Springbok (Antidorcas marsupialis)
Le springbok (Antidorcas marsupialis) est une antilope gracile emblématique des plaines arides et semi-arides de l’Afrique australe, notamment en Namibie, au Botswana, et en Afrique du Sud. Facilement reconnaissable par sa silhouette élancée, sa robe contrastée et ses sauts spectaculaires, il symbolise à la fois l’élégance et l’adaptation aux milieux hostiles. Doté d’une grande agilité et d’un comportement social complexe, le springbok a su s’imposer dans des écosystèmes exigeants où l’eau est rare et la prédation omniprésente. Il joue un rôle central dans la chaîne alimentaire de la savane et constitue une espèce clé de nombreux équilibres écologiques. Autrefois chassé intensément, il est aujourd’hui protégé dans de nombreuses réserves, tout en continuant à vivre en liberté sur de vastes étendues. Son nom provient de l’afrikaans, signifiant littéralement "bouc sauteur", en référence à ses bonds spectaculaires appelés "pronks".

© Rosario - iNaturalist

Le springbok est une antilope de taille moyenne mesurant entre 70 et 90 cm au garrot et pesant généralement entre 25 et 48 kg. Les mâles sont légèrement plus grands et plus massifs que les femelles. Sa morphologie est taillée pour la course et les sauts : un corps allongé, des membres fins et puissants, ainsi qu’une musculature bien développée, en particulier au niveau des pattes postérieures. La tête est allongée, surmontée de deux cornes en forme de lyre, présentes chez les deux sexes mais plus épaisses et plus courbées chez les mâles. Les yeux sont larges et bien développés, offrant un large champ de vision.
Le pelage court est majoritairement beige clair à brun, avec un ventre blanc, une bande brune bien marquée de chaque côté séparant les flancs du dos, et une ligne faciale blanche allant du front au museau. Une caractéristique singulière du springbok est une poche de poils blancs située sur le dos, qu’il peut redresser en formant une crête érectile lorsqu’il est excité ou menacé : ce mouvement, appelé "pronking", expose une surface blanche éclatante qui pourrait jouer un rôle de signal d’alerte ou de séduction.
Les sabots sont petits, durs et bien adaptés aux terrains sablonneux ou caillouteux des savanes. Le springbok possède également une excellente thermorégulation grâce à un système vasculaire spécialisé dans la tête, lui permettant de maintenir une température cérébrale constante même en cas de forte chaleur. Cette morphologie spécialisée fait de lui un athlète du désert, capable de pointes de vitesse allant jusqu’à 88 km/h sur de courtes distances.
Parfois confondu avec la gazelle de Thomson, il existe plusieurs moyens de différencier les deux espèces. Le springbok est plus grand en taille et les cornes de la gazelle de Thomson sont plus droites et plus courtes chez la femelle. En outre, le springbok présente au-dessus de la queue une poche de poils blancs de forme triangulaire qui est absente chez la gazelle de Thomson.

© Yathin S Krishnappa - Wikimedia Commons

Historiquement, l'aire de répartition du springbok couvrait les régions centrales et occidentales de l'Afrique australe, avec une extension marginale jusqu'au sud-ouest de l'Angola et aux basses terres occidentales du Lesotho. L'espèce est encore largement présente dans son aire de répartition historique, mais en Angola, elle survit en nombre très réduit.
En Afrique du Sud, le springbok a été exterminé sur une grande partie de son aire de répartition naturelle à la fin du XIXe siècle, en raison de la chasse et des effets de la peste bovine. Cependant, il a ensuite été largement réintroduit sur des terres privées et des zones protégées dans toute son ancienne aire de répartition. Les plus grands nombres se trouvent dans des fermes à gibier privées, principalement dans le highveld des provinces de l'État libre et du Gauteng, ainsi que dans le thornveld du Karoo et du Kalahari des provinces du Cap-Occidental, du Cap-Oriental et du Cap-Nord.
Des populations introduites, plus petites, sont largement présentes dans des zones extra-limites, par exemple sur des terres privées et des réserves provinciales dans certaines parties du KwaZulu-Natal et du bushveld du nord.
Le springbok était autrefois très présent dans les prairies sèches, les savanes et les zones arbustives du sud-ouest et du sud de l'Afrique, migrant sporadiquement en vastes troupeaux dans certaines parties méridionales de son aire de répartition. Ces migrations ou déplacements ont disparu, mais des indices de l'ancienne abondance de l'espèce sont encore visibles dans les concentrations saisonnières dans les zones de végétation rase qu'il affectionne, par exemple dans certaines parties du Kalahari situées au centre et au sud du Botswana.

