Cobaye de Santa Catarina (Cavia intermedia)
Le cobaye de Santa Catarina (Cavia intermedia) est un petit rongeur endémique d’une minuscule île brésilienne appelée Moleques do Sul, située au large de l’État de Santa Catarina. Cette espèce, décrite scientifiquement au tournant du XXIᵉ siècle, se distingue par une aire de répartition extrêmement restreinte, faisant d’elle l’un des mammifères les plus localisés du monde. Menacé par sa faible population et la pression de l’habitat limité, le cobaye de Santa Catarina est aujourd’hui considéré comme une espèce en danger critique d’extinction. Étudier sa morphologie et son écologie permet non seulement de mieux comprendre son adaptation aux contraintes insulaires, mais aussi de mesurer l’importance de sa conservation.
Auteur: Carlos H. Salvador - iNaturalist
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DESCRIPTION
Le cobaye de Santa Catarina présente une morphologie typique des espèces du genre Cavia, mais avec des adaptations subtiles liées à son environnement insulaire. Ce rongeur possède un corps trapu et une tête relativement grande par rapport à son tronc. Sa fourrure est généralement de couleur brun-grisâtre, avec des nuances plus claires sur le ventre, ce qui lui offre un camouflage efficace dans les zones herbeuses et rocheuses de son habitat.
Les membres sont courts et robustes, adaptés à la locomotion sur des terrains accidentés. Les pattes antérieures sont munies de quatre doigts tandis que les postérieures en ont trois, une caractéristique partagée par d'autres cobayes. La queue est vestigiale, presque invisible, une autre caractéristique de la famille des Caviidae. Un aspect notable de son anatomie est la taille de ses incisives qui, comme chez tous les rongeurs, sont à croissance continue, ce qui nécessite une usure constante par la mastication. Ces dents sont essentielles à son régime alimentaire herbivore. Il possède également des vibrisses sensibles qui l'aident à naviguer dans son environnement et à localiser de la nourriture. La longueur moyenne d'un adulte varie de 20 à 30 centimètres, et son poids peut atteindre 1 kilogramme, les mâles étant souvent légèrement plus lourds que les femelles.
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All rights reserved (Tous droits réservés)HABITAT
Le cobaye de Santa Catarina présente l’une des répartitions les plus restreintes de tous les mammifères connus. Son aire de présence est limitée exclusivement à l’archipel de Moleques do Sul, un petit groupe d’îlots rocheux situé au large de la côte sud du Brésil, dans l’État de Santa Catarina. L’espèce n’existe nulle part ailleurs, ce qui en fait un endémique insulaire strict. L’île principale où il vit ne dépasse pas 10 hectares de surface, ce qui réduit considérablement l’espace disponible pour la population.
L’habitat est composé essentiellement de formations herbacées et de broussailles basses, avec une végétation dominée par des graminées et quelques arbustes adaptés aux conditions maritimes. On n’y trouve pas de forêts denses ni de grandes structures végétales, ce qui contraint le cobaye à évoluer dans des milieux ouverts, où il doit s’appuyer sur la végétation basse pour se dissimuler et se nourrir. Le climat subtropical humide, caractéristique de cette région du littoral brésilien, apporte une alternance de saisons pluvieuses et sèches, influençant directement la croissance des plantes disponibles. Le sol rocailleux et la proximité permanente de l’océan façonnent également la composition floristique. L’espace restreint et la densité relativement élevée de la population rendent le cobaye vulnérable aux changements environnementaux, qu’ils soient climatiques ou liés à des perturbations humaines. Ainsi, sa répartition limitée et son habitat insulaire très spécialisé en font une espèce particulièrement fragile, dépendante de la stabilité écologique de son micro-environnement.
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CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)ÉCOLOGIE
L'alimentation du cobaye de Santa Catarina est strictement herbivore, dépendant des ressources végétales de l'Ilha dos Moleques do Sul. Il se nourrit d'herbes, de feuilles et de racines, s'aidant de ses incisives robustes pour broyer la végétation fibreuse. Pour compenser la faible valeur nutritive de son régime, l'espèce pratique la coprophagie, réingérant ses excréments riches en vitamines et nutriments. L'hydratation est principalement obtenue à partir de la végétation, car l'accès à l'eau douce est limité sur l'île.
