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Saro de Chine (Capricornis sumatraensis milneedwardsii)


Le saro de Chine (Capricornis sumatraensis milneedwardsii), sous-espèce du saro du continent, est un ongulé discret et montagnard que l’on rencontre dans les régions forestières escarpées du centre et du sud de la Chine. Animal solitaire et farouche, il évolue dans des habitats inaccessibles, ce qui en fait un mammifère peu étudié et encore largement méconnu. Le saro de Chine se distingue par sa robustesse, son pelage dense et sa grande capacité d’adaptation aux milieux accidentés. En tant qu’espèce indicatrice de la qualité des écosystèmes forestiers, sa présence reflète souvent un bon état de conservation des habitats naturels. Bien qu’il soit relativement répandu dans certaines zones montagneuses, il reste menacé par la perte de son habitat, le braconnage et la fragmentation écologique. Le saro de Chine est également appelé Saro de Milneedwards.


Saro de Chine (Capricornis sumatraensis milneedwardsii)
Saro de Chine (Capricornis sumatraensis milneedwardsii)
Source: Khon Kaen Zoo



DESCRIPTION

Le saro de Chine présente une silhouette trapue et musclée, caractéristique des caprinés adaptés aux reliefs montagneux. Son corps mesure entre 120 et 140 centimètres de long, pour une hauteur au garrot allant de 60 à 90 centimètres. Son poids varie de 30 à 50 kilogrammes chez les adultes, avec une légère supériorité pondérale chez les mâles.

Le pelage est dense, rude, et offre une excellente protection contre les intempéries. Sa couleur varie du gris brunâtre au noir ardoise, avec des nuances plus claires sur les flancs et le ventre. Le saro de Chine est bien adapté au camouflage, grâce à son pelage terne qui se fond dans les tons de la roche et de la végétation. Chez les jeunes, le pelage est plus clair et plus laineux, ce qui contribue à leur thermorégulation dans les régions froides de haute altitude. Le dos est souvent orné d’une crête de poils plus longs, particulièrement développée chez les mâles. Les cornes, présentes chez les deux sexes, sont droites, effilées et annelées à la base. Elles mesurent en général entre 12 et 20 centimètres.

Les yeux sombres, placés latéralement, offrent un large champ de vision, tandis que les membres robustes, aux sabots adaptés, permettent une progression agile sur les terrains rocheux. Les pattes, relativement courtes mais puissantes, offrent une grande stabilité dans les zones accidentées.


Capricornis sumatraensis milneedwardsii
Capricornis sumatraensis milneedwardsii
Crédit photo: Yuan Chang - Zoochat

HABITAT

Le saro de Chine occupe un territoire essentiellement montagneux situé dans le centre et le sud-ouest de la Chine. Sa répartition s’étend principalement dans les provinces du Sichuan, du Yunnan, du Guizhou, du Shaanxi et du Hubei, avec quelques noyaux isolés dans le Gansu et le Chongqing. On le trouve dans des massifs reculés, souvent protégés par leur inaccessibilité. Ces populations sont toutefois fragmentées, souvent confinées dans des zones forestières montagnardes déconnectées les unes des autres.

L’habitat du saro de Chine est caractérisé par une combinaison de zones boisées, pentes rocheuses, escarpements abrupts et forêts mixtes de feuillus et de conifères. Il affectionne les altitudes comprises entre 1 000 et 3 500 mètres, mais peut occasionnellement descendre à 800 mètres en hiver ou grimper au-delà de 4 000 mètres en été. Il évolue préférentiellement dans des paysages offrant à la fois couvert végétal et terrains escarpés, lui permettant de se nourrir tout en se réfugiant rapidement en cas de danger.


Capricornis sumatraensis milneedwardsii distribution
     Répartition du saro de Chine
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ÉCOLOGIE

Le saro de Chine est un herbivore opportuniste, dont le régime alimentaire varie selon les saisons et la disponibilité des ressources végétales dans les forêts montagneuses. Il consomme principalement des feuilles, des jeunes pousses, des bourgeons, des écorces, des herbes et des fruits tombés au sol. En été, il privilégie les feuilles tendres et les tiges fraîches des plantes herbacées, abondantes dans les zones ouvertes ou en bordure de forêt. L’hiver, quand la végétation est plus rare, il adapte son alimentation en se nourrissant d’écorces, de lichens, de mousses et d’arbustes persistants. Cette flexibilité alimentaire lui permet de survivre dans des milieux pauvres et peu hospitaliers.

La reproduction du saro de Chine suit un cycle saisonnier, avec une période de rut centrée entre novembre et janvier. La gestation dure environ 210 jours, soit près de sept mois. Le jeune devient autonome vers 6 mois, bien qu’il puisse rester à proximité de sa mère jusqu’à la saison suivante. La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge de 2 à 3 ans. La reproduction du saro reste peu documentée sur le terrain, mais les observations captives confirment ces grandes lignes, propres aux caprinés solitaires de montagne.

