Dromadaire (Camelus dromedarius)
Le dromadaire (Camelus dromedarius) est un mammifère herbivore appartenant à la famille des Camelidae. Principalement domestiqué, il est aujourd’hui rare à l’état sauvage, bien que quelques populations redevenues féraux existent en Australie. Le dromadaire joue un rôle crucial dans les sociétés désertiques depuis des millénaires, servant de monture, de bête de somme, et de source de lait, de viande et de cuir. Adapté aux conditions extrêmes des zones arides et semi-arides, ce camélidé est emblématique des régions sahariennes, de la Corne de l’Afrique, du Moyen-Orient et du sous-continent indien. Sa physiologie remarquable lui permet de survivre à des températures extrêmes et à des pénuries prolongées d’eau. Sa résistance et son endurance en font un animal domestique d’une importance économique et culturelle majeure dans les zones désertiques. Le dromadaire est également appelé chameau d’Arabie ou chameau à une bosse.

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Le dromadaire est un animal élancé, de grande taille, reconnaissable à sa seule bosse dorsale, composée de tissu adipeux. Il mesure entre 1,8 et 2,3 mètres au garrot et pèse de 300 à 600 kilogrammes selon le sexe et l’état physiologique. Son long cou incurvé, ses jambes fines mais robustes, ainsi que ses pieds larges dotés de coussinets souples adaptés au sable, lui confèrent une démarche oscillante caractéristique appelée "pas de chameau ". La tête, étroite et allongée, porte de grands yeux protégés par deux rangées de cils et des narines capables de se fermer, réduisant l’inhalation de sable.
Le pelage, variant du beige clair au brun, est court mais dense, lui permettant de refléter une partie du rayonnement solaire tout en le protégeant du froid nocturne. La bosse, contrairement à une idée reçue, ne contient pas d’eau mais constitue une réserve énergétique utilisée en période de jeûne. Les organes internes du dromadaire témoignent également de ses adaptations extrêmes : ses reins concentrent fortement l’urine pour économiser l’eau, et ses intestins peuvent réabsorber efficacement l’humidité des matières fécales. Sa température corporelle peut fluctuer de manière contrôlée entre 34 et 41 °C afin d’éviter la transpiration inutile. Toutes ces caractéristiques font du dromadaire l’un des mammifères les plus adaptés à la vie désertique.

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L'aire de répartition du dromadaire se situe dans les zones arides ou désertiques chaudes d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et du Proche-Orient. Les plus importantes populations de dromadaires d’Afrique sahélienne vivent en Somalie, au Soudan et en Éthiopie. On le trouve également dans tous les pays bordant l'Océan Indien, depuis le désert du Néguev et la péninsule arabique jusqu’en Inde dans le désert du Rajasthan. Ce camélidé à également été introduit en Australie où il a réussi à s’acclimater et à se reproduire.

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Le dromadaire est un herbivore ruminant au régime alimentaire particulièrement flexible, ce qui lui permet de survivre dans les milieux pauvres et arides. Il se nourrit principalement d’herbes sèches, de broussailles épineuses, de feuilles d’acacia, de plantes halophiles et même de végétaux que la plupart des autres herbivores évitent en raison de leur forte teneur en sel ou en substances toxiques.
Son système digestif, composé d’un estomac à trois compartiments, est capable de traiter une grande variété de végétaux coriaces, pauvres en nutriments. Il peut ingérer des aliments secs avec très peu d’eau, et son ruminement assure une extraction maximale des nutriments. Grâce à sa lèvre supérieure fendue et mobile, le dromadaire peut saisir avec précision des feuilles et des branches, même épineuses, sans se blesser. Il est également capable de parcourir de longues distances à la recherche de nourriture, adaptant sa consommation selon la disponibilité des ressources.
Lorsqu’il a accès à de l’eau, il peut boire jusqu’à 100 litres en quelques minutes et reconstituer rapidement les fluides corporels perdus. Cependant, il peut aussi rester plusieurs jours, voire semaines, sans boire s’il trouve une nourriture légèrement humide. Cette stratégie alimentaire, combinée à une efficacité métabolique hors pair, lui confère une autonomie remarquable dans les milieux désertiques où la nourriture est rare et dispersée.

