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Dik-dik de Salt (Madoqua saltiana)


Le dik-dik de Salt (Madoqua saltiana) est une petite antilope appartenant à la famille des Bovidae et à la sous-famille des Antilopinae. Cet animal, originaire d'Afrique orientale et de la Corne de l'Afrique, fait partie du genre Madoqua qui regroupe plusieurs espèces de dik-diks dont le dik-dik argenté avec lequel il est étroitement lié.


Dik-dik de Salt (Madoqua saltiana)
Dik-dik de Salt (Madoqua saltiana)
© Hailu Tilahun - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le dik-dik de Salt est l’un des plus petits ongulés d'Afrique. Sa morphologie est parfaitement adaptée aux environnements arides et semi-arides où il évolue. Il mesure entre 52 et 67 cm de longueur, avec une hauteur au garrot de 30 à 43 cm. Son poids varie de 2,5 à 5 kg, les mâles étant généralement un peu plus légers que les femelles. Seuls les mâles possèdent de petites cornes fines, mesurant entre 3 et 8 cm. Ces cornes sont droites et parfois à peine visibles à cause du pelage touffu de la tête. Les femelles sont légèrement plus grandes et plus robustes, mais elles ne portent pas de cornes.

Le pelage est doux et varie considérablement en couleur selon les sous-espèces :

- Madoqua saltiana saltiana arbore la plupart du temps un pelage gris, gris rougeâtre sur le dos et les jambes rougeâtre également mais en plus pâle.

- Madoqua saltiana phillipsi est gris rougeâtre sur l'arrière du corps. Les flancs, les épaules et le bas des cuisses sont rouge-orangé. Il n'y a pas de démarcation nette entre les flancs et le dos.

- Madoqua saltiana lawrenci est gris argenté sur l'arrière du corps, les flancs sont roux ainsi que les épaules et le bas des cuisses. On observe aussi une ligne claire entre les différentes couleurs.

- Madoqua saltiana hararensis est brun rougeâtre sur le dos, les flancs et les cuisses. Il n'y a pas de démarcation claire entre les flancs et le dos.

Sa tête est allongée avec un museau fin et légèrement retroussé. Il possède de grands yeux bordés d’un cercle blanc ainsi que de larges oreilles qui l’aident à détecter les prédateurs. Comme d’autres dik-diks, il arbore une glande préorbitale proéminente située devant l'oeil. Cette glande sécrète une substance odorante utilisée pour le marquage territorial.

Le dik-dik de Salt est bien adapté aux milieux secs : son métabolisme lui permet de limiter ses pertes en eau, et il peut survivre longtemps sans boire, puisant son hydratation dans la nourriture qu'il consomme. Ses petits sabots lui permettent de se déplacer facilement sur les sols sableux ou rocailleux.


Madoqua saltiana
Madoqua saltiana
© Scott Bowers - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

HABITAT

Le dik-dik de Salt est endémique des zones arides et semi-arides du nord-est de l'Afrique (Éthiopie, Érythrée, Djibouti, Somalie) avec une présence marginale dans le sud-est du Soudan, atteignant peut-être juste le district de Mandera dans la région frontalière du nord-est du Kenya, mais il n'y a pas de signalements confirmés.

Cette petite antilope vit dans divers types de broussailles et de brousses désertiques et semi-désertiques, également observé dans les jardins d'Hargeisa, au Somaliland. Elle est présente depuis le niveau de la mer jusqu'à plus de 2 000 m dans la forêt de Daallo, au Somaliland.


Madoqua saltiana repartition
     Répartition du dik-dik de Salt
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

Le dik-dik de Salt est un herbivore strict, plus précisément un brouteur, se nourrissant principalement de végétaux riches en eau. Il consomme des feuilles, des bourgeons, des fruits, des fleurs et des gousses. Il privilégie les acacias, les buissons épineux et diverses plantes à feuilles succulentes. Il peut survivre sans boire d’eau libre, car il extrait l’humidité nécessaire de son alimentation végétale. Son organisme est adapté pour réduire au maximum l’évaporation et la perte hydrique via l’urine et la transpiration.

Ce bovidé évite les herbes fibreuses et préfère les végétaux riches en nutriments. Son régime alimentaire est influencé par les saisons et la disponibilité des ressources végétales. Il se nourrit de façon sélective, en prenant de petites bouchées rapides. Il adopte une position discrète en broutant pour limiter son exposition aux prédateurs.


Madoqua saltiana phillipsi
Dik-dik de Phillips (Madoqua saltiana phillipsi)
© Nik Borrow - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

REPRODUCTION

Le dik-dik de Salt possède un mode de reproduction basé sur la monogamie, ce qui signifie qu’un mâle et une femelle forment un couple stable pour la vie. Les femelles peuvent se reproduire tout au long de l’année, mais les naissances sont souvent plus fréquentes après la saison des pluies, lorsque la nourriture est abondante. Le cycle oestral dure environ 21 jours, avec une gestation de 5 à 6 mois (environ 170 jours).

