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Zèbre sans crinière (Equus quagga borensis)


Le zèbre sans crinière (Equus quagga borensis) est une sous-espèce fascinante du zèbre des plaines (Equus quagga). Il se distingue des autres sous-espèces par une réduction notable, voire une absence totale, de la crinière au niveau du cou, une caractéristique qui lui a valu son nom commun. Cette sous-espèce est un herbivore emblématique des savanes d'Afrique de l'Est, jouant un rôle crucial dans les écosystèmes où il réside. Il est connu pour ses vastes migrations saisonnières à la recherche d'eau et de pâturages frais, des mouvements qui sculptent le paysage et influencent la dynamique des populations d'autres espèces.


Zebre sans criniere (Equus quagga borensis)
Zèbre de crinière (Equus quagga borensis)
© Josef Stulz - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le zèbre sans crinière présente une morphologie typique des équidés, mais avec des traits distinctifs le démarquant des autres sous-espèces du zèbre des plaines. Il atteint généralement une hauteur au garrot allant de 1,2 à 1,4 mètre et un poids qui peut varier de 250 à 380 kilogrammes, les mâles étant souvent légèrement plus lourds que les femelles.

Le trait le plus frappant et le plus caractéristique de cette sous-espèce est, comme son nom l'indique, l'absence de crinière sur le cou ou une crinière très rudimentaire et extrêmement courte, contrastant avec la crinière dressée et bien fournie des autres zèbres.

Son pelage arbore un motif de rayures noires et blanches très contrastées, un schéma qui est censé servir de camouflage par illusion d'optique dans la chaleur tremblante de la savane, ou plus probablement, de moyen de cohésion sociale et de dissuasion des insectes piqueurs. Les rayures sont généralement plus fines et plus nombreuses sur la tête et les épaules, et s'estompent progressivement vers l'arrière du corps, où elles peuvent devenir plus larges et moins définies sur les cuisses. Les rayures ne s'étendent pas toujours jusqu'aux sabots, et l'espace entre les rayures peut laisser apparaître une légère ombre ou une raie fantôme de couleur brunâtre.

Les oreilles sont relativement grandes et arrondies, tandis que la queue se termine par une touffe de poils noirs. Sa silhouette est robuste, avec des membres puissants et des sabots solides, parfaitement adaptés à la course rapide sur les sols durs et inégaux de la savane. Cette morphologie est le résultat de l'évolution pour une vie de brouteur en milieu ouvert et témoigne d'une grande endurance, essentielle pour les longues migrations.


Equus quagga borensis
Equus quagga borensis
© Guenther Eichhorn - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

HABITAT

Le zèbre sans crinière est associé à l’Afrique de l’Est, avec une présence historiquement répertoriée dans certaines régions de l’Ouganda, du Soudan du Sud et du Kenya. Il occupe des habitats de savane herbeuse, des prairies inondables saisonnières, et parfois des zones semi-marécageuses, ce qui peut expliquer certaines adaptations morphologiques observées, notamment sa stature légèrement plus élancée. Les populations ne sont pas uniformément réparties, mais plutôt fragmentées en groupements localisés, reflétant à la fois la dynamique naturelle de dispersion des zèbres et l’impact anthropique de la fragmentation des habitats.

L’exactitude de la cartographie de cette sous-espèce est compliquée par la difficulté de la distinguer avec précision de certaines autres sous-populations du zèbre des plaines, entraînant un flou dans les estimations de densité réelle. Il est probable que la distribution originelle ait été plus vaste, mais que la pression humaine — expansion agricole, compétition avec le bétail domestique et restriction des routes de migration — ait entraîné un rétrécissement des zones occupées. Aujourd’hui, la présence du borensis semble plus restreinte, et certains biologistes considèrent qu’il pourrait persister dans des enclaves écologiques où la perturbation humaine est plus limitée, telles que certaines réserves naturelles ou zones fauniques protégées.