© Manimalworld

Le springbok est un herbivore opportuniste dont le régime alimentaire varie en fonction des saisons et des disponibilités végétales. Il est à la fois brouteur et pâtureur, ce qui signifie qu’il se nourrit aussi bien de graminées que de feuilles, de jeunes pousses, de gousses, de bourgeons et parfois même de racines peu profondes. Durant la saison humide, il consomme principalement des herbes fraîches riches en eau, tandis qu’en saison sèche, il privilégie les plantes ligneuses, les feuilles et les succulentes, en particulier celles du genre Zygophyllum ou les buissons riches en humidité. Grâce à ce régime flexible, il peut survivre dans des milieux très secs où la concurrence alimentaire est élevée.
Le springbok est également capable de survivre de longues périodes sans boire, en extrayant l’humidité nécessaire à partir de sa nourriture végétale. Ce comportement est crucial dans les environnements arides du Kalahari ou du Namib où l’eau de surface est rare voire absente pendant plusieurs mois. Il se nourrit surtout aux heures fraîches du matin et en fin d’après-midi, et se repose à l’ombre pendant les heures les plus chaudes. En période de disette, il peut parcourir de grandes distances pour trouver une végétation plus abondante.

© Ian McCutcheon - iNaturalist

La reproduction du springbok est saisonnière dans certaines régions, mais peut être continue dans les zones à climat plus stable. La période de reproduction principale coïncide souvent avec la saison des pluies, lorsque la nourriture est plus abondante. Les mâles deviennent territoriaux en période de rut, marquant leur territoire à l’aide de sécrétions glandulaires et en urinant, et le défendent vigoureusement contre d'autres mâles. Les combats entre mâles rivaux, bien que rarement mortels, peuvent être violents, impliquant des affrontements avec les cornes. Une fois le territoire établi, le mâle tente d’attirer les femelles en chaleur en exécutant des comportements de parade, incluant le "pronking", des mouvements de tête et des émissions de phéromones.
La gestation dure environ 5 à 6 mois, au terme de laquelle la femelle donne naissance à un seul petit, rarement deux. La mise bas a lieu dans un endroit discret, souvent à l’abri des prédateurs, et la mère laisse souvent le nouveau-né caché pendant plusieurs jours, ne revenant que pour l’allaiter. Ce comportement de "cachette" est une stratégie anti-prédation bien connue chez les bovidés. Le petit commence à suivre sa mère au bout d’une semaine environ et est sevré entre 3 et 4 mois. La maturité sexuelle est atteinte vers 12 à 18 mois, bien que les jeunes mâles soient souvent exclus de la reproduction par les dominants pendant leurs premières années. La femelle peut mettre bas une à deux fois par an selon les conditions. La stratégie reproductive du springbok combine une fécondité modérée, une bonne capacité d’adaptation et une forte mobilité, lui permettant de maintenir des populations viables même en milieu hostile.
Le springbok a une espérance de vie moyenne de 7 à 10 ans dans la nature, bien que certains individus puissent atteindre 12 ans. En captivité, à l’abri des menaces naturelles, ils peuvent vivre jusqu’à 15 ans. Les premières années de vie sont les plus critiques, avec une forte mortalité juvénile due à la prédation.

