Le genre Rucervus comprend des cervidés de taille moyenne à grande, caractérisés notamment par des bois spectaculaires, complexes et ramifiés, et une lignée évolutive ancienne au sein de la sous-famille des Cervinae, aux côtés du genre Axis. Cette position basale a largement contribué à l'instabilité et aux débats entourant sa classification et le statut exact de ses espèces au fil du temps. Le nom générique, attribué par Brian Houghton Hodgson en 1838, témoigne de la volonté des premiers naturalistes de distinguer ces cerfs des espèces typiques du genre Cervus sur la base de critères morphologiques, notamment la structure de leurs ramures et de leur dentition.
Les espèces formant le genre Rucervus **Source photos**
TAXONOMIE
L'histoire de la classification du genre Rucervus est caractérisée par une forte instabilité et une dynamique constante, influencée par les découvertes scientifiques successives. Initialement, ce groupe de cervidés fut érigé au rang de genre distinct par Brian Houghton Hodgson en 1838. Cependant, pendant une longue période, ses espèces furent subsumées et classées dans le genre Cervus, le plus large, souvent reléguées au rang de simple sous-genre. Cette perspective était largement fondée sur des similitudes morphologiques, notamment la structure générale des bois, et des interprétations traditionnelles de la répartition géographique, antérieures à l'ère de la génétique.
La systématique moléculaire a profondément remis en question cette intégration. L'analyse de l'ADN mitochondrial et nucléaire a révélé que Rucervus constitue une lignée phylogénétiquement distincte. Les données génétiques indiquent que ce groupe, avec le genre Axis, représente l'une des plus anciennes radiations évolutives au sein de la sous-famille des Cervinae. Ce statut ancestral et le niveau de divergence justifient leur élévation au rang de genre distinct, afin de refléter plus fidèlement leur histoire évolutive et leur position dans l'arbre de vie des cervidés.
En conséquence, le statut du groupe est passé de sous-genre de Cervus à un genre autonome, un statut qui est maintenant largement accepté par des bases de données de référence. Cette réhabilitation a permis de consolider la classification du groupe et de reléguer des noms synonymes et autrefois utilisés, comme Thaocervus ou Procervus, au statut de termes non valides.
LES ESPÈCES
Le genre Rucervus est traditionnellement considéré comme comprenant deux espèces vivantes et une espèce récemment éteinte. L'attribution d'un genre distinct est un sujet de débat, certains auteurs les plaçant comme sous-genres de Cervus, mais les classifications modernes tendent à reconnaître les trois espèces suivantes au sein du genre Rucervus pour des raisons de clarté et de distinction phylogénétique.
*Barasingha (Rucervus duvaucelii) : Il a été décrit initialement sous le nom de Cervus duvaucelii par Georges Cuvier en 1823. Cette espèce est l'emblème des efforts de conservation en Inde et au Népal, où elle survit en populations relictuelles. Elle est classée comme "Vulnérable" (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN. Trois sous-espèces sont généralement reconnues, reflétant des adaptations à différents types d'habitats : Rucervus duvaucelii duvaucelii, Rucervus duvaucelii branderi, Rucervus duvaucelii ranjitsinhi.
*Cerf d'Eld (Rucervus eldii) : Il a été décrit par John McClelland en 1842 sous le nom de Cervus eldii. Il est actuellement répertorié "En danger" (EN) sur la Liste rouge de l'IUCN. Cette espèce est répartie de manière discontinue en Asie du Sud-Est. Elle se caractérise par ses bois spectaculaires, qui forment un arc continu en avant. Elle est également divisée en plusieurs sous-espèces géographiquement isolées : Rucervus eldii eldii, Rucervus eldii thamin, Rucervus eldii siamensis.
*Cerf de Schomburgk (Rucervus schomburgki) † : Ce cerf est désormais "Éteint" (EX), a été décrit par Edward Blyth en 1863 sous le nom de Cervus schomburgki. Endémique de la Thaïlande, il est malheureusement l'exemple le plus tragique de la vulnérabilité du genre, sa disparition étant confirmée au début du XXe siècle, bien que des doutes persistent sur la date exacte.
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