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Saro de Taïwan (Capricornis swinhoei)


Le saro de Taïwan (Capricornis swinhoei) est un petit mammifère endémique des montagnes de l'île de Taïwan où il est le seul bovidé présent naturellement. Cette espèce discrète et agile se caractérise par sa petite taille et sa fourrure sombre, lui permettant de se fondre dans les forêts denses et les terrains rocailleux qu'il affectionne. Adapté à un environnement souvent inaccessible, le saro de Taïwan reste une créature relativement méconnue, dont la survie continue de dépendre de la préservation de son habitat montagneux unique.


Saro de Taïwan (Capricornis swinhoei)
Saro de Taïwan (Capricornis swinhoei)
© Peellden - Wikimedia Commons
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DESCRIPTION

Le saro de Taïwan présente une morphologie bien adaptée à la vie en montagne, avec un corps trapu, des membres puissants et des sabots fendus dotés de coussinets rugueux qui facilitent l’adhérence sur les surfaces rocheuses et escarpées. Les individus adultes mesurent généralement entre 80 et 110 cm au garrot pour une longueur corporelle de 110 à 160 cm. Leur poids varie de 25 à 45 kg selon le sexe et la saison.

La robe est dense, rude et majoritairement sombre, avec des teintes variant du brun foncé au noirâtre. Elle présente souvent un éclat bleuté ou gris selon la lumière. Une crinière courte mais bien visible se développe le long de la nuque et du dos, particulièrement marquée chez les mâles. Les deux sexes possèdent des cornes courtes, droites et légèrement recourbées vers l’arrière, ne dépassant pas 20 cm de longueur. Les yeux, ovales et expressifs, sont positionnés de façon à offrir un large champ de vision. Les oreilles, longues et effilées, contribuent à la détection précoce des menaces. L’ensemble de ces caractères physiques fait du saro de Taïwan un grimpeur agile, au profil robuste mais discret, parfaitement adapté aux environnements forestiers et rocheux de son île natale.


Capricornis swinhoei
Capricornis swinhoei
© Adachao - iNaturalist
CC-BY-NC-ND (Certains droits réservés)

HABITAT

Le saro de Taïwan est endémique à Taïwan et largement répandu dans les régions montagneuses de l'île. Il occupe des altitudes allant de 50 m à plus de 3 900 m, juste en dessous du sommet du Yu-shan, la plus haute montagne du pays. Cependant, la plupart des populations occupent aujourd'hui des régions situées à plus de 1 000 m d'altitude, car la plupart des basses terres sont envahies par l'homme.

Le saro de Taïwan vit dans divers habitats de montagne, comme les forêts tropicales et subtropicales des plaines, les forêts mixtes de feuillus et de conifères, les forêts tropicales tempérées en altitude moyenne, les forêts de conifères et la toundra en haute altitude. C'est un animal parfaitement adapté aux terrains escarpés et accidentés qui utilise les pentes raides et les falaises rocheuses abruptes pour éviter les prédateurs.


Capricornis swinhoei habitat
     Répartition du saro de Taïwan
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ALIMENTATION

Le saro de Taïwan est un herbivore strict dont le régime alimentaire varie selon les saisons, les disponibilités en ressources et l’altitude. Son alimentation est composée d’un large éventail de végétaux issus des forêts subtropicales et tempérées de montagne qu’il habite. Il consomme principalement des feuilles, des tiges tendres, des herbacées, des jeunes pousses d’arbres, des fougères, des écorces et parfois des fruits tombés. Cette diversité alimentaire lui permet de survivre dans des milieux parfois pauvres ou soumis à de fortes variations climatiques.

Il adapte ses habitudes de pâturage aux conditions du terrain. En été, il profite des zones plus élevées où la végétation est fraîche et abondante, tandis qu’en hiver, il redescend vers des altitudes intermédiaires à la recherche de feuillage persistant. Il montre une nette préférence pour les espèces végétales indigènes, en particulier les bambous nains, les érables, les rhododendrons et diverses plantes ligneuses de sous-bois. Il se nourrit le plus souvent à l’aube et au crépuscule, périodes où l’activité humaine est moindre et où la température est plus favorable.

Son système digestif, semblable à celui des autres ruminants, est parfaitement adapté à la fermentation de la cellulose. Il régurgite la nourriture partiellement digérée pour la mâcher à nouveau, ce qui lui permet d’extraire un maximum de nutriments. Cette capacité à exploiter efficacement des ressources végétales souvent coriaces ou peu nutritives renforce sa résilience écologique.


Saro de Formose
Le saro de Taïwan est également appelé saro de Formose
© Kinmatsu Lin - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

REPRODUCTION

La reproduction du saro de Taïwan suit un rythme saisonnier, avec une période de rut concentrée entre octobre et décembre. Durant cette phase, les mâles deviennent plus actifs et territoriaux, multipliant les marques olfactives et les interactions parfois agressives pour accéder aux femelles en oestrus. Contrairement à certains autres caprins, les combats entre mâles restent généralement peu spectaculaires, se limitant à des poursuites, des menaces et de rares affrontements à coups de cornes.

