéristique fréquente dans cette famille.
Par le passé, la présence du sanglier nain n'a été confirmée que dans quelques rares endroits du nord du Bengale occidental et du nord-ouest de l'Assam en Inde, mais on pense qu'il était probablement présent dans les prairies alluviales hautes et humides s'étendant dans une étroite ceinture au sud des contreforts de l'Himalaya, du nord-ouest de l'Uttar Pradesh et du sud du Népal jusqu'à l'Assam, s'étendant peut-être par intervalles dans des habitats contigus du sud du Bhoutan. Cependant, l'espèce est désormais confinée à quelques endroits dans et autour du parc national de Manas dans le nord-ouest de l'Assam. Les lâchers ont augmenté la population sauvage de sangliers nains de plus de 40 %, passant de moins de 200 animaux sauvages dans une sous-population en 1996 à environ 275 dans trois sous-populations en 2014.
Le sanglier nain dépend des prairies herbeuses tropicales et subtropicales, un écosystème très spécifique. Les prairies denses et hautes sont dominées par des herbes telles que Saccharum (canne à sucre sauvage), Narenga, et Themeda. Ces plantes atteignent souvent une hauteur de 2 à 3 mètres, offrant une couverture parfaite pour la dissimulation et la nidification. Les prairies sont souvent situées à proximité de zones marécageuses ou de rivières saisonnières, fournissant une source d’eau essentielle et un sol riche pour leur alimentation. Le sol de ces prairies est généralement meuble et humide, facilitant leur fouissage pour rechercher la nourriture.
Le sanglier nain est un animal omnivore avec une forte prédilection pour les végétaux. Il se nourrit principalement de jeunes pousses, de racines, de tubercules, de graines et d’herbes. Il consomme également des fruits tombés. Bien qu’il préfère les matières végétales, il ingère également des insectes, des petits invertébrés, des rongeurs des petits reptiles et des oeufs d’oiseaux au sol.
Grâce à son museau sensible et mobile, il peut détecter des racines ou des insectes sous la surface du sol. Il retourne la terre ou la litière pour accéder à sa nourriture. En tant que fouisseurs, ce mammifère contribue au renouvellement des sols et participe à la dispersion des graines, jouant ainsi un rôle écologique clé dans son habitat.
Le sanglier nain possède un cycle reproductif caractérisé par des portées limitées et un soin parental notable. La période de reproduction est généralement calquée sur les cycles saisonniers, avec des accouplements observés principalement entre les mois de novembre et février. La durée de gestation est d’environ 100 à 120 jours après laquelle les femelles donnent naissance à une portée de 3 à 6 marcassins. Ce nombre relativement faible est compensé par le taux de survie élevé des petits. Les femelles construisent des nids avec de l’herbe et d’autres matériaux végétaux pour protéger les petits. Ces derniers sont sevrés après environ 2 à 3 mois, mais restent avec leur mère pendant plusieurs mois supplémentaires. Les jeunes atteignent leur maturité sexuelle vers l’âge de 10 à 12 mois, bien qu’ils continuent de croître jusqu’à environ 18 mois. À l'état sauvage, le sanglier nain a une espérance de vie de 10 ou 12 ans.
Le comportement du sanglier nain est fortement influencé par son besoin de discrétion dans son habitat naturel. C'estt un animal crépusculaire, actif principalement tôt le matin et en fin d’après-midi. Pendant la journée, il se réfugie dans les hautes herbes ou des abris qu’il construit. Il vit généralement en petits groupes familiaux comprenant un mâle, une femelle et leurs petits. Les mâles adultes solitaires sont rares mais peuvent se croiser.
Pour communiquer, il utilise des grognements, des reniflements et des mouvements corporels. Malgré ses courtes pattes, il est rapide et agile, ce qui l'aide à échapper aux prédateurs. Comme d’autres suidés, il marque son territoire en frottant son museau ou ses glandes contre les végétaux ou le sol.
Le sanglier nain, en raison de sa petite taille et de son comportement discret, est une proie potentielle pour plusieurs prédateurs dans les prairies denses de son habitat naturel. Cependant, la prédation naturelle, bien que significative, est moins menaçante pour l'espèce que les pressions anthropiques telles que la perte d'habitat. Ses prédateurs incluent :
* Léopard : Le léopard (Panthera pardus) est l’un des principaux prédateurs des petits mammifères des prairies, y compris le sanglier nain. Sa capacité à se faufiler silencieusement dans les hautes herbes en fait un chasseur redoutable.
