Oryx gazelle (Oryx gazella)
L'oryx gazelle (Oryx gazella) est une grande antilope appartenant à la famille des bovidés dans le genre Oryx. Espèce emblématique des paysages arides d’Afrique australe, cet animal est bien adapté aux conditions extrêmes des déserts et savanes sèches, grâce à des caractéristiques morphologiques et physiologiques remarquables. L'oryx gazelle est également appelé Oryx gemsbok ou encore tout simplement Gemsbok.

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L’oryx gazelle est l’une des plus grandes espèces du genre Oryx. Il présente une stature robuste, une musculature développée et un pelage caractéristique qui lui permet de se fondre dans son environnement désertique.
Les mâles et les femelles ont une taille relativement similaire, bien que les mâles soient généralement légèrement plus imposants. Un individu adulte mesure entre 1,1 et 1,4 m au garrot, avec une longueur corporelle de 1,9 à 2,4 m. Son poids varie entre 180 et 240 kg pour les mâles et entre 100 et 210 kg pour les femelles.
Le pelage de l’oryx gazelle est un élément distinctif de son apparence. Il est majoritairement gris-beige, avec des marques noires bien définies sur le visage, le cou, les jambes et les flancs. Une bande noire s’étend de la base des cornes jusqu’au museau, entourant les yeux comme un masque. Une autre bande noire descend le long du cou et du torse, contrastant avec la blancheur du ventre. Ces motifs ne sont pas uniquement esthétiques, ils jouent également un rôle dans la thermorégulation et la dissimulation face aux prédateurs.
Les deux sexes possèdent de longues cornes droites, qui peuvent atteindre 85 à 120 cm. Les cornes des femelles sont généralement plus fines mais aussi longues que celles des mâles. Ces appendices sont utilisés aussi bien pour la défense que pour les combats entre individus, en particulier chez les mâles en compétition pour l’accès aux femelles.
L’oryx gazelle est également doté de glandes sudoripares spécialisées et d’un système circulatoire adaptatif qui lui permettent de survivre dans des conditions de chaleur extrême. Son organisme est capable d’augmenter sa température interne jusqu’à 45°C pour éviter une perte excessive d’eau par transpiration.

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Autrefois largement répandu dans les zones arides d'Afrique australe, du Kalahari au Karoo, et présent marginalement en Angola, l'oryx gazelle a subi une contraction significative de son aire de répartition et une diminution de ses effectifs en raison de l'expansion des activités humaines aux XIXe et XXe siècles. Cependant, des efforts de réintroduction massifs sur des terres privées et des zones protégées au cours des deux dernières décennies ont contribué à stabiliser sa population. Aujourd'hui, bien que sa répartition soit dispersée, l'oryx gazelle reste présent dans le sud-ouest de l'Afrique australe, à l'exception de l'Angola où il est considéré comme disparu, même dans son ancien bastion du parc national d'Iona. Des introductions limitées ont également été réalisées dans des régions situées en dehors de son aire de répartition naturelle, notamment dans des ranchs privés au Zimbabwe.
Adapté aux terres arides et inhabitables pour la plupart des grands mammifères, l'oryx gazelle habite les savanes et prairies semi-arides et arides du Kalahari et du Karoo, ainsi que des régions adjacentes d'Afrique australe. Il est aussi à l'aise dans les plaines sablonneuses et pierreuses que dans les plaines alcalines. Il fréquente les hautes dunes de sable et escalade les montagnes pour se rendre aux sources et aux salines.

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L’oryx gazelle est un herbivore opportuniste capable de tirer parti d’une variété de ressources alimentaires pour survivre dans un environnement aride où la nourriture est rare et saisonnière. Il se nourrit principalement de graminées, de plantes ligneuses, de buissons et d’herbes sèches. En période de sécheresse, il complète son alimentation avec des feuilles d’acacias, des tubercules et des racines riches en eau. Contrairement à d’autres herbivores qui dépendent des points d’eau, l’oryx peut survivre de longues périodes sans boire en puisant l’eau nécessaire dans les plantes qu’il consomme.
L’oryx gazelle possède une capacité remarquable à minimiser sa consommation d’eau. Son métabolisme réduit sa production d’urine et concentre ses excréments pour éviter toute perte d’eau inutile. Il est aussi capable de détecter des plantes particulièrement riches en eau, lui permettant ainsi de maintenir une hydratation adéquate même en plein désert.