La gestation dure environ 210 jours, soit près de sept mois. Les mises bas ont lieu au printemps, principalement entre avril et juin, une période où les ressources alimentaires sont plus abondantes. Les femelles donnent généralement naissance à un seul petit, bien que des cas de jumeaux aient été observés de manière exceptionnelle. Le nouveau-né est capable de se tenir debout peu de temps après sa naissance et suit sa mère dès les premières heures.

La femelle veille seule sur son petit, qu’elle cache fréquemment dans la végétation dense pour le protéger des prédateurs. Le sevrage intervient après trois à cinq mois, mais la relation mère-petit peut se prolonger plus longtemps. La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge de deux à trois ans. En captivité, les saros peuvent vivre jusqu’à 15 ans, bien que leur espérance de vie dans la nature soit plus courte en raison des menaces environnementales et prédatrices.


Saro de Taïwan portrait.jpg
Portrait du saro de Taïwan
© Mingun - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

COMPORTEMENT

Le saro de Taïwan est un animal discret, généralement solitaire ou observé en petits groupes familiaux composés d’une femelle et de son petit. Les mâles adultes vivent souvent seuls en dehors de la saison de reproduction. De tempérament prudent, il adopte un mode de vie crépusculaire à diurne, bien qu’il puisse devenir plus nocturne dans les zones où la pression humaine est forte.

Excellent grimpeur, ce bovidé fréquente les falaises abruptes, les versants forestiers escarpés et les terrains rocheux, où il évolue avec une aisance remarquable. Il utilise ces reliefs comme refuges naturels contre les prédateurs. Son territoire est généralement bien délimité, et les individus marquent leur espace à l’aide de sécrétions glandulaires déposées sur les rochers, les troncs ou les herbes. Ces glandes, situées sous les yeux, jouent un rôle essentiel dans la communication olfactive.

Son répertoire vocal est limité, mais il peut émettre des grognements, des sifflements ou des cris d’alerte en cas de danger. Lorsqu’il est surpris, le saro adopte une posture figée avant de fuir d’un bond rapide et silencieux vers les hauteurs. Il reste extrêmement méfiant et difficile à approcher, ce qui complique son observation dans la nature.


Saro de Taïwan gros plan
Gros plan du saro de Taïwan
© Tomliao - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

PRÉDATION

Historiquement, l'unique grand prédateur endémique de Taïwan était la panthère nébuleuse de Taïwan (Neofelis nebulosa brachyura). Cette forme insulaire était autrefois considérée comme une sous-espèce distincte de la panthère nébuleuse continentale. Elle est aujourd’hui généralement considérée comme éteinte, probablement depuis les années 1980.

De nos jours, le saro de Taïwan fait face à très peu de prédation naturelle, notamment en raison de l’extinction de son principal ennemi historique. Voici un état des lieux précis des prédateurs actuels (ou potentiels) :

* Serpentaire bacha : Bien que le serpentaire bacha (Spilornis cheela) se nourrisse surtout de reptiles, de petits mammifères et d’oiseaux, il pourrait occasionnellement capturer des jeunes saros, surtout ceux nouvellement nés laissés seuls quelques instants.

* Civette palmiste à masque : La civette palmiste à masque (Paguma larvata) est omnivore. Elle n’est pas un prédateur direct du saro adulte, mais pourrait s’attaquer à des nouveau-nés ou à des placentas, surtout si elle tombe dessus par opportunisme.

* Chien domestique : Les chiens domestiques (Canis lupus familiaris) ou semi-sauvages, présents parfois autour des zones rurales proches des parcs nationaux, représentent l’un des rares dangers pour les jeunes saros ou même les individus affaiblis. Des cas de prédation ont été documentés, bien que rares.


Formosan serow
En anglais, le serow de Taïwan est appelé Formosan serow
© Jonas Livet - Les zoos dans le monde
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MENACES

Autrefois, la faune sauvage était une source de nourriture pour les populations autochtones de Taïwan. En raison du développement de l'élevage au cours des 40 dernières années, l'importance de la faune sauvage pour l'alimentation est en baisse et la chasse au saro est désormais interdite dans tout le pays. Cependant, la viande sauvage est toujours préférée à la viande de bétail dans certaines situations, comme les cérémonies ou les cadeaux. L'amélioration des conditions économiques pourrait également stimuler la demande de viande sauvage. La viande sauvage est toujours prélevée via la chasse illégale, et la chasse semble avoir augmenté ces dernières années, en partie parce que l'immigration de travailleurs étrangers à Taïwan a entraîné du chômage parmi les populations autochtones, qui sont retournées dans leurs villages et pratiquent désormais la chasse pour gagner leur vie. Néanmoins, la pression de la chasse actuelle semble encore plus faible qu'il y a plusieurs décennies. On ignore si cette pression a des effets négatifs significatifs sur les populations de saros. De plus, les activités forestières, agricoles et de construction routière dans les régions montagneuses ont empiété sur les forêts vierges où vivaient autrefois les saros de Taïwan. La dernière menace pour l'espèce provient de la pression croissante des loisirs et du tourisme, mais son impact est inconnu. Des cas de mortalité liés aux parasites cutanés ont également été signalés (Pei et Chiang 2004, Tsai 2005) et confirmés (Chen et Pei 2007) et pourraient constituer une menace potentielle pour les populations.