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Le dromadaire atteint la maturité sexuelle entre 3 et 5 ans, bien que la reproduction optimale se produise généralement à partir de 6 ans chez les mâles et de 4 ans chez les femelles. La saison de reproduction est influencée par les conditions climatiques et les ressources disponibles, mais a lieu en général pendant les mois les plus frais. Le mâle entre en rut, ou période de musth, durant laquelle il devient agressif, produit de la mousse à la bouche, et émet un grondement sourd tout en exposant un organe unique appelé "dulaa", une sorte de vessie pharyngée éversible. Il marque son territoire avec son urine et ses sécrétions glandulaires pour attirer les femelles et repousser les concurrents.
La gestation dure en moyenne 13 mois (370 à 410 jours), au terme de laquelle la femelle met bas un seul petit, exceptionnellement deux. Le jeune, appelé chamelon, naît bien développé, pesant entre 30 et 50 kg, et se tient debout en moins d’une heure après la naissance. L’allaitement dure généralement jusqu’à 12 à 18 mois, bien que la mère puisse continuer à protéger et accompagner son petit plus longtemps. Les femelles peuvent se reproduire tous les deux ans si les conditions sont favorables. La longévité reproductive du dromadaire est longue : les femelles peuvent donner naissance jusqu’à l’âge de 20 à 25 ans. La sélection artificielle par les éleveurs vise souvent à optimiser les caractéristiques de productivité, d’endurance ou de tempérament.
Le dromadaire vit en moyenne entre 40 et 50 ans. En captivité, avec de bons soins vétérinaires et une alimentation adaptée, certains individus peuvent atteindre cet âge maximal. Toutefois, dans les conditions plus rudes des régions désertiques, son espérance de vie est souvent réduite à 25–35 ans en raison de la dureté du climat, des maladies, du travail intensif et de la rareté des ressources.

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Le dromadaire est un animal social vivant généralement en groupes dirigés par un mâle dominant, composés de plusieurs femelles adultes et de leurs petits. Ces groupes peuvent se mêler temporairement à d’autres lors de déplacements ou de rassemblements autour de points d’eau. Les jeunes mâles, après leur maturité sexuelle, quittent souvent le groupe natal pour rejoindre des bandes de mâles célibataires. Le comportement social du dromadaire est structuré par une hiérarchie claire, fondée sur l’âge, la taille et la dominance.
Bien qu’il puisse sembler placide, le dromadaire est capable d’exprimer un large éventail de comportements, allant de l’affection à l’agressivité. Il utilise des vocalisations, des postures corporelles et des signaux chimiques pour communiquer. Dans les environnements domestiques, il développe parfois des relations de coopération ou d’attachement avec ses gardiens. Le dromadaire se repose en position couchée, les membres repliés sous le corps, souvent à l’ombre. Il peut se déplacer sur de longues distances, jusqu’à 40 km par jour, sans montrer de signes de fatigue excessive. Il est généralement diurne mais adapte son activité selon les températures, privilégiant les heures fraîches pour les déplacements.
Résilient, le dromadaire supporte les privations prolongées et modifie son comportement en fonction de la disponibilité de l’eau et de la nourriture. Il peut même réduire ses mouvements en période de stress thermique ou hydrique, optimisant ainsi sa survie dans les écosystèmes désertiques.

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La question de la prédation du dromadaire est particulière car la grande majorité des dromadaires sont des animaux domestiqués et vivent sous la protection humaine. Par conséquent, les prédateurs naturels majeurs qu'ils auraient pu rencontrer à l'état sauvage ont été largement éliminés ou leurs populations réduites dans les zones d'élevage.
Cependant, il peut y avoir des cas isolés de prédation sur des jeunes chamelons ou des individus affaiblis ou malades. Les prédateurs potentiels, bien que rares, pourraient inclure :
* Loup gris : Dans certaines régions où les loups gris (Canis lupus) sont encore présents et où les dromadaires pâturent dans des zones reculées, ces canidés pourraient s'attaquer aux plus faibles.
* Grands félins (historiquement) : Dans les aires de répartition historiques du dromadaire, des félins comme les lions (Panthera leo) ou les tigres (Panthera tigris) (dans les zones où leurs territoires se superposaient historiquement, ce qui est très rare aujourd'hui) auraient pu être des prédateurs. Cependant, ces rencontres sont devenues exceptionnelles aujourd'hui.
Une exception notable concerne les dromadaires ensauvagés en Australie. Introduits au 19e siècle pour l'exploration et le transport, de nombreux dromadaires ont été relâchés ou se sont échappés, formant aujourd'hui la plus grande population de dromadaires sauvages au monde. Dans cet environnement, ils n'ont pratiquement pas de prédateurs naturels pour réguler leur population, ce qui a entraîné une surpopulation et des problèmes écologiques. Le dingo (Canis lupus dingo), le principal prédateur terrestre australien, est généralement trop petit pour s'attaquer à un dromadaire adulte en bonne santé, bien qu'il puisse s'en prendre aux chamelons.

