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Bongo (Tragelaphus eurycerus)


Le bongo (Tragelaphus eurycerus) est est une espèce de mammifère appartenant à la famille des Bovidae et au genre Tragelaphus<. Il s'agit de l'une des plus grandes antilopes forestières, connue pour sa robe distinctive rayée et son allure majestueuse.


Bongo (Tragelaphus eurycerus)
Bongo (Tragelaphus eurycerus)
Source: Watatunga Wildlife Reserve



DESCRIPTION

Le bongo est l'une des plus grandes antilopes de forêt. La hauteur au garrot varie entre 1,2 et 1,3 m, et la longueur du corps peut atteindre 2,4 m. Le poids oscille entre 220 et 400 kg pour les mâles et entre 150 et 235 kg pour les femelles. Le dimorphisme sexuel est très accentué, les mâles étant plus imposants que les femelles.

La couleur de sa robe est d'un roux acajou éclatant, plus foncé chez les mâles adultes. Des bandes blanches verticales (10 à 15) strient ses flancs, offrant un camouflage efficace dans les forêts denses. Une ligne dorsale blanche court le long de son dos. Une crinière dorsale érectile s'étend du cou jusqu'à la queue.

Les deux sexes portent des cornes torsadées. Chez les mâles, elles peuvent atteindre 75 à 95 cm de longueur, tandis que celles des femelles sont plus courtes. Les cornes sont souvent inclinées vers l'arrière, une adaptation pour éviter qu'elles s'accrochent dans la végétation dense.

Ses grandes oreilles rondes améliorent l'audition, essentielle pour détecter les prédateurs. Ses pattes sont fines mais robustes, adaptées pour évoluer sur un sol boueux ou irrégulier.


Tragelaphus eurycerus
Tragelaphus eurycerus
Source: Zoo de la Palmyre

HABITAT

Le Bongo a une répartition disjointe en trois zones distinctes. Le bongo occidental ou des basses terres s'étend de la Sierra Leone au Togo (où il n'est probablement présent que dans le parc national de Fazao) et au Bénin (où quelques-uns peuvent encore exister dans la région du mont Kouffe), puis du sud-ouest du Cameroun à travers la République centrafricaine jusqu'au sud-ouest du Soudan du Sud, au nord-est du Gabon, au nord de la République du Congo et à la moitié nord de la République Démocratique du Congo. L'écart de répartition est censé refléter les schémas d'expansion et de contraction des habitats forestiers résultant des fluctuations climatiques.

Le bongo oriental ou des montagnes était autrefois présent dans et autour des zones de montagnes boisées du mont Kenya, des Aberdares, de la forêt de Mau, des collines Cherengani et des collines Chepalungu au Kenya et du mont Elgon au Kenya et en Ouganda. Le bongo des montagnes a été exterminé du côté ougandais du mont Elgon vers 1913-1914 et il est maintenant confiné à quatre populations complètement isolées dans des parcelles de forêt sur le mont Kenya, la forêt de Mau, la forêt d'Eburu et les Aberdares au Kenya.

Le bongo occupe principalement les forêts de plaines dans une grande partie de son aire de répartition. On peut également l'observer jusqu'à 4 000 m d'altitude dans les régions de forêts montagneuses d'Afrique orientale, habituellement dans la forêt tropicale avec des sous-bois denses. Il n’hésite pas à s’aventurer dans les zones cultivées pour se régaler de céréales et les jardins.


Tragelaphus eurycerus repartition
     Répartition du bongo
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

Le bongo est un herbivore opportuniste au régime alimentaire varié, principalement composé de végétation forestière comme les feuilles, l'écorce, les pousses, l'herbe et les fruits tombés. Les bongos sont particulièrement friands des plantes riches en sels minéraux, nécessaires à leur santé. En période de pénurie, ils consomment des jeunes pousses ou des champignons. Leur langue préhensile leur permet de saisir les feuilles et les fruits. Leur dentition est adaptée pour mâcher des aliments fibreux. Les bongos fréquentent parfois des zones de sel pour se nourrir de terres argileuses riches en minéraux. Ils sont principalement crépusculaires et nocturnes, se nourrissant tôt le matin ou tard le soir pour éviter la chaleur et les prédateurs. Ils se déplacent silencieusement dans la végétation dense pour chercher leur nourriture.

