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Renard du désert austral (Lycalopex sechurae)


Le renard du désert austral (Lycalopex sechurae) est un petit canidé endémique d’Amérique du Sud. Cette espèce, souvent confondue avec le renard gris d'Argentine, se distingue par son adaptation unique aux environnements désertiques. Appelé également renard de Sechura, ce nom est directement lié à la zone géographique où il a été observé pour la première fois et où il est le plus abondant. La conservation de cette espèce est un enjeu majeur, car elle est confrontée à la perte de son habitat et à la persécution par les populations locales.


Renard du désert austral (Lycalopex sechurae)
Renard du désert austral (Lycalopex sechurae)
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DESCRIPTION

Le renard du désert austral est l'un des plus petits canidés du genre Lycalopex. Sa taille se situe généralement entre 50 et 78 cm de long pour le corps, avec une queue mesurant entre 27 et 34 cm. Le poids des individus adultes varie de 2,6 à 4,2 kg, les mâles étant souvent légèrement plus lourds que les femelles. Les oreilles sont relativement grandes et larges, mesurant environ 6 cm, ce qui est une adaptation morphologique typique pour la thermorégulation dans les milieux désertiques. Elles permettent de dissiper l'excès de chaleur corporelle.

La fourrure est de couleur gris-jaunâtre sur le dos, devenant plus claire, voire blanchâtre, sur le ventre et les pattes. On peut observer une bande sombre sur le dos, qui s'étend jusqu'à la base de la queue. Cette drenière est épaisse et touffue, avec une pointe noire caractéristique qui permet de le distinguer d'autres espèces de canidés de la région. On note également la présence de marques roussâtres autour des yeux et sur les membres antérieurs.

Le museau est plutôt fin et pointu, et le crâne est proportionnellement petit. Les pattes sont fines et les pieds sont dotés de coussinets adaptés à la marche sur des sols sablonneux ou rocailleux. La dentition est adaptée à un régime alimentaire omnivore, avec de petites canines et des molaires bien développées pour broyer les aliments. L'ensemble de ses traits morphologiques démontre une spécialisation évolutive pour la vie dans les déserts côtiers d'Amérique du Sud.


Lycalopex sechurae
Lycalopex sechurae
© Christian Nunes - iNaturalist
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HABITAT

Le renard du désert austral est présent dans les zones côtières du nord-ouest du Pérou et du sud-ouest de l'Équateur, entre 3 et 12°S environ. En Équateur, il a été observé dans les provinces de Manabi, Santa Elena, Guayas, El Oro, Azuay et Loja. Au Pérou, il est présent sur le versant occidental des Andes, entre la frontière avec l'Équateur et Lima. Les spécimens observés plus au sud pourraient être le renard gris d'Argentine (Lycalopex griseus).

Le renard du désert austral occupe des habitats allant des déserts sablonneux à faible densité végétale aux terres agricoles et aux forêts sèches. L'espèce est souvent observée en zones rurales et dans les milieux perturbés, du département de Piura au département de La Libertad au Pérou. On la trouve du niveau de la mer jusqu'à plus de 1 000 m d'altitude, et peut-être jusqu'à 2 000 m.


Lycalopex sechurae distribution
     Carte de répartition du renard du désert austral
© Manimalworld
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ALIMENTATION

L'alimentation du renard du désert austral est remarquable par sa grande flexibilité et son opportunisme, ce qui est une stratégie de survie essentielle dans un environnement où les ressources alimentaires sont rares et imprévisibles. Ce canidé est omnivore, son régime alimentaire variant considérablement en fonction de la saison et de la disponibilité des proies. Il consomme principalement des fruits, des graines et des insectes, qui constituent une source d'hydratation et de nutriments vitaux. Les fruits du cactus, les baies et les gousses de certains arbustes désertiques sont des éléments réguliers de son menu. Les arthropodes, comme les coléoptères, les sauterelles et les araignées, représentent une source de protéines importante. En complément, il chasse également de petits vertébrés, bien que cela soit moins fréquent. Il peut s'agir de rongeurs, de lézards, de petits oiseaux et d'oeufs.

