Le genre Pudu regroupe les plus petits cervidés du monde, des mammifères discrets originaires des forêts et des zones de brousse de l'Amérique du Sud. Le terme "pudu" est dérivé du mot mapuche pudú, reflétant l'origine géographique et historique de l'espèce. Ces animaux se caractérisent par leur taille minuscule, ne dépassant généralement pas 40 cm au garrot, leur corps trapu et leurs bois très courts, souvent simples et pointus. Leur petite stature leur permet de se déplacer aisément dans le sous-bois dense de leur habitat. La taxonomie du genre a récemment connu des révisions significatives, notamment avec l'élévation des deux espèces reconnues de longue date dans des genres distincts (Pudu et Pudella), soulignant l'importance continue des études morphologiques et génétiques. Malgré leur intérêt biologique unique, les pudus restent relativement peu étudiés et sont confrontés à de sérieuses menaces, principalement dues à la perte et à la fragmentation de leur habitat, ainsi qu'à la prédation par les chiens domestiques.
L'histoire taxonomique du genre Pudu reflète une progression constante de la classification, passant d'une reconnaissance initiale des espèces à une réévaluation basée sur des analyses scientifiques modernes.
Le pudu du Sud (Pudu puda) est le premier à avoir été décrit par Juan Ignacio Molina en 1782, sous un nom de genre différent (Capra), ce qui est courant dans les premières classifications. C'est plus tard, en 1852, que John Edward Gray a formellement établi le genre Pudu pour y placer cette espèce.
Ensuite, le pudu du Nord (Pudu mephistophiles) a été identifié et décrit par William Edward de Winton en 1896. Pendant plus d'un siècle, le genre Pudu a été considéré comme un groupe cohérent (monophylétique) regroupant simplement ces deux espèces de cervidés miniatures, différenciées principalement par leur taille, leur couleur de pelage, et leur répartition géographique (Sud du Chili/Argentine vs. Andes septentrionales).
Les relations entre les deux espèces de pudus ont commencé à être remises en question avec l'avènement des analyses génétiques et moléculaires. Les études phylogénétiques, visant à reconstruire l'arbre de vie, ont révélé que la divergence entre Pudu puda et Pudu mephistophiles était très ancienne.
Ces analyses ont suggéré que le genre Pudu au sens large ne formait peut-être pas un groupe évolutif naturel unique si l'on considérait l'ensemble des cervidés sud-américains (Capreolinae). Les preuves génétiques indiquaient que le pudu du Sud et le pudu du Nord pourraient être séparés par d'autres lignées de cervidés, nécessitant une réorganisation de leur classement pour refléter plus fidèlement leur histoire évolutive.
En 2024, une étude exhaustive basée sur une combinaison de preuves morphologiques (caractéristiques physiques) et moléculaires a proposé une solution à ce dilemme phylogénétique. Cette révision a conclu que les différences génétiques et morphologiques étaient suffisamment importantes pour justifier la séparation des deux espèces en deux genres distincts, afin de garantir que chaque genre soit véritablement monophylétique (issu d'un seul ancêtre commun). Cette réorganisation est la suivante :
* Le genre Pudu est conservé pour le pudu du Sud (Pudu puda).
* Le pudu du Nord (Pudu mephistophiles) a été élevé dans le genre ressuscité Pudella.
Cette proposition est un ajustement majeur qui vise à faire correspondre la classification formelle (taxonomie) aux relations évolutives réelles (phylogénie), un principe fondamental de la biologie systématique moderne, et est désormais reconnue par certaines bases de données comme le GBIF. De plus, les recherches récentes ont même suggéré l'existence d'une troisième lignée de pudu dans le nord du Pérou, potentiellement une nouvelle espèce valide qui augmenterait la diversité reconnue de ce groupe.
LES ESPÈCES
Traditionnellement, le genre Pudu comprenait deux espèces reconnues. Cependant, des études génétiques et morphologiques récentes ont conduit à une proposition de révision taxonomique majeure. En 2024, une étude exhaustive a suggéré la reconnaissance de deux genres distincts, élevant une des deux espèces dans un genre séparé (Pudella), et identifiant potentiellement une troisième espèce.
*Pudu du Sud (Pudu puda) : C'est l'espèce la plus grande du genre, bien que demeurant le deuxième plus petit cervidé du monde. Décrite par Juan Ignacio Molina en 1782, initialement sous le nom de Capra puda. L'espèce fut ensuite transférée dans le genre Pudu. On le trouve dans la forêt pluviale tempérée du Chili et de l'Argentine, préférant les zones avec un sous-bois dense, notamment des fourrés de bambous (Chusquea), pour se cacher et se nourrir.
*Pudu du Nord (Pudu mephistophiles) : Il est considéré comme le plus petit cervidé du monde et est, selon les propositions taxonomiques récentes, classé dans le genre Pudella (Pudella mephistophiles). Décrit par William Edward de Winton en 1896. L'épithète spécifique mephistophiles fait référence à son pelage sombre et à son comportement furtif. Son aire de répartition est plus septentrionale, s'étendant à travers les Andes en Colombie, en Équateur et au Pérou, souvent à des altitudes plus élevées que le pudu du Sud.
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