Le chat-tigre nébuleux (Leopardus pardinoides) représente l'une des découvertes les plus fascinantes de la zoologie contemporaine. Longtemps confondu avec l'oncille traditionnelle, ce petit carnivore des forêts de nuages a récemment été identifié comme une espèce distincte grâce à des analyses génomiques poussées. Habitant des cimes andines et des massifs d'Amérique centrale, ce félin incarne la biodiversité fragile des écosystèmes d'altitude. Sa reconnaissance officielle permet désormais de mieux cibler les efforts de conservation pour un animal dont le destin reste précaire face aux transformations environnementales. Ce prédateur discret, aux moeurs encore largement méconnues, suscite un intérêt croissant chez les biologistes qui s'efforcent de documenter ses traits uniques.
L'apparence physique du chat-tigre nébuleux se distingue par des caractéristiques adaptées aux environnements frais et humides des hautes altitudes. Ce félin possède une silhouette élancée, pesant généralement entre deux et trois kilogrammes, ce qui en fait l'un des plus petits membres de la lignée des ocelots. Sa fourrure, particulièrement dense et douce, arbore une coloration de fond allant du jaune chamois au gris ochracé. Ce qui le différencie notablement de ses cousins proches réside dans ses motifs cutanés : il présente des rosettes larges, aux bords irréguliers et souvent incomplètement fermées, rappelant les taches de la panthère nébuleuse. Ces ocelles, d'un brun profond ou noires, contrastent fortement avec le pelage plus clair du ventre. Sa tête, proportionnellement petite, est ornée de lignes longitudinales sombres partant du front pour rejoindre la nuque, tandis que ses oreilles, grandes et arrondies, affichent une tache blanche distinctive sur leur revers noir. La queue, dont la longueur dépasse souvent la moitié du corps, est épaisse et marquée de plusieurs anneaux sombres se terminant par une pointe noire. Cette morphologie caudale suggère une excellente agilité pour l'équilibre dans les strates arbustives denses. Ses pattes, relativement longues par rapport à la taille de son corps, se terminent par des coussinets robustes. Le mélanisme, bien que documenté chez d'autres espèces du genre Leopardus, semble moins fréquent chez cet individu particulier, bien que des spécimens très sombres aient été observés ponctuellement dans certaines régions reculées de la cordillère des Andes.
L'aire de distribution du chat-tigre nébuleux est intimement liée aux reliefs accidentés de la région néotropicale. On le rencontre principalement le long de la chaîne des Andes, depuis l'ouest du Venezuela et la Colombie jusqu'au nord-ouest de l'Argentine, en passant par l'Équateur et le Pérou. Une population isolée subsiste également dans les zones montagneuses d'Amérique centrale, notamment au Costa Rica et au Panama. Contrairement à l'oncille du Nord qui préfère les savanes ou les zones semi-arides, le chat-tigre nébuleux est un spécialiste des forêts de nuages et des forêts pluviales de montagne. Il occupe des étages altitudinaux élevés, se situant généralement entre 1 500 et 3 800 mètres d'altitude, bien que des observations sporadiques aient été signalées à des niveaux inférieurs là où la végétation reste dense.
Son habitat se caractérise par une humidité constante, une forte présence d'épiphytes, de mousses et de fougères arborescentes. Ce félin semble particulièrement dépendant de la connectivité forestière, évitant les zones ouvertes ou trop anthropisées. La fragmentation des massifs montagneux par l'agriculture et les infrastructures routières crée des barrières géographiques qui isolent les populations, limitant ainsi le brassage génétique nécessaire à la survie de l'espèce à long terme. Sa présence est souvent corrélée à celle de micro-habitats spécifiques offrant une protection contre les intempéries fréquentes en haute montagne. En raison de sa spécialisation écologique, il occupe des niches environnementales que peu d'autres félins exploitent, faisant de lui un indicateur précieux de la santé des écosystèmes forestiers andins.
Le mode de vie du chat-tigre nébuleux demeure mystérieux en raison de sa nature cryptique et de l'accès difficile à ses territoires. C'est un prédateur essentiellement nocturne et crépusculaire, bien qu'il puisse manifester une activité diurne dans les zones les plus reculées et protégées. Son régime alimentaire se compose majoritairement de petits vertébrés tels que des rongeurs forestiers, des musaraignes et une grande variété de passereaux nichant au sol ou dans les buissons. Il complète occasionnellement ses repas avec de petits reptiles ou des amphibiens, profitant de la richesse biologique des sous-bois humides. Bien qu'il soit un excellent grimpeur capable de chasser dans les branches, il passe une grande partie de son temps au sol pour traquer ses proies à l'affût.
Les interactions sociales de l'espèce sont solitaires, les individus ne se rencontrant que pour la reproduction. Le domaine vital d'un adulte semble restreint mais défendu avec vigueur contre les intrus du même sexe. Concernant la reproduction, les données issues de la captivité et des rares observations en milieu naturel suggèrent une période de gestation d'environ 75 jours, aboutissant généralement à la naissance d'un seul petit, plus rarement deux. Cette faible fécondité, typique des petits félins du genre Leopardus, rend la dynamique de population particulièrement vulnérable aux prélèvements ou aux pertes accidentelles. Les juvéniles restent sous la protection maternelle pendant plusieurs mois avant de chercher leur propre territoire, un périple périlleux dans des paysages de plus en plus fragmentés par l'activité humaine.