Daguet nain du Brésil (Mazama nana)
Le daguet nain du Brésil (Mazama nana) est un petit cervidé discret originaire des forêts et zones humides du centre-sud du Brésil, du Paraguay et du nord de l’Argentine. Espèce rare et timide, il se distingue par sa taille réduite et son comportement furtif, qui le rendent difficile à observer dans la nature. Bien qu’il partage son aire de répartition avec d’autres espèces du genre Mazama, ce mammifère présente des caractéristiques morphologiques et écologiques spécifiques qui justifient sa reconnaissance comme espèce distincte. Son mode de vie forestier, sa coloration brunâtre et ses bois simples reflètent une adaptation à des environnements denses et humides. Aujourd’hui, l'espèce est considérée comme vulnérable, principalement en raison de la déforestation et de la fragmentation rapide de son habitat naturel. Le daguet nain du Brésil est également connu sous les noms de Mazame nain ou Daguet pygmée.
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DESCRIPTION
Le daguet nain du Brésil se distingue par sa petite taille, ce qui lui vaut l'appellation de "nain" et de "pygmée", le plaçant parmi les plus petits cervidés d'Amérique du Sud. La longueur totale de son corps varie généralement de 90 à 100 centimètres, avec une hauteur au garrot qui ne dépasse guère les 45 à 50 centimètres. Son poids corporel est également modeste, oscillant entre 10 et 20 kilogrammes pour un adulte. Cette stature compacte est une adaptation évidente à la vie dans le sous-bois forestier dense. Une caractéristique morphologique notable, que l'on retrouve chez de nombreux petits mammifères vivant en forêt, est la présence d'une croupe plus haute que l'avant du corps. Cette conformation facilite les déplacements rapides et les plongées abruptes dans la végétation dense pour échapper à ses prédateurs.
Les mâles portent de petits bois non ramifiés en forme de simple pointe ou de dague, typiques des daguets. Bien que la couleur précise de son pelage soit souvent décrite comme rougeâtre ou brun-rougeâtre, comme d'autres espèces du même genre, des informations détaillées et spécifiques sur la coloration exacte et les variations géographiques chez le daguet nain du Brésil restent limitées. La petite taille et la couleur de son pelage contribuent à son camouflage dans les environnements forestiers où il évolue, le rendant particulièrement insaisissable. L'étude approfondie de sa morphologie est essentielle pour le distinguer clairement d'espèces proches comme le daguet nain péruvien (Mazama chunyi), malgré leur nom commun similaire, et pour affiner la compréhension de son écologie dans son aire de répartition actuelle, qui demeure encore insuffisamment définie en raison de sa rareté.
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CC-BY-NC (Certains droits réservés)HABITAT
Le daguet nain du Brésil est une espèce mal connue, principalement étudiée à partir de spécimens de musée. Il était historiquement considéré comme une sous-espèce du daguet rouge nain (Mazama rufina). Selon les travaux de Redford et Eisenberg (1992), son aire de répartition est très vaste, couvrant le sud-est du Paraguay, le nord de la province de Misiones en Argentine, ainsi que plusieurs États du sud du Brésil (notamment le Minas Gerais, São Paulo, Mato Grosso do Sul, Paraná, Santa Catarina et Rio Grande do Sul). Cependant, cette description large est contredite par l'analyse des spécimens rares conservés dans les collections brésiliennes. Ces collections indiquent une répartition plus restreinte, limitée aux États brésiliens de São Paulo (seulement au sud du fleuve Paranapanema), du Paraná, de Santa Catarina et du nord du Rio Grande do Sul (Rossi 2000).
Il est possible que la perte de son habitat de prédilection ait forcé le daguet nain du Brésil à s'installer dans des formations forestières qu'il n'aurait pas choisies auparavant. Cette adaptation expliquerait les observations récentes de l'espèce dans les forêts montagnardes et ombrophiles de l'est du Paraná et de Santa Catarina, des zones où il n'avait pas été historiquement signalé. En ce qui concerne les pays voisins, la présence du daguet nain du Brésil est confirmée au Paraguay, notamment autour du parc national de San Rafael. En Argentine, l'espèce est vraisemblablement présente dans la majorité des zones de forêts naturelles qui subsistent dans la province de Misiones.