Après la gestation, la femelle donne naissance à un unique petit (les naissances gémellaires sont extrêmement rares). Le nouveau-né pèse environ 500 à 700 grammes et est capable de tenir debout peu après la naissance. Le petit reste caché pendant les premières semaines, et la mère vient l’allaiter discrètement. Il est sevré vers 6 semaines, mais reste avec ses parents jusqu’à l’âge de 6 à 8 mois, avant d’être chassé par le mâle dominant du territoire. La maturité sexuelle est atteinte vers 6 à 12 mois, mais les jeunes doivent souvent attendre plus longtemps avant de se reproduire, car ils doivent d’abord établir leur propre territoire.

En captivité, où les menaces naturelles sont éliminées et où l'espèce bénéficie de soins vétérinaires, certains dik-diks de Salt ont montré une longévité atteignant 12 ans ou plus. Dans les environnements sauvages, leur espérance de vie est généralement plus courte ne dépassant pas les 7 à 10 ans à cause de la prédation, des conditions environnementales rudes et la compétition interspécifique.


Dik-dik de Salt en Somalie
Dik-dik de Salt photographié en Somalie
© Tony King - iNaturalist
CC-BY (Certains droits réservés)

COMPORTEMENT

Le dik-dik de Salt est une espèce très discrète, vivant en petits groupes familiaux généralement composé d'un couple et du dernier jeune encore dépendant. Le mâle défend son territoire en poursuivant les intrus et en effectuant des démonstrations de force. Les combats physiques entre mâles sont rares, car ils privilégient des comportements d’intimidation.

Le dik-dik est principalement crépusculaire et nocturne, pour éviter la chaleur et les prédateurs. Durant la journée, il se repose caché sous des buissons ou dans des zones ombragées.

Lorsqu’il détecte un danger, il pousse un cri strident ressemblant à "dik-dik", ce qui a donné son nom à l’espèce. Il adopte également un comportement de fuite rapide en zigzag pour échapper à ses poursuivants.


Madoqua saltiana hararensis
Dik-dik de Harar (Madoqua saltiana hararensis)
© Frédéric Bacuez - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

PRÉDATION

Le dik-dik de Salt, en raison de sa petite taille et de sa nature discrète, est une proie facile pour de nombreux prédateurs dans son habitat naturel. Ses principaux ennemis incluent des mammifères carnivores, des rapaces et même certains reptiles :

* Guépard : Le guépard est l'un des prédateurs les plus redoutables du dik-dik en raison de sa vitesse exceptionnelle (jusqu’à 110 km/h). Ce félin privilégie les proies de petite à moyenne taille, et le dik-dik constitue une cible facile, surtout lorsqu'il est isolé.

* Caracal : Le caracal est un chasseur opportuniste, qui attrape les dik-diks en bondissant rapidement depuis une cachette. Grâce à son agilité et ses bonds impressionnants, il peut surprendre ses proies en un éclair.

* Léopard : Bien qu’il chasse généralement des proies plus grandes, léopard ne dédaigne pas un dik-dik si l’occasion se présente. Il est particulièrement dangereux pour ces petites antilopes en raison de sa technique de chasse furtive et de son agilité nocturne.

* Chacal : Le chacal à chabraque et le chacal doré sont des prédateurs opportunistes qui s’attaquent surtout aux jeunes dik-diks ou aux individus affaiblis. Ils chassent souvent en duo ou en petit groupe, augmentant ainsi leurs chances de capture.

* Lycaon : Le lycaon, qui chasse en meute, est un danger pour le dik-dik, bien qu’il préfère des proies plus grandes. Sa stratégie de poursuite en endurance peut mettre ce bovidé en difficulté s’il est repéré.

* Renard de Rüppell : Le renard de Rüppell s’attaque rarement aux adultes mais peut voler des petits dik-diks cachés par leur mère.

* Hyène : La hyène tachetée et la hyène rayée sont des charognards et des chasseuses opportunistes. Cependant, elles ne ciblent pas souvent le dik-dik, mais peuvent le capturer s'il est affaibli ou blessé. Leur endurance leur permet de poursuivre de petites antilopes jusqu’à l’épuisement.

* Protèle : Le protèle se nourrit principalement d'insectes mais peut parfois consommer des petits mammifères comme les jeunes dik-diks.

* Aigle martial : L'aigle martial représente une menace majeure pour les jeunes dik-diks, qui sont souvent laissés seuls par leur mère cachés dans la végétation.

