Le petit bharal (Pseudois schaeferi) est un bovidé méconnu et fascinant, endémique des hautes montagnes du Sichuan et du plateau tibétain méridional. Longtemps confondu avec son parent plus célèbre, le grand bharal (Pseudois nayaur), il ne fut reconnu comme espèce distincte qu’au milieu du XXe siècle, après des analyses morphologiques et génétiques approfondies. Espèce rare et discrète, le petit bharal évolue dans des habitats escarpés et isolés, à des altitudes élevées où peu d’autres ongulés peuvent survivre. Sa petite taille, ses cornes relativement courtes, ainsi que son pelage gris bleuté, lui confèrent une silhouette unique parmi les caprinés. Le petit bharal est également appelé bharal nain ou mouton bleu nain.
Le petit bharal est un petit capriné, mesurant entre 60 et 80 cm au garrot et pesant environ 30 à 40 kg. Son pelage, d'une couleur gris bleuté, est particulièrement dense et lui permet de résister aux températures extrêmes des montagnes du Sichuan et du Tibet. Ses pattes sont relativement fines, adaptées aux terrains escarpés, et ses sabots sont durables, permettant à l'animal de se déplacer avec agilité sur les pentes rocheuses.
Les cornes du petit bharal sont plus courtes et moins courbées que celles de son parent, le grand bharal. Elles présentent une forme plus droite et un diamètre plus petit, ce qui les distingue clairement de celles de l'autre espèce. La tête du petit bharal est proportionnellement plus petite et ses oreilles plus courtes, ce qui contribue à une silhouette compacte.
L'animal possède des adaptations morphologiques notables pour sa survie en altitude, notamment un système respiratoire adapté aux faibles niveaux d'oxygène. Cette morphologie unique lui permet de se faufiler dans des terrains difficiles où d'autres ongulés n'oseraient pas s'aventurer.
L'aire de répartition du petit bharal se situe en Chine (gorges supérieures du Yangtze dans l'ouest du Sichuan et dans les parties adjacentes du Tibet et du nord du Yunnan). Récemment, des populations ont été signalées dans le comté de Deqin, au nord-ouest du Yunnan. Son aire de répartition principale se situe dans une zone étroite le long de la vallée de Jinshajiang, qui forme une partie du cours supérieur du fleuve Changjiang (Yangtse). Des spécimens ont été collectés à Batang (Sichuan) et à Baiyu, au nord de Batang. Les chasseurs locaux affirment qu'on le trouve à Derong (sud-ouest du Sichuan), à Deqin (nord-ouest du Yunnan) et à Markam (est du Xizang); des zones qui sont toutes à l'ouest et au sud de Batang. Des doutes ont été émis quant à la présence de petits bharals dans le comté de Baiyu, ainsi qu'à sa présence signalée à Markam (dans l'est du Tibet). Le statut des petits bharals dans le comté de Deqin, au Yunnan, est controversé et nécessite des investigations plus approfondies.
Le petit bharal habite un terrain accidenté le long de la vallée du fleuve Yangtze. Il vit sur des pentes rocheuses très abruptes entre 2 700 et 3 200 m d'altitude. Ce bovidé fréquente parfois les forêts de conifères et les clairières forestières. Il peut vivre dans la même région à des altitudes plus élevées. Cet habitat de vallée est sec et présente une couverture végétale clairsemée. L'espèce est isolée de l'habitat alpin du grand bharal par une ceinture de forêt de chênes, dans laquelle son introduction n'a pas été documentée.
Le petit bharal est un herbivore strict, se nourrissant principalement de végétation alpine, notamment de graminées, de mousses et de lichens, qui constituent la majeure partie de son régime alimentaire. En été, il peut se nourrir de jeunes pousses et de plantes herbacées qui poussent en altitude, tandis qu'en hiver, sa diète se compose de végétation plus ligneuse et de feuillage séché. Sa capacité à se nourrir dans des environnements austères est liée à son adaptation aux montagnes élevées où les ressources alimentaires sont limitées.
La reproduction du petit bharal suit un schéma saisonnier, avec une période de reproduction qui se déroule généralement en automne, avant l'arrivée des températures les plus froides. La gestation dure environ 150 à 160 jours, et les femelles mettent au monde un seul petit, généralement au printemps, quand les conditions sont plus favorables à la survie des jeunes. Les jeunes naissent avec un pelage plus clair et un comportement immédiatement agile, ce qui leur permet de suivre leur mère dans les environnements montagneux dès leur naissance. Ils sont sevrés rapidement, généralement en moins de six mois, et commencent à se nourrir de la même végétation que les adultes. La maturité sexuelle des individus survient à environ deux ou trois ans, bien que certaines femelles puissent se reproduire un an plus tôt.
