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Camelidae


La famille des Camelidae regroupe des mammifères artiodactyles connus pour leur adaptation remarquable aux environnements arides et semi-arides. Présents aujourd’hui en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, les camélidés suscitent un intérêt à la fois scientifique, économique et culturel. Bien qu’ils soient souvent associés aux déserts, ces animaux témoignent d’une grande diversité écologique et comportementale. Leur histoire évolutive complexe, leur morphologie singulière et leur comportement social distinctif en font une famille unique parmi les ongulés.


Camelidae
Les Camelidae



ORIGINE

Contrairement à ce que l'on pourrait penser en voyant les chameaux dans les déserts d'Asie et d'Afrique, les camélidés sont en réalité originaires d'Amérique du Nord. Les premiers camélidés sont apparus il y a environ 40 à 45 millions d'années en Amérique du Nord, à la fin de l'Éocène. De nombreux fossiles de ces ancêtres ont été trouvés en Saskatchewan, au Canada, et aux États-Unis.

Au cours du Pliocène, les camélidés ont commencé à se disperser hors de l'Amérique du Nord via deux routes principales :

- Vers l'Amérique du Sud : Une population a traversé l'isthme de Panama, donnant naissance aux espèces sud-américaines actuelles comme le lama, l'alpaga, le guanaco et la vigogne.

- Vers l'Asie et l'Afrique : Une autre population a emprunté le détroit de Béring (qui était alors un pont terrestre) pour atteindre l'Asie, puis l'Afrique. C'est de cette lignée que sont issus les chameaux et les dromadaires.

Étrangement, après s'être répandus sur d'autres continents, les camélidés ont disparu d'Amérique du Nord vers la fin du Pléistocène, il y a environ 12 000 ans. On suspecte que la chasse intensive par l'homme préhistorique ait pu contribuer à leur extinction sur ce continent.

La domestication des camélidés a eu lieu de manière indépendante sur les différents continents :

- En Amérique du Sud, le lama et l'alpaga ont été domestiqués il y a environ 4 000 à 5 000 ans, notamment dans la région du lac Titicaca.

- En Asie et en Afrique, le dromadaire a été domestiqué plus tardivement dans la péninsule arabique (il y a au moins 2 000 ans av. J.-C., voire 4 000 ans av. J.-C. selon certaines estimations), tandis que le chameau de Bactriane a été domestiqué avant 2 500 ans av. J.-C. sur les plateaux iraniens et turkmènes.

Aujourd'hui, les camélidés jouent un rôle crucial pour les populations humaines dans de nombreuses régions du monde, que ce soit pour le transport, la production de lait, de viande, de fibres (laine) ou comme animaux de travail.


Camelidae repartition
     Répartition des camélidés
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DESCRIPTION

Les camélidés possèdent une morphologie très particulière adaptée aux milieux hostiles. Ce sont des animaux de grande taille, mesurant entre 80 cm au garrot pour la vigogne et jusqu’à 2,3 m pour le chameaux. Leur cou long, flexible et musclé leur permet de scruter l’horizon et d’atteindre facilement la végétation. Leur tête est allongée, avec un museau fendu, de grands yeux et des narines capables de se fermer pour limiter la pénétration de sable.

Contrairement aux autres ruminants, ils possèdent trois compartiments gastriques au lieu de quatre. Leurs pieds ne sont pas pourvus de sabots mais d’un coussinet large et souple divisé en deux doigts, ce qui leur assure une excellente stabilité sur les sols meubles. Ils ne possèdent pas de cornes.

Le pelage varie selon les espèces, allant de la laine très fine de l’alpaga au pelage grossier du dromadaire.

Les camélidés sont connus pour leur aptitude à réguler leur température corporelle, un mécanisme essentiel dans les climats extrêmes. Leur capacité à stocker la graisse dans leurs bosses (chez les espèces de l’Ancien Monde) constitue une adaptation énergétique cruciale. Leur dentition est également atypique : ils présentent des canines et des incisives développées, et leur formule dentaire varie peu d’une espèce à l’autre. Enfin, les camélidés se distinguent par leur mode de locomotion particulier, un "pas amblé" où les pattes du même côté avancent simultanément, leur conférant une démarche souple mais ondulante.


ÉCOLOGIE

L'écologie des camélidés est marquée par leur exceptionnelle adaptation aux environnements difficiles, des déserts arides aux hauts plateaux andins.

Ce sont des herbivores ruminants, capables de digérer une grande variété de végétaux, y compris des plantes épineuses et halophytes. Leurs lèvres épaisses et leurs gueules robustes leur permettent de consommer des aliments que d'autres herbivores éviteraient. Les bosses des chameaux et dromadaires sont des réserves de graisse cruciales, transformables en énergie et en eau. Ces derniers sont aussi célèbres pour leur capacité à boire jusqu'à 140 litres d'eau en une seule fois et à la conserver efficacement.

