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Banteng (Bos javanicus)


Le banteng (Bos javanicus) est un mammifère herbivore appartenant à la famille des bovidés (Bovidae). Originaire des forêts de montagne d'Asie du Sud-Est, ce boeuf sauvage est une des six espèces formant le genre Bos.


Banteng (Bos javanicus)
Banteng (Bos javanicus)
© Wurschti - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le banteng est un bovidé robuste au physique élégant et musclé, souvent comparé au boeuf domestique. Cependant, il conserve des traits sauvages distinctifs. Les bantengs adultes mesurent environ 1,6 à 1,9 mètre au garrot, pour une longueur corporelle totale pouvant atteindre 2,5 mètres. Leur poids varie entre 400 et 900 kilogrammes. Mâles et femelles présentent un dimorphisme sexuel notable.. Le banteng possède une musculature bien développée, en particulier dans la région des épaules et des pattes postérieures, ce qui en fait un animal puissant et agile, capable de se déplacer rapidement même dans des terrains accidentés.

Les mâles adultes arborent un pelage noir ou brun foncé, souvent brillant, qui reflète leur maturité. Les femelles et les juvéniles, en revanche, ont un pelage brun-roux plus clair. Une caractéristique notable est la présence de marques blanches sur les pattes, les fesses et autour du museau.

Les cornes du banteng sont un autre attribut frappant. Chez les mâles, elles sont épaisses, incurvées vers l’intérieur, puis dirigées vers le haut. Chez les femelles, elles sont plus petites, plus fines et moins recourbées. Les cornes des mâles peuvent atteindre 75 cm de long.


Bos javanicus
Bos javanicus
Source: Wikimedia Commons
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HABITAT

Autrefois, Le banteng était présent dans le sud de la Chine (Yunnan), probablement dans le nord-est de l’Inde, et à travers l’Asie du Sud-Est, incluant la péninsule malaise, Bornéo, Java, et peut-être Bali. Cependant, son étendue géographique exacte fait débat. Par exemple, aucune preuve fossile n’a été trouvée à Bali, bien que certaines études suggèrent que l’espèce y était indigène, particulièrement pendant les baisses du niveau de la mer au Pléistocène. De nos jours, son aire de répartition est bien plus réduites.

* Indonésie

À Java et au Kalimantan (Bornéo indonésien), le banteng sauvage persiste dans plusieurs parcs nationaux, notamment Ujong Kulon, Baluran, Alas Purwo et Meru Betiri. Cependant, les populations sont isolées et fragmentées. Une petite population de moins de dix individus pourrait subsister à Bali, mais elle est affectée par l'hybridation avec le bétail domestique. À Sulawesi et les autres îles avoisinantes, le banteng domestique y a été introduit, mais les populations sauvages y sont inexistantes.

* Malaisie

À Sabah (Bornéo malaisien), le banteng subsiste dans des réserves forestières protégées et commerciales, mais son aire de répartition s'est rétractée de manière significative. L'espèce est considérée comme éteinte au Sarawak et au Brunei. Dans la Péninsule malaise, le banteng y est probablement éteint depuis les années 1950.

* Cambodge

Le Cambodge abrite certaines des populations les plus significatives d'Asie continentale. Elles sont principalement concentrées dans le sanctuaire de Phnom Prich et la réserve naturelle de Srepok, situés dans la province de Mondulkiri. Des populations plus petites existent dans d'autres réserves. Cependant, l'espèce a disparu ou est très rare dans le nord et le sud-ouest du pays.

* Thaïlande

La Thaïlande a réussi à protéger certaines populations dans le complexe forestier occidental (WEFCOM), notamment dans la réserve de Huai Kha Khaeng. Des efforts de réintroduction ont été menés, avec des succès notables dans le parc national de Salakphra.

* Myanmar

De petites populations fragmentées subsistent, notamment dans les réserves de Nga Wun et Lenya dans la région de Tanintharyi. L'espèce est également présente dans six zones protégées, bien que la chasse et la perte d'habitat continuent de poser des menaces.

* Vietnam et Laos

Au Vietnam, le banteng est presque entièrement disparu, à l'exception de quelques petites populations dans les parcs nationaux de Yok Don et Ea So. La situation est similaire au Laos, où les dernières populations viables se trouvent dans le sud du pays, notamment dans les parcs de Xe Pian et Dong Ampham.

