La martre des pins est l'une des plus grandes espèces du genre Martes. Le mâle mesure entre 51 et 66 cm de long pour un poids allant de 830 g à 2,2 kg. Sa queue mesure de 17 à 28 cm. Le dimorphisme sexuel est présent chez cette espèce, la femelle étant plus petite que le mâle. Celle-ci mesure entre 46 et 57 cm de long pour un poids d'environ 1kg. La taille et le poids varient selon la situation géographique, les martres d'Europe occidentale et du Caucase étant plus grandes et plus lourdes que celles d'Europe orientale.
La martre des pins a une petite tête, un museau pointu, un corps mince, des oreilles de taille moyenne (de 3 à 5 cm), de petites pattes assez trapues ainsi qu’une fourrure épaisse et douce. Le pelage est brun sur le dos. Les pattes et la queue sont plus foncées et la tête plus claire. La partie ventrale ainsi que la gorge sont jaunâtres contrairement à la fouine dont la couleur de la bavette est blanche. Les juvéniles acquièrent leur pelage adulte dès leur premier hiver, et une mue complète se produit qu'une fois par an, au printemps. La fourrure d'hiver se développe en septembre.
La dentition de la martre est composée de 38 dents dont 18 sur la mâchoire supérieure et 20 sur la mâchoire inférieure. Chacune des pattes est dotée de 5 doigts munis de griffes non rétractiles. La martre est un grimpeur habile, avec de nombreuses adaptations telles qu'une structure osseuse et musculaire puissantes sur les membres antérieurs, une longue queue afin d'aider à l'équilibrage, et des griffes bien développées. Les empreintes laissées par la martre des pins ressemblent fortement à celles de la fouine. La taille d’une empreinte varie entre 4 et 5 cm de long comme de large.
HABITAT
La martre des pins est largement répandue dans l'ouest et le centre du Paléarctique, dans la majeure partie de l'Europe, en Asie Mineure, dans le nord de l'Iran, dans le Caucase et dans les régions les plus occidentales de la Russie asiatique (Sibérie occidentale). En Russie, elle s'étend vers l'est dans la sous-zone de la taïga méridionale. Elle est répandue en Europe continentale, à l'exception de la majeure partie de la péninsule Ibérique et de la Grèce, ainsi que de certaines parties de la Belgique et des Pays-Bas. On la trouve sur les îles méditerranéennes de Corse, de Sardaigne et de Sicile. Elle a été introduite historiquement aux Baléares. Elle était autrefois répandue dans les îles britanniques, mais elle est désormais limitée à l'Irlande et au nord de la Grande-Bretagne. Au Kazakhstan, la martre des pins a été observée le long de la frontière nord, de la rivière Bolchoï Uzen à l'ouest jusqu'à la ville de Semey à l'est et le long de la rivière Oural (Jaik) depuis son cours moyen (ville d'Ouralsk) jusqu'au delta (ville d'Atyrau). À l'intérieur des terres, des martres ont été observées dans la partie nord de la province du Kazakhstan occidental et dans la province d'Aktobe, dans le centre de la province de Kostanai, dans la province du Kazakhstan septentrional (ville de Petropavlovsk) et dans la partie nord de la province d'Akmola (ville d'Astana). En 2012, l'espèce a été observée dans la ville de Temirtau dans le sud. En Iran, il existe très peu de mentions, toutes celles qui sont localisées avec précision et exactitude proviennent du nord du pays. En 1962, l'espèce a été introduite au Kirghizistan, mais sans succès. L'altitude connue pour être occupée s'étend du niveau de la mer à la limite forestière (2 300 m dans les Pyrénées).
La martre préfère les habitats forestiers, y compris les forêts de conifères et les forêts mixtes. Il arrive que l'on puisse l'observer près des lisières des bois, bien qu'elle ne fréquente que très peu les lieux dégagés dans la mesure où les proies sont moins abondantes. En montagne, on peut l'observer jusqu'à 2 000 m d'altitude.
ALIMENTATION
La martre est un prédateurcarnivore se nourrissant de petits mammifères, d'oiseaux et d'insectes. Elle mange également des fruits sauvages ou cultivés. Les rongeurs constituent jusqu'à 80 % du nombre total de mammifères consommés. Les campagnols, les mulots et les musaraignes sont les proies principales de la martre. Les oiseaux ainsi que leurs œufs sont une source alimentaire importante au printemps et, en été, lorsque les rongeurs deviennent moins abondants. À noter que la martre, en raison de son habitat forestier, ne s'attaque pas aux poulaillers.
Les invertébrés, les insectes et les mollusques ne forment que 2 à 15 % de l'alimentation de la martre. Elle ne dédaigne pas non plus les charognes telles que les cadavres de chevreuils tués par des lynx par exemple. On estime que les charognes représentent près de 30 % de son alimentation en hiver.
REPRODUCTION
La reproduction de la martre des pins est étroitement liée aux saisons dans les habitats tempérés, comme c'est le cas de nombreux membres de la famille des mustélidés. La période de gestation est très longue allant de 259 à 285 jours. Il existe en effet chez la martre un phénomène d'ovo-implantation différée, l'implantation dans la muqueuse utérine n'ayant lieu que 220 à 240 jours après l'accouplement.
