Le genre Lycalopex regroupe six espèces de canidés indigènes au continent sud-américain. Ces animaux se caractérisent par leur apparence de renard, d'où leur nom vernaculaire, bien qu'ils ne soient pas de proches parents des renards du genre Vulpes. Leur répartition géographique s'étend sur une grande partie du sous-continent, des Andes aux plaines de la Patagonie. Ce genre joue un rôle écologique important en tant que prédateur dans divers écosystèmes. La classification de ces espèces a connu de nombreux changements au fil du temps, souvent confondues avec d'autres genres comme Canis ou Pseudalopex, avant d'être finalement regroupées sous le nom actuel de Lycalopex.
Les espèces formant le genre Lycalopex
TAXONOMIE
L'histoire taxonomique du genre Lycalopex est marquée par de nombreuses révisions, reflétant les progrès de la biologie évolutive. Initialement, ces espèces ont été classées dans le genre Canis au XIXe siècle, en raison de leur morphologie et de leurs caractéristiques canines générales. Par exemple, le renard de Magellan a été décrit pour la première fois sous le nom de Canis culpaeus par Molina en 1782. Cette classification s'est maintenue pendant plusieurs décennies en raison de leur morphologie canine générale. C'est l'allemand Hermann Burmeister qui a été le premier à reconnaître la singularité de ces espèces. Il a proposé le genre Lycalopex en 1854. Curieusement, deux ans plus tard, en 1856, il a de nouveau proposé le genre Pseudalopex pour le même groupe d'animaux. Malgré la règle de priorité qui stipule que le nom publié en premier doit être retenu, c'est Pseudalopex (signifiant "faux renard") qui a été largement adopté par la communauté scientifique pendant plus d'un siècle. Ce choix soulignait leur ressemblance superficielle avec les renards du genre Vulpes, tout en reconnaissant qu'ils n'appartenaient pas au même groupe évolutif.
Ce n'est qu'au début du XXIe siècle que la taxonomie a été définitivement clarifiée grâce aux techniques de génétique moléculaire. Des analyses phylogénétiques approfondies ont démontré sans équivoque que les six espèces formaient un clade monophylétique, c'est-à-dire un groupe descendant d'un ancêtre commun unique. Ces études ont confirmé la pertinence de les regrouper dans un genre distinct. Suite à ces découvertes et en appliquant la règle de priorité, la Commission internationale de nomenclature zoologique (ICZN) a officiellement statué en faveur de Lycalopex comme nom de genre valide, rétablissant ainsi la proposition initiale de Burmeister de 1854.
L'histoire évolutive de ce genre est tout aussi fascinante. L'ancêtre de Lycalopex est arrivé en Amérique du Sud lors du Grand Échange Interaméricain, il y a plusieurs millions d'années, lorsque le pont terrestre de l'isthme de Panama s'est formé. La diversification de ces espèces a été favorisée par des changements géologiques majeurs, comme le soulèvement de la cordillère des Andes, qui a créé des barrières géographiques et des environnements distincts, entraînant un isolement des populations et une spéciation. Le genre est lié à d'autres canidés sud-américains, comme le loup à crinière (Chrysocyon brachyurus) et le chien des buissons (Speothos venaticus), avec lesquels il partage un ancêtre au sein de la sous-famille des Caninae.
LES ESPÈCES
Le genre Lycalopex comprend six espèces actuellement reconnues, chacune présentant des adaptations spécifiques à son habitat :
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Burmeister, H. (1856). Erläuterungen zur Fauna Brasiliens. Georg Reimer, Berlin
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