Céphalophe de Harvey (Cephalophus harveyi)
Le céphalophe de Harvey (Cephalophus harveyi) est une petite antilope discrète, appartenant à la famille des bovidés. Originaire des forêts tropicales et des zones boisées d’Afrique de l’Est, notamment en Tanzanie et au Kenya, ce céphalophe se distingue par sa taille compacte et son pelage brun rougeâtre, idéal pour se camoufler dans son environnement. Le céphalophe de Harvey est souvent considéré comme une sous-espèce du céphalophe du Natal. Son classement ici en espèce distincte est en référence avec la Liste rouge de l'IUCN qui le classe comme tel selon les travaux de Kingdon (1982), East (1999) et Kingdon et Rovero (2013).
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DESCRIPTION
Le céphalophe de Harvey est une antilope de petite taille. Les caractéristiques morphologiques distinctives de cette espèce permettent de l’identifier parmi les céphalophes, qui regroupent plusieurs espèces similaires. Un adulte mesure entre 50 et 70 cm de long pour une hauteur au garrot d'environ 30 à 40 cm. Son poids varie de 12 à 20 kg, les mâles étant légèrement plus lourds que les femelles.
Son pelage est court et dense, arborant une couleur marron rougeâtre qui lui permet de se camoufler efficacement dans la végétation dense de son habitat. La région ventrale est légèrement plus claire, tandis qu'une bande noire distincte peut être visible sur le dos.
La tête est proportionnellement petite, avec un museau allongé et de grands yeux adaptés à une vision nocturne ou en faible lumière. Les cornes sont présentes chez les deux sexes, bien que celles des mâles soient généralement plus longues (4 à 6 cm). Elles sont droites ou légèrement incurvées vers l’arrière.
Les pattes sont courtes et robustes, adaptées à des déplacements rapides et silencieux dans un environnement dense. Les sabots sont petits et pointus, idéaux pour marcher sur des sols mous ou irréguliers. Le céphalophe de Harvey possède un odorat très développé, un sens crucial pour détecter les prédateurs et localiser la nourriture. Son ouïe est également très fine, mais sa vue est moins performante.
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CC-BY-NC (Certains droits réservés)HABITAT
Le céphalophe de Harvey est présent dans le centre et le sud-est du Kenya, le nord-est et le centre de la Tanzanie, marginalement dans le sud de la Somalie et dans le nord du Malawi. Il existe une seule observation en Zambie.
En Éthiopie, une expédition dans la forêt de Harenna, dans la partie sud du parc national des monts Balé en 1986, a permis d'observer un céphalophe "rouge". Il s'agissait de la première observation confirmée d'un céphalophe en Éthiopie. Il y a également eu une observation ultérieure de ce céphalophe dans la même zone. Bien que l'identification de l'espèce attende d'être confirmée, il est considéré comme très probable qu'il s'agisse du céphalophe de Harvey. Cette espèce est présente dans le sud de la Somalie et pourrait avoir pénétré dans les forêts de Balé par les vallées de Juba et de Genale, une route qui a été utilisée par les primates forestiers. En 1996, la présence d'une espèce non identifiée de céphalophe rouge a été confirmée dans la brousse dense autour et au nord du siège du parc national de l'Omo dans le sud-ouest. La population d'Omo pourrait être le céphalophe de Weyns, que l'on trouve à proximité, dans les montagnes d'Imatong, au Soudan du Sud, à 400 km au sud-ouest.
Le céphalophe de Harvey vit dans les forêts de plaine et de montagne, les parcelles forestières isolées, les forêts riveraines, les broussailles côtières, les fourrés et autres habitats à couverture épaisse. On le trouve à des altitudes supérieures à 2 400 m dans certains massifs de l'Arc oriental (par exemple, dans l'Uluguru).
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CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)BIOLOGIE
Le céphalophe de Harvey est un herbivore opportuniste avec un régime alimentaire varié, adapté aux ressources disponibles dans son habitat forestier. Il se nourrit principalement de feuilles tendres, de bourgeons, de fruits tombés, de fleurs et parfois de jeunes pousses. Les fruits constituent une part importante de son alimentation, en particulier ceux qui tombent des arbres, comme les figues. Cette espèce est surtout active au crépuscule et à l’aube, moment où elle cherche sa nourriture. Grâce à son museau allongé, elle peut atteindre les zones difficiles d’accès dans les fourrés. Elle consomme également des champignons et des lichens en période de pénurie. Le céphalophe de Harvey possède un système digestif adapté pour extraire efficacement les nutriments des plantes. Son estomac est compartimenté, ce qui permet une fermentation partielle des fibres végétales. En tant que consommateur de fruits et de graines, il joue un rôle important dans la dispersion des graines dans son habitat.
La reproduction du céphalophe de Harvey est discrète et suit un cycle bien adapté à son environnement. Bien que les accouplements puissent se produire tout au long de l’année, les naissances sont souvent synchronisées avec les périodes de pluie, lorsque la nourriture est abondante. Les mâles utilisent des comportements de parade pour attirer les femelles, notamment en émettant des vocalisations douces et en marquant leur territoire à l’aide de glandes odorantes situées près de leurs yeux. La femelle a une gestation d’environ six mois, au terme de laquelle elle donne naissance à un seul petit. À la naissance, le jeune est relativement bien développé, pesant environ 1 à 2 kg. Son pelage est plus foncé et tacheté, offrant un excellent camouflage. La mère cache son petit dans les buissons denses et le rejoint périodiquement pour l’allaiter. Ce comportement aide à minimiser les risques de prédation. Le sevrage a lieu après environ trois mois, bien que le jeune reste avec la mère jusqu’à ce qu’il soit indépendant. Les céphalophes atteignent leur maturité sexuelle entre 1 et 2 ans. Les mâles doivent souvent se battre pour établir leur dominance et gagner l'accès aux femelles.
