Oryx d'Arabie (Oryx leucoryx)
L'oryx d'Arabie (Oryx leucoryx) est une grande antilope parfaitement adaptée aux environnements désertiques, célèbre pour sa silhouette élancée et ses cornes longues et droites. C'est la plus petite des quatre espèces d'oryx. Jadis au bord de l’extinction à l’état sauvage, ce bovidé fait aujourd’hui l’objet d’efforts de conservation réussis. L'oryx d'Arabie est est également appelé Oryx blanc.

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L’oryx d’Arabie est la plus petite espèce du genre Oryx, mais il conserve une stature imposante et gracieuse. Son corps est parfaitement adapté aux conditions extrêmes du désert grâce à plusieurs traits morphologiques spécifiques. Il mesure environ 80 à 100 cm au garrot et sa longueur totale varie entre 140 et 170 cm, du museau à la base de la queue. Le poids moyen des mâles oscille entre 70 et 100 kg, tandis que les femelles sont légèrement plus légères, pesant entre 60 et 90 kg.
L’oryx d’Arabie possède un pelage court et dense, de couleur blanche éclatante. Cette couleur n’est pas anodine : elle permet à l’animal de réfléchir une grande partie des rayons solaires, limitant ainsi l’absorption de chaleur. Le ventre, la queue et l’extrémité des pattes sont quant à eux noirs, créant un contraste visuel net. Son visage est orné de marques sombres autour des yeux et du museau, dessinant un motif caractéristique qui lui confère une expression marquée.
Les cornes de l’oryx d’Arabie sont longues, minces et droites, mesurant en moyenne 50 à 75 cm de long. Ces cornes sont présentes chez les deux sexes et sont utilisées à la fois pour la défense et pour établir la dominance au sein des groupes. Le crâne est relativement allongé, avec une ossature robuste adaptée aux impacts lors des affrontements entre individus.
L’oryx d’Arabie dispose de plusieurs adaptations pour survivre dans le désert : Il peut supporter une température corporelle élevée (jusqu’à 45 °C) sans transpirer, ce qui lui permet de limiter la perte d’eau. Son métabolisme est optimisé pour conserver un maximum d’humidité, et ses reins concentrent efficacement l’urine pour minimiser les pertes hydriques.

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L'oryx d'Arabie était autrefois présent dans la majeure partie de la péninsule arabique, jusqu'au Koweït et à l'Irak au nord. Son aire de répartition s'était déjà contractée au début du XXe siècle et le déclin s'est accéléré par la suite. Avant 1920, l'aire de répartition de l'oryx était divisée en zones séparées de plus de 1 000 km : une population au nord, dans et autour du Nafud, et une population au sud, plus importante, dans le Rub Al Khali et les plaines du centre-sud d'Oman. L'oryx a disparu du nord dans les années 1950. Au sud, son aire de répartition a régulièrement diminué en raison de la chasse, et dans les années 1960, l'espèce était confinée à certaines parties du centre et du sud d'Oman. Les derniers individus sauvages ont probablement été abattus en 1972 sur le Jiddat al Harasis.
L'oryx d'Arabie a été réintroduit à Oman (Sanctuaire de l'oryx d'Arabie, à partir de 1982); Arabie saoudite (réserve de Mahazat as-Sayd, 2 244 km² depuis 1990; réserve d'Uruq Bani Ma'arid, 12 000 km² depuis 1995); Israël (trois sites dans le nord de l'Arava et le désert du Néguev, depuis 1997); Émirats arabes unis (réserve d'oryx d'Arabie, Abou Dhabi, depuis 2007) et Jordanie (Wadi Rum, depuis 2014).
Il existe une petite population introduite sur l'île de Hawar, à Bahreïn, et de grandes populations semi-gérées sur plusieurs sites au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

