Le rhinocéros noir (Diceros bicornis) est un mammifèreherbivore appartenant à la famille des Rhinocerotidae. Ce rhinocéros est le seul membre du genre Diceros. Cet animal est originaire des régions centrales et orientales d'Afrique. Le rhinocéros noir est le plus connu des cinq espèces de rhinocéros actuels.
Sans compter la queue, le rhinocéros noir a une longueur de corps qui peut atteindre 3,50 m, une hauteur au garrot de 1,60 m et un poids compris entre 800 et 1 500 kg. Il est cependant le plus petit des deux espèces de rhinocéros africains. Il possède deux cornes, dont celle la plus en avant est un peu plus longue (généralement cinquante centimètres, et dans des cas exceptionnels plus de 1 m). Il peut courir jusqu’à près de 50 km/h. Il se distingue du rhinocéros blanc (Ceratotherium simum), l’espèce la plus proche, par un crâne relativement trapu, deux cornes profondément enfoncées et une lèvre supérieure digitiforme (en forme de doigt).
Le nom rhinocéros noir est un emprunt de l’anglais se traduisant par black rhinoceros pour faire une différence avec white rhinoceros, car les deux espèces sont en réalité gris foncé et ne se distinguent pas sur le plan des couleurs. De ce fait, ces appellations trompeuses sont venues d’une faute de traduction de l’Africaan où wijde signifie large, mais a été confondu avec white, c’est-à-dire blanc. Les formes allemandes à gueule large et à gueule pointue sont au contraire les traductions correctes de l’africaan que l’on devrait donc préférer. Ces noms se rapportent à la lèvre supérieure : celle du rhinocéros noir est adaptée pour saisir le feuillage en l’arrachant tandis que celle du rhinocéros blanc est plate et convient mieux pour brouter de l’herbe.
Les rhinocéros noirs ont un excellent odorat et une bonne ouïe. Les yeux n’ont au contraire que peu d’importance, car à une distance de vingt mètres ce rhinocéros peut à peine reconnaître une forme.
Les cris du rhinocéros sont le baret et le barrissement. On dit qu'il barète et qu'il barrit.
HABITAT
Jadis, le rhinocéros noir vivait dans toutes les savanes africaines. Il était même beaucoup plus répandu que le rhinocéros blanc. Aujourd’hui, les quatre pays conservant une population relativement importante sont l’Afrique du Sud (surtout), la Namibie, le Zimbabwe et le Kenya.
Le rhinocéros noir a été réintroduit en Afrique du Sud, au Malawi, au Swaziland et au Rwanda après que les populations locales y furent exterminées.
Tandis que le rhinocéros blanc habite la savane herbeuse ouverte, le rhinocéros noir préfère la savane d’arbuste d’épineux ou les lisières forestières. La présence de points d’eau disponibles à proximité leur est nécessaire à tous les deux.
ALIMENTATION
Sa nourriture est constituée de branches, surtout des acacias qu’il saisit grâce à sa lèvre supérieure en forme de doigt, qu’il dirige entre ses mâchoires et qu’il broie avec ses molaires. Si l'on voit des rhinocéros noirs en train de paître, ils arrachent en réalité de la terre des plantes ligneuses et ne touchent pas à l’herbe. Même les branches très épineuses sont consommées.
COMPORTEMENT
Comme tous les rhinocéros, le rhinocéros noir est un solitaire. Il est actif principalement au crépuscule et la nuit. Pendant la journée il dort à l’ombre ou prend des bains de boue.
Les rhinocéros noirs marquent leurs domaines grâce à leur urine et leurs déjections, mais ces domaines peuvent cependant se chevaucher. Envers les congénères qui habitent les domaines voisins, les rhinocéros noirs ne se montrent généralement pas agressifs. De temps en temps, on voit même deux mâles paître côte à côte. Évidemment, le comportement change si deux mâles font la cour à une même femelle. Ils peuvent alors en venir à des batailles dont l’issue peut devenir mortelle.
Le rhinocéros noir n’a pas d’ennemis naturels. Seuls les lions essaient de temps en temps de s’emparer d’un petit, si la femelle ne fait pas attention. Des cas ont aussi été observés où les rhinocéros en train de boire étaient attaqués par des hippopotames ou des crocodiles.
Fréquemment, les rhinocéros noirs attrapent des parasites dont les tiques, les mouches du cheval et les filaires sont les plus fréquents. En particulier, les blessures reçues lors des batailles en période de rut constituent pour les mouches un lieu de ponte idéal. Pour se désinfecter, les rhinocéros noirs se vautrent dans la boue ou prennent des bains de poussière. Pour se débarrasser de quelques-uns de ces gêneurs, les rhinocéros tolèrent aussi la société des pique-boeufs et des hérons gardes-boeufs, qui se posent sur leur dos et y picorent les parasites.
REPRODUCTION
Les mâles et les femelles ne se rapprochent que quelques jours pendant le rut. Si l'on voit ensemble plusieurs rhinocéros, il s’agit le plus souvent d’une femelle avec ses petits. Les jeunes femelles sont encore acceptées à proximité même si le nouveau petit est déjà né.
L’unique petit vient au monde après une gestation de 450 jours. À sa naissance, il pèse entre 25 et 40 kg.
Les nouveau-nés possèdent à l’emplacement où la corne poussera un épaississement d’environ un centimètre de haut. L’emplacement de la deuxième corne n’est marqué que par une tache ronde un peu plus claire. Le petit est allaité pendant environ 2 ans, et sa mère le défend pendant ce temps contre tout danger. Pendant presque tout ce temps, la mère n’est pas en mesure de concevoir un nouveau petit.
