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Lama (Lama glama)


Le lama (Lama glama) est un mammifère domestique emblématique des Andes sud-américaines. Appartenant à la famille des Camelidae, il est l'une des quatre espèces de camélidés sud-américains avec l’alpaga, le guanaco et la vigogne. Domestiqué depuis plusieurs millénaires, le lama a longtemps joué un rôle crucial dans les sociétés andines comme bête de somme, source de laine, de viande et d'engrais. Sa rusticité, sa sociabilité et sa capacité à s’adapter aux conditions de haute altitude en font un animal encore largement utilisé aujourd’hui dans les régions andines rurales. Animal social et pacifique, il est également devenu populaire dans d'autres parties du monde, tant pour l'élevage que comme animal de compagnie ou d’ornement. Sa richesse biologique et culturelle en fait une espèce d’un intérêt scientifique et patrimonial important.


Lama (Lama glama)
Lama (Lama glama)
© EneasMX - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le lama est un camélidé de taille moyenne, mesurant environ 1,70 m au garrot pour un poids variant de 120 à 180 kg, avec des extrêmes atteignant 200 kg chez les individus les plus robustes. Il possède un corps élancé, un long cou souple, et une tête fine dotée de grandes oreilles en forme de banane, caractéristiques de l’espèce. Sa silhouette, bien que plus trapue que celle du guanaco, conserve une allure gracile.

Le pelage du lama est dense, laineux et variable en longueur selon les individus et les lignées. Les couleurs sont très diversifiées, allant du blanc pur au noir intense, avec une multitude de variantes brunes, grises ou tachetées. Sa toison, moins fine que celle de l’alpaga, est néanmoins utilisée pour la fabrication de textiles.

Le lama possède deux orteils par pied, chacun protégé par un ongle, avec des coussinets plantaires épais qui lui permettent de se déplacer sans difficulté sur les terrains rocailleux et escarpés des Andes. Comme les autres camélidés, il ne dispose pas de cornes ni de sabots, et sa dentition est adaptée à un régime végétarien : les incisives inférieures, en particulier, sont bien développées et utilisées pour arracher la végétation. Son estomac est tripartite, facilitant la fermentation et la digestion des fibres végétales difficiles à dégrader. Il régule efficacement sa température corporelle, supportant des écarts thermiques importants.

Enfin, son cou sinueux et ses mouvements gracieux témoignent de son adaptation morphologique à la surveillance de l’environnement et à une vie de troupeau dans des régions de moyenne et haute montagne.


Lama glama
Lama glama
Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes

HABITAT

L'aire de répartition du lama s'étend sur l’ensemble des régions montagneuses d’Amérique du Sud au cœur de la cordillère des Andes. On le trouve depuis la Colombie et l’Équateur jusqu'en Argentine ainsi qu'au Chili.

Les hauts plateaux andins, en particulier l'Altiplano au sud-est du Pérou et de la Bolivie occidentale, est l'habitat naturel du lama. Ces plateaux sont couverts de faibles croissances, comme divers arbustes, d'arbres et des herbes rabougris. Dans la région de l'Altiplano, les régions septentrionales sont raisonnablement tempérées et montagneuses, tandis que le sud est plus sec, désertique et inhospitalier. L'animal se rencontre à des altitudes comprises entre 2 500 et 4 000 m.


Lama glama repartition
     Répartition du lama
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

Le lama est un herbivore strict, dont le régime alimentaire est principalement composé d’herbes, de feuilles, de buissons bas et de plantes xérophiles adaptées aux régions andines. Il se nourrit aussi bien de graminées que de dicotylédones, en privilégiant les espèces disponibles localement selon les saisons et les altitudes. Grâce à son estomac compartimenté en trois sections — le rumen, l’omasum et l’abomasum —, le lama peut digérer efficacement la cellulose contenue dans les végétaux secs et pauvres en nutriments. Ce processus est assisté par des micro-organismes symbiotiques qui permettent la fermentation des fibres. En captivité ou dans les élevages, on le nourrit de foin, de luzerne, de céréales en complément, et parfois de blocs minéraux pour prévenir les carences.

Le lama pratique la rumination, bien qu’elle soit moins élaborée que chez les ruminants classiques. Très économe, il a des besoins hydriques modestes et peut parcourir de longues distances à la recherche de pâturages, tout en limitant ses apports en eau.