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L'oryx d'Arabie est un herbivore strictement adapté aux environnements arides, son régime alimentaire étant composé de végétaux capables de survivre dans des conditions de sécheresse. Sa nutrition repose sur une recherche active de ressources dans des zones où l'eau et la végétation sont rares. Il se nourrit principalement d'herbes sèches et de graminées, surtout après les épisodes de pluie, ainsi que de feuilles et de jeunes pousses d'arbustes désertiques comme les acacias. Les tubercules et les racines constituent une source d'humidité cruciale, et il consomme également des fruits et des cosses de plantes désertiques telles que le calotropis.
Pour minimiser la perte d'eau, l'oryx adopte un comportement crépusculaire et nocturne durant les périodes de forte chaleur. Il est capable de parcourir de longues distances, parfois plusieurs dizaines de kilomètres, pour trouver de la nourriture et possède une aptitude remarquable à détecter les zones ayant récemment reçu des précipitations, se dirigeant vers elles avant même l'apparition de la végétation.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
La reproduction chez l'oryx d'Arabie, bien qu'adaptable aux conditions environnementales et pouvant survenir tout au long de l'année, suit un cycle gestationnel d'environ huit à neuf mois. La femelle donne généralement naissance à un seul petit, bien que des cas de jumeaux soient possibles. L'intervalle entre deux mises bas est d'environ 18 mois, mais peut se raccourcir si l'environnement est favorable. À la naissance, le jeune pèse entre huit et dix kilogrammes et arbore un pelage beige clair, lui offrant un camouflage efficace dans le sable désertique. Durant ses premières semaines, la mère le dissimule dans la végétation pour le protéger des prédateurs. Le sevrage a lieu entre trois et quatre mois, mais le jeune reste auprès de sa mère jusqu'à l'âge d'un an. Les mâles atteignent leur maturité sexuelle plus tardivement, entre deux ans et demi et trois ans, tandis que les femelles peuvent se reproduire dès l'âge de deux ans. En captivité, l'oryx d'Arabie peut vivre jusqu'à vingt ans, mais son espérance de vie dans la nature est généralement plus courte, se situant entre dix et quinze ans.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
L’oryx d’Arabie vit en petits groupes sociaux et adopte des comportements spécifiques pour survivre dans un milieu hostile. Les troupeaux sont généralement composés de 5 à 30 individus, avec une structure hiérarchique où un mâle dominant guide le groupe. Les mâles solitaires existent également et cherchent parfois à défier le chef de troupeau pour prendre sa place. L’oryx utilise ses cornes pour se défendre contre les prédateurs et lors de conflits territoriaux. Les combats entre mâles sont plus fréquents en période de reproduction, bien qu’ils soient rarement mortels.
L’oryx d’Arabie est un nomade qui peut parcourir de longues distances pour trouver de l’eau et de la nourriture. Ses sabots larges lui permettent de se déplacer aisément sur les terrains sableux et rocailleux du désert.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
L’oryx d’Arabie évolue dans un environnement aride où les grands prédateurs sont relativement rares. Cependant, certaines espèces ont historiquement représenté une menace pour lui, notamment lorsqu’il est jeune ou affaibli. La disparition de certains prédateurs dans la péninsule Arabique a modifié ces relations, mais plusieurs animaux restent des ennemiss potentiels de l’oryx.
* Loup d’Arabie : Le loup d’Arabie (Canis lupus arabs) est l’un des rares prédateurs capables de s’attaquer à l’oryx d’Arabie, en particulier aux individus jeunes, malades ou âgés. Ce canidé opportuniste chasse généralement en solitaire ou en petits groupes familiaux, ce qui lui permet de viser des proies vulnérables. Les loups arabes traquent souvent les jeunes oryx lorsqu’ils sont laissés sans surveillance par leur mère. Ils peuvent également attaquer des adultes affaiblis par la sécheresse ou des blessures. Les oryx adultes, grâce à leur taille et à leurs cornes acérées, peuvent cependant se défendre efficacement contre un loup isolé.
* Léopard d’Arabie : Le léopard d’Arabie (Panthera pardus nimr) était autrefois un prédateur majeur de l’oryx, mais il est aujourd’hui extrêmement rare et confiné à quelques zones montagneuses du Yémen, d’Oman et d’Arabie saoudite. Ce grand félin, puissant et agile, pouvait autrefois s’attaquer à des adultes en embuscade, notamment dans des zones rocheuses où il avait l’avantage du terrain. Cependant, la forte diminution des populations de léopards d’Arabie signifie que cette menace est aujourd’hui presque inexistante pour les oryx vivant en liberté.
* Hyène rayée : La hyène rayée (Hyaena hyaena) est un charognard opportuniste, mais elle peut également s’attaquer aux jeunes oryx ou aux individus affaiblis. Elle préfère toutefois se nourrir de carcasses et ne constitue pas une menace aussi importante que le loup d’Arabie ou le léopard. Les hyènes sont capables de suivre les troupeaux d’oryx et d’attendre qu’un individu meure de soif ou de maladie pour s’en nourrir. En cas de pénurie de charognes, elles peuvent tenter d’attaquer un jeune isolé, bien que cela soit rare.
* Rapaces : Bien que les oryx adultes ne risquent rien face aux aigles et vautours, leurs petits peuvent être la cible de grands rapaces, comme l’aigle royal (Aquila chrysaetos). Ces oiseaux de proie peuvent enlever un jeune oryx s’il est assez petit et sans protection. Cependant, ces attaques restent rares.
* Chiens sauvages ou féraux : Dans certaines régions, des chiens errants ou féraux peuvent constituer une menace pour les jeunes oryx. Ces chiens, souvent descendants d’animaux domestiques retournés à l’état sauvage, chassent en meute et peuvent s’attaquer aux petits oryx si l’occasion se présente.

