Le céphalophe zébré (Cephalophus zebra) est une antilope appartenant à la famille des bovidés. Endémique des forêts tropicales d’Afrique de l’Ouest, ce céphalophe intrigue par son apparence unique, son comportement discret et son rôle dans l’écosystème. Son nom lui vient des zébrures visibles sur son corps faisant penser à un zèbre. Le céphalophe zébré forme, avec quinze autres espèces, le genre Cephalophus.
Le céphalophe zébré est l’un des plus petits céphalophes, mesurant environ 70 à 90 cm de longueur et atteignant une hauteur au garrot de 30 à 40 cm. Les adultes pèsent entre 9 et 20 kg, selon leur sexe et leur âge. Le dimorphisme sexuel est léger chez cette espèce, bien que les mâles soient généralement plus grands.
Son pelage, particulièrement remarquable, est court, dense et lustré, arborant une couleur brun rougeâtre intense, souvent qualifiée de "roux acajou". Ce pelage est orné de rayures sombres qui s’étendent transversalement sur le dos et les flancs, ce qui lui vaut son nom de "zébré". Ces rayures agissent comme un camouflage efficace dans son habitat forestier dense, où les ombres et la lumière filtrée se mélangent. Une autre caractéristique est l'absence d'une touffe de longs poils sur le front. Les jeunes apparaissent légèrement plus bleu en coloration que les adultes et ont des rayures étroites.
La tête du céphalophe zébré est relativement petite avec un museau allongé, des yeux larges et des oreilles arrondies. Il possède de petites cornes coniques chez les deux sexes, mesurant environ 3 à 5 cm de long, souvent dissimulées dans le pelage. Ses pattes sont fines mais musclées, adaptées aux déplacements rapides et agiles dans la forêt.
Le céphalophe zébré est endémique de la forêt de Haute-Guinée. Il est présent depuis la rivière Moa, dans l'est de la Sierra Leone, jusqu'à la rivière Nioniourou, dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire. En Sierra Leone, il était probablement assez répandu dans les forêts intactes, mais s'est rétracté à mesure que celles-ci étaient abattues. Dans les années 1980, il était rare et localisé, connu uniquement dans la forêt de Gola et d'autres sites à la frontière orientale et peut-être dans la réserve forestière de la zone occidentale. Il est toujours présent dans le parc national de Gola Rainforest. Au Libéria, il était également autrefois répandu et signalé dans plusieurs localités, il est toujours présent dans le parc national de Sapo et probablement dans d'autres forêts nationales telles que Grebo, Senkwehn et Krahn-Bassa. En Côte d'Ivoire, son fief est le parc national de Taï et on le trouve également dans les forêts classées de Haute-Dodo, Rapide, Grah, Cavally-Gouin, Scio et Niegré dans le sud-ouest. Dans le sud-est de la Guinée, on le trouve dans la réserve de biosphère de Ziama et la réserve forestière de Diécké.
Le céphalophe zébré préfère les forêts primaires de plaine non perturbées, mais on le trouve également dans les forêts de basse montagne et de collines et parfois dans les forêts secondaires et les cultures sur brûlis. Wilson (2001) a considéré qu'il s'agissait de l'espèce de céphalophe d'Afrique de l'Ouest la moins adaptable à la déforestation et donc la moins susceptible de survivre à la pression de la chasse et à la dégradation de l'habitat.
Le céphalophe zébré est un herbivore opportuniste, se nourrissant principalement de feuilles, de fruits, de jeunes pousses, de fleurs et parfois d’écorces. Son régime alimentaire varie en fonction des saisons et de la disponibilité des ressources dans son environnement. Une caractéristique remarquable de son alimentation est son rôle dans la dispersion des graines. En consommant des fruits entiers, notamment ceux des arbres et arbustes tropicaux, il contribue à la régénération des forêts en dispersant les graines par ses excréments. Les fruits charnus, riches en glucides, constituent une source importante d’énergie pour cet animal. En période de pénurie, le céphalophe zébré peut consommer des aliments moins nutritifs, tels que des feuilles coriaces ou des brindilles. Il est aussi connu pour profiter des fruits tombés à terre après qu’ils ont été laissés par d’autres animaux, comme les singes ou les oiseaux. Son comportement alimentaire est discret : il préfère se nourrir à l’aube ou au crépuscule, évitant ainsi les prédateurs actifs en pleine journée.
Le céphalophe zébré a une reproduction solitaire et discrète, en accord avec son mode de vie réservé. Les femelles atteignent la maturité sexuelle vers un an, tandis que les mâles sont matures à environ 18 mois. La période de reproduction n’est pas strictement saisonnière, bien que dans certaines régions, elle puisse coïncider avec les périodes de plus grande disponibilité alimentaire.