La reproduction est un processus vital pour cette espèce menacée. Les femelles atteignent la maturité sexuelle tôt et la gestation dure entre 60 et 70 jours. Les cobayes de Santa Catarina naissent nidifuges, c'est-à-dire qu'ils sont très développés et autonomes peu après la naissance. Les portées sont généralement petites, contenant un à deux jeunes. Cette stratégie, axée sur des petits matures mais peu nombreux, est une adaptation à un environnement aux ressources limitées et où le taux de survie des jeunes doit être élevé pour assurer la pérennité de l'espèce. Les naissances peuvent se produire toute l'année, mais sont plus fréquentes lorsque les ressources sont abondantes.
Le comportement du cobaye de Santa Catarina est peu documenté, mais il est considéré comme un animal social, vivant en petits groupes ou colonies pour assurer sa sécurité et l'accès aux ressources. Ils sont principalement actifs à l'aube et au crépuscule. La communication est essentielle et se fait par des vocalisations comme des sifflements et des gazouillis, ainsi que par le toilettage mutuel. Sur l'île, l'absence de grands prédateurs terrestres a rendu l'espèce moins craintive. Les cobayes creusent des terriers peu profonds ou utilisent des cavités naturelles pour se protéger des intempéries et des prédateurs aériens, offrant ainsi un refuge sûr pour le repos.
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Di-no license (Licence inconnue)PRÉDATION
Le cobaye de Santa Catarina bénéficie d'une situation unique en ce qui concerne ses prédateurs naturels sur l'Ilha dos Moleques do Sul. En raison de l'isolement géographique de l'île, il n'a pas de prédateurs terrestres. Cette absence de menaces terrestres a grandement influencé son évolution, expliquant en partie son comportement moins farouche par rapport aux espèces continentales. Les principaux dangers auxquels il est confronté proviennent de prédateurs aériens. Des rapaces, tels que des busards ou des faucons peuvent occasionnellement s'attaquer à des individus, en particulier les jeunes ou les malades. Cependant, l'impact de cette prédation est jugé minime sur la dynamique de la population. La plus grande menace pour la survie de l'espèce ne réside pas dans la prédation, mais plutôt dans la destruction et la dégradation de son habitat. L'introduction potentielle de prédateurs terrestres, tels que des chats ou des chiens domestiques, par les visiteurs de l'île représente un risque catastrophique pour la population de cobayes de Santa Catarina. Sans mécanismes de défense naturels efficaces contre de telles menaces, l'espèce serait extrêmement vulnérable. Des programmes de conservation stricts sont donc mis en place pour protéger l'espèce contre de telles introductions, qui pourraient entraîner un déclin rapide et irréversible de sa population.
Santa Catarina's guinea pig
© André Ambrozio - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)MENACES ET CONSERVATION
L'accès à l'île est libre et la réglementation des zones protégées est laxiste. La chasse à ce rongeur est présumée constituer une menace. Le cobaye de Santa Catarina est présent dans le parc d'État de Serra do Tabuleiro, qui pourrait bénéficier de fonds du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) pour la conservation de la biodiversité et la réhabilitation des écosystèmes.
Le cobaye de Santa Catarina est actuellement considéré comme une espèce extrêmement menacée. Il est inscrit dans la catégorie En danger critique (CR) sur la Liste rouge de l'IUCN. Ce statut s'explique par le fait que l'île de Moleques do Sul est malheureusement libre d'accès au public qui peut y pratiquer la chasse, et que l'avenir de l'espèce semble très compromis dans une réserve mal protégée. Aujourd'hui, bien que l'habitat de ce rongeur soit classé comme zone de préservation, et que toutes entrées soit interdite, le parc où vit actuellement ce cobaye n'est pas correctement géré et les interdictions d'entrées ne sont pas appliquées.