Le bongo doit boire régulièrement. Un grand animal tel que lui nécessite une quantité suffisante de nourriture, ce qui le limite aux zones ayant une croissance abondante d'herbes et d'arbustes bas toute l'année. Ces restrictions ont des conséquences sur sa distribution.


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Le bongo visite régulièrement les vasières à la recherche de sel
© Patrick Coin - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

REPRODUCTION

Le cycle de vie des bongos est marqué par des rituels de reproduction discrets, principalement influencés par les conditions environnementales. Les femelles atteignent la maturité sexuelle vers 2 ans, tandis que les mâles y parviennent entre 3 et 4 ans. Les accouplements peuvent avoir lieu toute l'année, bien qu'ils soient plus fréquents pendant les périodes de pluies, lorsque la nourriture est abondante. Les mâles établissent leur dominance par des combats ritualisés ou des démonstrations visuelles.

La durée de gestation est d’environ 9 mois (285 jours). Une seule naissance est la norme, bien que des cas de jumeaux soient rares. Les nouveau-nés pèsent entre 20 et 25 kg et sont cachés dans la végétation dense pendant leurs premières semaines de vie pour échapper aux prédateurs. La mère veille à leur sécurité et revient régulièrement pour les allaiter. Le sevrage survient vers l'âge de 6 mois, mais commence à manger de la végétation dès l’âge de quelques semaines.

À l'état sauvage, le bongo a une espérance de vie 17 ans en moyenne, et de 19 ans en captivité.


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Bongo femelle et son petit
© Ebobo - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

bisonCOMPORTEMENT

Le comportement du bongo est influencé par son environnement forestier et par la nécessité de se protéger des prédateurs. Les bongos sont principalement solitaires ou vivent en petits groupes familiaux. Les mâles adultes sont généralement solitaires, tandis que les femelles et les jeunes forment des groupes de 2 à 8 individus. Ils ont des territoires qui peuvent se chevaucher, mais ils ne sont pas strictement défendus. Leurs déplacements sont dictés par la disponibilité de la nourriture et de l'eau. Les bongos utilisent des signaux visuels (position des cornes, posture) et sonores pour communiquer. Ils produisent des grognements ou des mugissements pour alerter en cas de danger. Les glandes odorantes situées sur leurs pieds et leur visage leur permettent de marquer leur territoire.


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Gros plan d'un bongo
Auteur: Jasper Rzubio - Zoochat

PRÉDATION

Le bongo est une grande antilope forestière, et bien qu'il soit robuste, il n’échappe pas aux menaces des carnivores dans son environnement. Les principaux prédateurs sont les suivants :

* Léopard : Le léopard est le prédateur principal des bongos en forêt dense. Sa capacité à évoluer silencieusement dans les habitats fermés en fait une menace constante. Il attaque souvent par embuscade, bondissant sur des bongos solitaires ou des jeunes. Les jeunes bongos sont particulièrement vulnérables, mais les adultes peuvent également être tués par des léopards, surtout si l'animal est malade ou pris par surprise.

* Lion : Présent principalement dans les zones où les forêts jouxtent des savanes, le lion peut être un prédateur opportuniste du bongo. Les lions chassent en groupe, ciblant généralement les individus faibles ou isolés. Bien que moins fréquent que le léopard, le lion reste une menace sérieuse dans les zones où leurs habitats se chevauchent.

* Hyène tachetée : Opportuniste, la hyène tachetée est une prédatrice potentielle des bongos, notamment des jeunes ou des adultes blessés. Les hyènes chassent en groupe et peuvent poursuivre un bongo sur de longues distances. Moins efficace dans les habitats denses, la hyène représente une menace secondaire.