La femelle met bas, le plus souvent dans une cavité d'arbre, 7 jeunes par portée, avec une moyenne de 3 petits par portée. À la naissance, les jeunes de martres pèsent environ 30 g. Ils sont aveugles, sourds et édentés, et ont une épaisse fourrure courte. Ils ouvrent les yeux quand ils atteignent 34 à 38 jours. Les petits commencent à consommer des aliments solides à 36-45 jours et sont sevrés à environ 6 semaines.
Les mâles atteignent la maturité sexuelle à la fin de leur deuxième année ou au début de la troisième, tandis que la majorité des femelles deviennent matures au cours de leur troisième année et restent fertiles jusqu'à l'âge de 12 ans. L'espérance de vie de la martre des pins est de 10 à 12 ans à l'état sauvage.
COMPORTEMENT
La martre des pins est un animal nocturne qui peut être très actif à l’aube et au crépuscule. Les arbres creux sont le lieu privilégié de nidification. Les nids d'écureuils ou d'oiseaux abandonnés et les crevasses rocheuses sont également utilisés comme cachettes. Elle est très agile et passe beaucoup de temps dans les arbres et y dort parfois.
La martre se déplace par bonds et chasse ses proies dans les arbres comme au sol. Elle se déplace rapidement à la cime des arbres, et grimpe de façon saccadée, en enserrant le tronc ou les branches. La prédation soutenue qu’elle exerce sur les populations d’écureuils roux en éliminant principalement les animaux affaiblis et malades lui confère un rôle sanitaire précieux en prévenant les épidémies et assurant la bonne santé de cette espèce.
PRÉDATEURS
En France, la chasse est la première cause de la raréfaction de la martre des pins. Elle est considérée comme un animal nuisible, car elle s’alimente de gibier d’élevage que les chasseurs introduisent en milieu naturel. Hormis l'homme, les prédateurs de la martre sont le renard roux, le loup gris et l'aigle royal.
MENACES
Les menaces potentielles qui pèsent sur la martre des pins sont notamment la chasse et le piégeage non durables, l'empoisonnement accidentel et la perte et la fragmentation des habitats forestiers. Cette martre est chassée et piégée pour sa fourrure dans certaines parties de son aire de répartition. Son déclin en Grande-Bretagne est dû à la persécution en tant que prédateur des élevages et, en particulier, du gibier. L'espèce est toujours persécutée même dans certains pays où elle est protégée. Les efforts visant à contrôler d'autres espèces de carnivores entraînent parfois la mort de la martre des pins..
Le statut de nuisible de la martre des pins dans certains départements français peut être une source de décroissance démographique de l'espèce. La martre demeure assez sensible au piégeage. Cette différence de sensibilité peut être expliquée par le fait que la martre aurait des zones de gîtes identiques à ses zones de recherche alimentaire, contrairement à la fouine.
CONSERVATION
La martre des pins n'est pas une espèce menacée dans l'ensemble de son aire de répartition. Elle est inscrite sur la Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN dans la catégorie Préoccupation mineure (LC).
La martre des pins est inscrite à l'Annexe III de la Convention de Berne et à l'Annexe V de la Directive Habitats de l'Union européenne, et elle est présente dans un certain nombre de zones protégées dans toute son aire de répartition. Au Royaume-Uni, elle est inscrite au titre de la loi sur la faune sauvage et la campagne. Des contrôles de chasse doivent être mis en oeuvre et appliqués dans toute son aire de répartition. En Russie, elle est protégée dans 43 réserves d'État, totalisant une superficie de 3 495 km² et 24 parcs nationaux totalisant une superficie de 3 678 km² (VG Monakhov, comm. pers. 2014). En Russie, l'État effectue chaque année une surveillance de la faune à la fin de l'hiver par des traces sur la neige. Cela permet de surveiller l'évolution de la population et d'estimer le nombre de martres capturées. Cette surveillance est complétée par une surveillance scientifique du "Service des récoltes" par sondage auprès des chasseurs. Elle est effectuée depuis 1935 et permet de surveiller l'évolution de la population et d'estimer le nombre de martres piégées. La norme administrative (officielle) de l'État pour toutes les zones où l'on trouve la martre des pins est que le quota de la prochaine saison de piégeage (chasse) ne peut pas dépasser 35 % du nombre de martres dans la province, le district ou le lieu de chasse, tel qu'évalué à la fin de la saison de piégeage précédente. Elle est répertoriée dans le Livre rouge du Kazakhstan. Au Royaume-Uni, bien que les populations aient considérablement augmenté en Écosse avec la quasi-cessation de la persécution, la repopulation naturelle du sud de la Grande-Bretagne est considérée comme si improbable que des lâchers seront nécessaires.
La martre des pins figure sur la liste des gibiers chassables en France. En 2023, un arrêté ministériel renouvelait pour 3 ans la liste des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD), autrefois qualifiées de "nuisibles". À ce titre, la loi prévoit des modalités de destruction de la martre des pins, notamment par tir ou piégeage, sur l’ensemble du territoire entre les dates officielles d’ouverture et de fermeture de la chasse, soit entre début septembre et fin février. Cet arrêté, pris sur proposition des préfets de départements après avis de la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS), concerne 9 espèces indigènes, dont la martre des pins. Si on reproche parfois aux mustélidés de s’en prendre aux volailles et aux gibiers de chasse, il faut savoir que la martre des pins a une action positive en régulant les populations de rongeurs potentiellement nuisibles pour l’agriculture.
SOUS-ESPÈCES
Selon la classification officielle, l'ITIS reconnaît huit sous-espèces de martre des pins :