Le lama broute plutôt que de pincer la végétation, ce qui a un impact plus doux sur les écosystèmes où il évolue. Par ailleurs, il est sélectif dans son alimentation, évitant les plantes toxiques et montrant une certaine prudence alimentaire. Cette frugalité, combinée à son efficacité digestive, explique sa capacité à survivre dans des zones semi-arides où peu d’animaux domestiques pourraient subsister durablement. Dans les Andes, son rôle écologique est souvent considéré comme plus respectueux des prairies d’altitude que celui des moutons ou des bovins introduits.


Lama de la cordillere de Cochabamba
Lama de la cordillère de Cochabamba en Bolivie
© Arthur Chapman - Flickr
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

REPRODUCTION

La reproduction du lama se distingue par plusieurs particularités propres aux camélidés sud-américains. L’espèce est polygame, et les mâles dominants cherchent à s’accoupler avec plusieurs femelles d’un troupeau.

La maturité sexuelle est généralement atteinte vers deux à trois ans pour les mâles, et autour de 12 à 18 mois pour les femelles, bien que les accouplements soient souvent retardés pour éviter des complications précoces. Les accouplements ont lieu au sol, dans une position allongée typique des camélidés. La gestation dure en moyenne 350 jours, soit près d’un an. Une seule progéniture, appelée "cria", naît par portée. À la naissance, le cria pèse entre 8 et 15 kg. Il est capable de se lever et de marcher quelques heures après sa naissance, ce qui est crucial pour sa survie dans les environnements parfois rudes des hauts plateaux andins. Le sevrage intervient généralement entre 4 et 6 mois. Les femelles peuvent à nouveau être fécondées peu de temps après la mise bas, bien qu’une période de récupération soit souvent observée.

L’élevage du lama respecte généralement des cycles naturels, mais dans des élevages organisés, la reproduction peut être contrôlée pour sélectionner certaines qualités : toison, tempérament, taille ou résistance. Globalement, le taux de survie des jeunes est bon dans les conditions favorables, mais les crías restent vulnérables aux maladies respiratoires, au froid et aux prédateurs, surtout dans les premières semaines de vie.


Lama femelle
Lama femelle et son petit
© Kallerna - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

COMPORTEMENT

Le lama est un animal grégaire, pacifique et doté d’un comportement social élaboré. Il vit généralement en groupes hiérarchisés comportant un mâle dominant, plusieurs femelles et leurs petits. Cette structure sociale favorise la cohésion du troupeau et la protection contre les menaces extérieures. Les interactions sociales sont médiées par des postures corporelles, des mimiques faciales et des vocalisations variées, allant des bruits de glouglou au gémissement d’alarme. L’un des comportements les plus connus est le crachat, utilisé pour affirmer une dominance ou dissuader un congénère trop insistant. Ce crachat, souvent composé de salive et de matière gastrique, est dirigé vers des rivaux ou parfois vers les humains, bien que cela reste rare hors de contextes de stress.

Les lamas sont intelligents, facilement dressables, et capables de reconnaître des individus, humains comme congénères. Ils communiquent aussi par des signaux visuels : port de la tête, position des oreilles ou tension du corps. Le mâle défend vigoureusement son territoire et son harem, utilisant parfois des combats à base de morsures, de bousculades ou de cou de jarret. Les lamas présentent un comportement de vigilance élevé, ce qui les rend utiles comme "gardiens" de troupeaux d’ovins contre les prédateurs. Ils émettent alors des cris d’alarme caractéristiques. Leur calme et leur docilité ont aussi favorisé leur adoption dans d’autres régions du monde comme animaux de thérapie, de randonnée ou de compagnie. Curieux mais prudents, ils développent des relations sociales stables, et manifestent un attachement marqué envers les membres de leur groupe et leurs soigneurs.


Lama au desert d'Atacama
Lamas dans le désert d'Atacama au Chili
© Luca Galuzzi - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

PRÉDATION

Bien que le lama soit principalement un animal domestiqué depuis des milliers d'années, il peut encore être la proie de certains animaux, surtout s'il est élevé en semi-liberté ou si des individus s'échappent dans la nature. Les principaux prédateurs du lama sont :

* Pumas : Le puma (Puma concolor), également connus sous le nom de lion de montagne ou cougar, est un grand félin présent dans les Andes et d'autres régions d'Amérique du Sud où les lamas sont traditionnellement élevés. Ils représentent une menace significative, en particulier pour les jeunes lamas.

* Coyotes : Bien que principalement présents en Amérique du Nord, les coyotes (Canis latrans) peuvent s'attaquer aux lamas dans certaines régions où les deux espèces coexistent.