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L’oryx gazelle adopte une stratégie reproductive adaptée à son environnement difficile, maximisant ses chances de survie malgré des conditions climatiques extrêmes. La reproduction n’est pas strictement saisonnière, bien que la plupart des naissances aient lieu après la saison des pluies, lorsque la nourriture est plus abondante.
La gestation dure environ 8,5 à 9 mois, après quoi la femelle met bas un unique petit, rarement des jumeaux. À la naissance, le nouveau-né est caché dans la végétation pendant les premières semaines, une stratégie de survie courante chez les antilopes du désert. Sa robe est plus uniforme et sans les marques noires distinctives des adultes, ce qui lui permet de mieux se camoufler. La mère revient régulièrement l’allaiter, et après quelques semaines, le jeune rejoint le troupeau. L’allaitement dure environ 3 à 4 mois, bien que le petit commence à brouter dès son premier mois. Il atteint sa maturité sexuelle entre 18 et 24 mois pour les femelles et autour de 30 mois pour les mâles.
L’oryx gazelle a une longévité moyenne de 18 à 20 ans à l’état sauvage. En captivité, où il est à l’abri de toute menace et bénéficie d’une alimentation régulière, il peut vivre jusqu’à 25 ans. Sa longévité dépend principalement des conditions environnementales, de la disponibilité des ressources et de la pression des prédateurs.

Source: Réserve africaine de Sigean
L’oryx gazelle est un animal social qui vit en groupes de tailles variables selon les saisons et les conditions environnementales. Les oryx vivent en petits groupes familiaux de 10 à 40 individus, généralement composés de femelles, de jeunes et d’un mâle dominant. Les jeunes mâles forment parfois des groupes de célibataires avant de rejoindre un troupeau reproducteur. Lorsque la nourriture se fait rare, ils peuvent adopter une vie plus solitaire ou former de grands rassemblements temporaires de plusieurs dizaines d’individus, facilitant la recherche de ressources.
Grâce à sa puissance physique et à ses cornes acérées, l’oryx gazelle est un adversaire redoutable pour les prédateurs. Les jeunes restent vulnérables face à la prédation, mais leur camouflage et la vigilance du troupeau leur offrent une certaine protection.