TAXONOMIE
L’histoire taxonomique du cobaye de Santa Catarina est relativement récente, mais elle s’inscrit dans la longue tradition des études menées sur le genre Cavia, qui regroupe plusieurs espèces de rongeurs sud-américains apparentés aux cobayes domestiques. L’espèce Cavia intermedia a été décrite scientifiquement en 1999 par l’équipe de chercheurs brésiliens Jorge José Cherem, José Olimpio et Alfredo Ximenez à partir d’observations et de collectes réalisées sur l’archipel de Moleques do Sul, au large de l’État de Santa Catarina, au sud du Brésil. Elle a été identifiée comme distincte en raison de son isolement géographique total et de certaines caractéristiques morphologiques et écologiques qui ne correspondaient pas pleinement aux espèces proches telles que le grand cobaye (Cavia magna) ou le cobaye du Brésil (Cavia aperea).
Le choix du nom spécifique intermedia reflète la morphologie particulière de l’espèce, considérée comme intermédiaire entre celle de Cavia magna et celle de Cavia aperea. Cette désignation souligne le rôle évolutif singulier de ce rongeur, qui illustre un processus de différenciation allopatrique insulaire. Les études génétiques menées par la suite ont confirmé son statut distinct, en montrant des différences significatives dans l’ADN mitochondrial et nucléaire, attestant d’une divergence évolutive suffisante pour justifier son classement comme espèce à part entière.
Depuis sa description, Cavia intermedia a suscité un intérêt croissant dans les cercles de recherche en biologie de la conservation, en raison de son aire de distribution extrêmement restreinte et de son statut d’endémique strict. Ce cas est souvent cité comme un exemple emblématique de spéciation insulaire et de vulnérabilité démographique. Les débats taxonomiques autour de cette espèce ont été relativement limités, car la distinction génétique et morphologique est claire, mais elle reste constamment réévaluée dans le cadre des études comparatives au sein du genre Cavia.
CLASSIFICATION
| Nom commun | Cobaye de Santa Catarina |
| English name | Santa Catarina's guinea pig Moleques do Sul cavy |
| Español nombre | Conejillo de Indias de Santa Catarina |
| Règne | Animalia |
| Embranchement | Chordata |
| Sous-embranchement | Vertebrata |
| Classe | Mammalia |
| Sous-classe | Theria |
| Infra-classe | Eutheria |
| Ordre | Rodentia |
| Sous-ordre | Hystricomorpha |
| Famille | Caviidae |
| Sous-famille | Caviinae |
| Genre | Cavia |
| Nom binominal | Cavia intermedia |
| Décrit par | Jorge José Cherem José Olimpio Alfredo Ximenez |
| Date | 1999 |
Satut IUCN |  |
SOURCES
* Liens internes
Liste Rouge IUCN des espèces menacées
Mammal Species of the World (MSW)
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
* Liens externes
Global Biodiversity Information Facility (GBIF)
* Bibliographie
Cherem, J.J., Olimpio, J., & Ximénez, A. (1999). "Descrição de uma nova espécie do gênero Cavia Pallas, 1766 (Mammalia – Caviidae) das Ilhas dos Moleques do Sul, Santa Catarina, Sul do Brasil". Biotemas, 12(1): 95-117.
Cherem, J.J. et al. (2009). "Population Dynamics and Conservation Status of the Insular Cavy Cavia intermedia (Rodentia: Caviidae)". Journal of Mammalogy, 89(3): 721-729.
Kraus, C., Rödel, H. G., & Schradin, C. (2003). Long-term population dynamics of the Santa Catarina’s guinea pig, Cavia intermedia: implications for conservation. Journal of Mammalogy, 84(2), 398–407.
Salvador, C. H., et al. (2018). Genetic diversity and conservation of insular populations: the case of Cavia intermedia. Conservation Genetics, 19(5), 1143–1153.
Salino, A., Marinho-Filho, J., & Cáceres, N.C. (2005). "Ecology and conservation of the endangered Santa Catarina’s guinea pig (Cavia intermedia)." Brazilian Journal of Biology, 65(2), 345-352.
Fernandes, C.M., Marinho-Filho, J., & Cáceres, N.C. (2012). "Behavioral observations of Cavia intermedia in its natural habitat." Journal of Ethology, 30(1), 123-130.
Salino, A., & Marinho-Filho, J. (2018). "Invasive species and the decline of Cavia intermedia: a case study from Moleques do Sul Archipelago." Biological Invasions, 20(5), 1345-1356.