* Ocelots : Les ocelots (Leopardus pardalis) sont des félins de taille moyenne, présents en Amérique latine, qui peuvent également chasser les lamas, surtout les plus jeunes et les plus vulnérables.

* Chiens errants ou féraux : Dans les zones habitées, les chiens non contrôlés peuvent représenter une menace non négligeable pour les troupeaux de lamas, s'attaquant souvent aux animaux malades, blessés ou jeunes.

* Ours : Dans certaines régions, les ours peuvent également être des prédateurs occasionnels.

Il est intéressant de noter que le lama est lui-même parfois utilisé comme animal de garde pour protéger les troupeaux de moutons ou de chèvres contre les prédateurs. Leur taille, leur comportement territorial, leur capacité à alerter et à charger les intrus les rendent efficaces dans ce rôle.


Lama juvenile
Lama juvénile
© Luc Viatour photography
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

DOMESTICATION

La domestication du lama remonte à plusieurs millénaires, et constitue l’un des événements majeurs de l’histoire de l’élevage en Amérique du Sud. Les données archéologiques, génétiques et morphologiques suggèrent que le lama dérive directement du guanaco, espèce sauvage encore présente aujourd’hui dans les plaines et montagnes andines.

Les premières traces de domestication remontent à environ 4 000 à 5 000 ans avant notre ère, dans les hauts plateaux de l’actuel Pérou, plus précisément dans la région de l’altiplano. Ce processus a été conduit par les sociétés précolombiennes des Andes, qui ont progressivement sélectionné les individus les plus dociles, résistants et adaptés à la vie en troupeau. Contrairement aux grands centres de domestication du Vieux Monde, le lama n’a pas été domestiqué pour la traction, mais principalement pour sa capacité à transporter des charges, sa laine et sa viande. Les cultures andines, notamment celles de la civilisation Tiwanaku puis de l’Empire inca, ont joué un rôle central dans la diffusion du lama à travers tout l’arc andin, du nord du Pérou jusqu’au nord de l’Argentine et au Chili. Le lama y tenait une place économique et symbolique essentielle, figurant dans les rites, l’iconographie et les offrandes funéraires.

La colonisation espagnole n’a pas remis en cause sa présence, bien que les nouveaux animaux européens aient parfois concurrencé son élevage. Toutefois, le lama a conservé un rôle vital dans les communautés rurales andines. Aujourd’hui, sa domestication est considérée comme un exemple remarquable de gestion durable des ressources animales en milieu montagnard, et il reste un symbole identitaire fort pour les peuples andins. Les études génétiques modernes confirment son origine à partir d’une lignée précise de guanacos, avec des signes de sélection ancienne sur les gènes liés au comportement et à la morphologie.


Lama gros plan
Gros plan du lama
© Frank Vincentz - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

TAXONOMIE

Le lama appartient à la famille des Camelidae et au sous-ordre des Tylopoda. L’origine du genre Lama est attribuée à Georges Cuvier en 1800. L’espèce Lama glama a été décrite initialement par Carl Linnaeus en 1758 sous le nom de Camelus glama, dans sa dixième édition du Systema Naturae.

Ce n’est qu’au XIXe siècle, avec les progrès de l’anatomie comparée et des classifications, que le lama a été transféré dans le genre Lama, distinct de Camelus, pour refléter ses différences morphologiques et géographiques. Des analyses génétiques ont confirmé que le lama est un descendant domestiqué du guanaco, bien que certains croisements avec l’alpaga aient pu se produire au fil des siècles.

La séparation des genres Lama et Vicugna a été confirmée par des données moléculaires dans les années 2000, montrant que l’alpaga descend de la vigogne et non du guanaco, contrairement au lama. Les débats ont également porté sur le statut taxonomique de certaines populations hybrides.

Aujourd’hui, Lama glama est unanimement reconnu comme une espèce domestique distincte, bien que non sauvage, et son inclusion dans les inventaires faunistiques repose sur sa valeur culturelle et biologique. Il constitue donc l’un des rares grands mammifères domestiqués exclusivement en Amérique du Sud.


Llama
En anglais, le lama est appelé Llama
Source: Parc des Cytises

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communLama
English nameLlama
Español nombreLlama
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreTylopoda
FamilleCamelidae
GenreLama
Nom binominalLama glama
Décrit parCarl von Linné (Linnaeus)
Date1758

SOURCES

* Liens internes

Animal Diversity Web

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

* Liens externes

Arthur Chapman - Flickr

Luc Viatour photography

Parc des Cytises

Wikimedia Commons

Zooinstitutes

* Bibliographie

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