Sur le continent asiatique, le banteng préfère les espaces ouverts et secs ainsi que les forêts de feuillus. Au Myanmar, il occupe les forêts de feuillus et de résineux mélangées. Il vient également paître de temps en temps dans les prairies ouvertes. Pendant les saisons de mousson, le banteng a tendance à migrer vers des zones plus élevées, où ils occupent les forêts denses et les jungles de bambou. Dans les zones plus humides de Java et de Bornéo, ils occupent la forêt secondaire qui s'est formée après l'abattage et les incendies. Il se produit également dans une parcelle de la forêt tropicale.


Bos javanicus habitat
     Répartition du banteng
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

BIOLOGIE

Le banteng est un herbivore strict, dont le régime alimentaire se compose principalement de végétation comme les herbes, les pousses tendres, les feuilles et les jeunes branches. Il consomme également des fruits tombés au sol et des écorces d’arbres dans les périodes de pénurie alimentaire. En raison de son habitat varié (forêt tropicale, savanes herbeuses, zones montagneuses), son régime alimentaire varie en fonction de la disponibilité locale. Dans les zones forestières, il privilégie les feuilles et les pousses, tandis que dans les zones ouvertes, il consomme davantage d'herbe. Les bantengs se nourrissent principalement tôt le matin et en fin d’après-midi, évitant les heures les plus chaudes de la journée. Ils passent plusieurs heures à ruminer après les repas.

La reproduction chez le banteng est un processus saisonnier avec des comportements spécifiques liés à l’accouplement. La saison des amours se situe généralement entre mai et octobre, bien que cela puisse varier légèrement selon les régions. Les mâles deviennent plus territoriaux et agressifs pendant la période de reproduction. Ils s'engagent dans des combats rituels pour établir leur dominance et attirer les femelles. Ces combats impliquent des affrontements de cornes, mais ils sont rarement mortels. Après une période de gestation de 285 jours, la femelle donne naissance à un seul petit, bien que des cas de naissances gémellaires aient été signalés, mais ils restent rares. Les petits naissent avec un pelage brun clair et commencent à suivre leur mère dès les premières heures. La mère est la principale responsable des soins du petit, l’allaitant pendant plusieurs mois. Le sevrage intervient généralement autour de 6 à 8 mois, bien que les jeunes restent souvent avec leur mère jusqu’à ce qu’elle ait un nouveau petit. Les jeunes atteignent leur maturité sexuelle entre 2 et 3 ans L'espérance de vie des bantengs à l'état sauvage est de 14 à 17 ans, et jusqu'à 26 ans en captivité.

Le banteng est un animal social qui vit en petits groupes, mais son comportement varie selon les conditions environnementales et la pression exercée par les prédateurs ou les humains. Les bantengs vivent en troupeaux de 2 à 20 individus, bien que des groupes plus importants aient été observés dans des habitats riches en ressources. Les troupeaux sont généralement composés de femelles et de leurs petits, dirigés par une femelle dominante. Les mâles adultes tendent à être solitaires ou à former de petits groupes, rejoignant les troupeaux pendant la saison des amours. Les mâles dominants marquent leur territoire en grattant le sol ou en frottant leurs cornes contre les arbres. Bien qu’ils soient territoriaux, les confrontations physiques restent limitées et ritualisées. Le banteng utilise une combinaison de vocalisations, de postures corporelles et de marquages olfactifs pour communiquer. Les appels peuvent signaler une alerte ou maintenir la cohésion du troupeau.


Bos javanicus javanicus
Bos javanicus javanicus
Auteur: Magalhães - Wikimedia Commons
CC0 (Domaine public)

PRÉDATION

Le banteng est une proie prisée pour plusieurs carnivores de grande taille présents dans les régions où il vit. Les principaux prédateurs incluent :

* Tigre : Le tigre est le prédateur naturel le plus redoutable pour le banteng. En Asie du Sud-Est, les tigres ciblent principalement les jeunes, les individus malades ou isolés, bien qu'ils puissent s'attaquer à des adultes en bonne santé, notamment en embuscade. Ils utilisent leur puissance et leur stratégie pour attaquer rapidement, souvent en visant la gorge pour étouffer leur proie.

