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Cephalophus


Le genre Cephalophus regroupe un ensemble de petites antilopes forestières communément appelées céphalophes, présentes principalement en Afrique subsaharienne, dans les forêts tropicales humides d’Afrique centrale et occidentale. Ces antilopes sont réputées pour leur discrétion, leur comportement furtif et leur grande diversité morphologique. Le genre est d’une importance particulière pour la compréhension de l’évolution des bovidés africains adaptés aux environnements denses et fermés. Les céphalophes jouent également un rôle crucial dans les écosystèmes forestiers en tant que consommateurs de fruits, de feuilles et de champignons. Leur observation reste difficile en milieu naturel en raison de leur nature secrète, ce qui complique les études sur leur écologie, leur reproduction et leur taxonomie.


Cephalophe a bande dorsale (Cephalophus dorsalis)
Le genre Cephalophus compte quinze espèces distinctes
© Lyse Primault - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)


LES ESPÈCES

Le genre Cephalophus est l’un des plus riches en termes de diversité parmi les bovidés, avec environ 15 à 18 espèces reconnues selon les auteurs et les révisions taxonomiques. Parmi elles figurent :

* Céphalophe à bande dorsale - Cephalophus dorsalis

* Céphalophe à dos jaune - Cephalophus silvicultor

* Céphalophe à flancs roux - Cephalophus rufilatus

* Céphalophe à front noir - Cephalophus nigrifrons

* Céphalophe à ventre blanc - Cephalophus leucogaster

* Céphalophe d'Abbott - Cephalophus spadix

* Céphalophe d'Ader - Cephalophus adersi

* Céphalophe de Brooke - Cephalophus brookei

* Céphalophe de Harvey - Cephalophus harveyi

* Céphalophe de Jentink - Cephalophus jentinki

* Céphalophe d'Ogilby - Cephalophus ogilbyi

* Céphalophe de Peter - Cephalophus callipygus

* Céphalophe de Weyns - Cephalophus weynsi

* Céphalophe du Natal - Cephalophus natalensis

* Céphalophe noir - Cephalophus Cephalophus niger

* Céphalophe zébré - Cephalophus zebra

La distinction entre certaines espèces est parfois complexe, en raison du chevauchement de caractères morphologiques ou de la faible divergence génétique entre taxons allopatriques. Par ailleurs, certains taxonomistes incluent le genre apparenté Philantomba (regroupant céphalophe bleu, céphalophe de Maxwell et céphalophe de Walter) dans Cephalophus, tandis que d'autres préfèrent le maintenir distinct en raison de différences génétiques et comportementales.

Les céphalophes varient considérablement en taille : de petites espèces comme Cephalophus ogilbyi (5 à 7 kg) aux plus grandes comme Cephalophus silvicultor, qui peut dépasser 80 kg. La diversité phénotypique, incluant les motifs de coloration, la taille et la morphologie des cornes, reflète des adaptations variées à des niches écologiques spécifiques au sein des forêts africaines.


TAXONOMIE

Le genre Cephalophus a été établi en 1827 par le naturaliste britannique Charles Hamilton Smith, dans un contexte où la connaissance de la faune africaine reposait principalement sur des spécimens collectés lors d’expéditions coloniales. Le nom Cephalophus, formé à partir du grec kephalē (κεφαλή, "tête") et lophos (λόφος, "crête"), évoque la petite touffe de poils érectiles présente entre les cornes de nombreux céphalophes, une caractéristique morphologique fréquente dans ce groupe.

Durant le XIXe siècle, les céphalophes ont fait l’objet d’une taxonomie surenchérie, en raison du manque d’accès à des séries complètes de spécimens et d'une connaissance insuffisante des variations individuelles ou géographiques. Ainsi, de nombreuses "espèces" furent décrites à partir de différences de taille, de coloration ou de patrons de pelage. Les naturalistes comme John Edward Gray, Philip Sclater, ou Oldfield Thomas ont décrit de nombreux taxons, aujourd’hui souvent considérés comme des synonymes ou des sous-espèces.