Le céphalophe de Harvey est une espèce territoriale, discrète et généralement solitaire, bien qu'il adopte des comportements sociaux dans certaines circonstances. Principalement solitaire, chaque individu occupe un territoire qu’il défend activement contre les intrus, surtout du même sexe. Les couples ne se forment que temporairement pour la reproduction. Les mâles marquent leur territoire à l’aide de leurs glandes odorantes et parfois avec leurs excréments ou leur urine. Ils patrouillent régulièrement leurs zones pour détecter les intrusions. Cette espèce est crépusculaire, active principalement à l’aube et au crépuscule pour éviter la chaleur et réduire le risque de rencontrer des prédateurs. Les céphalophes utilisent une combinaison de signaux vocaux, olfactifs et visuels pour communiquer. Par exemple, en cas de danger, ils émettent des aboiements caractéristiques pour alerter leurs congénères. Lorsqu’ils se sentent menacés, ils fuient rapidement en zigzaguant à travers la végétation, exploitant leur petite taille et leur agilité pour échapper à leurs ennemis.
© Avocat - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)PRÉDATION
En raison de sa taille modeste, le céphalophe de Harvey est une proie potentielle pour de nombreux prédateurs. Cependant, son comportement prudent et ses adaptations lui permettent de limiter les risques.
Les principaux ennemis naturels incluent les grands carnivores tels que les léopards, les lions et les hyènes. Les pythons de grande taille peuvent également représenter une menace, en particulier pour les jeunes céphalophes. Dans les zones proches des cours d’eau, les crocodiles peuvent être des prédateurs opportunistes. Les grands rapaces, comme les aigles, peuvent capturer les jeunes céphalophes, qui sont plus vulnérables en raison de leur petite taille et de leur manque d’expérience.
Le céphalophe de Harvey utilise principalement la fuite pour échapper aux prédateurs. Son pelage camouflé, son ouïe fine et son odorat développé lui permettent de détecter les menaces à distance. En cas d’attaque, il utilise des trajectoires imprévisibles pour semer son agresseur.
Auteur: Philip Sclater - The book of antelopes
CC0 (Domaine public)MENACES
Les principales menaces qui pèsent sur le céphalophe de Harvey sont la perte d'habitat due à l'extraction du bois et à l'empiétement des habitations, en particulier dans les nombreuses forêts côtières et montagnardes. L'espèce continue d'être chassée intensivement dans la majeure partie de son aire de répartition, à l'aide de chiens et de collets métalliques.
En Somalie, cette espèce a été observée dans des habitats fluviaux sur les cours inférieurs des fleuves Shebelle et Juba et dans les broussailles et forêts côtières de la région du lac Badana, mais au milieu des années 1980, elle avait perdu presque tout son habitat sur les fleuves Juba et Shebelle à cause de l'expansion agricole et ne survivait que dans quelques parcelles restantes de forêt fluviale sur le cours inférieur du Juba.
© Marc Henrion - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)CONSERVATION
Le céphalophe de Harvey n'est pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.
L'espèce est bien représentée dans plusieurs zones protégées, notamment les parcs nationaux d'Aberdares et du mont Kenya et les réserves nationales de Shimba Hills, de la rivière Tana, d'Arabuko-Sokoke, de Boni et de Dodori (Kenya), les parcs nationaux du mont Kilimandjaro, des monts Udzungwa, de Mikumi, d'Arusha et du lac Manyara (Tanzanie) et des monts Bale (Éthiopie).
Des travaux taxonomiques supplémentaires sont nécessaires pour étudier le statut de cette espèce par rapport au céphalophe du Natal.
CLASSIFICATION
| Nom commun | Céphalophe de Harvey |
| English name | Harvey's duiker |
| Español nombre | Duiquero de Harvey |
| Règne | Animalia |
| Embranchement | Chordata |
| Sous-embranchement | Vertebrata |
| Classe | Mammalia |
| Sous-classe | Theria |
| Infra-classe | Eutheria |
| Ordre | Artiodactyla |
| Sous-ordre | Ruminantia |
| Famille | Bovidae |
| Sous-famille | Cephalophinae |
| Genre | Cephalophus |
| Nom binominal | Cephalophus harveyi |
| Décrit par | Michael Rogers Oldfield Thomas |
| Date | 1893 |
Satut IUCN |  |
SOURCES
Liste rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Princeton University Press.
Estes, R. D. (1991). The Behavior Guide to African Mammals. University of California Press.
Wronski, T., & Apio, A. (2006). "Home-range overlap, social structure, and communication in the bush duiker (Sylvicapra grimmia)." African Journal of Ecology.
Jarman, P. J. (1974). "The social organisation of antelope in relation to their ecology." Behaviour.
Colyn, M., & Gautier-Hion, A. (1993). "The ungulates of the African rain forest: ecological role in forest dynamics."