Le saro de Chine est un animal essentiellement solitaire et crépusculaire, bien qu’il puisse être actif à toute heure du jour selon les perturbations environnementales. Il occupe un territoire individuel de plusieurs hectares, qu’il marque à l’aide de glandes situées près des yeux et des sabots. Chaque individu connaît parfaitement son domaine, qu’il parcourt avec agilité et prudence. Le saro se déplace sur des sentiers discrets, souvent en pente, et privilégie les versants abrupts où il peut se réfugier rapidement en cas de danger. Son comportement est dominé par la prudence : il est d’une extrême discrétion et fuit à la moindre alerte, souvent avant même que le danger soit visible. Il alterne périodes d’activité alimentaire et longs moments de repos dans des abris rocheux ou sous une végétation dense. Malgré son air placide, le saro est un grimpeur exceptionnel, capable de franchir des parois abruptes avec une aisance remarquable. Son comportement territorial et solitaire est adapté à un environnement où les ressources sont dispersées et les dangers nombreux.


Saro de Chine gros plan
Gros plan du Saro de Chine
© Sam Hambly - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

PRÉDATION

Le saro de Chine, bien qu’adapté aux milieux accidentés, doit faire face à plusieurs prédateurs naturels dans son aire de répartition. Son principal ennemi est la panthère nébuleuse (Neofelis nebulosa), qui évolue également dans les forêts d’altitude du sud de la Chine. Ce félin, agile et discret, est capable de surprendre le saro dans des zones boisées ou sur des corniches. Les léopards (Panthera pardus) représentent aussi une menace importante, surtout dans les régions plus méridionales. Le dhole (Cuon alpinus), chasseur en meute, constitue un danger accru, surtout pour les jeunes ou les individus affaiblis. Les attaques de dholes sont brutales et coordonnées, rendant difficile toute fuite, même dans un environnement escarpé. Dans certaines régions, l’ours noir d’Asie (Ursus thibetanus) peut occasionnellement attaquer un jeune ou un adulte surpris à découvert. Chez les jeunes, les rapaces tels que l’aigle royal (Aquila chrysaetos) ou l’aigle de Bonelli (Aquila fasciata) peuvent aussi constituer un danger lors des premiers mois de vie, surtout en altitude.

Face à ces prédateurs, le saro adopte une stratégie de vigilance accrue et d’évitement. Il reste immobile et camouflé à l’approche d’un danger, ou s’échappe par des sauts précis sur les rochers. Ses sabots adhérents et sa musculature puissante en font un grimpeur redoutable. En l’absence de refuge, il peut se défendre avec ses cornes, bien que cela reste une ultime solution. L’homme, par la chasse et la destruction de l’habitat, représente aujourd’hui le plus grand danger pour l’espèce.


Saro de Milneedwards
Le saro de Chine est aussi appelé Saro de Milneedwards
© Mayoh - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

MENACES

Le saro de Chine fait face à de multiples menaces, dont la plupart sont liées à l’activité humaine. Bien qu’il soit relativement discret et adapté à des habitats difficiles d’accès, son aire de répartition fragmentée et son écologie spécialisée le rendent particulièrement vulnérable. La menace la plus pressante est la dégradation de son habitat. L’extension des routes, l’exploitation forestière, les cultures en terrasse, le développement hydroélectrique et le tourisme de montagne ont provoqué une fragmentation sévère des forêts et corridors écologiques. Cette perte d’habitat isole les populations et empêche le brassage génétique, aggravant les risques d’extinction locale.

La chasse illégale représente une autre menace majeure. Malgré son statut protégé en Chine, le saro de Chine est encore victime de braconnage, principalement pour sa viande, sa peau et ses os, utilisés dans la médecine traditionnelle. Dans certaines zones rurales, il est également tué comme gibier par opportunisme ou pour protéger les cultures.

La concurrence avec le bétail domestique (chèvres, yaks, moutons) dégrade les ressources alimentaires disponibles. Le surpâturage modifie la structure de la végétation et perturbe les équilibres écologiques des zones montagneuses.

Le changement climatique constitue une menace insidieuse. L’évolution des régimes de température et de précipitation affecte la phénologie des plantes, la couverture neigeuse et la distribution verticale des espèces. Ces changements peuvent contraindre le saro à remonter en altitude, réduisant encore son aire habitable.

Enfin, le manque de données scientifiques fiables entrave les efforts de conservation. Les études sur cette sous-espèce sont rares, rendant difficile l’évaluation précise de ses effectifs, de ses besoins écologiques et des dynamiques de ses populations.