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L’oryx gazelle évolue dans des environnements arides où les ressources sont limitées, ce qui influence la présence et le comportement de ses prédateurs. Malgré sa taille imposante et ses capacités défensives, il est confronté à plusieurs menaces provenant des carnivores africains. Ses ennemis naturels varient selon l’âge, la condition physique et l’environnement de l’oryx.
* Lion : Le lion (Panthera leo) est le principal prédateur de l’oryx gazelle. Ce félin puissant chasse aussi bien les jeunes que les adultes. Les lions chassent généralement en groupe, ce qui leur permet de neutraliser même les individus les plus robustes. Leur technique de chasse consiste à encercler l’oryx et à l’attaquer par surprise.
* Léopard : Bien que moins spécialisé dans la chasse aux grandes antilopes, le léopard (Panthera pardus) représente une menace pour les jeunes et les individus isolés. Ce félin adopte une approche furtive, profitant de l’effet de surprise pour bondir sur sa proie. Les jeunes oryx sont particulièrement vulnérables dans leurs premières semaines de vie, lorsqu’ils restent cachés dans la végétation.
* Hyène tachetée : Les hyènes tachetées (Crocuta crocuta) sont des prédateurs opportunistes qui s’attaquent aux jeunes oryx ou aux adultes affaiblis. Elles chassent en meute, utilisant leur endurance pour poursuivre leurs proies sur de longues distances jusqu’à l’épuisement. Contrairement aux lions, elles n’attaquent pas directement un oryx adulte en bonne santé, sauf si celui-ci est isolé.
* Guépard : Le guépard (Acinonyx jubatus) chasse principalement les jeunes ou les individus affaiblis. Il ne s’attaque généralement pas aux adultes en bonne condition physique, car l’oryx est capable de courir rapidement et de se défendre avec ses cornes. Cependant, grâce à sa vitesse exceptionnelle (jusqu’à 110 km/h), le guépard peut surprendre un jeune oryx et le capturer avant qu’il ne puisse rejoindre le troupeau.
* Lycaon : Les lycaons (Lycaon pictus) chassent en meute et utilisent leur endurance pour pourchasser leurs proies jusqu’à l’épuisement. Ils peuvent s’attaquer aux oryx adultes, mais ciblent principalement les jeunes ou les individus affaiblis. Contrairement aux lions et aux hyènes, ils consomment rapidement leur proie, en quelques minutes seulement.
* Autres prédateurs : Les jeunes oryx sont particulièrement vulnérables aux prédateurs. Pendant les premières semaines de leur vie, ils restent cachés dans la végétation pour éviter d’être repérés. Toutefois, certains prédateurs spécialisés dans la chasse aux petits mammifères représentent une menace tels que le chacal à chabraque (Canis mesomelas), le caracal (Caracal caracal) ou encore l'aigle martial (Polemaetus bellicosus).
Pour survivre dans les environnements arides où les prédateurs sont nombreux, l'oryx gazelle a développé des stratégies de défense efficaces. Vivant en groupes, les oryx pratiquent une vigilance collective, permettant une détection précoce des dangers et une réaction coordonnée, qu'il s'agisse de s'éloigner rapidement ou d'adopter une posture défensive. Bien qu'il ne soit pas le plus rapide des animaux, l'oryx possède une endurance remarquable et peut courir jusqu'à 60 km/h sur de longues distances, lui offrant une chance d'échapper à ses poursuivants. En dernier recours, l'oryx utilise ses longues et acérées cornes comme une arme redoutable, chargeant ses assaillants et pouvant infliger des blessures mortelles, même à de grands prédateurs comme les lions et les hyènes. Enfin, les jeunes bénéficient d'un camouflage naturel grâce à leur pelage uniforme, dépourvu des bandes noires distinctives des adultes, ce qui leur permet de mieux se fondre dans le paysage désertique et d'échapper à la détection.

© Dominique Mignard - Mammifères Africains

Actuellement, la survie de l'oryx gazelle ne fait l'objet d'aucune menace majeure. Par le passé, ses effectifs et sa répartition ont considérablement diminué en raison de l'expansion des activités humaines en Afrique australe aux XIXe et XXe siècles. Pourtant, au cours des deux dernières décennies, ce bovidé a été largement réintroduit sur des terres privées et dans des zones protégées. Par exemple, en Namibie, les populations les plus importantes se trouvent sur des terres agricoles privées, où la population estimée est passée de 55 000 en 1972 à plus de 164 000 en 1992.
Malgré cette tendance favorable, dans certaines régions comme le sud-ouest du Botswana, sa répartition est de plus en plus restreinte aux zones protégées, à tel point qu'il existe désormais deux zones de concentration distinctes dans cette région : dans les réserves de gibier du centre de Kgalagadi-Khutse et au nord et à l'est du parc national de Gemsbok. En dehors de ces zones protégées, on le trouve principalement dans les zones du Kalahari sans bétail.
Sa capacité à subvenir à ses besoins de survie dans une zone relativement restreinte de savane semi-aride ou aride, même en cas de sécheresse sévère, lui permet d'occuper des aires de répartition annuelles moyennes bien plus restreintes que celles d'espèces migratrices comme le gnou bleu et le bubale roux. Son indépendance vis-à-vis des eaux de surface et son comportement sédentaire lui ont permis d'échapper largement aux effets néfastes des clôtures vétérinaires.