Les jeunes atteignent leur maturité sexuelle à 5 ans pour les femelles et 8 ans pour les mâles. C’est à cet âge qu’ils quittent leur mère, s’ils ne l’ont pas déjà quittée.
ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE
Le rhinocéros noir est l'un des animaux en danger d’extinction. L’IUCN a d’abord classé le rhinocéros noir parmi les espèces en danger, puis comme espèce menacée et, finalement, comme espèce extrêmement menacée.
En 1970, on pense qu’il y avait entre 65 000 et 70 000 rhinocéros noirs. En 1980, il n’en restait plus que 15 000 et en 1990 environ 3 000. En 1995, leur nombre est tombé à seulement 2 500, pour remonter en 2004 à 3 600.
Malgré cette remontée relative, les rhinocéros noirs ont totalement disparu de beaucoup de pays. Ainsi, en République Centrafricaine, il y avait encore en 1980 une belle réserve de 3 000 rhinocéros qui fut exterminés en seulement quelques années.
CONSERVATION
D’après le compte rendu fait par le WWF au treizième meeting des conférences sur les parties de la CITES, tenue à Bangkok du 2 au 14 octobre 2004.
En 2001, il restait sur l’ensemble de l’Afrique une population de 3 100 rhinocéros noirs regroupés dans sept parcs nationaux. On retrouve actuellement les populations de rhinocéros noirs au :
La réintroduction dans les parcs nationaux sud-africains a amélioré la situation générale, car à part la Namibie, l’Afrique du Sud est l’unique pays où des mesures de protection s’appliquent efficacement, et où le nombre de rhinocéros noirs s’accroît.
SOUS-ESPÈCES
Jusqu’en 2006, on comptait quatre sous-espèces de rhinocéros noir. Cette année-là, on annonçait l’extinction officielle de la sous-espèceDiceros bicornis longipes. Aujourd’hui, on n’en compte donc plus que trois :
*Diceros bicornis minor :
Diceros bicornis minor est la sous-espèce la plus nombreuse. Elle habitait à l’origine la Tanzanie centrale au nord et à l’est de l’Afrique du Sud, en passant par le Zambie, le Zimbabwe et le Mozambique. En 2005, on ne comptait que 1 770 spécimens en liberté, plus 75 individus dans des zoos.
*Diceros bicornis bicornis :
Diceros bicornis bicornis est une sous-espèce bien adaptée aux savanes arides et semi-arides de la Namibie, de l’Angola méridional, du Botswana occidental et de l’Afrique du Sud occidentale. Il n’en restait, en 2005, plus que 1 310 individus à l'état sauvage, mais aucun spécimen en captivité.
*Diceros bicornis michaeli :
Diceros bicornis michaeli a une distribution historique allant du sud Soudan au centre de la Tanzanie, en passant par l’Éthiopie, la Somalie et le Kenya. Il n’en restait, en 2005, plus que 520 spécimens en liberté, et 175 dans des zoos.
*Diceros bicornis longipes :
Diceros bicornis longipes était la sous-espèce la plus rare et la plus en danger. À l’origine répandue dans les savanes au sud-est du Sahel, l’animal ne survivait plus qu’à travers quelques rares individus, moins d’une dizaine, vivant dans le nord du Cameroun.
La sous-espèce a été déclarée éteinte en septembre 2006, après qu’un couple de conservateurs français, Isabelle et Jean-François Lagrot, ne soient pas parvenus à retrouver la moindre trace d’un seul d’entre eux dans leur dernier habitat connu.
VICTIME DE LA CHASSE
La chasse a fait du rhinocéros noir, au cours des trois dernières décennies du XXe siècle, une espèce très rare. La chasse moderne a eu, et a toujours, deux grandes motivations :
- Les vertus médicinales qu’on prête à la corne dans la médecine chinoise traditionnelle (TCM), en particulier la croyance selon laquelle la poudre de corne peut accroître la puissance sexuelle ou faire baisser la fièvre.
- Un poignard avec une poignée en corne de rhinocéros noir est considéré au Yémen comme un symbole de virilité. Des membres des hautes classes yéménites sont prêts à payer des prix très élevés pour de tels poignards, même importés illégalement.
- Bien sûr n’oublions pas non plus le plaisir et l’oisiveté de l’être humain. Tuer pour faire un carton est tout à fait à l’image de la bêtise humaine. Le rhinocéros noir faisant partie du Big five des chasseurs.
Le braconnage est, bien sûr, une activité à haut risque en Afrique du fait des lourdes peines encourues, mais les prix considérables que les acheteurs d’Extrême-Orient et du Yémen sont disposés à payer pour les cornes, en font un commerce profitable.
Pour rendre la chasse au rhinocéros moins intéressante pour les braconniers, des gardes-chasse en sont même venus dans certaines régions à endormir les rhinocéros pour leur couper les cornes, procédure nullement douloureuse pour les animaux, puisque les cornes, comme les ongles, ne se composent pas de cellules vivantes.
Mais cette méthode n’a pas apporté le succès escompté : les braconniers, qui découvraient un rhinocéros sans corne le tuaient tout de même pour ne pas être amenés à suivre plus tard encore sa trace, et ainsi à perdre leur temps. Par moment on en est même venu à faire garder certains rhinocéros noirs 24h/24 par des gardes-chasse armés.