Equus quagga borensis distribution
     Carte de répartition du zèbre sans crinière
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

L'alimentation du zèbre sans crinière est principalement herbivore, le plaçant dans la catégorie des brouteurs. Sa diète est majoritairement composée d'herbes et de graminées, ce qui est typique des zèbres des plaines. Un aspect remarquable de son régime alimentaire est sa capacité à consommer des herbes plus grossières et moins nutritives que celles préférées par de nombreux autres herbivores comme le gnou. Cette tolérance aux herbes de faible qualité nutritionnelle lui confère un avantage compétitif, lui permettant de survivre et de prospérer dans des environnements plus arides et durant les périodes de sécheresse, ou encore de paître dans des zones récemment parcourues par d'autres espèces plus sélectives. Le zèbre joue ainsi un rôle essentiel dans le processus de succession des pâturages, "préparant" le terrain pour des brouteurs plus exigeants. Bien que les graminées constituent la majeure partie de son régime, il peut occasionnellement consommer des feuilles d'arbustes, des bourgeons et des racines lorsqu'il est contraint par des pénuries alimentaires. Il passe une grande partie de la journée à paître, avec des périodes de repos et de rumination qui sont cruciales pour sa digestion.

Les zèbres ont besoin d'un accès régulier à l'eau et, bien qu'ils puissent survivre sans boire pendant quelques jours, ils préfèrent se trouver à proximité de points d'eau permanents, ce qui influence fortement leurs mouvements et leur répartition. Les études ont montré qu'ils peuvent ajuster leur comportement alimentaire en fonction de la saison, augmentant leur consommation pendant la saison des pluies pour accumuler des réserves de graisse qui seront utilisées pendant la saison sèche, assurant ainsi leur survie dans un environnement africain dynamique.


Zebre sans criniere en Ouganda
Zèbre sans crinière broutant dans les savanes d'Ouganda
© Srinivasa Shenoy - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

REPRODUCTION

La reproduction chez le zèbre sans crinière suit un cycle typique des équidés sauvages, caractérisé par une structure sociale basée sur des harems stables. Ces harems sont généralement composés d'un seul étalon reproducteur dominant, de plusieurs juments (généralement entre une à six), et de leurs jeunes poulains. L'étalon a pour rôle principal de défendre son harem contre les autres mâles célibataires et les prédateurs. La reproduction peut avoir lieu tout au long de l'année, mais les naissances tendent à culminer pendant la saison des pluies, lorsque la nourriture est la plus abondante, maximisant ainsi les chances de survie du nouveau-né.

La gestation dure environ 12 à 13 mois. La zébresse donne généralement naissance à un seul petit qui, dès les premières heures de sa vie, est capable de se tenir debout, de téter et de suivre sa mère, une adaptation cruciale pour la survie dans la savane face aux dangers. Le lien mère-petit est extrêmement fort et la mère empêche initialement le zébreau d'entrer en contact avec les autres membres du groupe pendant quelques jours afin de s'assurer qu'il s'imprègne de son odeur, de sa voix et de son motif de rayures, ce qui est vital pour la reconnaissance mutuelle. Le sevrage intervient généralement vers l'âge de 6 à 11 mois. Les jeunes femelles atteignent la maturité sexuelle vers l'âge de 2 ou 3 ans et sont souvent recrutées dans un harem, tandis que les jeunes mâles sont chassés du groupe par le mâle dominant vers l'âge de 1 à 4 ans et rejoignent des groupes de célibataires en attendant de pouvoir défier un mâle établi et former leur propre harem. Ce processus assure un brassage génétique et maintient la dynamique sociale de la population.


Zebre sans criniere femelle et son zebreau
Zèbre sans crinière femelle et son zébreau en Ouganda
© Guenther Eichhorn - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

COMPORTEMENT

Le zèbre sans crinière est un animal extrêmement social, et son comportement est fortement régi par cette sociabilité. La principale unité sociale est le harem, un groupe familial stable et permanent composé d'un étalon, de ses juments et de leurs poulains. Contrairement à d'autres espèces qui forment des groupes temporaires, le lien au sein du harem est durable, avec des juments restant souvent avec le même étalon pendant des années. Les étalons sont responsables de la défense du groupe, manifestant des comportements agonistiques tels que des ruades, des morsures et des courses-poursuites pour repousser les rivaux ou les intrus. Le harem se déplace en formation serrée, une stratégie qui optimise la détection des prédateurs et maximise l'effet de confusion créé par le motif de rayures. En dehors des harems, les jeunes mâles et les mâles plus âgés sans jument forment des groupes de célibataires qui sont plus fluides et servent de réservoir pour les futurs étalons reproducteurs. Ces groupes de célibataires s'engagent souvent dans des jeux et des simulacres de combat, ce qui leur permet de développer les compétences nécessaires pour les combats futurs.