* Serpent : Le python de Seba est un grand serpent africain pouvant représenter une menace pour les jeunes bongos ou les nouveau-nés. Il attaque par constriction, immobilisant ses proies avant de les consommer. Bien que rare, la prédation par les pythons peut réduire la survie des juvéniles.

* Humain : Le plus grand prédateur du bongo reste l'humain, par la chasse illégale pour la viande de brousse ou les trophées. La pression humaine dépasse largement celle des prédateurs naturels et constitue la principale cause de déclin des populations.

Pour échapper à ses ennemis, le bongo adopte plusieurs mécanismes de défense.

* Camouflage naturel : Les rayures blanches de son pelage et sa couleur rousse permettent au bongo de se fondre dans la végétation dense des forêts tropicales. Cette adaptation réduit la visibilité de l'animal, surtout dans les zones ombragées.

* Fuite rapide et discrète : Le bongo utilise sa vitesse et son agilité pour fuir à travers les sous-bois. Il suit souvent des sentiers discrets qu’il crée dans la végétation, facilitant ses déplacements silencieux.

* Immobilité en cas de danger : Lorsqu'un danger est perçu à distance, le bongo reste immobile pour éviter de se faire repérer, surtout lorsqu'il est caché dans la végétation.

* Comportement maternel protecteur : Les femelles cachent leurs petits dans des endroits isolés et denses pour les protéger des prédateurs pendant leurs premières semaines. Les mères restent à proximité pour intervenir en cas de menace.

* Alerte sonore : Les bongos émettent parfois des grognements ou des mugissements lorsqu’ils détectent une menace, alertant ainsi leurs congénères proches.


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Le bongo est une espèce grégaire
© Martin Harvey - Arkive
All rights reserved (Tous droits réservés)

MENACES

Le bongo des plaines fait face à un déclin continu de sa population en raison de la destruction de son habitat et de la chasse pour sa viande (principalement au moyen de collets) et des trophées de bongo qui augmentent avec l'expansion incessante de l'exploitation forestière commerciale et des établissements humains. Malgré sa grande taille, le bongo est une espèce timide et solitaire, des caractéristiques qui peuvent offrir un certain degré de protection contre la chasse.

Les menaces qui pèsent sur le bongo des montagnes comprennent la chasse avec des chiens et la perte d'habitat dans les forêts de Mau et d'Eburu à cause de l'exploitation forestière illégale. Le déclin des populations de bongo des montagnes dans les Aberdares au cours des dernières années a été attribué à l'augmentation de la chasse par les populations locales et à la perte d'habitat, et même à l'augmentation du nombre de lions dans la région. Bien que ces facteurs aient sans aucun doute contribué au déclin du bongo des montagnes, l’impact des maladies a probablement été sous-estimé : le pâturage du bétail dans les réserves forestières du mont Kenya et des Aberdares, jusqu’à la forêt d’Hagenia sur le plateau des Aberdares, pourrait avoir des conséquences plus importantes pour la conservation du bongo que la pression de la chasse en termes de transmission de maladies. Percival (1928) a signalé que la peste bovine avait considérablement réduit les populations de bongo des montagnes dans les années 1890, et il est probable que les populations ont beaucoup souffert lors des épidémies ultérieures du début des années 1900.


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Bongo juvénile
Auteur: Trisha Shears - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

CONSERVATION

Le bongo est considéré comme une espèce moyennement menacée. Il est inscrit dans la catégorie Quasi menacé (NT) sur la Liste rouge de l'IUCN et en Annexe III de la CITES.

En tant qu'antilope forestière la plus grande et la plus spectaculaire, le bongo des plaines est à la fois une espèce emblématique importante pour les aires protégées telles que les parcs nationaux, et une espèce trophée majeure qui a été capturée en nombre croissant en Afrique centrale par les chasseurs sportifs internationaux au cours des années 1990. Ces deux facteurs constituent de fortes incitations à assurer une protection et une gestion efficaces des populations de bongo des plaines.