La maturité sexuelle est tardive (3-6 ans). L'ovulation est provoquée par l'accouplement chez les femelles. La gestation dure de 11 à 13 mois, aboutissant généralement à la naissance d'un seul petit. Les mâles en rut peuvent être agressifs, cherchant à dominer pour s'accoupler.

Les camélidés vivent souvent en groupes sociaux avec une hiérarchie établie. Ils communiquent par vocalisations, postures corporelles et signaux olfactifs. Leur célèbre "crachement" est un comportement de défense ou d'avertissement. Leurs pieds larges et coussinés sont parfaits pour le sable ou les terrains rocheux, et leur démarche particulière ("pas de chameau") est efficace pour les longues distances. Pour s'adapter aux températures extrêmes, ils peuvent laisser leur température corporelle fluctuer.


Camelidés
Les camélidés

DOMESTICATION

La domestication des camélidés constitue un tournant majeur dans l’histoire des sociétés humaines, particulièrement dans les milieux arides et montagneux. Deux espèces ont été domestiquées indépendamment dans des régions éloignées : le dromadaire (Camelus dromedarius) et le chameau de Bactriane (Camelus bactrianus) en Asie et en Afrique, et le lama (Lama glama) ainsi que l’alpaga (Vicugna pacos) en Amérique du Sud.

Le dromadaire aurait été domestiqué il y a environ 3 000 à 4 000 ans dans la péninsule Arabique, tandis que le chameau de Bactriane l’aurait été légèrement plus tôt en Asie centrale. Ces animaux sont devenus essentiels au commerce caravanier, à l’agriculture pastorale et à la survie dans les déserts, grâce à leur endurance, leur force de portage et leur capacité à résister à la déshydratation. En Amérique du Sud, le lama et l’alpaga ont été domestiqués à partir du guanacos et de la vigogne il y a environ 5 000 à 6 000 ans dans les Andes. Le lama a été utilisé principalement comme animal de bât, tandis que l’alpaga a été sélectionné pour sa laine fine et dense.

Ces espèces sont intimement liées aux civilisations andines précolombiennes, jouant un rôle économique, religieux et symbolique central. La domestication des camélidés n’a pas altéré leur rusticité, ce qui les rend précieux pour les pratiques agro-pastorales durables. Leurs rôles dans la subsistance humaine incluent le transport, la production de laine, de lait, de viande et de fumier, ce dernier servant d'engrais ou de combustible. Aujourd’hui, la valorisation de leurs produits, notamment les fibres de qualité, contribue à des filières économiques durables. En raison de leur adaptabilité, les camélidés domestiqués sont considérés comme des espèces stratégiques pour l’agriculture face aux défis climatiques contemporains.


TAXONOMIE

La famille des Camelidae appartient à l’ordre des Artiodactyla, sous-ordre des Tylopoda. Elle constitue la seule famille actuelle de ce groupe, dont les fossiles remontent à environ 40 millions d’années. Les premiers camélidés sont apparus en Amérique du Nord au cours de l’Éocène, comme Protylopus, considéré comme l’un des plus anciens membres.

L’évolution des camélidés a ensuite divergé en deux lignées : les camélidés du Nouveau Monde, qui ont donné naissance aux genres Lama et Vicugna, et ceux de l’Ancien Monde, représentés par le genre Camelus.

Vers le Plio-Pleistocène, des camélidés ont traversé la Béringie vers l’Eurasie, où ils ont évolué indépendamment. La classification actuelle repose sur des données morphologiques, comportementales et moléculaires. Les camélidés sont parfois classés en deux sous-familles : les Camelinae (genre Camelus) et les Laminae (genres Lama et Vicugna). Fossilement, d'autres genres éteints comme Camelops ou Titanotylopus témoignent de la diversité passée du groupe. Leur histoire taxonomique illustre bien les migrations intercontinentales et les adaptations écologiques progressives, tout en soulignant la singularité de cette famille dans l’arbre des mammifères.


LES ESPÈCES

Actuellement, la famille des Camelidae compte trois genres et généralement six ou sept espèces vivantes, selon les classifications :


* Camelus

* Chameau de bactriane - Camelus bactrianus

* Chameau sauvage de Tartarie - Camelus ferus

* Dromadaire - Camelus dromedarius


* Vicugna

* Alpaga - Vicugna pacos

* Vigogne - Vicugna vicugna


* Lama

* Guanaco - Lama guanicoe

* Lama - Lama glama


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreTylopoda
FamilleCamelidae
Décrit parJohn Edward Gray
Date1821

SOURCES

* Liens internes

Animal Diversity Web

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Ultimate Ungulate

* Liens externes

Alpaka-Universum

* Bibliographie

Animaux du monde - Ongulés et lapins

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Vaughan, T. A., Ryan, J. M., & Czaplewski, N. J. (2011). Walker's Mammals of the World. 6th ed. Johns Hopkins University Press.

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