CONSERVATION

Le saro de Taïwan n'est actuellement pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.

Depuis 1989, le saro de Taïwan est classé comme "espèce précieuse et rare" par la loi taïwanaise sur la protection de la faune sauvage, et sa chasse est interdite. Le saro est protégé dans les parcs nationaux et les réserves naturelles. Récemment, grâce au développement de la sensibilisation à la protection de l'environnement et à l'application des lois de protection de la faune sauvage, la situation du saro s'est améliorée. Les mesures de conservation proposées comprennent :

1) la réalisation d'études approfondies sur la biologie et l'écologie de sa population, ainsi que sur l'impact de la maladie et des parasites;

2) le développement d'un programme de gestion et de suivi communautaire avec les tribus aborigènes.


TAXONOMIE

Le saro de Taïwan, scientifiquement nommé Capricornis swinhoei, a été décrit en 1862 par le zoologiste britannique John Edward Gray, une figure majeure de la taxonomie au XIXe siècle. Le nom spécifique swinhoei fut choisi en hommage à Robert Swinhoe, diplomate et naturaliste, qui collecta le spécimen type à Taïwan, alors connue sous le nom de Formose. Swinhoe joua un rôle déterminant dans la découverte et la documentation de nombreuses espèces de la région, fournissant ainsi aux scientifiques européens des matériaux précieux pour la classification.

Longtemps, certains auteurs ont inclus le saro de Taïwan dans l'espèce plus large saro du continent (Capricornis sumatraensis), en tant que sous-espèce, en raison de sa proximité morphologique avec d'autres saros continentaux. Toutefois, des études morphologiques, portant notamment sur la structure crânienne et la pigmentation du pelage, ainsi que des analyses génétiques menées au cours des dernières décennies, ont confirmé la singularité de cette population insulaire.

Aujourd’hui, Capricornis swinhoei est universellement reconnu comme une espèce valide et distincte, endémique à Taïwan. Elle figure en tant qu’entité taxonomique à part entière dans les grandes bases de données zoologiques telles que Mammal Species of the World (MSW, ITIS et l’IUCN, soulignant son importance pour la conservation de la biodiversité propre à l’île.

De nos jours, le genre Capricornis regroupe généralement quatre espèces de saros reconnues par la plupart des autorités taxonomiques actuelles :

* Saro carmin - Capricornis rubidus

* Saro de Taïwan - Capricornis swinhoei

* Saro du continent - Capricornis sumatraensis

* Saro du Japon - Capricornis crispus

Il est important de noter que la taxonomie des saros a été sujette à des révisions, et certaines classifications antérieures reconnaissaient un plus grand nombre d'espèces (jusqu'à sept) en élevant certaines sous-espèces au rang d'espèce. Cependant, le consensus actuel tend vers ces quatre espèces distinctes. Le saro de Chine et le saro de l'Himalaya, autrefois reconnus comme espèces distinctes, sont aujourd'hui classés comme des sous-espèces du saro du continent.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communSaro de Taïwan
Autres nomsSaro de Formose
Serow de Taïwan
English nameTaiwan serow
Español nombreSerau de Formosa
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleCaprinae
GenreCapricornis
Nom binominalCapricornis swinhoei
Décrit parJohn Edward Gray
Date1862



Satut IUCN

Préoccupation mineure (LC)

SOURCES

* Liens internes

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammals Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Ultimate Ungulate

Wikipédia

* Liens externes

Les zoos dans le monde

Wikimedia Commons

* Bibliographie

Gray, J. E. (1862). Description of a new species of Capricornis from Formosa. Proceedings of the Zoological Society of London, 1862, 261.

Swinhoe, R. (1864). "On the mammals of the island of Formosa." Proceedings of the Zoological Society of London, 1864, 347–365.

Groves, C. P., & Grubb, P. (2011). Ungulate Taxonomy. The Johns Hopkins University Press.

Wilson, D. E., & Mittermeier, R. A. (Eds.). (2011). Handbook of the Mammals of the World. Volume 2: Hoofed Mammals. Lynx Edicions.

IUCN SSC Caprinae Specialist Group. (2020). Capricornis swinhoei. The IUCN Red List of Threatened Species.

Geissmann, T., & Nijman, V. (2006). "Taxonomy and distribution of the serow Capricornis sumatraensis."

Taiwan Forestry Research Institute (TFRI). Ecological studies of the Formosan serow. Publications internes.

Wang, Y., & Lin, Y. (2010). "Population dynamics and habitat use of the Formosan serow in Taroko National Park."

Chen, J. H., & Hsu, M. J. (2015). "Camera-trap survey of Formosan serow in Yushan National Park." Biodiversity Research and Conservation, 38, 45–51.

Nowak, R. M. (1999). Walker’s Mammals of the World (6th ed.). The Johns Hopkins University Press.