Sa capacité à se nourrir de charognes est un autre aspect de son régime opportuniste, lui permettant de tirer profit des carcasses laissées par d'autres prédateurs. Des études de contenus stomacaux ont montré la présence de restes de plantes et d'animaux, confirmant la diversité de son alimentation. La recherche de nourriture se déroule principalement la nuit, lorsqu'il fait plus frais, pour éviter l'exposition à la chaleur extrême du désert. Le renard du désert austral est un exemple parfait de la manière dont une espèce peut s'adapter en devenant un prédateur généraliste pour prospérer dans un habitat peu productif.


Renard de Sechura
Le renard du désert austral est aussi appelé Renard de Sechura
© Christian Nunes - iNaturalist
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REPRODUCTION

La reproduction du renard du désert austral est un processus adapté aux conditions environnementales difficiles de son habitat. Les informations sur ce sujet sont encore limitées, mais les observations indiquent que la période de reproduction est probablement liée aux saisons des pluies, plus propices à la disponibilité de la nourriture. L'accouplement se produit généralement au printemps ou au début de l'été. Ces renards sont monogames, formant des couples qui restent ensemble pour élever leurs petits.

Après une période de gestation d'environ 55 à 60 jours, la femelle donne naissance à une portée de 2 à 4 renardeaux. Les naissances ont lieu dans des tanières, qui sont souvent des terriers abandonnés creusés par d'autres animaux, ou des refuges naturels sous des rochers ou des buissons denses. Les petits naissent aveugles et sans défense, dépendant entièrement de leur mère pour la chaleur et la nourriture. Le père joue un rôle important dans l'élevage en apportant de la nourriture à la femelle et aux petits. Les jeunes renardeaux ouvrent leurs yeux après environ deux semaines et commencent à explorer les environs de la tanière au bout d'un mois. Ils sont sevrés progressivement et commencent à accompagner leurs parents lors de leurs expéditions de chasse. Ils atteignent leur maturité sexuelle vers l'âge d'un an, mais beaucoup d'entre eux restent avec le groupe familial pendant une période prolongée pour apprendre les techniques de survie et de chasse. La réussite de la reproduction est fortement corrélée aux conditions environnementales, un faible taux de reproduction pouvant être observé lors des années de sécheresse intense.

La longévité du renard du désert austral est un aspect de sa biologie où les données sont encore limitées, surtout en milieu naturel. On estime que sa durée de vie à l'état sauvage est relativement courte, souvent entre 3 et 4 ans, en raison des conditions de vie difficiles. Les menaces constantes comme la prédation, le manque de ressources, et les pressions humaines réduisent considérablement leur espérance de vie. En revanche, en captivité, où ils bénéficient de soins vétérinaires, d'une alimentation stable et sont à l'abri des dangers, leur longévité peut atteindre 9 à 10 ans, voire plus.


Renard du desert austral gros plan
Gros plan du renard du désert austral
© Jeremy Flanagan - iNaturalist
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COMPORTEMENT

Le comportement du renard du désert austral est fortement influencé par son mode de vie solitaire et son adaptation aux environnements arides. Ce renard est principalement nocturne ou crépusculaire, ce qui lui permet d'éviter les températures extrêmes de la journée. Il passent la majeure partie de la journée à l'abri dans des tanières ou sous des rochers pour se protéger de la chaleur. Le renard de Sechura est généralement solitaire en dehors de la saison de reproduction, les individus se déplaçant seuls sur leur territoire pour chasser. Les territoires de chasse sont marqués par l'urine et les fèces, et leur taille peut varier considérablement en fonction de la disponibilité des ressources alimentaires.

Bien que solitaires, les individus peuvent se rencontrer et interagir de manière non agressive, surtout lorsqu'ils se croisent dans des zones riches en nourriture. La communication vocale est utilisée pour les interactions sociales, les renards émettant des aboiements, des gémissements ou des cris aigus. Ils possèdent également un répertoire de signaux olfactifs et de postures corporelles pour communiquer avec leurs congénères. Le renard du désert austral est un animal discret et prudent, ce qui le rend difficile à observer dans la nature. Son comportement est une réponse directe à son environnement, optimisant ses chances de survie en minimisant ses dépenses énergétiques et en évitant les prédateurs potentiels et les humains.