© Charles J. Sharp - Sharp Photography

Le springbok est un animal social dont le comportement varie selon les saisons, les ressources disponibles et les pressions environnementales. Il peut vivre seul, en petits groupes familiaux ou en très larges troupeaux comptant plusieurs centaines, voire milliers d’individus lors des grandes migrations saisonnières. Celles-ci sont généralement liées à la recherche de pâturages plus verts après les pluies. Les groupes sont souvent structurés selon le sexe et l’âge : troupeaux de femelles avec leurs petits, groupes de mâles célibataires, et mâles territoriaux en période de reproduction.
Le comportement le plus caractéristique du springbok est le "pronking" : un saut vertical spectaculaire, dos arqué, pattes rigides, réalisé sans raison apparente. Ce comportement pourrait servir à alerter les congénères, intimider les prédateurs ou démontrer une bonne condition physique à des partenaires potentiels. Les springboks sont actifs principalement à l’aube et au crépuscule pour éviter les fortes chaleurs.
Ce bovidé communique par des signaux visuels (postures, mouvements de queue, redressement de la crête dorsale blanche), olfactifs (marquages territoriaux) et sonores (sifflements, grognements). Il possède un sens aigu de la vue, de l’ouïe et de l’odorat, ce qui lui permet de détecter très tôt la présence d’un danger. Lorsqu’une menace est repérée, les individus fuient souvent en zigzaguant et en bondissant pour déstabiliser leur poursuivant. Leur vitesse et leur agilité sont leurs principales défenses. En cas d’alerte, les springboks adoptent des comportements collectifs de fuite synchronisée, ce qui rend difficile la tâche du prédateur pour isoler une proie. Cette stratégie de vigilance collective et de cohésion sociale est une réponse efficace à la pression constante des prédateurs dans leur habitat naturel.

© Charles J. Sharp - Sharp Photography

Le springbok évolue dans des environnements où la prédation est intense, et il doit faire face à un large éventail de prédateurs terrestres et aériens. Parmi les carnivores les plus dangereux pour lui figurent les lions (Panthera leo), les guépards (Acinonyx jubatus), les léopards (Panthera pardus) et les lycaons (Lycaon pictus).
Les lions chassent en groupe et ciblent souvent les individus les plus faibles ou isolés, surtout dans les grands troupeaux. Les guépards, spécialistes des courses à haute vitesse, préfèrent les jeunes ou les adultes de taille moyenne qu’ils peuvent rattraper sur de courtes distances. Le léopard, plus solitaire et discret, attaque plutôt en embuscade et s’en prend aux individus solitaires ou inattentifs. Les lycaons, très endurants, épuisent leurs proies sur de longues distances et peuvent cibler un groupe entier.
À ces prédateurs terrestres s’ajoutent des menaces aériennes, notamment l’aigle martial (Polemaetus bellicosus) et l’aigle ravisseur (Aquila rapax), qui peuvent enlever les jeunes springboks.
Les chacals, les caracals et les servals représentent un danger pour les nouveau-nés et les jeunes laissés seuls pendant que leur mère se nourrit.
Le comportement de cachette des faons est une stratégie importante pour limiter cette prédation, mais elle n’est pas toujours suffisante. En réponse à ces pressions, le springbok a développé une grande vigilance et une communication intra-spécifique efficace. Les grands troupeaux permettent une détection précoce des menaces, et les capacités de course et d’évitement du springbok sont parmi les meilleures du règne animal. Malgré cela, la prédation reste un facteur de mortalité élevé, en particulier chez les jeunes. Le taux de survie augmente nettement après la première année de vie. Ces pressions sélectives ont contribué à façonner les comportements collectifs et les capacités physiques exceptionnelles de l’espèce.

© Jandutoit - iNaturalist

Aucune menace majeure ne pèse sur la survie à long terme de l'espèce. On la trouve absente des savanes boisées, probablement en raison de la présence de cowdriose (une maladie rickettsienne aiguë, mortelle, non contagieuse, infectieuse et transmise par les tiques chez les ruminants), à laquelle elle ne présente aucune résistance.