East (1999) a estimé qu'environ 60 % des effectifs de bongo étaient confinés dans des aires protégées. En Afrique centrale, celles-ci comprennent le parc national de Dzanga-Ndoki et les zones de Bangassou en République centrafricaine, le parc national de Lobeke (Cameroun), ainsi que le parc national de Nouabale-Ndoki et le parc national d'Odzala (République du Congo). En Afrique de l'Ouest, les bastions comprennent le parc national de Taï (Côte d'Ivoire), parc national de Sapo (Libéria) et parc national de Kakum (Ghana). Cependant, comme les plus grandes populations connues de bongo en Afrique centrale se trouvent dans des concessions forestières et non dans des zones protégées, une approche qui intègre à la fois les zones protégées et les concessions forestières est nécessaire.

La survie du bongo des montagnes à l'état sauvage dépend d'une protection plus efficace des populations restantes au Kenya. Deux initiatives de conservation sont actuellement en cours sur le Bbongo des montagnes. Un programme de réintroduction du bongo au parc national du mont Kenya a débuté en 2004, lorsque 18 animaux ont été transférés par avion depuis des zoos nord-américains vers un centre d'élevage en captivité au Mount Kenya Game Ranch, sur le versant nord-ouest de la montagne. Une deuxième phase a débuté en 2005, avec le début d'un programme de recherche sur l'écologie du bongo des montagnes. Ce projet vise à déterminer la configuration de l'habitat du bongo à la fois dans les Aberdares et sur le mont Kenya, en utilisant des données de terrain et de télédétection récemment collectées. Parallèlement, le programme de surveillance du bongo, lancé en 2004, étudie l'état des populations sauvages restantes du bongo au Kenya.


Bongo d'Afrique de montagne (Tragelaphus eurycerus isaaci)
Bongo d'Afrique de montagne (Tragelaphus eurycerus isaaci)
Source: White Oak Conservation

SOUS-ESPÈCES

Contrairement à l'ITIS qui ne lui reconnaît aucune sous-espèce de bongo, l'IUCN en reconnait au moins deux :

- Tragelaphus eurycerus eurycerus (bongo des plaines) : Classé dans la catégorie Quasi menacée (NT). On le trouve dans les forêts tropicales humides d'Afrique de l'Ouest, notamment au Cameroun, au Congo et en République centrafricaine. Il est légèrement plus petit que la sous-espèce des montagnes.

- Tragelaphus eurycerus isaaci (bongo des montagnes) : Classé dans la catégorie En danger critique d'extinction (CR) avec une population extrêmement réduite. Il vit dans les zones montagneuses des forêts humides du Kenya, notamment dans les Aberdares et le Mont Kenya. Sa robe plus sombre et ses cornes légèrement plus longues.


Tragelaphus eurycerus eurycerus
Tragelaphus eurycerus eurycerus
Auteur: Karel Jakubec - Wikimedia Commons
CC0 (Domaine public)

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communBongo
English nameBongo
Español nombreBongo
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleBovinae
GenreTragelaphus
Nom binominalTragelaphus eurycerus
Décrit parWilliam Ogilby
Date1837



Satut IUCN

Quasi menacé (NT)

SOURCES

Arkive

iNaturalist

Liste rouge IUCN des espèces menacées

Système d'information taxonomique intégré

Watatunga Wildlife Reserve

White Oak Conservation

Wikimedia Commons

Zoochat

Zoo de la Palmyre

Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Academic Press.

Estes, R. D. (1991). The Behavior Guide to African Mammals: Including Hoofed Mammals, Carnivores, and Primates. University of California Press.

Haltenorth, T., & Diller, H. (1980). Mammals of Africa. Collins.

East, R. (1999). African Antelope Database 1998. IUCN/SSC Antelope Specialist Group.

Dupuy, A. R. (1970). The Influence of Large Herbivores on Savanna Structure in Africa. African Wildlife Journal.

Cumming, D. H. M. (1982). Wildlife in the Forests of Central Africa. FAO Report.