Renard du desert austral en Equateur
Renard du désert austral dans la province d'El Oro en Équateur
© bmaytom - iNaturalist
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PRÉDATION

Malgré sa capacité à s'adapter et sa discrétion, le renard du désert austral n'est pas exempt de prédateurs naturels dans son habitat. Parmi les menaces les plus significatives, on trouve le puma (Puma concolor), qui est le superprédateur de la région. Bien que le puma chasse principalement de grandes proies, il peut occasionnellement s'attaquer à de petits mammifères comme le renard du désert. D'autres prédateurs potentiels incluent le jaguar (Panthera onca), bien que sa présence soit plus rare dans les habitats arides du renard, et de grands rapaces tels que des aigles et des faucons, qui peuvent s'attaquer aux jeunes renardeaux ou aux individus affaiblis. Les serpents venimeux ou constricteurs peuvent également représenter une menace pour les petits.

Les humains sont sans doute les prédateurs les plus dangereux pour cette espèce. La chasse par les agriculteurs, qui le considèrent comme un nuisible pour leur bétail (bien que son régime soit majoritairement opportuniste et que l'impact soit faible), et la destruction de son habitat pour l'expansion agricole et l'urbanisation sont les principales menaces d'origine humaine. La fragmentation de l'habitat limite les déplacements du renard et augmente son exposition à la chasse et aux accidents de la route. La petite taille de ce renard, combinée à la rareté des ressources, le rend particulièrement vulnérable aux pressions de la prédation et de l'activité humaine.


Renard du desert austral parc des Legendes Perou
Renard du désert austral au Parc des Légendes au Pérou
Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes

MENACES

Les menaces les plus importantes pour le renard du désert austral proviennent du marché de l'artisanat et des amulettes et de la persécution due aux dommages causés au bétail. Au Pérou, l'attitude typique envers cette espèce est celle de la persécution (68,3 % des correspondants) ou de l'indifférence (31,7 %). Les raisons invoquées pour la persécution étaient les dommages causés aux volailles domestiques et aux cobayes (65 % des correspondants), la consommation de végétaux ou de biens stockés (13,3 %) et la croyance en la prédation par les chèvres (10 %). Le renard de Sechura subit également une certaine pression dans les zones agricoles, de l'urbanisation et de la dégradation de son habitat; en effet, la réduction ou la perte de son habitat est considérée comme la principale menace pour cette espèce en Équateur.

Pseudalopex sechurae
Pseudalopex sechurae
© Sebastián Sánchez Rodríguez - iNaturalist
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CONSERVATION

Le renard du désert austral est une espèce inscrite sur la Liste rouge de l'IUCN dans la catégorie "Quasi menacé" (NT). Il n'est, par contre, pas inscrit dans les annexes de la CITES.

Entre 1975 et 2000, une autorisation gouvernementale était nécessaire pour chasser l'espèce au Pérou. Depuis 2000, la chasse en dehors des zones établies et le commerce de l'espèce sont interdits. La police et le ministère de l'Agriculture sont responsables du contrôle du commerce illégal. Cependant, il s'est avéré particulièrement difficile de contrôler le commerce dans les zones rurales et dans certaines villes.

Cette espèce est présente dans plusieurs zones protégées en Équateur et au Pérou. Le renard du désert austral n'était pas traditionnellement protégé, pour des raisons culturelles, jusqu'à récemment. Maintenant, il est protégé à Santa Catalina de Chongoyape, une communauté rurale du département de Lambayeque, car ils sont considérés comme importants pour le tourisme et comme disperseurs de graines. Certains spécimens sont conservés dans les collections autorisées, notamment au zoo du Parque de las Leyendas, à Lima, et au zoo d'Atocongo, à Lima.

Les principales priorités de recherche comprennent l'élaboration de l'étendue méridionale de l'aire de répartition et une meilleure définition des limites altitudinales de distribution. De plus, les connaissances sur l'impact des maladies chez cette espèce sont limitées.