* Chacals : Présent dans les mêmes régions que le sanglier nain, le chacal doré (Canis aureus) profite des moments où le sanglier nain s'aventure en dehors des herbes pour se nourrir.
* Pythons : Le python molure (Python molurus) est un grand serpent pouvant capturer des individus en embuscade lorsqu'ils fouillent le sol ou se déplacent dans les zones dégagées. Les pythons ciblent souvent les jeunes, qui sont plus vulnérables.
* Rapaces : Les rapaces (aigles, buses) font également partie des prédateurs naturels des jeunes sangliers nains. Bien que les prairies denses offrent une bonne couverture, les marcassins ou les individus adultes en mouvement peuvent devenir des cibles pour les oiseaux de proie.
* Corbeaux : Les corbeaux (Corvus spp) sont connus pour attaquer les jeunes marcassins ou piller les nids lorsqu’ils en ont l’occasion.
Pour se protéger des prédateurs, les sangliers nains utilisent plusieurs stratégies, malgré leur absence de défenses physiques importantes comme des défenses ou une vitesse exceptionnelle :
- Leur pelage brun foncé se confond parfaitement avec les herbes hautes et sèches des prairies, rendant leur détection difficile.
- Les nids construits avec des herbes épaisses les cachent efficacement pendant la nuit et la période de repos diurne.
- Ces animaux sont très discrets et évitent autant que possible les zones ouvertes où ils pourraient être repérés.
- Ils limitent leurs déplacements aux heures de faible lumière, comme tôt le matin et en fin d’après-midi, pour réduire les risques d’être vus par des prédateurs diurnes.
- Bien qu’ils ne soient pas particulièrement rapides, leur petite taille et leur agilité leur permettent de se faufiler rapidement dans les hautes herbes pour échapper à un prédateur.
- En cas de menace, ils émettent également des cris aigus pour alerter les membres de leur groupe.
- les sangliers nains vivent souvent en petits groupes familiaux, ce qui offre une certaine sécurité, surtout pour les jeunes. Les femelles adultes montrent parfois des comportements agressifs pour défendre leurs petits.
Les principales menaces qui pèsent sur la survie du sanglier nain sont la perte et la dégradation de son habitat du fait de l’implantation humaine, de l’empiétement agricole, des feux de saison sèche, du pâturage du bétail, de la foresterie commerciale et des programmes de contrôle des inondations, ces derniers résultant de la perturbation des successions naturelles et du remplacement des anciennes prairies par des communautés plus récentes ou d’autres aménagements. En Assam, comme ailleurs, la plupart des anciens habitats ont été perdus au profit des implantations humaines et de l’agriculture suite à l’expansion rapide de la population humaine. Certaines pratiques de gestion, comme la plantation d’arbres dans les prairies et l’utilisation inconsidérée du feu pour créer des ouvertures et favoriser la repousse de l’herbe, ont causé des dommages considérables aux habitats que les autorités entendent protéger. Une combinaison de ces facteurs a presque certainement entraîné la disparition de toutes les petites populations de ces animaux dans les forêts de réserve du nord-ouest de l’Assam. Ces pertes ont fortement renforcé l’importance écrasante de la plus grande population connue de Manas, et de la seule à y survivre au début et au milieu des années 1980.
La chasse pour la viande sauvage par les tribus n’était pas considérée comme un problème majeur dans le passé, mais elle menace aujourd’hui les populations restantes. La survie des sangliers nains est étroitement liée à l'existence des hautes prairies humides de la région qui, en plus d'être un habitat très menacé en soi, sont également cruciales pour la survie d'un certain nombre d'espèces en voie de disparition telles que le rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis), le tigre (Panthera tigris), le barasingha (Cervus duvauceli), le buffle d'eau sauvage (Bubalus arnee), le lapin de l'Assam (Caprolagus hispidus), l'outarde du Bengale (Eupodotis bengalensis), le francolin multiraie (Francolinus gularis) et certaines tortues rares.
Le sanglier nain est une espèce menacée d'extinction. Il est actuellement inscrit sur la Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN dans la catégorie En danger (EN) et en Annexe I de la CITES.