Après une période de gestation d'environ 6 à 7 mois, la femelle met au monde un seul petit. À la naissance, il est recouvert d’un pelage doux et dense, semblable à celui des adultes, avec des rayures qui lui permettent de se camoufler efficacement. Le nouveau-né pèse environ 1,5 à 2 kg et est capable de se tenir debout quelques heures après sa naissance. La mère s’occupe seule du petit, le cachant dans des fourrés denses pour le protéger des prédateurs. Pendant les premières semaines, le petit reste immobile la plupart du temps et ne sort que pour téter. L’allaitement dure environ 3 à 4 mois, après quoi le jeune commence à consommer de la végétation solide.
Le céphalophe zébré a une espérance de vie moyenne d'environ 10 à 15 ans à l'état sauvage, bien que cette durée puisse être légèrement prolongée en captivité grâce à des soins adaptés et l'absence de prédateurs. Cependant, sa longévité dépend fortement de facteurs tels que la disponibilité des ressources, les menaces liées à la chasse et à la destruction de son habitat naturel.
Le céphalophe zébré est un animal extrêmement discret et principalement crépusculaire. Il est actif tôt le matin et en fin d’après-midi, préférant rester à l’abri pendant les heures les plus chaudes de la journée. Ce comportement aide à minimiser le risque de prédation.
C’est une espèce solitaire, sauf pendant la période de reproduction ou lorsque les mères élèvent leurs petits. Chaque individu possède un territoire défini qu’il marque à l’aide de sécrétions glandulaires ou d’urine. Ces territoires sont généralement situés dans des zones de forêt dense où l’animal peut se déplacer rapidement et se cacher en cas de danger.
Le céphalophe zébré est extrêmement vigilant. Lorsqu’il détecte une menace, il émet un aboiement aigu pour alerter les autres céphalophes à proximité, puis s’enfuit en zigzaguant pour semer ses ennemis. Sa petite taille et son agilité lui permettent de se faufiler dans les fourrés les plus denses, rendant la poursuite difficile pour ses poursuivants.
Malgré sa nature solitaire, il peut parfois se montrer curieux. Il a été observé approchant discrètement des objets ou des animaux étrangers à son environnement.
Le céphalophe zébré, bien qu’étant un animal discret et bien camouflé, n’échappe pas à la prédation dans les forêts tropicales denses d’Afrique de l’Ouest. Ses prédateurs incluent principalement des carnivores opportunistes et certains rapaces.
* Léopard : Le léopard est le principal prédateur naturel du céphalophe zébré. Grâce à sa force, son agilité et sa capacité à chasser de manière silencieuse, il est capable de surprendre les céphalophes dans leur habitat dense.
* Civette africaine : La civette africaine, un carnivore de taille moyenne, est un prédateur opportuniste qui peut s’attaquer aux jeunes céphalophes. Les adultes sont généralement trop grands pour être capturés par cette espèce.
* Mangouste : Les jeunes céphalophes sont vulnérables aux mangoustes, surtout lorsqu’ils sont laissés seuls par leur mère dans des fourrés.
* Python de Seba : Occasionnelement, le python de Seba est également un prédateur du céphalophe zébré. Ils attaquent généralement par surprise, immobilisant leur proie grâce à leur constriction.
* Aigle couronné : L'aigle couronné est l'un des rares rapaces capables de capturer de petits mammifères terrestres comme les céphalophes. Avec une vue perçante et des serres puissantes, il constitue une menace, particulièrement pour les jeunes ou les adultes de petite taille.
Illustration du céphalophe zébré par Philip Sclater (1894) Auteur: Philip Sclater CC0 (Domaine public)
MENACES
Les principales menaces qui pèsent sur le céphalophe zébré sont la destruction de l'habitat et la chasse pour la viande de brousse. En Côte d'Ivoire, par exemple, l'espèce est confinée à la forêt tropicale primaire du sud-ouest, à l'ouest du fleuve Niouniourou. Cette région était peu peuplée jusqu'au début ou au milieu des années 1970. Depuis, on assiste à une immigration massive, à une exploitation forestière, à un défrichement des forêts et à une colonisation agricole rapide.
CONSERVATION
Le céphalophe zébré est considéré comme une espèce menacée. Il est actuellement inscrit dans la catégorie "Vulnérable" (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN ainsi qu'en Annexe II de la CITES, ce qui signifie que tout commerce international de cette espèce doit être surveillé attentivement.
Le céphalophe zébré est aujourd'hui confiné aux zones restantes de forêt primaire de son ancienne aire de répartition, ses principaux bastions étant les forêts de Gola en Sierra Leone et au Libéria, le parc national de Sapo et d'autres forêts protégées du sud-est du Libéria, le parc national de Taï et les réserves forestières adjacentes de Haut Dodo-Rapide Grah-Hana et les réserves forestières de Cavally-Gouin, Scio et Niegre en Côte d'Ivoire. Sa survie à long terme dépend de la protection de son habitat et du contrôle du braconnage dans ces zones.