* Léopard : Moins fréquent que le tigre dans de nombreuses zones, le léopard peut toutefois s'attaquer aux jeunes bantengs. Opportuniste, il préfère généralement les proies plus petites, mais il peut s'en prendre à des jeunes laissés sans surveillance.

* Dhole : Les dholes chassent en meute et peuvent tuer des bantengs, notamment des individus faibles, malades ou blessés. Ils utilisent leur endurance pour épuiser leurs proies, les encerclant avant de mordre les flancs et les pattes pour immobiliser leur cible.

* Crocodile : Dans les zones proches des rivières ou marécages, des bantengs peuvent être attrapés par des crocodiles lorsqu'ils boivent ou traversent des cours d'eau. Les crocodiles s'attaquent principalement aux jeunes ou aux individus isolés.

* Humain : Bien que non naturels, les humains représentent aujourd'hui le plus grand prédateur des bantengs. La chasse pour leur viande, leur peau ou leurs cornes a considérablement réduit leurs populations. Les pratiques illégales, comme le braconnage et la chasse de trophées, ajoutent une pression importante.


Banteng domestique
Banteng domestique en Malaisie
© Sila Viriyautsahakul - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

MENACES

Le banteng est gravement menacé par des activités humaines qui compromettent sa survie. La chasse illégale, motivée par la demande croissante de viande sauvage, constitue la principale menace. Des méthodes comme l’utilisation de collets, d’armes à feu et de chiens domestiques causent des pertes considérables. Les collets, en particulier, ont un impact dévastateur : entre 2005 et 2019, environ 53 000 collets ont été retirés annuellement dans 11 zones protégées d'Asie du Sud-Est (Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Vietnam).

Le défrichement et la fragmentation des forêts aggravent la situation, surtout au Vietnam et au Laos, où l’accélération de la perte des forêts de plaine réduit l’habitat disponible pour les bantengs. En Indochine, la chasse reste la cause principale de leur déclin, bien que la perte d’habitat augmente l’accès des chasseurs aux populations restantes. En Thaïlande, plusieurs sous-populations subissent une baisse en raison du braconnage, de la perte d'habitat et de la diversité génétique.

Au Cambodge, l’attribution de concessions foncières à grande échelle pour l’agriculture industrielle (hévéas, anacardiers) a provoqué une déforestation massive, affectant directement les habitats des bantengs. Les réformes depuis 2012 ont atténué certaines menaces, mais l’expansion de l’agro-industrie, les infrastructures et l’exploitation minière continuent de nuire aux zones protégées, notamment dans les sanctuaires de Phnom Prich et Srepok, qui abritent les plus grandes populations. La gestion inadéquate des aires protégées, combinée à un financement insuffisant et à un soutien politique fragile, entrave les efforts de conservation.

En Indonésie, le banteng de Java est menacé par la dégradation des prairies, envahies par des espèces végétales introduites comme Vachellia nilotica et Lantana camara. Ces plantes limitent l’accès aux zones de pâturage, perturbant l’écosystème. À Kalimantan, les menaces principales incluent la chasse illégale et la conversion des forêts en plantations de palmiers à huile. La fragmentation des habitats réduit la connectivité entre populations, affectant leur viabilité génétique.

Au Sabah (Malaisie), la perte d’habitat liée à l’agriculture intensive et à l’exploitation forestière commerciale constitue une menace majeure. Les bantengs y sont confinés dans des zones fragmentées, ce qui limite les échanges génétiques. La chasse illégale cible les individus reproducteurs, aggravant la diminution des populations. De plus, la transmission de maladies du bétail domestique représente une menace émergente.

L’hybridation entre bantengs et bovins domestiques, bien que limitée, pourrait à terme compromettre l’intégrité génétique des populations sauvages. La transmission de maladies telles que la dermatose nodulaire contagieuse, détectée au Cambodge en 2021, met également en danger la santé des bantengs.

Enfin, la perte de diversité génétique est une préoccupation croissante. La fragmentation des populations en petites unités isolées favorise la consanguinité, réduisant la capacité des bantengs à résister aux maladies et aux mutations génétiques. Une gestion génétique active, notamment au Sabah, est cruciale pour prévenir l’extinction de cette espèce emblématique.