Au XXe siècle, des tentatives de rationalisation ont été entreprises. Les travaux de Theodor Haltenorth et surtout de Peter Grubb ont cherché à réorganiser le genre sur des bases plus solides, incluant l’écologie, la morphologie crânienne, les comportements reproductifs, et la distribution géographique. Néanmoins, l’extrême similarité morphologique entre certaines espèces sympatriques ou allopatriques rendait les limites spécifiques encore incertaines.

L’avènement des analyses génétiques, à partir des années 1990 et surtout dans les années 2000, a permis de réévaluer les relations entre espèces au sein du genre. Des études moléculaires, comme celles de Hassanin et al. (2009) et Johnston & Anthony (2012), ont démontré que Cephalophus est monophylétique, mais aussi que certains regroupements traditionnels fondés uniquement sur la morphologie étaient artificiels. Ces travaux ont également soutenu la séparation du genre Philantomba, autrefois inclus dans Cephalophus, en raison de divergences génétiques significatives, ainsi que de différences comportementales et écologiques notables. Philantomba se distingue notamment par une plus grande dépendance aux forêts secondaires, une reproduction continue et des traits crâniens distincts.

Le statut de certaines espèces, comme Cephalophus jentinki, Cephalophus zebra, ou Cephalophus spadix, a également été confirmé comme distinct grâce à des combinaisons de données moléculaires et morphologiques. Toutefois, des incertitudes subsistent pour des taxons du bassin du Congo, où les barrières géographiques (comme les rivières) pourraient favoriser une spéciation cryptique. Il est probable que plusieurs formes actuellement reconnues comme espèces distinctes pourraient être regroupées à l’avenir, ou inversement, que certaines populations cryptiques soient élevées au rang d'espèce.

En résumé, l’histoire taxonomique du genre Cephalophus reflète une transition progressive d’une classification basée sur l’apparence à une approche intégrative, mobilisant la morphologie, la génétique, l’écologie et la biogéographie. Ce processus reste en cours, avec de nombreux défis posés par le faible accès aux spécimens vivants, les données lacunaires sur la biologie reproductive et l’échantillonnage génétique encore incomplet dans plusieurs régions d’Afrique centrale.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
FamilleBovidae
Sous-familleCephalophinae
GenreCephalophus
Décrit parCharles Hamilton Smith
Date1827

SOURCES

* Liens internes

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Ultimate Ungulate

* Liens externes

Wikimedia Commons

* Bibliographie

Groves, C. & Grubb, P. (2011). Ungulate Taxonomy. Johns Hopkins University Press.

Kingdon, J. (2015). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Bloomsbury Publishing.

Johnston, A.R., & Anthony, N.M. (2012). A multi-locus phylogenetic analysis of duikers (Cephalophinae). Molecular Phylogenetics and Evolution, 62(2), 612–620.

Hassanin, A. et al. (2009). Evolutionary history of African duikers. BMC Evolutionary Biology, 9(1), 1–16.

Kingdon, J. S., Hoffmann, M., & Happold, D. C. D. (Eds.). (2013). Mammals of Africa (Vols. 3-6). Bloomsbury Publishing.

Skinner, J. D., & Chimimba, C. T. (2005). The mammals of the southern African subregion (3rd ed.). Cambridge University Press.

Hulselmans, J., Colyn, M., & Verheyen, W. N. (2005). New data on the systematic status of the enigmatic duiker Cephalophus ogilbyi crusalbum (Artiodactyla: Cephalophinae) from West Africa. Mammalian Biology - Zeitschrift für Säugetierkunde, 70(1), 49-64.

Johnston, C. H., Anthony, N. M., Baranga, J., Hyeroba, D., Turin, H., Vosper, J., ... & Bruford, M. W. (2012). The use of genetic and morphological data to resolve the systematic relationships of cryptic forest duikers (Cephalophinae: Cephalophus). Biological Journal of the Linnean Society, 107(3), 591-613.