Capricornis milneedwardsii
Capricornis milneedwardsii
© Niran Anurakpongsathorn - iNaturalist
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

CONSERVATION

Le saro de Chine bénéficie depuis plusieurs décennies d’un statut de protection juridique en Chine, où il est classé comme espèce protégée de première classe au niveau national. Cela signifie que sa chasse, sa capture et son commerce sont strictement interdits, sauf autorisation scientifique spéciale. À l’échelle internationale, il est inscrit à l’Annexe I de la CITES, ce qui interdit son commerce transfrontalier sauf cas exceptionnels.

De nombreuses aires protégées abritent des populations de saro de Chine, parmi lesquelles les réserves naturelles de Wolong, Emei Shan, Fanjingshan et Jiuzhaigou. Ces parcs nationaux, souvent situés dans des zones montagneuses reculées, jouent un rôle crucial pour la survie de l’espèce. Des efforts de patrouille anti-braconnage, de surveillance écologique et d’éducation environnementale y sont régulièrement déployés.

Des projets de recherche et de conservation communautaire ont vu le jour ces dernières années, impliquant les populations locales dans la protection du saro. Ces initiatives incluent l’installation de caméras pièges, la formation des gardes forestiers et la sensibilisation aux conflits homme-faune.

Cependant, le saro de Chine reste peu étudié, et les données sur ses effectifs sont rares et fragmentaires. Les estimations récentes suggèrent une population comprise entre 2 000 et 4 000 individus, mais ce chiffre est à considérer avec prudence, tant les méthodes de recensement varient.

Le principal défi reste la connectivité écologique : plusieurs populations sont isolées et leur viabilité à long terme dépendra de la création de corridors forestiers et de l’amélioration de la gestion des zones tampons.


Saro de Chine portrait
Portrait du saro de Chine
© Tontan Travel - iNaturalist
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

TAXONOMIE

Le saro de Chine, désigné par le nom scientifique Capricornis sumatraensis milneedwardsii, a été décrit pour la première fois en 1869 par le naturaliste français Armand David sous l’appellation Naemorhedus milneedwardsii. Il le nomma ainsi en hommage à son contemporain, le zoologiste Alphonse Milne-Edwards, mais la paternité de la description revient bien à David. À cette époque, les distinctions entre gorals (Naemorhedus) et saros (Capricornis) n’étaient pas encore pleinement établies, et plusieurs espèces étaient initialement classées sous un même genre. Au fil du temps, les taxonomistes ont affiné la classification des bovidés asiatiques montagnards. À partir du XXe siècle, les études morphologiques et écologiques ont conduit à séparer clairement les genres Naemorhedus (gorals) et Capricornis (saros). La sous-espèce décrite par David fut donc déplacée vers le genre Capricornis, ce qui explique la présence de son nom entre parenthèses dans l’attribution : Capricornis sumatraensis milneedwardsii.

Ce taxon est aujourd’hui considéré comme une sous-espèce du saro du continent (Capricornis sumatraensis), espèce dont la distribution couvre une grande partie de l’Asie du Sud-Est. Cependant, certains zoologistes plaident pour une revalorisation du saro de Chine au rang d’espèce distincte, en raison de ses différences morphologiques, de sa répartition isolée et de certaines données génétiques encore peu explorées. À ce jour, la majorité des autorités taxonomiques, dont l’IUCN et la CITES, le considèrent toujours comme une sous-espèce.

Cette évolution nomenclaturale illustre les changements progressifs de la taxonomie chez les Caprinae d’Asie, à mesure que les connaissances évoluent.

Le genre Capricornis regroupe généralement quatre espèces de saros reconnues par la plupart des autorités taxonomiques actuelles :

* Saro carmin - Capricornis rubidus

* Saro de Taïwan - Capricornis swinhoei

* Saro du continent - Capricornis sumatraensis

* Saro du Japon - Capricornis crispus

Il est important de noter que la taxonomie des saros a été sujette à des révisions, et certaines classifications antérieures reconnaissaient un plus grand nombre d'espèces (jusqu'à sept) en élevant certaines sous-espèces au rang d'espèce. Cependant, le consensus actuel tend vers ces quatre espèces distinctes. Le saro de Chine et le saro de l'Himalaya, autrefois reconnus comme espèces distinctes, sont aujourd'hui classés comme des sous-espèces du saro du continent.


Chinese serow
En anglais, le saro de Chine est appelé Chinese serow
© iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communSaro de Chine
Autre nomSerow de Chine
Saro de Milneedwards
English nameChinese serow
Mainland serow
Español nombreSerau chino
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleCaprinae
GenreCapricornis
Nom binominalCapricornis sumatraensis milneedwardsii
Décrit parArmand David
Date1869

SOURCES

* Liens internes

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Project Noah

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Wikipédia

* Liens externes

Ecology Asia

Khon Kaen Zoo

Zoochat

Zooinstitutes

* Bibliographie

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