© Bernard Dupont - Flickr

Le springbok n'est pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.
Les springboks prospèrent dans les zones protégées de leur habitat, incluant des parcs nationaux renommés en Namibie (Etosha, Namib-Naukluft), au Botswana (Makgadikgadi-Nxai Pan), et dans la région transfrontalière entre le Botswana et l'Afrique du Sud (Kgalagadi). En Afrique du Sud, ils sont également présents dans les parcs nationaux de Vaalbos et de Karoo, ainsi que dans diverses réserves provinciales. Concernant le parc national d'Iona en Angola, le statut de sa population de springboks, estimée à 2 500 individus en 1975, demeure incertain. Par ailleurs, les springboks sont nombreux et gérés activement sur les propriétés privées, où une étude de 1999 suggérait que vivait la majorité de leur population (environ 60 %), contre seulement 12 % recensés dans les aires protégées.

© H. Zell - Wikimedia Commons

Le springbok est la seule espèce du genre Antidorcas et appartient à la famille des Bovidés (Bovidae) et à la sous-famille des Antilopinés (Antilopinae), qui comprend les gazelles et autres antilopes fines. Son nom scientifique complet est Antidorcas marsupialis, décrit pour la première fois en 1780 par le naturaliste allemand Eberhard August Wilhelm von Zimmermann.
Traditionnellement, trois sous-espèces de springboks sont reconnues, basées sur leur distribution géographique et de légères différences morphologiques :
- Antidorcas marsupialis marsupialis (Springbok du Cap) : La sous-espèce type, que l'on trouve en Afrique du Sud.
- Antidorcas marsupialis hofmeyri (Springbok du Kalahari) : Présente dans le Kalahari, au Botswana et en Namibie. Elle est généralement plus grande et plus claire que la sous-espèce type.
- Antidorcas marsupialis angolensis (Springbok d'Angola) : Se rencontre en Angola et dans le nord-ouest de la Namibie. C'est la sous-espèce la plus petite et la plus foncée.

© Claudia Komesu - iNaturalist

* Le springbok est devenu tout un symbole en Afrique du Sud. En effet, il est l'animal fétiche de l'équipe nationale de rugby.
* Le springbok peut atteindre une vitesse de 88 km/h et effectuer des sauts jusqu'à 4 m de haut.
* Lorsque les springboks forment d'immenses troupeaux pendant la saison des pluies, ils se mêlent souvent à d'autres espèces comme les autruches, les gnous noirs ou les bubales.
* Le springbok est entièrement recouvert de fourrure, sauf sur une étroite bande de peau entre les narines.

© Carolien Pietjouw - iNaturalist

Nom commun | Springbok |
English name | Springbok |
Español nombre | Gacela saltarina |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Antilopinae |
Genre | Antidorcas |
Nom binominal | Antidorcas marsupialis |
Décrit par | Eberhard von Zimmermann |
Date | 1780 |
Satut IUCN | ![]() |
* Liens internes
Liste Rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
* Liens externes
Global Biodiversity Information Facility (GBIF)
* Bibliographie
Zimmermann, E. A. W. von. (1780). Geographische Geschichte des Menschen, und der vierfüßigen Thiere. Weygandschen Buchhandlung.
Sundevall, C. J. (1847). Methodi naturalis mammalium disponendorum tentamen primum. Litteris Academicis.
East, R. (1999). African antelope and giraffe action plan. IUCN/SSC Antelope Specialist Group
Skinner, J. D., & Chimimba, C. T. (2005). The mammals of the southern African subregion. Cambridge University Press.
Nowak, R. M. (1999). Walker's Mammals of the World (6th ed.). Johns Hopkins University Press.
Kingdon, J. (2015). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Bloomsbury Publishing.
Wilson, D.E. & Mittermeier, R.A. (eds.) (2011). Handbook of the Mammals of the World, Vol. 2: Hoofed Mammals. Lynx Edicions.