Renard du desert austral zoo el Pantanal
Renard du désert austral au zoo El Pantanal en Équateur
© Klaus Rudloff - BioLib
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TAXONOMIE

L'histoire taxonomique du renard du désert austral a été marquée par plusieurs révisions au fil du temps. L'espèce fut formellement décrite pour la première fois en 1900 par le mammalogiste britannique Michael Rogers Oldfield Thomas. À l'origine, Thomas l'a classée sous le nom de Canis sechurae, ce qui le plaçait aux côtés des loups et des chiens, une pratique courante à l'époque pour de nombreux canidés. L'épithète spécifique "sechurae" fait référence au désert de Sechura, dans le nord-ouest du Pérou, où les premiers spécimens ont été collectés.

Par la suite, la classification de l'espèce a été l'objet de nombreux débats. En raison de ses caractéristiques distinctes des vrais renards du genre Vulpes, l'espèce a été déplacée vers le genre Pseudalopex, qui signifie littéralement "faux renard". C'est ainsi qu'elle fut nommée Pseudalopex sechurae pendant une longue période. Ce changement reflétait une meilleure compréhension des relations évolutives entre les canidés sud-américains et leurs homologues nord-américains. Toutefois, la taxonomie de ces canidés est restée fluctuante.

Plusieurs études phylogénétiques, basées sur l'analyse de l'ADN mitochondrial et nucléaire, ont finalement conduit à une révision majeure de la classification. Les données génétiques ont démontré que le genre Pseudalopex n'était pas un groupe monophylétique valide et qu'il était plus précis de regrouper ces espèces sous le genre Lycalopex. Ce genre, établi initialement par Herman Burmeister en 1854, a été rétabli pour inclure le renard du désert austral. Aujourd'hui, l'appellation scientifique acceptée par les principales autorités taxonomiques est Lycalopex sechurae. Cette histoire complexe met en évidence l'évolution constante de la science et l'importance des nouvelles technologies, comme la génétique, pour affiner la classification des espèces.

Le renard du désert austral est considéré comme une espèce monotypique. Cela signifie qu'il n'existe aucune sous-espèce reconnue pour ce canidé. Toutes les populations de Pérou et d’Équateur sont considérées comme appartenant à une seule entité taxonomique sans subdivision spéciale.


Sechuran fox
En anglais, le renard du désert austral est appelé Sechuran fox
© David Cook - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communRenard du désert austral
Autre nomRenard de Sechura
English nameSechuran fox
Español nombreZorro de Sechura
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreCarnivora
Sous-ordreCaniformia
FamilleCanidae
GenreLycalopex
Nom binominalLycalopex sechurae
Décrit parMichael Rogers Oldfield Thomas
Date1900



Satut IUCN

Quasi menacé (NT)

SOURCES

* Liens internes

BioLib

CITES

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Wikipédia

* Liens externes

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

* Bibliographie

Thomas, M. R. O. (1900). « Description of a New Species of Fox from Sechura, Peru ». Annals and Magazine of Natural History, Série 7, Vol. 6, p. 293-295.

Cossíos, E. D. (2010). Lycalopex sechurae (Carnivora: Canidae). Mammalian Species, Vol. 42, No. 867, p. 1-13. DOI: 10.1644/848.1

Asa, C. S. & Valdespino, C. (2010). « Lycalopex sechurae ». Dans IUCN Red List of Threatened Species.

Lucherini, M. (2016). « Sechuran Fox Lycalopex sechurae ». Dans Canids: Foxes, Wolves, Jackals and Dogs. Status Survey and Conservation Action Plan de l'IUCN/SSC Canid Specialist Group.

Castelló, J. R. (2018). Canids of the World. Princeton University Press.

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Wozencraft, W. C. (2005). Mammal Species of the World: A Taxonomic and Geographic Reference. 3rd ed. Johns Hopkins University Press.

Wilson, D. E. & Mittermeier, R. A. (2009). Handbook of the Mammals of the World. Vol. 1: Carnivores. Lynx Edicions.