L’ours kodiak (Ursus arctos middendorffi) est la plus grande sous-espèce d’ours brun (Ursus arctos). C'est un ours occupant les îles de l'archipel Kodiak en Alaska du sud-ouest. L’ours kodiak est parfois appelé Ours brun d’Alaska et localement les Alutiiq l’appellent Taquka-aq.
L’ours kodiak est, avec l’ours polaire (Ursus maritimus), le plus grand carnivore terrestre. Un mâle adulte mesure environ 1,50 m au garrot et 3 m de haut quand il se dresse sur ses pattes arrière. Peu d’ours kodiak ont été pesés à l’état sauvage bien que certaines évaluations ont pu être faites. Un mâle adulte pèse généralement entre 360 et 640 kg. En moyenne, leur poids tourne plutôt entre 480 et 530 kg. Les femelles sont 20 % plus petites que les mâles. Leur poids varie entre 250 et 350 kg. L’ours kodiak détenant le record de poids est mort en captivité au Cheyenne Mountain Zoo en décembre 1955. Il pesait tout de même 850 kg.
La couleur du pelage de l’ours kodiak varie de la couleur beige au brun foncé. La couleur blond beige est typique des spécimens vivant dans les parties sur de l’archipel Kodiak. Les jeunes oursons ont souvent un anneau natal blanc dessiné autour de leur cou qu’ils garderont pendant les premières années de leur vie.
L’ours kodiak à une ouïe et un odorat très développé. Sa vue est considérée bonne, mais non exceptionnelle. Il a néanmoins la capacité de distinguer les couleurs ainsi que les différents niveaux de la lumière.
Les griffes sont habituellement noires, mais peuvent être blanchâtres chez les spécimens les plus anciens. Elles lui servent surtout à creuser. Les griffes des pattes arrière sont plus courtes que les griffes des pattes avant.
La stature imposante de l’ours kodiak est à peu près celle de son lointain ancêtre, l’ours des cavernes (Ursus spelaeus). Cet ours des temps préhistoriques, dont on a trouvé des ossements dans les grottes de diverses montagnes d’Europe, fut le contemporain des premiers hommes, qui ne devaient guère apprécier son voisinage.
HABITAT
À l’état sauvage, l’ours kodiak réside principalement dans les îles de l’archipel Kodiak près de la côte sud de l’Alaska. Le climat sous-polaire avec des températures fraîches, du brouillard, des vents persistants ainsi que de lourdes précipitations tout au long de l’année en font un endroit de vie idéal pour les ours.
À la fin de la dernière ère glaciaire, les glaces ont fondu isolant les ours kodiak des autres espèces. Bien que l’archipel Kodiak ne couvre que 13 000 km², il y a néanmoins une variété topographique riche de végétation allant des forêts denses d’épicéa de Sitka (Picea sitchensis) sur les îles du nord, jusqu’aux montagnes neigeuses le long de l’épine centrale de l’île de Kodiak, et de la toundra plate sur l’extrémité méridionale de l’archipel. En raison de l’abondance de nourriture sur l’île de Kodiak, les ours n’ont pas besoin de vivre dans de grands territoires et n’ont aucun besoin de les défendre.
Environ 14 000 personnes vivent dans l’archipel, principalement aux environs de la ville de Kodiak et de six villages périphériques. Des routes et d’autres changements humains sont généralement limités à l’île d’Afognak et à la partie du nord-est de l’île de Kodiak. Environ la moitié de l’archipel est incluse dans la réserve nationale de Kodiak.
ALIMENTATION
L’ours kodiak est un mammifèreomnivore mangeant un grand choix de nourriture. Sa grande taille est principalement dû à l’abondance de nourriture facilement disponible pour eux sur l’île de Kodiak. Généralement solitaire, il mange régulièrement en groupe lorsque la nourriture est abondante.
Après l’hibernation, l’ours kodiak se nourrit de végétaux et de cadavres d’animaux morts pendant l’hiver. Au début du mois de mai, il se nourrit de saumons et ce jusqu’au mois d’octobre. Les cinq espèces de saumons du Pacifique viennent, pour la plupart, de l’archipel Kodiak. Le poisson est un aliment important dans le régime alimentaire de l’ours kodiak.
Même si le poisson reste un aliment de choix pour l’ours kodiak, il préfère néanmoins se nourrir de végétaux, de baies, d’algues et d’invertébrés. Cette méthode d’alimentation lui demande moins d’efforts.
REPRODUCTION
Chez l’ours kodiak, le taux de reproduction est relativement bas. Les mâles et les femelles atteignent leur maturité sexuelle à environ 5 ans, mais la plupart des femelles n’ont pas de progéniture avant l’âge de 9 ans. Le nombre d’oursons qu’une ourse pourra procréer pendant toute sa vie dépend de sa santé, de sa longévité, mais aussi de l’âge où elle réussira sa première reproduction. En moyenne une ourse peut mettre au monde 6 à 9 petits en une vie.
