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Rupicapra


Le genre Rupicapra regroupe des bovidés montagnards emblématiques des zones alpines et subalpines d’Europe et d’Asie mineure. Ces animaux, connus sous le nom de chamois, sont remarquablement adaptés aux terrains escarpés grâce à leur agilité, leur musculature robuste et leurs sabots spécialisés. Malgré leur apparente uniformité morphologique, les espèces du genre présentent une diversité génétique et géographique significative, reflet d’une histoire évolutive complexe façonnée par les cycles glaciaires et les barrières naturelles. Le genre Rupicapra constitue ainsi un sujet d’étude privilégié pour la biogéographie, la systématique et la conservation des ongulés européens.


Rupricapra
Le genre Rupicapra compte deux espèces distinctes


LES ESPÈCES

Le genre Rupicapra comprend deux espèces reconnues :

* Chamois (Rupicapra rupicapra) : Cette espèce est largement répartie en Europe centrale et orientale : Alpes, Carpates, Balkans, Tatras, Jura, Vosges et Forêt-Noire. Plusieurs sous-espèces ont été décrites, dont Rupicapra rupicapra rupicapra (Alpes), Rupicapra rupicapra tatrica (Tatras), Rupicapra rupicapra balcanica (Balkans), Rupicapra rupicapra carpatica (Carpates) et Rupicapra rupicapra asiatica (Caucase). Ces taxons reflètent des adaptations régionales et des isolements anciens.

* Isard (Rupicapra pyrenaica) : Présent dans les Pyrénées, la cordillère Cantabrique et les monts Apennins, il inclut des sous-espèces telles que Rupicapra rupicapra pyrenaica (Pyrénées), Rupicapra rupicapra ornata (Abruzzes) et Rupicapra rupicapra parva (Cantabres). Moins massif que Rupicapra rupicapra, l'isard se distingue aussi par des variations morphologiques et génétiques.


TAXONOMIQUE

L'histoire taxonomique du genre Rupicapra est relativement stable, mais elle a tout de même connu quelques ajustements au fil du temps, notamment en ce qui concerne le statut des différentes formes géographiques. Le nom du genre, Rupicapra, est d'origine latine, combinant "rupes" (roche) et "capra" (chèvre), en référence à leur habitat montagneux caractéristique.

Le genre Rupicapra a été établi pour la première fois par le zoologiste français Henri-Marie Ducrotay de Blainville en 1816. Cependant, l'espèce type, le chamois (Rupicapra rupicapra), était déjà connue et décrite sous diverses appellations depuis Linné (1758) sous le nom de Capra rupicapra. La création du genre Rupicapra a permis de distinguer ces animaux des véritables chèvres (Capra) en reconnaissant leurs caractéristiques morphologiques et écologiques uniques.

Au sein de la famille des Bovidae, le genre Rupicapra est classé dans la sous-famille des Caprinae, qui regroupe les chèvres, les moutons et les bouquetins. Plus spécifiquement, il est souvent placé dans la tribu des Rupicaprini (ou Oreamnini dans certaines classifications plus anciennes), qui inclut également le chèvre des montagnes rocheuses (Oreamnos americanus) d'Amérique du Nord et le goral (Naemorhedus) et le serow (Capricornis) d'Asie. Cette classification est basée sur des similitudes morphologiques (comme la structure des cornes et la denture) et, plus récemment, sur des données génétiques.

Les études phylogénétiques moléculaires ont largement confirmé la position de Rupicapra au sein des Caprinae et sa relation avec les autres genres de la tribu Rupicaprini. Ces analyses ont montré que Rupicapra forme un clade distinct, et ont également permis de démêler les relations entre les différentes populations de chamois et d'isards.

Historiquement, la principale question taxonomique au sein du genre Rupicapra a concerné le statut de l'isard des Pyrénées. Initialement considéré comme une sous-espèce du chamois (Rupicapra rupicapra pyrenaica), des études plus approfondies, notamment génétiques et morphologiques, ont conduit à l'élever au rang d'espèce à part entière : Rupicapra pyrenaica. Cette distinction est maintenant largement acceptée. Les autres formes géographiques de chamois ont également été étudiées, et la plupart sont reconnues comme des sous-espèces de ce dernier, bien que des discussions sur leur statut exact puissent persister pour certaines populations isolées.

En résumé, l'histoire taxonomique de Rupicapra est marquée par la création relativement précoce du genre pour des raisons morphologiques, suivie par une confirmation de sa position phylogénétique au sein des Caprinae grâce aux avancées de la génétique. La principale évolution a été l'élévation de l'isard au rang d'espèce distincte, soulignant la diversité au sein de ce genre montagnard.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
FamilleBovidae
Sous-familleCaprinae
GenreRupricapra
Décrit parHenri-Marie Ducrotay de Blainville
Date1816

SOURCES

* Liens internes

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

* Liens externes

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

* Bibliographie

Linné, C. (1758). Systema Naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Editio decima, reformata. Holmiae.

Blainville, H. D. (1816). Prodrome d'une nouvelle distribution systématique du Règne Animal. Bulletin des Sciences par la Société Philomathique de Paris, 1816: 105-124.

Wilson, D.E. & Reeder, D.M. (Eds.). (2005). Mammal Species of the World: A Taxonomic and Geographic Reference (3rd ed.). Johns Hopkins University Press.

Hammer, S., & B. R. Ampuero. (2014). Genetic diversity and conservation units in chamois (Rupicapra rupicapra): Current knowledge and implications for management. Hystrix, the Italian Journal of Mammalogy, 25(1), 1-10.

Perianez, M. A., & R. Pérez-Garrido. (2009). Mitochondrial DNA reveals deep divergences within the Pyrenean chamois (Rupicapra pyrenaica). Conservation Genetics, 10(6), 1851-1857.

Randi, E., E. T. B. de Sousa, R. T. L. de Paoli, D. N. L. L. and M. Apollonio. (2001). Phylogenetic relationships of Eurasian Caprinae based on cytochrome B sequence data. Molecular Phylogenetics and Evolution, 19(2), 244-256.

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