Le genre Hippocamelus regroupe deux espèces de mammifères sud-américains qui se distinguent par leur adaptation aux environnements andins rudes. Ces animaux sont les seuls cervidés néotropicaux à présenter la particularité d'être télémétacarpiens, une caractéristique anatomique singulière au sein des Odocoileinae. Leur silhouette est trapue, leurs pattes courtes et robustes, parfaites pour l'escalade des terrains montagneux et accidentés. Le genre est endémique de la Cordillère des Andes, où ses populations, malheureusement en déclin, sont aujourd'hui dispersées et extrêmement fragmentées. Classées par l'IUCN dans les catégories menacées, les espèces du genre Hippocamelus sont devenues des symboles forts des défis de la conservation dans les écosystèmes d'altitude d'Amérique du Sud.
Les espèces formant le genre Hippocamelus **Source photos**
TAXONOMIE
L'histoire taxonomique du genre Hippocamelus est marquée par les incertitudes initiales et les révisions successives typiques des espèces géographiquement isolées et mal connues des premiers naturalistes européens. L'espèce type du genre, l'huemul (Hippocamelus bisulcus), fut paradoxalement décrite pour la première fois sous un genre de cheval (Equus) par Giovanni Ignazio Molina en 1782 dans son ouvrage sur l'histoire naturelle du Chili, reflétant la confusion taxonomique de l'époque.
Le nom de genre Hippocamelus fut établi par Friedrich A. A. Leuckart en 1816. Leuckart le créa en décrivant Hippocamelus dubius, une espèce qui fut plus tard reconnue comme un synonyme junior de l'huemul, sous l'application du Principe de Priorité du Code International de Nomenclature Zoologique (CINZ). Le nom Hippocamelus est un composé du grec signifiant "cheval-chameau", faisant allusion à la confusion initiale ou aux traits jugés inhabituels.
L'autre espèce, le taruca, fut décrite par Alcide Dessalines d'Orbigny en 1834 comme Cervus antisensis. Le nom spécifique antisensis fait référence aux Andes. Il fut ultérieurement transféré au genre Hippocamelus, une classification qui est aujourd'hui généralement acceptée.
Au fil du temps, le genre a été encombré de plusieurs synonymes (noms donnés au même taxon) qui témoignent des débats et des confusions entre les naturalistes. Phylogénétiquement, le genre Hippocamelus est placé au sein de la sous-famille des Odocoileinae (cervidés du Nouveau Monde). Sa position exacte a fait l'objet de nombreuses études, mais les analyses moléculaires confirment sa relation avec d'autres cervidés néotropicaux comme les genres Mazama et Pudu.
LES ESPÈCES
Le genre Hippocamelus se compose actuellement de deux espèces reconnues, toutes deux originaires des Andes et classées en danger par l'IUCN en raison de la réduction de leur aire de répartition, de la fragmentation de leurs populations et des menaces anthropiques.
*Huemul (Hippocamelus bisulcus) : Également appelé Guémal du Chili. L'espèce a été décrite initialement par Molina en 1782 sous le nom de Equus bisulcus. Son nom actuel, bisulcus, fait référence à ses sabots bifides. Son aire de répartition actuelle s'étend du centre-sud du Chili et de l'Argentine, même si son domaine historique était plus vaste. Ce cerf, légèrement plus grand et plus sombre que son cousin septentrional, est aujourd'hui classé "En Danger" (EN) sur la Liste rouge de l'IUCN. Les populations restantes sont extrêmement petites et isolées, notamment à cause de la perte d'habitat, de la compétition avec le bétail et de la prédation par les chiens domestiques.
*Taruca (Hippocamelus antisensis) : Également appelé Guémal du Pérou. C'est la seconde espèce, décrite par Alcide Dessalines d'Orbigny en 1834 sous le nom de Cervus antisensis. Son aire de répartition s'étend plus au nord, couvrant les Andes du Pérou, de la Bolivie, de l'extrême nord du Chili et du nord-ouest de l'Argentine. Le taruca est généralement un peu plus petit et de couleur plus pâle que l'huemul, avec un motif sombre en forme de Y sur la face souvent observé. Tout comme son parent, il est également classé "Vulnérable" (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN, bien que certaines populations locales en Argentine soient considérées comme "En Danger".
Molina, G. I. (1782). Saggio sulla storia naturale del Chili. Stamperia di S. Tommaso d'Aquino, Bologna.
Leuckart, F. A. A. (1816). Dissertatio Inauguralis de Equo bisulco Molinae. Lipsiae (Leipzig).
d'Orbigny, A. D. (1834). Voyage dans l'Amérique Méridionale. Pitois-Levrault, Paris.
Wilson, D. E. & Reeder, D. M. (Eds.) (2005). Mammal Species of the World. A Taxonomic and Geographic Reference (3rd ed). Johns Hopkins University Press, Baltimore.
Vila, A. R. et al. (2006). "Monitoring the Southern Huemul (Hippocamelus bisulcus) in Argentina: current status and conservation." Conservation Biology.
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