La saison de reproduction a lieu pendant les mois de mai et de juin, peu après leur première sortie de la tanière où ils ont hiberné. Lorsque le mâle repère une femelle réceptive, celui-ci s’agite et galope vers elle en laissant s’échapper des sons rauques audibles de loin. Ce petit jeu peut durer toute la journée. L’accouplement est très bruyant. Il arrive qu’un autre mâle convoite la même femelle qu’un autre mâle. Les combats deviennent alors inévitables laissant de graves blessures aux protagonistes.
Les ourses de toutes espèces, excepté l’ours malais, montrent une adaptation connue sous le nom d’implantation retardée. L’ovule de la femelle une fois fécondé ne se fixe à la paroi de l’utérus qu’au moment opportun. Dans le cas de l’ours kodiak, l’implantation ne se produit généralement pas jusqu’à ce que la femelle soit prête, dans sa tanière, pour l’hiver. De cette manière, les ourses ont un état physique optimum pour la saison d’automne où elles doivent se nourrir, avant leur période de gestation.
Les ourses qui n’ont pas l’état physique nécessaire vont interrompre leur grossesse et réabsorber l’ovule fécondé. La plupart des ours kodiak creusent leurs repaires en flancs de montagne. Les ourses enceintes sont les premières afin de commencer à hiberner fin octobre.
Dans la tanière, la femelle met au monde entre 1 et 3 oursons qui l’occuperont pendant les 2 à 4 années à venir. Les petits ne pèsent pas plus de 600 g à la naissance et n’auront qu’entre 6 et 9 kg lorsqu’ils quitteront le nid maternel pour la première fois en mai ou juin.
Généralement une femelle ne se reproduit qu’une fois tous les 3 ou 4 ans, mais cela peut varier (tout comme pour le nombre d’oursons) selon son âge, sa santé, la disponibilité de nourriture, l’impact humain ainsi que de l’activité reproductrice des mâles. En raison de la dominance des ours plus anciens et plus forts, les jeunes mâles sexuellement mûrs ne se reproduisent pas
COMPORTEMENT
Il y a une différence significative entre l’ours kodiak et les autres sous-espèces d’ours bruns. L’ours kodiak est actif tout au long de la journée. On peut aussi les rencontrer la nuit quand ceux-ci n’ont pas assez consommé de nourriture pendant la journée.
Généralement de nature solitaire, l’ours kodiak accepte néanmoins la présence de ses semblables. Les moments où l'on peut les observer en groupe sont quand ils pêchent les saumons. Dans les autres moments, les mâles préfèrent s’éviter. Les femelles, elles, sont plus conviviales et on peut facilement en voir plusieurs sur le même endroit. Les comportements des mâles tendent à devenir agressifs pendant les saisons d’accouplement et deviennent plus exigeant si la nourriture venait à manquer.
MENACES
L’ours kodiak n’a pas vraiment de prédateur naturel. Il peut parfois être victime de ses semblables lors de combat mais c’est assez rare. Ils peuvent être brutaux entre eux, particulièrement les mâles qui combattent pour une femelle. Comme leur environnement naturel s’est tout de même réduit, ils luttent aussi pendant les mauvaises années pour l’espace et la nourriture.
Le seul vrai prédateur de l’ours kodiak est l’homme. L’ours kodiak est un grand ours que beaucoup de chasseurs voudraient mettre à leur tableau de chasse. Les permis sont assez durs à obtenir depuis que des lois les protègent. Il est néanmoins certain que bon nombre de spécimens meurent malheureusement sous les tirs de chasseurs avides, prêt à défier les lois pour chasser ne serait-ce qu’une seule fois, l’un des plus grands carnivores terrestres de notre époque.
CONSERVATION
Tandis que plusieurs espèces animales vivant en Amérique du Nord sont menacées d’extinction, l’ours kodiak est lui un exemple de succès en ce qui concerne la conservation de la faune. En effet, cet ursidé est une espèce saine et productive dans tout l’archipel et sa population est en augmentation réelle. Selon l’Alaska Department of Fish and Game, il y aurait 3 500 spécimens vivant dans l’archipel Kodiak. La grande majorité de cette population vivent dans les terres protégées de la réserve nationale de Kodiak qui s’étale sur les 2/3 de l’île.
L’ours kodiak et l’homme coexistent dans l’archipel Kodiak depuis presque 8 000 années. Les ancêtres du peuple Alutiiq vénéraient et respectaient l’animal bien qu’ils le chassaient pour sa viande, s’habiller et pour fabriquer des outils. L’île de Kodiak à une longue histoire de chasse à l’ours qui perdure encore de nos jours. Régulé par l’Alaska Department of Fish and Game, le système de chasse est conçu pour conserver une population viable au sein de l’écosystème.
L’observation des ours est l’une des activités les plus populaires de l’île. La meilleure saison pour les voir est pendant les mois de juillet, août et septembre. Il est important de garder en tête que l’homme est un invité dans le territoire de l’ours et que l’avenir de cette population dépend de notre volonté et notre respect envers les joyaux que nous offre mère nature.