Le Programme de conservation du sanglier nain (PHCP) est un programme de recherche et de conservation à grande échelle pour cette espèce très menacée et ses habitats tout aussi menacés. Il est mené sous l'égide d'un accord international officiel, signé à l'origine à New Delhi en 1995, puis renouvelé sous forme de protocole d'accord en 2001, entre plusieurs organismes. Un organisme local de gouvernance composé de représentants des quatre signataires et de quelques experts indiens a été constitué pour orienter le programme. L'objectif principal de ce programme collaboratif est la conservation des sangliers nains et d'autres espèces menacées des hautes prairies de la région par le biais de recherches sur le terrain, d'élevage en captivité et de réintroduction après restauration adéquate des anciens habitats dégradés. L'un des principaux objectifs du programme était d'établir un projet d'élevage de conservation bien structuré pour les sangliers nains comme assurance contre une éventuelle extinction précoce de l'espèce dans la nature et comme source d'animaux pour les projets de réintroduction. En 1996, six individus sauvages (deux mâles, quatre femelles) ont été capturés dans le parc national de Manas et transférés dans un centre de recherche et d'élevage spécialement construit à Basistha près de Guwahati, la capitale de l'Assam. Cinq autres ont été capturés et relâchés sur le site de capture après avoir équipé trois mâles et une femelle d'un harnais radio pour des études de radiotélémétrie. La population gardée en captivité a presque doublé en 1997, passant de 18 à 35 grâce à la reproduction planifiée. Entre 1998 et 2002, plusieurs autres sangliers sont nés en captivité portant le nombre à plus de 75 animaux, ce qui représente une augmentation de plus de 1 200 % en six ans. Bien que deux autres enclos et une installation de quarantaine aient été construits à Basistha, l'augmentation imprévue et rapide de la population captive a créé des problèmes d'hébergement, obligeant le programme à restreindre la reproduction en captivité. Par la suite, une installation beaucoup plus grande a été établie à Potasali près du parc national de Nameri dans l'Assam. Cette installation comprend quatre enclos de détention et quatre enclos de pré-relâchement avec un habitat proche de la nature, où sont élevés les sangliers destinés à la réintroduction. Étant donné que les animaux du centre Basistha sont les seuls sangliers nains en captivité au monde, le deuxième centre constitue également une assurance contre toute catastrophe à l'endroit actuel. Une fois que les enclos de pré-relâchement de Potasali étaient prêts et que l'habitat sur l'un des sites de relâchement était devenu raisonnablement adapté, les sangliers ont été autorisés à se reproduire à nouveau.
Des études ont été menées pour localiser des sites de réintroduction possibles dans l'Assam, car la population captive en croissance rapide a nécessité le transfert de certains de ces sangliers nains là où ils étaient. Deux sites de réintroduction potentiels ont été identifiés dans le sanctuaire de faune sauvage de Sonai Rupai et dans le parc national de Nameri, tous deux dans le district de Sonitpur en Assam, à la frontière du Bhoutan et de l'Arunachal Pradesh. Les régimes de gestion et de protection de l'habitat sur les sites de réintroduction potentiels ont été évalués en consultation avec les autorités et des recommandations de restauration et de gestion scientifique ont été formulées. Les autorités de gestion tentent de mettre en oeuvre les recommandations avec un accès limité. L'habitat dans une partie du parc national d'Orang s'est également avéré approprié, mais en l'absence de tout enregistrement fiable de l'espèce autrefois présente dans cette zone, une évaluation plus approfondie est considérée comme nécessaire.
Des initiatives de conservation communautaire et des campagnes de sensibilisation ont été lancées dans les villages périphériques de Manas, Nameri et Sonai Rupai, car il est presque impossible de sauver l'espèce sans la coopération de la population locale. Des programmes de renforcement des capacités et de formation sont également menés pour le personnel de protection de première ligne dans les zones protégées susmentionnées.
Nom commun | Sanglier nain |
Autre nom | Sanglier pygmée |
English name | Pygmy hog |
Español nombre | Jabalí enano |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Famille | Suidae |
Genre | Sus |
Nom binominal | Sus salvanius |
Décrit par | Brian Houghton Hodgson |
Date | 1847 |
Satut IUCN |
Durrell Wildlife Conservation Trust
Liste Rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
Oliver, W.L.R. (1980). "The distribution and status of the pygmy hog, Sus salvanius." Biological Conservation, 19(2), 95-108.
Narayan, G., Oliver, W.L.R., & Deka, P.J. (2008). "The Pygmy Hog Conservation Programme and progress in reintroducing the species to the wild." Zoology in the Middle East.