Le genre Otocyon est un groupe monotypique de canidés, c'est-à-dire qu'il ne contient qu'une seule espèce vivante : l'otocyon (Otocyon megalotis), également appelé Renard à oreilles de chauve-souris. Ce genre se distingue par des caractéristiques morphologiques uniques, notamment ses grandes oreilles et une dentition spécialisée. Ces adaptations lui permettent de survivre dans les savanes et les zones arides d'Afrique, où son régime alimentaire est principalement composé d'insectes. Malgré son nom commun, il est plus éloigné des renards typiques du genre Vulpes qu'il n'est proche des autres canidés. Le nom du genre, Otocyon, dérive du grec ancien et signifie "chien à oreilles".
L’histoire taxonomique du genre Otocyon illustre bien la complexité des classifications zoologiques au XIXᵉ siècle. L’espèce aujourd’hui connue sous le nom de Otocyon megalotis fut décrite pour la première fois en 1822 par Anselme Gaëtan Desmarest, sous l’appellation Canis megalotis. À cette époque, la plupart des canidés étaient regroupés au sein du genre Canis, ce qui reflétait une approche encore peu différenciée des lignées de carnivores.
Cependant, la morphologie singulière de cet animal, notamment sa dentition unique — présentant jusqu’à 48 dents, soit plus que tout autre canidé actuel — et ses oreilles démesurées, souleva rapidement des interrogations. Ces caractères écologiques et anatomiques ne correspondaient pas aux critères typiques des autres espèces du genre Canis.
C’est dans ce contexte que le naturaliste allemand Salomon Müller créa en 1835 le genre Otocyon. Cette nouvelle désignation visait à refléter les particularités de l’espèce et à souligner son isolement morphologique. Le nom dérive du grec oto- ("oreille") et cyon ("chien"), en référence aux oreilles particulièrement développées de l’animal.
Au cours de la fin du XIXᵉ siècle, des débats surgirent sur les affinités évolutives de Otocyon. Certains naturalistes suggérèrent une proximité avec Vulpes en raison de traits morphologiques superficiels, tandis que d’autres relevèrent des analogies avec des carnivores non-canidés tels que Procyon. Cependant, l’étude approfondie du crâne et de la dentition établit sans ambiguïté son appartenance à la famille des Canidae, bien que dans une lignée très particulière.
L'histoire évolutive du genre est tout aussi intrigante. On considère qu'Otocyon a divergé très tôt de la lignée principale des canidés, il y a environ 6 à 8 millions d'années. Il est classé dans sa propre sous-famille, les Otocyoninae, ce qui souligne sa divergence précoce. Les fossiles de canidés présentant des caractéristiques dentaires similaires à celles d'Otocyon sont rares, mais l'analyse génétique suggère qu'il est un "canidé basal". Les études menées sur sa morphologie et sa génétique le placent comme un parent éloigné de la lignée qui a donné naissance aux loups, aux chiens et aux renards modernes, plutôt qu'un véritable renard. Cette classification particulière est un exemple de l'importance de l'histoire évolutive dans la définition des genres.
Ainsi, après une phase initiale de flottement, l’histoire taxonomique du genre est désormais stabilisée. Elle illustre le rôle décisif de Salomon Müller dans la mise en évidence de l’originalité de ce canidé africain, et la validation ultérieure de son nom par l’ICZN garantit sa place claire et incontestée dans la nomenclature zoologique contemporaine.
LES ESPÈCES
Le genre Otocyon comprend actuellement une seule espèce reconnue divisée en deux sous-espèces principales selon la répartition géographique :
Bien que certains auteurs aient proposé d’autres subdivisions infra-spécifiques, la distinction entre ces deux sous-espèces reste la plus largement acceptée par la communauté scientifique.
Desmarest, A. G. (1822). Mammalogie ou description des espèces de mammifères. Mme Veuve Agasse.
Müller, S. (1835). Over de zoogdieren van den Indischen Archipel. Tijdschrift voor Natuurlijke Geschiedenis en Physiologie, 2.
Wagner, J. A. (1855). Supplemente zu Schreber's Säugethiere. Leipzig.
ICZN (1999). International Code of Zoological Nomenclature. 4ᵉ éd.
Wozencraft, W. C. (2005). In Wilson & Reeder (eds.), Mammal Species of the World, 3ᵉ éd. Johns Hopkins UP.
Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Academic Press.
Koepfli, K.-P., Pollinger, J., Godinho, R., Robinson, J., Lea, A., Hendricks, S., ... & Wayne, R. K. (2015). Genome-wide evidence reveals that African and Eurasian golden jackals are distinct species. Current Biology, 25(16), 2158-2165.
Wayne, R. K., Geffen, E., Girman, D. J., Koepfli, M. P., et al. (1997). Molecular systematics of the Canidae. In: The Biology and Conservation of Wild Canids. Oxford University Press.