Auteur: Joseph Wolf

Les principales menaces pesant sur cette espèce sont la chasse illégale, le surpâturage et la sécheresse. La population du sanctuaire d'oryx d'Arabie d'Oman a été dévastée par la capture illégale d'animaux vivants destinés à être vendus à des collections privées et a été rendue totalement inefficace, les braconniers ayant prélevé ou tué au moins 200 oryx en trois ans. En fait, le site est le premier à être retiré de la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, suite à la décision d'Oman de réduire la taille de la zone protégée de 90 % et de poursuivre la prospection d'hydrocarbures (Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO, 2015). Des cas de braconnage ont également été signalés à Uruq Bani Ma'arid, en Arabie saoudite. Les autres populations des zones protégées sont généralement à l'abri du braconnage, mais la sécurité des animaux qui errent hors des sites de lâcher ne peut être garantie, sauf peut-être en Israël. La sécheresse et le surpâturage ont réduit la qualité de l'habitat par endroits et limité le choix des sites potentiels de lâcher. Une sécheresse prolongée dans le centre-ouest de l'Arabie saoudite a entraîné la mort de 560 oryx dans la réserve clôturée de Mahazt as Sayd, entre 1999 et 2008.

Crédit photo: Tamar Assaf - Wikimedia Commons

L'oryx d'Arabie est actuellement considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie "Vulnérable" (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN ainsi qu'en Annexe I de la CITES.
La législation de protection est adéquate dans tous les pays où des populations ont été réintroduites. Presque tous les animaux relâchés se trouvent dans des zones protégées. La population captive est bien gérée et dispose d'un registre généalogique international. De plus, de nombreux individus sont conservés dans des centres d'élevage et des collections privées, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite. L'Agence pour l'environnement d'Abou Dhabi envisage des lâchers en Irak (Agence pour l'environnement d'Abou Dhabi, 2010). Une stratégie régionale de conservation de l'oryx d'Arabie a été élaborée en 2007. Le Comité de coordination pour la conservation de l'oryx d'Arabie est un organisme intergouvernemental chargé de coordonner les efforts de conservation dans la péninsule arabique. Des réintroductions au Koweït, en Irak et en Syrie ont également été proposées.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
L’oryx d’Arabie appartient à la famille des Bovidae et à la sous-famille des Hippotraginae, qui regroupe plusieurs antilopes robustes adaptées aux milieux arides. C'est une espèce monotypique, ce qui signifie qu’aucune sous-espèce n’est officiellement reconnue. Contrairement à d’autres espèces du genre Oryx, l’oryx d’Arabie ne présente pas de différenciations géographiques marquées au sein de son aire de répartition. Cependant, des variations morphologiques mineures ont été observées selon les populations, notamment dans :
- La taille des cornes, légèrement plus longues chez certaines populations du sud de la péninsule Arabique.
- La teinte du pelage, qui peut être plus ou moins blanche selon les régions et les conditions climatiques locales.
Malgré ces différences, l’uniformité génétique globale de l’espèce ne justifie pas la classification en sous-espèces distinctes.

Crédit photo: Bongowwf - Zoochat
Nom commun | Oryx d'Arabie |
Autre nom | Oryx blanc |
English name | Arabian oryx |
Español nombre | órice de Arabia |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Hippotraginae |
Genre | Oryx |
Nom binominal | Oryx leucoryx |
Décrit par | Peter Simon Pallas |
Date | 1777 |
Satut IUCN | ![]() |
* Oryx algazelleOryx algazelle (Oryx dammah)
* Oryx beïsaOryx beïsa (Oryx beisa)
* Oryx gazelleOryx gazelle (Oryx gazella)
Liens internes
Liste Rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
Liens externes
Bibliographie
Nowak, R. M. (1999). Walker’s Mammals of the World (6th ed.). Johns Hopkins University Press.
Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Academic Press.
Stanley Price, M. R. (1989). Animal Re-introductions: The Arabian Oryx in Oman. Cambridge University Press.
Ostrowski, S., Williams, J. B., & Ismael, K. (2002). "Physiological adaptations of the Arabian oryx to desert environments." Journal of Arid Environments, 51(3), 413-422.
Hayward, M. W., & Hofmeyr, M. (2006). "The reintroduction of large mammals to desert ecosystems: Lessons from the Arabian oryx in Saudi Arabia." Oryx, 40(4), 348-356.
IUCN SSC Antelope Specialist Group. (2021). Oryx leucoryx (Arabian Oryx). The IUCN Red List of Threatened Species.
Islam, M. Z., Boug, A., & Wronski, T. (2011). "Reintroduction of Arabian oryx in Saudi Arabia: Implications for conservation in arid environments." Biodiversity and Conservation, 20, 1787-1802.
Groves, C., & Grubb, P. (2011). Ungulate Taxonomy. Johns Hopkins University Press.