* Aigle couronné : L'aigle couronné utilise la chasse en embuscade pour surprendre le dik-dik depuis un perchoir caché. Il est capable de tuer un adulte en perforant son crâne avec ses serres puissantes.

* Python de Seba : Le python de Seba peut tuer et avaler un dik-dik entier en l’enroulant dans ses anneaux. Il chasse généralement à l'affût, attendant qu’un animal passe à sa portée avant de l’attraper.


Madoqua saltiana swaynei
Dik-dik de Swayne (Madoqua saltiana swaynei)
© Markus Lilje - iNaturalist
CC-BY-NC-ND (Certains droits réservés)

MENACES

La chasse de subsistance est un facteur dans certaines parties de l'aire de répartition du dik-dik de Salt. La pression de la chasse peut être plus forte dans les zones de conflit civil et militaire. Dans certaines parties de la Somalie, la chasse de toutes les espèces de dik-dik est plus intensive, la viande, les peaux et les animaux vivants étant exportés vers les États du Golfe. Au Somaliland (nord de la Somalie), l'espèce était commune et les populations locales ont déclaré ne pas la chasser. La dégradation de l'habitat résultant du surpâturage par le bétail domestique affecte des zones dans tout le nord-est de l'Afrique et aurait provoqué des déclins à Djibouti.


CONSERVATION

Le dik-dik de Salt n'est pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN et n'a actuellement aucun statut spécifique aux annexes de la CITES.

L'espèce est présente dans quelques zones protégées (par exemple les parcs nationaux d'Awash et de Yangudi Rassa en Éthiopie). Elle reste commune au Somaliland (nord de la Somalie) où elle n'est apparemment pas chassée, et l'absence généralisée de chiens de village et de chiens errants est très probablement un autre facteur positif dans cette région.


Dik-dik de Salt illustration
Illustration du dik-dik de Salt
Auteur: Philip Sclater
CC0 (Domaine public)

TAXONOMIE

Le dik-dik de Salt appartient à la famille des bovidés et à la sous-famille des Antilopinae. Son statut taxonomique est bien établi, mais certaines sous-espèces sont encore sujettes à débat parmi les spécialistes. Les principales reconnues sont :

- Madoqua saltiana hararensis : Se trouve dans certaines régions d'Éthiopie.

- Madoqua saltiana lawrenci : Endémique du sud-est de l'Éthiopie et du nord-est du Kenya.

- Madoqua saltiana phillipsi : Présente en Somalie et en Éthiopie.

- Madoqua saltiana saltiana : Répandue dans l'est du Soudan et l'Érythrée.

- Madoqua saltiana swaynei : Présent de la Somalie à l'Ogaden. Cette dernière a été considérée comme une espèce à part entière par certains auteurs.

Il est hautement souhaitable de clarifier ces relations et l'ensemble du complexe d'espèces Madoqua par une analyse génétique moléculaire. La distribution de l'espèce est contiguë et les limites entre les sous-espèces nommées ne sont pas clairement délimitées. Des analyses génétiques approfondies sont encore nécessaires pour clarifier leur statut de chaque sous-espèce.

L’épithète spécifique saltiana est un hommage au naturaliste britannique Henry Salt (1780-1827), qui a exploré l’Éthiopie et d’autres régions d'Afrique de l'Est au début du XIXe siècle. Henry Salt était un explorateur, diplomate et égyptologue, connu pour ses voyages en Afrique et ses descriptions de la faune et de la flore locales. Le dik-dik de Salt a été nommé en son honneur pour reconnaître ses contributions aux premières explorations zoologiques de la région.


Salt's dik-dik
En anglais, le dik-dik de Salt est appelé Salt's dik-dik
© Paulo Paixão - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communDik-dik de Salt
English nameSalt's dik-dik
Español nombreDik-dik de Salt
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleAntilopinae
GenreMadoqua
Nom binominalMadoqua saltiana
Décrit parAnselme Gaëtan Desmarest
Date1816



Satut IUCN

Préocupation mineure (LC)

SOURCES

Animal diversity Web

iNaturalist

Liste rouge IUCN des espèces menacées

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

The Book of Antelope

Wikipédia

Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals.

Grzimek, B. (2003). Grzimek's Animal Life Encyclopedia, Volume 15: Mammals III.

Hofer, H. & East, M.L. (1997). The behavior of African Antelope: An Introduction.

Nowak, R. M. (1999). Walker’s Mammals of the World, Volume 2.

Estes, R. D. (1991). The Behavior Guide to African Mammals.

Harris, M. & McDonald, D. (2007). Ecology of Mammals.

Du Toit, R. (2005). Antelopes of Africa: Their Evolution, Behaviour, and Ecology.