Les données historiques et récentes indiquent que le daguet nain du Brésil est principalement associé aux forêts humides d'Araucaria (appelées forêts mixtes ombrophiles). Il se trouve également dans les zones de transition, ou écotones, avec les écorégions voisines. Celles-ci incluent les forêts saisonnières semi-décidues (forêts intérieures du Paraná-Paraíba), les forêts denses et humides du littoral (forêts côtières de la Serra do Mar), ainsi que les savanes et broussailles du Cerrado. Bien que certains chercheurs le décrivent comme privilégiant les habitats montagneux, il est couramment observé dans les reliefs de plaine et de collines douces sur l'ensemble de son territoire.
Le daguet nain du Brésil cohabite (sympatrie) avec d'autres espèces de daguets, notamment dans les zones de transition. Cependant, dans des régions comme le Paraguay, l'Argentine et l'ouest du Brésil, il se distingue partiellement du daguet rouge (Mazama americana) en occupant des habitats spécifiques. Il semble préférer les milieux dotés d'un sous-bois dense, souvent caractérisé par une forte présence de bambous, ainsi que les forêts qui sont en phase de croissance secondaire (forêts qui se régénèrent après une perturbation).
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CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)ÉCOLOGIE
L'alimentation du daguet nain du Brésil est majoritairement déduite de celle des autres daguets forestiers, en raison du manque d'études spécifiques en milieu sauvage. Il est présumé être un herbivore et frugivore sélectif se nourrissant dans le sous-bois des forêts humides. Son régime alimentaire de haute qualité comprend probablement une variété de fruits tombés, de jeunes pousses, de feuilles tendres et de champignons. Cette préférence pour les ressources nutritives facilement digestibles le classe parmi les brouteurs sélectifs. Pour compléter son apport, il est possible qu'il fréquente des salines naturelles. Des recherches dédiées sont essentielles pour confirmer ces hypothèses et évaluer l'impact réel de son régime sur la dynamique de son écosystème menacé.
Les connaissances sur la reproduction du daguet nain du Brésil en milieu naturel sont très limitées en raison de son caractère insaisissable. Les études menées en captivité suggèrent cependant une absence de saisonnalité reproductive marquée chez les femelles, une adaptation typique des zones tropicales où les ressources sont disponibles toute l'année. Le cycle oestral d'une femelle est estimé à environ 24 jours. Le daguet nain met généralement bas un seul faon par portée, après une période de gestation estimée entre 200 et 220 jours. La maturité sexuelle est atteinte après environ un an. Les mâles semblent également ne pas présenter de cycle reproductif strictement saisonnier. Cette espèce est généralement solitaire ou vit en couple monogame, une stratégie qui influence sa biologie reproductive, dont la connaissance détaillée est cruciale pour le succès des programmes de conservation.
Le comportement du daguet nain du Brésil est mal connu, mais il est fortement suggéré qu'il est un animal solitaire et nocturne, des traits de survie essentiels pour un petit cervidé évoluant dans une forêt dense. Son activité se concentre à la tombée de la nuit et à l'aube. Il établit et marque un petit territoire à l'aide de sécrétions glandulaires et de dépôts d'urine ou de fèces. Face à un danger, sa stratégie consiste à s'immobiliser, comptant sur son camouflage, avant de s'enfuir rapidement en plongeant dans la végétation épaisse, profitant de sa petite taille. Les rares interactions sociales incluent des combats territoriaux ou pour l'accès aux femelles, où les mâles peuvent se mordre ou se donner des coups de corne. Ce mode de vie très discret et nocturne est une adaptation efficace, mais il complique considérablement son étude et son suivi en vue de sa conservation.