Le zèbre sans crinière est également un grand migrateur, son comportement étant dicté par les saisons et la recherche de ressources. Ces migrations, souvent effectuées en association avec d'autres herbivores comme le gnou, nécessitent une coordination de groupe et une excellente mémoire spatiale pour suivre les corridors migratoires traditionnels. La communication est essentielle et se fait par des vocaux (hennissements, aboiements), des postures corporelles et des expressions faciales.


Zebre sans criniere portrait
Portrait du zèbre sans crinière
© Nadja Kickinger - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

PRÉDATION

Dans son environnement africain, le zèbre sans crinière est exposé à plusieurs prédateurs naturels, parmi lesquels les lions représentent la menace la plus constante et la plus significative. Les hyènes tachetées s’attaquent également aux individus affaiblis, aux jeunes ou aux individus isolés, utilisant leur endurance pour poursuivre et épuiser leurs proies. Les léopards peuvent s’en prendre à des poulains ou à de jeunes individus, surtout lorsque ceux-ci sont temporairement séparés de leur mère.

Le comportement du troupeau constitue la meilleure défense contre ces prédateurs : regroupement serré, vigilance collective et fuite coordonnée vers des terrains ouverts où la détection visuelle est facilitée. Sa vitesse maximale est moindre que celle du springbok, mais sa course endurante lui permet de maintenir un effort soutenu afin d’échapper à la poursuite. Les rayures jouent aussi un rôle dans la disruption visuelle, créant un effet optique qui complique la fixation d’une cible unique par un prédateur. Les jeunes sont les plus vulnérables, mais la protection maternelle est particulièrement acharnée, les mères pouvant donner des coups de sabot puissants. Dans certains cas, le groupe entier peut former une ligne défensive avec plusieurs adultes faisant face à la menace.


Maneless zebra
En anglais, le zèbre sans crinière est appelé Maneless zebra
© congonaturalist - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

TAXONOMIE

L'histoire taxonomique du zèbre sans crinière est une composante essentielle de la classification de l'espèce plus large du zèbre des plaines (Equus quagga), caractérisée par une complexité et des révisions au fil du temps. L'espèce nominale, Equus quagga, a été formellement décrite par le naturaliste néerlandais Pieter Boddaert en 1785. La description initiale était basée sur la population du quagga, la sous-espèce partiellement rayée et aujourd'hui éteinte. Ce statut a été confirmé par des analyses génétiques modernes au début du XXIe siècle.

La sous-espèce spécifique, Equus quagga borensis, a été formellement décrite par le zoologiste suédois Einar Lönnberg en 1921. Lönnberg a initialement désigné cette forme sous le nom d'Equus borensis, soulignant sa répartition septentrionale par rapport aux autres populations de zèbres des plaines. Cette désignation a ensuite été réévaluée pour refléter son statut de sous-espèce au sein d'Equus quagga.

Equus quagga borensis a été reconnu comme une sous-espèce morphologiquement distincte en raison de l’absence notable de crinière érigée, trait qui a suscité un débat taxonomique : s’agit-il d’une véritable caractéristique génétique fixée ou d’une variation phénotypique influencée par l’environnement, voire par l’âge et la condition corporelle ? Certains taxonomistes ont proposé que le Equus quagga borensis pourrait représenter simplement une variation extrême à l’intérieur d’un continuum de phénotypes du zèbre des plaines, tandis que d’autres défendent la notion d’une lignée évolutive distincte adaptée à des conditions écologiques spécifiques d’Afrique orientale. Les analyses génétiques modernes ont parfois apporté des clarifications, mais sans consensus définitif, car la structure génétique des populations de zèbres des plaines révèle un mélange historique de flux génétiques entre sous-populations régionales. L’étude de la taxonomie d'Equus quagga borensis repose aujourd’hui sur une méthodologie combinée : génétique moléculaire, analyse morphométrique et observation écologique. Sa reconnaissance comme sous-espèce distincte demeure donc une convention taxonomique généralement admise, mais continuellement réévaluée à la lumière de nouvelles données génétiques et biométriques. Ce cas illustre la difficulté de définir les frontières taxonomiques dans des espèces présentant une plasticité évolutive élevée et des échanges de populations continus sur de vastes territoires africains.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communZèbre sans crinière
English nameManeless zebra
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
Super-classeTetrapoda
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdrePerissodactyla
FamilleEquidae
GenreEquus
EspèceEquus quagga
Nom binominalEquus quagga borensis
Décrit parEinar Lönnberg
Date1921

VOIR AUSSI

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SOURCES

* Liens internes

Animal Diversity Web

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

* Liens externes

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

* Bibliographie

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