Le petit bharal est un animal timide et discrètement social, vivant principalement en groupes familiaux composés de femelles et de jeunes. Les mâles adultes, en revanche, sont souvent solitaires ou forment de petits groupes pendant la période de reproduction. Ils se montrent extrêmement agiles et peuvent naviguer facilement sur des terrains escarpés à la recherche de nourriture ou pour éviter les prédateurs. Il est également connu pour sa capacité à s'adapter à des environnements de haute altitude où d'autres herbivore auraient du mal à survivre. Il est souvent vu dans des zones où le risque de prédation est faible, bien que des comportements de défense soient observés, notamment lorsque l'animal est menacé. En cas de danger, le petit bharal utilise sa rapidité et son agilité pour se réfugier sur des terrains inaccessibles.
Le petit bharal vit dans des habitats montagneux escarpés, où les prédateurs naturels sont relativement rares, mais il est tout de même exposé à certains carnivores. Parmi eux, on trouve le lynx, le tigre de Sibérie et le loup, bien que ces prédateurs soient plus enclins à chasser d'autres ongulés plus communs. Le petit bharal utilise sa rapidité et son agilité pour échapper à ces menaces.
La chasse constitue une menace majeure pour ces animaux et, si des mesures de protection efficaces ne sont pas rapidement adoptées, le taxon disparaîtra à court terme. Les humains et/ou leur bétail sont présents dans toute l'aire de répartition de cette espèce. La chasse excessive et la dégradation de l'habitat ont été identifiées comme les principales menaces par Wang et al. (2000).
CONSERVATION
Le petit bharal est actuellement considéré comme une espèce menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "En danger" (EN) sur la Liste rouge de l'IUCN.
Le petit bharal est protégé par la législation nationale chinoise en tant qu'espèce protégée de catégorie II en vertu de la loi de protection de la faune de 1988. Depuis que le taxon a été reconnu comme unique et important, un effort concerté a été fait par des scientifiques travaillant temporairement dans la région pour éduquer les chasseurs locaux. Mesures de conservation proposées :
l) Continuer à examiner son statut taxinomique.
2) Si de futures recherches modifient notre compréhension actuelle et montrent qu'il est plus approprié de la considérer comme une espèce à part entière, elle devrait être élevée au rang d'espèce de classe I dans la liste nationale de protection.
3) Des zones protégées doivent être établies. Des réserves à Batang, ou dans des zones adjacentes où la population est encore relativement abondante, ont été suggérées.
4) Dans le même temps, des relevés sont essentiels pour déterminer le statut et la répartition totale dans toute son aire de répartition présumée.
En 1995, une réserve préfectorale couvrant 142,4 km² (qui a été étendue à environ 300 km² en 2007) autour de Zhubalong a été créée pour la protection de cette espèce. Cependant, de nombreuses activités humaines telles que la cueillette de champignons, le pâturage du bétail et la chasse illégale continuent de se produire dans la zone centrale et menacent ainsi les populations qui y vivent.
Le petit bharal appartient à l’ordre des Artiodactyla, à la famille des Bovidae et à la sous-famille des Caprinae. Il est intégré au genre Pseudois, un groupe restreint de caprinés typiquement montagnards, qui comprend également l’espèce plus connue le grand bharal. L’espèce Pseudois schaeferi a été décrite pour la première fois en 1963 par le zoologiste allemand Theodor Haltenorth, à partir d’échantillons collectés par l’explorateur Fritz Schäfer lors d’une expédition en Chine. À cette époque, certains taxonomistes ont contesté la validité de l'espèce, la considérant plutôt comme une sous-espèce ou une population locale isolée du grand bharal. Ce débat a persisté durant plusieurs décennies, d’autant plus que les données de terrain étaient rares en raison de la distribution restreinte et de la discrétion de l’animal.
La taxonomie du petit bharal reste incomplètement résolue. Des analyses génétiques menées en 2012 ont révélé que Pseudois schaeferi ne présente pas de différences génétiques significatives par rapport à Pseudois nayaur. En conséquence, plusieurs autorités taxonomiques, dont l'IUCN, considèrent temporairement Pseudois schaeferi comme une sous-espèce de Pseudois nayaur, sous le nom Pseudois nayaur schaeferi.