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CC-BY-NC (Certains droits réservés)PRÉDATION
Les prédateurs naturels du daguet nain du Brésil sont ceux qui fréquentent son aire de répartition dans la forêt Atlantique et les zones adjacentes, et sont généralement les grands carnivores d'Amérique du Sud. Le principal prédateur de cette petite proie est sans doute le jaguar (Panthera onca), le plus grand félin des Amériques, capable de chasser efficacement dans les sous-bois forestiers. Cependant, étant donné sa petite taille, le daguet nain est également une proie accessible pour d'autres prédateurs plus petits mais redoutables, tels que le puma (Puma concolor), qui est plus largement distribué. D'autres menaces prédatrices incluent des canidés sauvages, comme le chien des buissons (Speothos venaticus), et les chiens domestiques ou errants, ces derniers représentant une menace croissante près des zones habitées et des routes. Ces chiens peuvent non seulement chasser directement l'espèce, mais aussi perturber son comportement et son accès aux ressources.
Face à ces menaces, le daguet nain du Brésil utilise sa stratégie de défense basée sur la rapidité d'évasion et le camouflage dans la végétation dense. Les juvéniles, quant à eux, sont particulièrement vulnérables à une gamme encore plus large de prédateurs, incluant des rapaces, des serpents de grande taille, et des ocelots ou autres petits félins. Néanmoins, l'impact le plus important sur les populations de daguets nains n'est pas uniquement dû à la prédation naturelle, mais surtout à l'activité humaine, notamment la chasse illégale pour sa viande (viande de brousse) et la destruction de son habitat, qui le force à des déplacements plus périlleux où il est exposé aux prédateurs et aux dangers anthropiques comme les véhicules.
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CC-BY (Certains droits réservés)MENACES
Malgré toutes les incertitudes écologiques et biologiques, le daguet nain du Brésil est le cerf le plus menacé du Brésil et probablement de la région néotropicale. L'isolement des sous-populations, causé par la perte d'habitat passée, constitue sans doute la principale menace pour le maintien des sous-populations restantes à l'heure actuelle. Cette fragmentation tend à accroître les pressions, telles que la chasse, la prédation canine, l'exposition aux maladies des espèces domestiques et la dégradation progressive des petits fragments de forêt (effets de lisière).
L'analyse cytogénétique de cette espèce a révélé un important polymorphisme chromosomique intraspécifique susceptible d'affecter l'efficacité reproductive et la durabilité de la population. Au Paraguay, les sous-populations sont également menacées par la perte d'habitat. L'un des principaux problèmes de conservation est la chasse, principalement dans les parcs provinciaux et les forêts privées. De plus, la construction de routes a augmenté le nombre d'animaux tués sur les routes, ce qui pourrait affecter les sous-populations.
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CC-BY-NC (Certains droits réservés)CONSERVATION
Le daguet nain du Brésil est une espèce menacée. Il est actuellement inscrit dans la catégorie "Vulnérable" (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN. Cette espèce est répertoriée dans un réseau d'aires protégées à travers le Brésil, l'Argentine et le Paraguay, essentiel à sa survie.
Au Brésil, elle est présente dans plusieurs parcs nationaux (dont Iguaçu, Araucárias et Serra do Itajaí) et parcs d'État (comme Lauraceas et Boguaçu). Elle a également été signalée dans des réserves privées et la station écologique de Mata Preta.
En Argentine, d'importantes sous-populations existent dans de nombreuses unités de conservation de la province de Misiones, telles que le parc national d'Iguaçu, ainsi que les parcs provinciaux d'Urugua-í, Cruce Caballero et Moconá.
Au Paraguay, l'espèce survit dans les derniers fragments de la forêt atlantique, principalement dans des zones protégées comme la réserve naturelle du Bosque Mbaracayú et la réserve de la centrale hydroélectrique d'Itaipu. Cependant, même des lieux importants comme le parc national de San Rafael font face à d'importantes pressions et menaces.