Banteng zurich
Banteng au jardin zoologique de Zurich
Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes

CONSERVATION

Le banteng est une espèce gravement menacée. Il est inscrit dans la catégorie En danger critique (CR) sur la Liste rouge de l'IUCN. Une proposition d’inscription à l’Annexe I de la CITES a été soumise, mais elle n’a pas évolué depuis et l’espèce n’est pas actuellement inscrite.

Le banteng est principalement présent à Java, au Cambodge, en Thaïlande et à Bornéo. Les efforts de conservation se concentrent sur ces régions en renforçant la gestion des habitats et en réduisant les menaces anthropiques, telles que la chasse et la conversion des terres. Bien que des zones protégées existent, leur gestion reste insuffisante dans certains pays comme le Laos, le Vietnam et le Cambodge. Un accent particulier est mis sur la protection légale et l'engagement communautaire pour limiter le braconnage et la dégradation des habitats.

En Thaïlande, le succès de la conservation est attribué à des décennies de sensibilisation, un renforcement des lois, une gestion ciblée des habitats et un changement des pratiques de chasse. Au Cambodge, la conservation exige l'identification précise des populations et pourrait inclure des programmes d'élevage et de translocation pour renforcer les groupes existants. À Java, la fragmentation historique des habitats pose des défis. Depuis les années 1980, des efforts ont été entrepris pour protéger des parcs nationaux clés. Cependant, les changements sociopolitiques des années 1990 ont intensifié le braconnage et la destruction des habitats. Actuellement, des initiatives comme le Plan mondial de gestion des espèces (GSMP) coordonnent la conservation in situ et ex situ, avec une attention particulière à la diversité génétique et à la gestion des métapopulations dans quatre parcs parcs nationaux. À Bornéo (Sabah), un plan d'action 2019-2028 cible des priorités comme la lutte contre le braconnage, la préservation de l'habitat, la connectivité écologique et l'élevage en captivité pour maintenir la diversité génétique.

Une population sauvage de banteng existe dans le nord de l'Australie, dérivée de bétail de Bali. Des populations ex situ sont gérées par des associations zoologiques en Asie, en Europe et aux États-Unis, participant à un programme mondial pour garantir la viabilité génétique et démographique à long terme.


Banteng de Bornéo (Bos javanicus lowi)
Banteng de Bornéo (Bos javanicus lowi)
© Pierre de Chabannes - Pierre Wildlife
All rights reserved (Tous droits réservés)

SOUS-ESPÈCES

Trois sous-espèces principales de banteng sont généralement reconnues, bien que leur classification fasse encore l’objet de débats parmi les chercheurs :

- Bos javanicus javanicus : Originaire de Java et de Bali, c'est la sous-espèce la plus connue, souvent domestiquée et utilisée dans l’agriculture. Elle est légèrement plus petite et présente un pelage plus uniforme.

- Bos javanicus birmanicus : Répandue en Birmanie, en Thaïlande et en Indochine, cette sous-espèce est généralement plus grande et présente des cornes plus imposantes. Elle est considérée comme plus sauvage et moins fréquemment domestiquée.

- Bos javanicus lowi : Endémique de Bornéo, c'est la sous-espèce la plus rare, souvent isolée dans des régions reculées. Elle a un pelage plus clair et une taille légèrement réduite par rapport aux autres sous-espèces.


Banteng grosplan
Gros plan d'un banteng
Crédit photo: Aaron Logan - www.lightmatterphotography.com
CC-BY (Certains droits réservés)

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communBanteng
English nameBanteng
Español nombreBanteng
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleBovinae
GenreBos
Nom binominalBos javanicus
Décrit parEduard Joseph d'Alton
Date1823



Satut IUCN

En danger critique (CR)

VOIR AUSSI

* GaurGaurGaur (Bos gaurus)

* KoupreyKoupreyKouprey (Bos sauveli)


SOURCES

Aaron Logan Photography

Arkive

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

National Geographic Society

Pierre Wildlife

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Wildlife Conservation Society

Wikimedia Commons

Zooinstitutes

Groves, C. P., & Leslie, D. M. Jr. (2011). Taxonomy and distribution of the genus Bos.

Duckworth, J. W., et al. (1999). Status of large mammals in Laos: A review of protected areas.

Van Strien, N. J. (1986). The status and conservation of the banteng (Bos javanicus).