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Le dromadaire est l’un des plus anciens animaux domestiqués par l’homme, avec une histoire de domestication remontant à environ 3 000 à 4 000 ans. Les premières traces archéologiques de son utilisation domestique apparaissent en Arabie du Sud-Est, notamment dans la péninsule Arabique, vers 1 200 av. J.-C., bien que des indices plus anciens laissent supposer une domestication progressive amorcée dès le IIIe millénaire av. J.-C. Contrairement à son cousin le chameau de Bactriane, originaire des steppes d’Asie centrale, le dromadaire est une espèce entièrement domestique aujourd’hui, son ancêtre sauvage étant aujourd’hui éteint ou inconnu.
La domestication du dromadaire a profondément transformé les sociétés pastorales vivant en zones arides, en particulier en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et jusqu’en Inde. Grâce à ses adaptations physiologiques uniques, notamment sa capacité à supporter la déshydratation, à réguler sa température corporelle et à se nourrir de végétation pauvre, il a permis l’exploitation de vastes zones désertiques. Les caravanes de dromadaires ont longtemps assuré le transport transsaharien de marchandises précieuses comme le sel, l’or, les épices et les tissus.
Le dromadaire est ainsi devenu un pilier économique, culturel et religieux dans de nombreuses civilisations. Son domestication a été accompagnée d’une sélection sur des critères comportementaux (docilité, endurance) et productifs (quantité de lait, force de trait). Aujourd’hui encore, il reste un animal d’élevage essentiel dans de nombreuses régions arides, valorisé pour sa viande, son lait, sa force de travail et même ses compétitions sportives dans certaines cultures.

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L’hybridation entre le dromadaire et le chameau de Bactriane est possible et largement pratiquée dans certaines régions, notamment en Iran, au Kazakhstan, au Turkménistan, en Afghanistan et en Turquie. Ces deux espèces, bien que distinctes, partagent un patrimoine génétique suffisamment proche pour donner naissance à des hybrides fertiles dans certains cas, bien que leur fertilité varie selon le croisement et le sexe de l’hybride.
Le croisement vise à combiner les qualités de résistance et d’endurance du dromadaire, adapté aux climats très chauds et secs, avec la robustesse et la capacité de charge du chameau de Bactriane, plus apte aux climats froids et montagneux. Les hybrides, souvent appelés Turkoman ou "Nar camels" selon les régions, présentent généralement un corps plus massif que le dromadaire, avec une bosse intermédiaire ou deux bosses partiellement fusionnées, et une grande force physique.
Les mâles issus de l’hybridation sont le plus souvent stériles, ce qui est typique de nombreux croisements interspécifiques chez les mammifères. En revanche, les femelles peuvent parfois être fertiles, permettant une reproduction limitée. Ces hybrides sont utilisés principalement comme animaux de bât ou de trait, car ils surpassent souvent les parents en force et en endurance, ce qui constitue un cas d’hétérosis (vigueur hybride).
Bien que cette pratique soit ancienne et bien établie dans certains contextes économiques et géographiques, elle reste peu fréquente ailleurs, notamment dans les pays où les deux espèces ne coexistent pas naturellement. Les hybrides ne sont pas reconnus comme espèces distinctes, et leur usage demeure fonctionnel plutôt que taxonomique.

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Le dromadaire appartient au genre Camelus, dans la famille des Camelidae, qui regroupe également le chameau de Bactriane, son plus proche parent, ainsi que des espèces américaines comme le lama et l’alpaga. L’espèce Camelus dromedarius a été décrite pour la première fois par Carl Linnaeus en 1758 dans la 10ᵉ édition de son Systema Naturae.
Le nom spécifique dromedarius dérive du grec ancien "dromas", signifiant "coureur", soulignant la réputation de rapidité et d’endurance de cet animal. Bien que le dromadaire soit essentiellement domestiqué aujourd’hui, des recherches génétiques et archéozoologiques indiquent qu’il a été domestiqué il y a environ 3 000 à 4 000 ans dans la péninsule Arabique, à partir d’ancêtres sauvages probablement éteints. Les analyses moléculaires montrent une faible diversité génétique au sein des populations actuelles, conséquence d’un goulot d’étranglement évolutif lié à la domestication.
Des fossiles attribués à des camélidés du genre Camelus ont été retrouvés en Amérique du Nord, où le groupe est apparu avant de migrer vers l’Eurasie via le détroit de Béring. La lignée des dromadaires s’est ensuite différenciée de celle des bactriens en s’adaptant aux environnements désertiques chauds. Des travaux taxonomiques modernes s’accordent à reconnaître Camelus dromedarius comme espèce distincte, bien qu’il soit interfécond avec Camelus bactrianus.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
Nom commun | Dromadaire |
Autres noms | Chameau d'Arabie Chameau à une bosse |
English name | Dromedary Arabian camel |
Español nombre | Dromedario Camello arábigo |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Tylopoda |
Famille | Camelidae |
Genre | Camelus |
Nom binominal | Camelus dromedarius |
Décrit par | Carl von Linné (Linnaeus) |
Date | 1758 |
* Liens internes
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
* Liens externes
* Bibliographie
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