La reconnaissance de la vulnérabilité de l'espèce a mené à des actions spécifiques. Au Brésil, elle a été incluse dans les listes rouges nationales afin de renforcer les mesures de conservation locales. L'Agence nationale pour la conservation de la biodiversité (ICMBio) a mis en place un Plan d'action national (PAN) pour les espèces de cerfs, visant à orienter les politiques publiques, les priorités de recherche et la gestion des populations menacées.
En Argentine, l'espèce est classée comme Vulnérable à l'échelle nationale. Cependant, les sous-populations vivant dans la province de Misiones semblent actuellement être stables, témoignant de l'efficacité relative des unités de conservation locales.
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CC-BY-SA (Certains droits réservés)TAXONOMIE
L'histoire taxonomique du daguet nain du Brésil est marquée par une certaine confusion et des révisions successives, qui soulignent la complexité de la classification des cervidés néotropicaux, un groupe souvent hétérogène. La description scientifique officielle de l'espèce est attribuée à Reinhold Friedrich Hensel en 1872. Il est important de noter que Hensel a effectivement décrit le spécimen, mais sous une appellation différente, qui fut ensuite révisée. L'espèce a aussi été référencée par d'autres auteurs, comme Lund en 1841 sous une appellation synonyme, comme l'indique le GBIF (Global Biodiversity Information Facility), montrant une reconnaissance précoce de ce petit cervidé.
Le principal point de discorde taxonomique résidait dans sa relation avec le daguet rouge nain (Mazama rufina). Pendant une période, le daguet nain du Brésil fut considéré comme une simple sous-espèce de Mazama rufina. Ce débat a perduré jusqu'à ce que des études plus récentes, notamment basées sur des analyses morphologiques détaillées, des données de répartition géographique et, de plus en plus, des analyses génétiques (ADN mitochondrial et nucléaire), apportent des preuves substantielles pour justifier l'élévation de Mazama nana au rang d'espèce distincte. Cette acceptation est aujourd'hui bien établie par les autorités taxonomiques mondiales.
L'acceptation du statut d'espèce distincte a eu des répercussions significatives sur son statut de conservation, renforçant la nécessité d'une protection ciblée pour ses populations restantes au Brésil, en Argentine et au Paraguay. Les efforts pour une taxonomie stable sont constants, car le genre Mazama continue de faire l'objet de révisions en raison de la rareté des spécimens, de la difficulté d'accès à leur habitat, et de la forte similarité morphologique entre certaines espèces, nécessitant une approche intégrative incluant la morphométrie, l'écologie et la génétique pour clarifier les relations au sein de ce groupe.
Selon les classifications taxonomiques actuelles reconnues par les principales bases de données, le daguet nain du Brésil est généralement considéré comme une espèce monotypique, c'est-à-dire qu'il n'est pas divisé en sous-espèces reconnues.
CLASSIFICATION
| Nom commun | Daguet nain du Brésil |
| Autre nom | Mazame nain Daguet pygmée |
| English name | Brazilian Dwarf Brocket Pygmy Brocket |
| Español nombre | Corzuela Enana |
| Règne | Animalia |
| Embranchement | Chordata |
| Sous-embranchement | Vertebrata |
| Super-classe | Tetrapoda |
| Classe | Mammalia |
| Sous-classe | Theria |
| Infra-classe | Eutheria |
| Ordre | Artiodactyla |
| Sous-ordre | Ruminantia |
| Famille | Cervidae |
| Sous-famille | Capreolinae |
| Genre | Mazama |
| Nom binominal | Mazama nana |
| Décrit par | Reinhold Friedrich Hensel |
| Date | 1872 |
Satut IUCN |  |
SOURCES
* Liens internes
Liste Rouge IUCN des espèces menacées
Mammal Species of the World (MSW)
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
* Liens externes
Global Biodiversity Information Facility (GBIF)
Luiz Carlos Marques Rocha - Flickr
* Bibliographie
Hensel, R. F. (1872). Beiträge zur Kenntniss der Säugethiere Süd-Brasiliens. Berlin, Königlichen Akademie der Wissenschaften.
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