Crédit photo: Karelj - Wikimedia Commons

L'oryx gazelle n'est actuellement pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.
Les populations les plus importantes se trouvent sur des terres privées (environ 45 % de la population), notamment en Namibie, et dans des parcs nationaux (35 %) telles que Namib-Naukluft et Etosha (Namibie), les réserves de gibier du Kgalagadi-Khutse central et le parc national de Gemsbok et ses environs (Botswana) ainsi que le parc national de Gemsbok du Kalahari (Afrique du Sud). Toutes ces populations sont stables ou en augmentation.
L'oryx gazelle représente une valeur économique majeure pour l'industrie de la faune sauvage en Afrique australe. C'est une espèce trophée clé dans les fermes à gibier et un élément important des activités de capture de gibier. En Afrique du Sud, il est très recherché par les agriculteurs en raison de sa valeur de trophée. Il a été largement introduit dans des zones situées hors de son aire de répartition naturelle. Par exemple, les effectifs d'oryx gazelle ont augmenté de façon spectaculaire dans les fermes du bushveld au nord du pays, principalement en raison d'introductions en provenance de Namibie. Le parc national de Gemsbok du Kalahari abrite la plus grande population d'oryx gazelle d'Afrique du Sud.

© Winfried Bruenken - Wikimedia Commons

L’oryx gazelle appartient à la famille des Bovidae et à la sous-famille des Hippotraginae, qui regroupe d’autres antilopes du genre Oryx. Son proche parent est l’oryx beïsa (Oryx beisa), avec lequel il partage de nombreuses similitudes morphologiques. L’espèce a été décrite pour la première fois par Carl Linnaeus en 1758. Elle est restée relativement stable sur le plan taxonomique, bien que certaines variations régionales aient été étudiées.
Outre sa morphologie impressionnante et ses adaptations remarquables, l'oryx gazelle possède une histoire taxonomique complexe incluant généralement deux sous-espèces principales basées sur des variations morphologiques et géographiques :
- Oryx gazella gazella (Linnaeus, 1758) : C’est la sous-espèce nominale, également appelée oryx gemsbok du sud. Elle se trouve principalement en Afrique du Sud, Namibie, Botswana et Angola. Elle est plus grande et plus robuste que la sous-espèce du nord, avec des cornes plus longues et plus épaisses. Son habitat principal est le désert du Kalahari et les plaines semi-arides.
- Oryx gazella callotis (Thomas, 1892) : Connue sous le nom d’oryx à oreilles noires, cette sous-espèce est parfois considérée comme une variante régionale de oryx beïsa. Elle est présente dans le nord de la Tanzanie et le sud du Kenya. Elle se distingue par des marques faciales plus contrastées et des extrémités des oreilles plus sombres. Certains taxonomistes la classent comme une sous-espèce d’oryx beïsa, tandis que d’autres la considèrent comme un hybride régional entre Oryx gazella et Oryx beisa.
D’autres populations d’oryx gazelle montrent des variations locales, mais elles ne sont pas reconnues comme des sous-espèces distinctes en raison du manque de différences génétiques significatives.
Nom commun | Oryx gazelle |
Autre nom | Gemsbok |
English name | Gemsbok Gemsbuck |
Español nombre | Orix de El Cabo |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Hippotraginae |
Genre | Oryx |
Nom binominal | Oryx gazella |
Décrit par | Carl von Linné (Linnaeus) |
Date | 1758 |
Satut IUCN | ![]() |
* Oryx algazelleOryx algazelle (Oryx dammah)
* Oryx beïsaOryx beïsa (Oryx beisa)
* Oryx d'ArabieOryx d'Arabie (Oryx leucoryx)
Liens internes
Liste Rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
Liens externes
Bibliographie
Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Princeton University Press.
Macdonald, D. (2009). The Princeton Encyclopedia of Mammals. Princeton University Press.
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